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Bilan des nouvelles leçons de la COVID-19
Par Jean-Yves Jézéquel
Mondialisation.ca, 04 avril 2020

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https://www.mondialisation.ca/bilan-des-nouvelles-lecons-de-la-covid-19/5643734

L’essai « Discovery » de la Communauté Européenne

Trial of Treatments for COVID-19 in Hospitalized Adults (DisCoVeRy) pour le descriptif intégral de l ’essai voir:

Dans cet essai européen, il y a tout d’abord le protocole dit « de soins standards ». Ce protocole est en réalité un essai témoin sans traitement antiviral actif qui se limite à la réanimation classique. On sait déjà que compte tenu de ce qui est observé partout, en France et ailleurs dans le monde, 20% de ces malades de l’essai « Discovery », seront de fait sacrifiés, dans le but de « démontrer » qu’un médicament anti viral pourrait paraître efficace. Pourquoi « sacrifiés » ? Parce que la détresse respiratoire est telle que sans intervention anti virale bien avant ce stade, c’est la mort quasi assurée.

Le second protocole est nommé « Remdésivir ». Un essai anglais a déjà été publié et a démontré que les résultats étaient absolument médiocres : il n’y a aucune différence entre les malades témoins non traités et ceux qui ont reçu le Remdésivir.

Le troisième protocole est nommé « Lopinavir-Ritonavir » ou Kaletra. Un essai randomisé coréen, réalisé sur 199 malades et publié il y a quelques jours, a démontré qu’il n’y avait aucune différence entre les malades témoins non traités et ceux qui ont reçu le Kaletra.

(Cf., B.Cao A Trial of lopinavir-Ritonavir in Adults Hospitalized with Severe Covid-19/NEJM 2020 [email protected])

Le quatrième protocole est nommé « Tout en un ». Ce protocole associe le Lopinavir/Ritonavir avec de l’Interféron Béta 1a.

L’Interféron Béta ou Alpha d’ailleurs, est connu pour être efficace dans de nombreuses maladies virales. Si l’on obtient une réelle synergie entre ces médicaments, on peut espérer un résultat probant. Le problème qui se présente est le suivant. Toutes les études internationales démontrent, sans exception, que si les malades sont passés en détresse respiratoire, la charge virale est considérablement atténuée, elle tombe même très bas. Ce qui explique pourquoi, précisément à ce moment-là, les antiviraux n’ont plus aucune efficacité, puisque le virus n’est pratiquement plus là !

Enfin, il y a un cinquième protocole nommé « Chloroquine ». Le problème immédiat que l’on peut souligner fortement ici, c’est que cet essai n’a absolument pas repris le protocole du Professeur Didier Raoult de Marseille. Cet essai sur la chloroquine de « Discovery » n’associe pas l’Azithromycine, ni d’ailleurs aucun autre antibiotique, alors que la synergie Azithromycine et chloroquine est absolument essentielle dans la forme « précoce » de la maladie, avant l’apparition de la détresse respiratoire, c’est-à-dire, tant que la charge virale est active. Il faut également démentir cette affirmation qui circule dans le milieu, soi-disant informé, que cette association médicamenteuse serait « toxique » alors qu’elle a prouvé, depuis longtemps, son efficacité chez les femmes enceintes traitées en zone d’endémie palustre. 

(Cf., Rmchico : azithromycin/chloroquine combination therapy for protection against malaria and sexually transmitted infection in pregnancy Ext OPIN drug metab toxical 2011, 7-9-1153-1167)

Dans le protocole « Discovery », la chloroquine est donnée seule à 400 mg par jour, alors que le protocole du Professeur Raoult associe la chloroquine à l’Azithromycine à la dose de 600 mg par jour. Ce protocole européen prévoit d’administrer la chloroquine seule, dans « les cas les plus sévères, évolutifs », justement au moment où la charge virale chute drastiquement rendant inutile l’utilisation de cet anti viral ! On se demande donc aussitôt, pourquoi les gens qui ont proclamé leur rigueur scientifique ont-ils décidé cette absurdité absolue ? Que chacun, s’il est intellectuellement honnête, se demande pourquoi…

Ce n’est pas au moment où la maladie devient une simple pneumopathie grave, évoluant indépendamment du covid-19, qu’il faut intervenir avec un antiviral ! A ce stade, la chloroquine ne peut plus du tout être efficace. 

Pourquoi, les soi-disant scientifiques de l’essai « Discovery » font-ils preuve d’une telle malhonnêteté ? Que signifie cette supercherie ?

