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Blair refuse de soutenir une frappe contre l’Iran
Par Brian Brady
Mondialisation.ca, 18 avril 2006
Westminster Editor, ACDN (traduction en français) 18 avril 2006
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https://www.mondialisation.ca/blair-refuse-de-soutenir-une-frappe-contre-l-iran/2279

Tony Blair a dit à George Bush que la Grande-Bretagne ne pourrait pas apporter de soutien militaire à une attaque contre l’Iran, que celle-ci reçoive ou non l’appui de la communauté interantionale, selon des sources gouvernementales qui se sont exprimées hier.

Face aux tensions croissantes autour des efforts de Téhéran pour développer une capacité militaire nucléaire, le Premier Ministre a mis à nu les limites de son soutien au Président Bush, dont on pense qu’il envisage une offensive contre l’Iran, selon des sources du Foreign Office.

La Secrétaire d’Etat des Etats-Unis Condoleezza Rice appelle les Nations Unies à examiner l’adoption de sanctions inédites contre Téhéran par le Conseil de sécurité, lorsqu’il se réunira la semaine prochaine pour discuter des développements de la crise. On s’attend à ce que Blair soutienne la demande d’une résolution prise au titre du « Chapitre 7 », qui pourrait effectivement isoler l’Iran de la communauté internationale.

Mais, compte tenu de l’opposition internationale à une frappe préventive contre Téhéran, compte tenu des engagements militaires de la Grande-Bretagne à travers le monde, le gouvernement maintient qu’il ne peut pas apporter de contribution à une offensive militaire. « Au mieux, nous soutiendrons les actions diplomatiques », a déclaré à l’hebdomadaire Scotland on Sunday une source du Foreign Office. « Mais nous ne pouvons pas engager nos propres forces dans une frappe militaire. »

Pendant ce temps, un nouveau rapport sur la crise iranienne a signalé que les néo-conservateurs au sein de l’administration Bush sont sur une « trajectoire de collision » avec Téhéran.

Dans un rapport qui doit être rendu public à la fin de cette semaine, le Foreign Policy Centre (FPC), souvent considéré comme le « réservoir d’idées » préféré de Blair, appelle à faire davantage d’efforts pour trouver une solution diplomatique. Le directeur du FPC Stephen Twigg, ex-ministre du Parti travailliste, y explique : « Il est essentiel que la politique iranienne du Royaume-Uni repose sur des informations exactes… Nous devons nous engager avec divers éléments réformistes en Iran, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des structures du pouvoir. »

« Il existe des possibilités de dialogue politique, de liens économiques et de contacts culturels susceptibles d’agir comme catalyseurs d’un renforcement de la société civile en Iran. »

Tandis que la conscience de crise à propos de l’Iran a grimpé avec la rhétorique enflammée entre l’Iran et l’Occident -particulièrement Washington-, nombre de membres du gouvernement britannique sont maintenant convaincus qu’on peut trouver une issue à l’impasse en renouvelant le même genre d’activité diplomatique intense qui a ramené la Libye dans le giron international. Cette approche contraste fortement avec la stratégie adoptée lors du processus ayant abouti à la guerre en Irak ; les ministres renouvelaient alors, à l’adresse de Saddam Hussein, de sévères mises en garde sur les conséquences qu’aurait un refus de sa part de s’aligner sur leurs exigences.

« La seule solution à long terme des problèmes de l’Iran, c’est la démocratie », dit Alex Bigham, co-auteur du rapport du FPC. « Mais elle ne peut pas être imposée dans le style de l’Irak, sinon ça ne marchera pas. L’Iran peut ressembler à l’Irak dans une approche superficielle, mais il nous faut traiter l’Iran plutôt comme la Libye. L’effort diplomatique doit être conduit jusqu’à son terme. Les carottes doivent être plus grosses que les bâtons. »

Cependant, ce langage de conciliation n’a pas trouvé d’écho dans l’approche de Washington, où les principaux dirigeants de l’administration Bush continuent de souligner avec énergie le danger que représentent les intentions de Téhéran.

Dans une déclaration destinée aux principaux alliés de l’Amérique tout autant qu’à l’Iran, Condoleezza Rice a affirmé que la façon dont le Conseil de sécurité traiterait le dossier nucléaire iranien serait un test de la crédibilité de la communauté internationale. « Si le Conseil de sécurité de l’ONU dit : ’Vous devez faire telle et telle chose, nous allons le vérifier dans 30 jours’ et que l’Iran non seulement ne les a pas faites mais a fait des pas dans une direction exactement contraire aux exigences posées, alors le Conseil de sécurité devra passer aux actes. »

Rice a rejeté la déclaration de l’Iran affirmant qu’il était exclusivement intéressé par l’enrichissement de l’uranium pour un usage civil dans les centrales nucléaires, en disant que la communauté internationale doit continuer à se soucier avant tout des applications militaires de cette technologie.

« La communauté mondiale ne veut pas qu’ils acquièrent le savoir-faire nucléaire et c’est pourquoi personne ne veut qu’ils puissent procéder à l’enrichissement et au retraitement sur leur propre territoire, ce qui leur fournirait le moyen d’y parvenir en obtenant sur place ce que nous appelons une installation nucléaire complète. »

Rice a redit que le Président Bush avait laissé toutes les options ouvertes sur la table, y compris une réponse militaire si l’Iran ne satisfaisait pas aux exigences de la communauté internationale.

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