«Aussitôt que je peux, je m’enrôle. Tirer, c’est ma passion.»

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Une vingtaine de cadets vêtus de l’ancien uniforme vert olive de l’armée canadienne sont couchés sous une tente dans un champ de tir, carabine de calibre 22 à la main. Appuyés sur un sac de sable, ils visent une cible placée quelques mètres plus loin. Une instructrice leur crie: «Relève! Pour un tir de 10 balles! Lorsque vous serez prêts, feu!»

Antoine Rivière, 14 ans, atteint la cible à tous les coups. Le garçon de Lévis a le crâne rasé et mesure un peu plus de quatre pieds. Il est fier de sa performance.

«C’est rare que ça m’arrive. Après les cadets, j’aimerais entrer dans la réserve de l’armée. J’aime avoir du fun en gang et j’adore la discipline et les ordres.»

Antoine fait partie des 2000 jeunes de 12 à 18 ans qui participent à un camp d’été des cadets de l’armée de terre sur la base militaire de Valcartier. Le plus gros rassemblement du genre au Canada. Ils prennent part à toutes sortes d’activités: exercices de survie dans les bois, escalade, jeux de cordes dans les arbres et maniement de carabine.

Dans le champ de tir, Mélissa Leroux, 13 ans, a manifestement de la difficulté à manier son arme. Lorsque vient le temps de voir son résultat, elle remarque que sa cible est restée vierge. «C’est la première fois que je tirais de la vraie carabine, dit-elle. J’étais vraiment stressée.»

Comme beaucoup d’adolescents rencontrés par La Presse à Valcartier la semaine dernière, elle aimerait grossir les rangs des Forces armées canadiennes. «Je veux être une infirmière plus tard. J’aime les cadets parce que c’est autoritaire, dit-elle. Avant de m’inscrire, j’avais beaucoup d’amis. Maintenant, je suis encore plus populaire!»

Un peu partout sur la base, des adolescents marchent en rang en balançant les bras à la manière militaire: «Gauche, gauche! Gauche, droite, gauche!» Sarah Boulanger, 14 ans, est persuadée que son expérience dans les cadets lui donnera plus de chances de devenir militaire. «Aussitôt que je le peux, je m’enrôle. Tirer, c’est ma passion! À la maison, j’ai une carabine 22 et je me pratique sur une cible.»

Devenir un bon citoyen

L’officier des affaires publiques des cadets au Québec, le major Carlo De Ciccio, affirme que les activités de tir se font dans un cadre sportif. «On se base sur les normes olympiques. Les cadets représentent une pépinière d’athlètes de biathlon. On leur donne la chance de tirer avec des armes qui ont plus de précision, avec l’expertise des Forces canadiennes.»

Il croit qu’il est parfaitement normal de donner des armes à des mineurs si les manipulations se font dans un cadre sécuritaire. «Pour les gens de la ville, ça peut paraître étrange, mais c’est courant en région. Savoir manipuler une arme fait partie des choses qui font des cadets de meilleurs citoyens.»

À une vingtaine de minutes du camp de base, des dizaines d’adolescents s’amusent dans un immense jeu de cordes installé dans les arbres. Les jeunes montent à une douzaine de mètres à l’aide d’échelles et de tyroliennes. Au pied des arbres, sur le bord d’un grand lac, les cadets attendent tranquillement que leurs confrères terminent leurs manoeuvres. La Presse leur a demandé s’ils étaient intéressés à grossir les rangs de l’armée. Onze des 12 adolescents ont levé la main.

Seule Samanta Goyer n’a pas l’intention de s’enrôler. Plus tard, la cadette de 16 ans aimerait devenir une intervenante sociale. «Les jeunes se confient à moi, dit-elle. J’adore m’occuper d’eux.»

Le major Carlo De Ciccio précise qu’il n’y a aucun recrutement militaire chez les cadets. Il ajoute toutefois que les jeunes savent davantage à quoi s’attendre s’ils deviennent des recrues de l’armée. «Ils apprennent à cirer leurs bottes, repasser leur uniforme, faire le drill militaire et leur lit. Ils sont au courant des défis qu’ils auront à relever.»

Au fond du bois, un groupe de jeunes garçons s’affaire à monter une tente, au milieu d’un nuage de moustiques. Ils chantent «Oui, c’est nous le peloton 13!» sur l’air de We Will Rock You de Queen. Ce sont de vrais guerriers. Link Chevalier, 14 ans, est un Gaspésien passionné des armes. «Je suis entré dans les cadets parce que j’avais envie de tirer, dit-il. Je suis même le meilleur tireur de mon corps de cadets!»

Un garçon blond, Patrick Delamarre, 14 ans, se mêle à la conversation pour manifester son amour de l’univers militaire. «J’aimerais avoir un métier dans l’armée. Il y a des règles à respecter, mais c’est le fun quand même. Mon rêve est de devenir tireur d’élite. J’aimerais aussi conduire des jets et des tanks!»

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Articles Par : Simon Coutu

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