Les Chinois ont déjà fait ce test randomisé avec de la chloroquine à cette dose insuffisante et sans antibiotique associé, au stade tardif de la maladie. Le test publié a déjà démontré qu’à ce stade et dans ces conditions, la chloroquine ne servait à rien !

La question qu’il faut donc se poser est la suivante : pourquoi l’essai « Discovery » n’a-t-il pas directement utilisé le protocole du Professeur Raoult et non pas ce protocole que l’on sait être tout à fait inutile ? Pour qui nous prend-t-on ?

On peut conclure tout à fait honnêtement, d’ores et déjà, que rien de bon ne sortira de ce parfait « foutage de gueules » qu’est, de toute évidence,  l’essai « Discovery ».

Il faut maintenant souligner que les commentaires de très nombreux patrons de maladies infectieuses, Français et étrangers, ont déjà contesté l’éthique de cet essai thérapeutique qui fait courir de nombreux risques aux patients attendant des résultats, alors qu’il n’y a aucune chance théorique de les sauver avec ces essais… Le Pr Perronne de l’hôpital Poincaré de Garches (région parisienne), responsable du service des maladies infectieuses, synthétise parfaitement les reproches faits à cet essai « Discovery ».

Les médias inféodés progouvernementaux, comme les médecins des centres engagés, veulent nous imposer le « sérieux de cette expérience scientifique » qui n’a rien de scientifique ! Le Pr Péronne disait sur LCI le 25 mars, qu’il fallait écouter les Chinois qui disent clairement qu’il faut agir avant la phase de détresse respiratoire et en associant la chloroquine avec un antibiotique, c’est-à-dire le contraire de ce que cet essai théoriquement « scientifique » prétend réaliser…

Il concluait que ce test « Discovery » était inutile, lourd, mené en pleine urgence sanitaire, en faisant signer des malades qui vont recevoir un traitement placebo alors que le Plaquénil donne des résultats évidents. Il ajoutait être « choqué par l’absence d’éthique de cet essai européen » !

Ce test n’est ni éthique, ni pratique alors qu’on est dans l’urgence sanitaire, ni scientifique : en un mot ce test est nul et non avenu, ne plaidant que pour un obscur profit d’une industrie pharmaceutique qui sera peut-être élue par cet essai : Gilead ou Abbvie, ou encore Merck, peut-être.

2 – La science au service de la propagande ultra libérale

On sait déjà le trucage de la soi-disant reproduction des essais thérapeutiques multicentriques et internationaux. On se souvient du scandale terrible des traitements des ostéosarcomes qui étaient sortis pourtant des « études randomisées ». 

Les mathématiciens, les physiciens et les chimistes peuvent reproduire à l’identique des expériences pour les vérifier. Mais le médecin, lui, ne travaille que sur des hommes malades, pas sur des maladies abstraites et théoriques ou virtuelles ! Tous les humains sont différents et uniques en soi. Le médecin digne de ce nom sait qu’il doit adapter chaque traitement à chaque malade. Faire croire au sérieux d’une étude « randomisée » dans le domaine médical est pure manipulation et mensonge évident. Rappelons que le médecin fait un diagnostic sur un faisceau d’arguments cliniques et des examens complémentaires, puis il propose un traitement, le plus à même de donner une réponse thérapeutique. Et dans ce qui nous occupe, c’est ici et maintenant, pas dans trois ou six semaines.

Il est clair que la médecine a été prise en otage par le critère de rentabilité commerciale, marchande : ce ne sont pas des médecins dignes de ce nom qui décident ce qui ne regarde que la médecine, mais aujourd’hui ce sont des technocrates de « l’élite » dirigeante trempée jusqu’au cou dans le lobby pharmaceutique.

Les politiques écoutent les décideurs de la société civile et non pas les médecins qui savent sur le terrain ce qu’est un malade. Le choix des membres du « Conseil scientifique » de Macron est représentatif de cette dérive idéologique ultra libérale. Les sociologues et anthropologues sont plus nombreux que les médecins et ils décident la politique médicale du pays ! On y trouve par exemple le sociologue Benamouzig dont la thèse de 2000 traitait de « L’utilisation massive des méthodes quantitatives ».

Le médecin ne décide plus rien concernant la médecine : il est devenu un ouvrier spécialisé et dont la rémunération d’ailleurs est dérisoire, compte tenu de ses responsabilités qui elles, sont restées les mêmes. Il est devenu prolétaire de la médecine. Tout rapport au patient est combattu et nié par les critères de rentabilité. Les déserts médicaux ne sont qu’une conséquence de cette politique désastreuse ultra libérale ayant fait de la médecine une activité tenue de devenir rentable.

