Bataille pour sauver les enfants irakiens

Des centaines d’enfants irakiens, en détresse, malades et ou blessés, meurent dans les hôpitaux irakiens faute de médicaments et d’équipements de base. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne ne respectent pas la Convention de Genève et celle de la Haye portant sur leurs obligations en tant que puissances occupantes de «répondre aux besoins médicaux de la population»

Cela fait la troisième fois que les enfants irakiens sont pris dans une guerre. Et malgré maints cris d’alarme lancés par de nombreuses ONG et des organisations de défense des droits humains, le monde n’a jusqu’ici pas réagi à la détérioration des conditions des enfants en Irak, ou demander des comptes aux puissances occupantes, la Grande Bretagne et les Etats-Unis, pour les souffrances endurées par ces enfants.

Une équipe comprenant 100 docteurs irakiens et britanniques, soutenus par des juristes internationaux, dont Harvey Golstein, professeur de statistiques sociales à l’Université de Bristol, et Bill Bowring, un avocat et professeur de droit au collège Birkbeck, sont parmi ceux qui disent que les conditions dans les hôpitaux irakiens violent la Convention de Genève qui exige des puissances occupantes, la Grande Bretagne et les US, de protéger la vie humaine, et ont signé une lettre envoyée à Downing Street (résidence du Premier Ministre britannique ndlt) dans laquelle ils avertissent que des enfants irakiens meurent dans les hôpitaux du fait du manque d’équipement de base qui coûtent à peine 95p (un peu plus d’un euro).

Dans la lettre, qui a fourni des estimations détaillées sur la sinistre situation en Irak et sur la détresse des enfants, les docteurs ont demandé à Tony Blair de mettre fin aux pénuries de médicaments dans ce pays ravagé par la guerre.

Parmi les signataires de la lettre, Chris Burns-Cox, médecin consultant au Gloucester Royal Hospital; Dr Maggie Wright, directrice de l’unité de soins intensifs à l’hôpital Universitaire James Page ; Professeur Debbie Lawlor, professeur d’épidémiologie et de Santé Publique au Collège universitaire de Londres; Professeur George Davey Smith, professeur d’épidémiologie clinique à l’Université de Bristol; Dr Philip Wilson, chercheur clinique à l’Université de Glasgow ; et le Dr Heba al-Naseri, qui a fait l’expérience des conditions dans les hôpitaux irakiens. Le Dr al-Naseri, a travaillé à la maternité de l’hôpital de Diwaniyah et à l’hôpital universitaire de Diwaniyah.

Selon les estimations des docteurs, les pénuries de médicaments et d’équipements médicaux de première nécessité sont la cause de la mort de centaines d’enfants dans les hôpitaux irakiens.

« Des enfants malades ou blessés qui pourraient autrement être traités avec des moyens simples sont abandonnés à la mort par centaines parce qu’ils n’ont pas accès aux médicaments de base et autres ressources, » ont dit les docteurs.

« Des enfants qui ont perdu des mains, des pieds, des membres ne peuvent bénéficier de prothèses. Des enfants en état de grave détresse psychologique ne sont pas traités » dit la lettre.

Des bébés nouveaux nés sont ventilés avec des tuyaux en plastique dans leurs nez, et meurent faute d’avoir un masque à oxygène. Et dans la plupart des cas, ils meurent à cause de la pénurie de fioles de vitamine K ou d’aiguilles stériles, tout cela coûtant un peu plus d’un euro.

Les médecins craignent le développement de maladies infectieuses d’un bébé à l’autre à cause du manque de gants chirurgicaux qui coûtent environ 10 centimes d’euros.

« Amin, un nouveau né a du être alimenté avec du lait en poudre, dilué avec de l’eau du robinet. Il n’y avait pas assez d’argent pour acheter du lait de qualité et de l’eau en bouteille – l’augmentation de leur prix dépasse celle de l’augmentation des salaires depuis 2003. Les problèmes avec les coupures d’électricité intermittentes, et la fourniture de gaz, impliquent qu’on ne peut garantir la fourniture régulière d’eau bouillie. L’eau du robinet a de forte chance d’être contaminée à cause des eaux stagnantes et des systèmes d’égouts », selon la lettre qui décrit des cas tragiques dans ces hôpitaux.

Parmi les autres cas tragiques décrits dans cette lettre, celui d’un enfant qui est mort à cause du fait que le docteur n’avait qu’une seringue stérile pour adulte et n’a pu trouver une aiguille suffisamment petite pour la veine de l’enfant.

La lettre demande à la Grande Bretagne, l’une des puissances occupantes selon la résolution UN 1483, de se mettre en conformité avec la Convention de Genève et celle de la Haye qui exigent, de même que des US, « de maintenir l’ordre et répondre aux besoins médicaux de la population. »

« Ils ne le font pas et l’effet de ce non respect touchent les enfants irakiens dans les hôpitaux avec une férocité qui augmente » ont dit les médecins qui ont aussi insisté pour que le gouvernement Blair rende des comptes sur les 33 billions de dollars en fonds de développement pour l’Irak qui auraient du couvrir les besoins des hôpitaux de façon à éviter cette catastrophe. On estime que 14 billions de dollars ont disparu via la corruption, le vol et le paiement de mercenaires, selon le journal britannique « The Independent. »

Nicolas Wood, un architecte qui a dirigé cette initiative, a dit que les médecins ont des preuves filmées que des bébés avaient été jetés dans des boîtes en carton.

« Dans un hôpital, il y avait 3 bébés pour 1 incubateur. Les incubateurs datent d’il y a 36 ans et sont reliés les uns aux autres avec du fils de fer et du ruban adhésif. Ce sont des épaves. A l’unité ils coûtent 5000 livres sterling (environ 7500 euros), mais c’est rien comparé au prix d’un missile, » a-t-il dit.

Extraits d’un article paru sur le Magazine aljazeera (Londres) en ligne :
http://www.aljazeera.com/me.asp?service_ID=12873

Traduction bénévole Mireille Delamarre pour Planète non violence



Articles Par : Al-Jazeera

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