Le démantèlement des hôpitaux s’explique pour les mêmes raisons. L’impréparation absolue que l’on constate aujourd’hui est choquante et vraiment scandaleuse. Le désastre ultra libéral est terrible et ce sont les malades qui en paient les conséquences.

Notons qu’un préfet, Lallement, préfet de Paris, a trouvé encore le moyen d’accuser les malades qui se retrouvent en détresse respiratoire de « fautifs et coupables », parce qu’ils « n’auraient pas respecté le confinement » ! Il est impossible d’aller aussi loin dans l’odieux, le cynisme et le mépris sans réagir vigoureusement. Il n’est plus possible de supporter un tel comportement criminel, accusateur et irresponsable ! Il est indispensable que les médecins citoyens entreprennent plus tard les actions judiciaires nécessaires contre ce préfet qui a dépassé toute limite dans l’odieux et l’intolérable, en même temps que leurs actions déjà annoncées contre les responsables du chaos sanitaire que nous observons depuis le début de cette crise du coronavirus.

Il n’est plus possible de revoir une telle irresponsabilité au niveau de l’Etat et de subir le mensonge permanent des autorités qui ont été en-dessous de tout dans tous les domaines. 

Heureusement pour nous, le monde médical et soignant dans son ensemble lui, a été compétent, à la hauteur de ce défi impossible, solidaire, généreux et sacrifié sans attendre le soutien des politiques qui ont beaucoup tardé à se mettre au travail. On s’en souviendra pour longtemps et il va de soi que le monde suivant cette crise ne pourra plus être celui qui l’a précédé.

Le ministère de la Santé et les commerciaux de l’industrie pharmaceutique, les influenceurs d’opinion médecins, des médecins formatés inféodés au système, prétendent tous ensemble qu’il « serait dangereux d’autoriser un traitement à la Plaquenil, chloroquine associée à l’azithromycine, sans le valider par un essai thérapeutique randomisé ! Nous sommes dans l’urgence sanitaire et les malades meurent : c’est un scandale absolu que de tenir ce discours qui représente une véritable insanité proprement insupportable.

La liste des morts est déjà horrible à ce jour et nous devrions attendre cet essai à la prétention scientifique qui n’a rien de scientifique, alors que ce traitement chloroquine/azithromycine est déjà donné depuis longtemps à plus d’un milliard de personnes dans le monde, sans risques réels, s’il est administré au bon moment et dans les conditions médicales contrôlées selon un protocole déjà mis au point !

Ce tragique épisode du coronavirus nous apprend que des gens irresponsables se chargent de nous en prétendant détenir la vérité révélée et quasi religieuse sur ce qu’il faut faire et ne pas faire ! En attendant nous pouvons crever par milliers, au nom de quoi ? !

Nous ne sommes pas des souris de laboratoire. Messieurs les décideurs irresponsables, vos résultats ne sont pas des résultats mais le cautionnement de vos politiques ultra libérales qui se moquent éperdument des hommes souffrants.

Enfin, rappelons que les essais thérapeutiques multicentriques randomisés n’ont permis que très exceptionnellement de faire progresser la médecine. C’est le Pr Debré et Even qui disaient cela dans le début des années 2000. (Cf., Savoirs et Pouvoir. Pour une nouvelle politique de la recherche et du médicament Pr Philippe Even et Pr Bernard Debré, éditions le cherche midi, 2004)

« … Le potentiel de la médecine fondée sur les écosystèmes pour améliorer les soins de santé des patients a été contrecarré par des biais dans le choix des hypothèses testées, la manipulation de la conception des études et une publication sélective. Les preuves de ces failles sont les plus claires dans les études financées par l’industrie. Nous pensons que l’acceptation aveugle par l’EBM des « preuves » produites par l’industrie revient à laisser les politiciens compter leurs propres votes. Étant donné que la plupart des études d’intervention sont financées par l’industrie, il s’agit d’un problème sérieux pour la base de données globale. Les décisions cliniques fondées sur ces preuves risquent d’être mal informées, les patients recevant des traitements moins efficaces, plus nocifs ou plus coûteux ».  (Cf., S Every-Palmer Comment la médecine basée sur des preuves échoue en raison d’essais biaisés et d’une publication sélective, Journal of Evaluation in Clinical Practice 2014)

Selon un rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales)

« la finalité des essais randomisés ne correspond pas forcement à l’intérêt des malades … dans 76% des cas le promoteur est un industriel ». Les professeurs Even et Debré, on l’a vu, étaient clairs : « Le thème de l’essai est trop souvent déterminé par des raisons commerciales. L’objectif est d‘étendre le marché. Presque jamais de s’attaquer à un problème de santé publique ».

Les essais thérapeutiques ne font pas avancer la science car, selon le rapport de l’IGAS,

« Leurs résultats ne sont publiés que si l’intérêt du promoteur le commande. Lorsque les résultats ne correspondent pas à celui escompté, le promoteur n’a aucun intérêt à ce que ses résultats soient connus et commentés ».

Voilà qui est essentiel à comprendre et à savoir, concernant cette étude européenne « Discovery ». C’est l’une des principales leçons cinglantes du désastre sanitaire du Covid-19 de mars et d’avril 2020. Il faudra s’en souvenir et demander des comptes à tous ces gens qui n’en finissent plus de se moquer du monde au nom de leur idéologie fasciste ultra libérale.

CONCLUSION

Ce tragique épisode du coronavirus nous a révélé une pitoyable impréparation du système de santé, son état de délabrement qui est dû à la politique fanatique ultra libérale des dirigeants politiques aux mains des lobbies soignant scrupuleusement la rentabilité de leur business.

Nous avons vu des pays de l’Union Européenne se voler mutuellement les équipements de protection médicale, « le chacun pour soi et tous contre chacun » ; nous avons découvert la pratique du détournement d’appareillages d’urgence médicale ; nous avons vu les frontières de l’Espace Schengen se refermer ; nous avons vu que des pays de l’UE refusaient les demandes d’aide financière à la BCE pour des pays de l’Union plus frappés que d’autres ; nous avons vu nos grands amis et alliés « historiques » : les Etats-Unis d’Amérique, nous voler sans scrupules nos commandes de masques commandés en urgence en Chine, en offrant trois fois leur prix, au nom de la logique ultra libérale devenue une façon « naturelle » de penser !

Nous avons vu que l’Union Européenne n’a pas bougé le petit doigt, que l’OTAN n’a pas mis ses moyens à la disposition des partenaires éprouvés par la pandémie ; nous avons vu que la Russie est venue massivement en Italie l’aider à sortir de ce malheur comme une société russe vient aujourd’hui en aide au peuple des USA alors que cette même société russe est frappée de sanction et sous embargo pratiqué par l’Etat profond de ce pays, sans âme, sans morale, sans valeurs…

Nous voyons que la Chine nous a apporté son aide substantielle et le fruit de son expérience médicale dans la pandémie.

Nous avons entendu ces sans cervelle du gouvernement Français et de l’Union Européenne se scandaliser de l’aide apportée par la Russie et la Chine en les condamnant, en pleine détresse des pays européens, les accusant de « propagande » !

Jusqu’où allons-nous devoir supporter ces minables aux commandes et la trahison permanente des « élites » qui sont perdus dans leur fanatisme idéologique ultra libéral ?

Puis, nous avons vu comment l’Union Européenne a mis en place la supercherie du test « Discovery » ! Trop c’est trop. Nous ne pourrons pas continuer la route dans de telles conditions de mensonge et de falsification pour le pillage des nations européennes, une fois la pandémie passée.

Faudra-t-il encore aller plus loin dans l’odieux pour savoir qui sont nos vrais amis et nos vrais ennemis ?

Enfin, la façon de traiter avec mépris et dérision un professionnel aguerri comme le Professeur Didier Raoult, a décrédibilisé leurs auteurs.  Tous ces gens soi-disant « scientifiques » se sont permis de le regarder de haut et de le traiter de « rigolo », « non conforme » aux standards de la bien-pensance. Le Pr Raoult était même prié par Daniel Cohn Bendit de « fermer sa gueule ». Cet européiste béat éructait son insulte en bavant de rage sur un sujet dont il n’avait pas la moindre idée. Les fanatiques européistes au pouvoir, voulant à tout prix nous vendre leur « Discovery », qui est une supercherie absolue, se sont comportés au cœur de cette crise tragique comme si le moustique voulait apprendre à l’hirondelle l’art de savoir voler !

Nous devons faire un discernement et nous rendre compte qu’il est impossible de continuer à fonctionner de cette manière en laissant des prédateurs acharnés s’occuper en toute liberté de ceux qui sont exposés à leur stratégie de pillage. Le coronavirus nous dit que cette supercherie a assez duré. Nous devons collectivement reconnaître le service qu’il nous a rendu et pleurer le nombre épouvantable de morts qu’il a fallu pour que nous comprenions la leçon ! L’avons-nous au moins comprise ?

Jean-Yves Jézéquel

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