Cachez cette victoire que je ne saurais voir!

Dans un monde normal, quand on veut faire cesser une guerre qu’on perd, le seul moyen est de demander au camp gagnant ce qu’il veut. Et dans le cas présent ce n’est même pas la peine de le faire, parce que tout le monde le sait depuis des dizaines d’années.

Sebastian Sas qui se décrit lui-même comme « un gars de l’est qui vit dans l’Ouest », fait une chronique quotidienne sur Youtube dans laquelle il souligne l’incohérence et l’hypocrisie de la géopolitique occidentale, notamment à propos de l’Ukraine. Même s’il dit ce que savent plus ou moins tous ceux qui ne se contentent pas de la propagande officielle, lui le fait avec talent et humour et c’est un régal.

Les leaders occidentaux, explique Sébastien Sas avec dérision, viennent de comprendre pourquoi Vladimir Poutine ne négociera pas et pourquoi la Russie ne capitulera pas. Ils n’avaient rien vu venir, les pauvres ! Heureusement Trump est là et il a dit : « Poutine ne mettra pas fin à la guerre parce qu’il pense qu’il la gagne », ce qui a mis les Occidentaux en état de choc : Comment, la Russie gagne la guerre ?  Ça alors ! Cela fait longtemps que tous ceux qui ont regardé une carte ou se sont intéressé à l’économie, à la diplomatie ou au remodelage des alliances le savent. Mais voilà, eux refusaient de voir et ils refusent toujours de voir ces deux évidences :

1.Vladimir Poutine ne fait pas que « penser » qu’il gagne, il gagne effectivement.

2. Et du coup, pourquoi la Russie négocierait-elle ou plutôt capitulerait-elle ? Car pour les Occidentaux, négocier veut dire capituler.

Sur cette photo de groupe diffusée par l’agence d’État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine et le ministre de la Défense Andreï Belousov assistent à une cérémonie de dépôt de gerbes sur la tombe du soldat inconnu près du mur du Kremlin pour marquer la Journée du défenseur de la patrie à Moscou le 23 février 2025. (© SERGEI BOBYLYOV / AFP)

Dans un monde normal, quand on veut faire cesser une guerre qu’on perd, le seul moyen est de demander au camp gagnant ce qu’il veut. Et dans le cas présent ce n’est même pas la peine de le faire, parce que tout le monde le sait depuis des dizaines d’années. Les lignes rouges de la Russie n’ont jamais changé. Ce qu’il faudrait, c’est changer de stratégie, mais c’est impossible parce ce sont des politiciens occidentaux et nous savons avec quelle arrogance et quelle impunité les Occidentaux se comportent partout dans le monde. Pour eux, il n’y a rien qui ne soit pas négociable, en ce qui concerne les autres, bien sûr, parce qu’en ce qui concerne l’Occident, il y a énormément de choses qui ne sont pas négociables. Demandez donc à Emmanuel Macron !

https://www.youtube.com/watch?v=v_omuSHfyQ4

Cachez ce trafic de drogue que je ne saurais voir !

Jean-Pierre Colombies, un ancien policier commente sur Tocsin, les rodomontades de Bruno Retailleau,[image à droite] connu pour son islamophobie obsessionnelle. Notre ministre de l’Intérieur donc a déclaré le 9 mai à Quiberon : « Il n’y a pas de safe zone (zone sûre) en France ». Peut-on penser qu’en employant l’anglais le tonitruant Retailleau tente inconsciemment de cacher aux principales victimes de l’insécurité qui ces trafics génèrent, (victimes, qui ne parlent pas forcément la langue des élites mondialistes) une réalité qui leur pourrit la vie ?

Cet aveu signifie que non seulement il est impuissant à maintenir l’ordre en France, mais qu’il a menti, menti et menti sur tous les plateaux pendant des années. De fait, il sait qu’il ne peut rien faire, les ultra-libéraux ne raisonnent pas en termes d’intérêt général, leur idéologie est la déstructuration du système de solidarité français. Autrement dit, les services publics sont l’ennemi à abattre, depuis Pompidou.

Il n’y a aucune volonté politique de régler les problèmes de drogue et d’insécurité. Il s’agit d’une économie parallèle qui rapporte et avec laquelle on achète la paix sociale. Le gros problème est le blanchissement d’argent. On sait très bien comment le régler mais rien n’est fait, car l’argent liquide généré par la drogue alimente beaucoup de systèmes et notamment de systèmes politiques (campagnes électorales). On a eu des narco-immeubles, puis des narco-quartiers, puis des narco-cités aujourd’hui. La France est à la dérive, « en voie de mexicanisation » selon le ministre qui pas gêné du tout d’être largement responsable de ce désastre, se présente comme « l’homme du renouveau » !

Source de l’image :. (Capture d’écran) lexpress.fr

La France est corrompue de part en part. Des députés consomment des drogues en toute impunité. Il n’y a plus d’organes de contrôle en France, car les loups ne se mangent pas entre eux. La justice est pour les pauvres. Comme a dit Maurice Barrès : « Il faut que ceux qui ne sont rien aient conscience de leur impuissance, voilà une des conditions de la paix sociale ».

https://www.youtube.com/watch?v=62TZRlHjB4o

Cachez cette corruption que je ne saurais voir !

L’UE qui chapeaute des gouvernances européennes qui n’ont plus que l’apparence de démocraties, a mis en place un système très efficace pour interdire aux opinions dissidentes de s’exprimer. La plupart du temps, il passe inaperçu parce qu’il opère en douce, par l’intimidation indirecte, les procès politiques ou les algorithmes sur les médias ou les moteurs de recherche. Ainsi, si vous tapez Ukraine sur Google, vous ne trouverez pas un seul article opposé à la guerre, pas un seul…

Lorsque cela ne suffit pas à dissuader les « gaulois réfractaires », selon l’expression de Macron qui restera plus longtemps que lui dans l’histoire, les autorités n’hésitent pas à recourir à la méthode forte en toute illégalité. Ainsi, le 13 mai dernier, une quinzaine de policiers ont fait irruption en pleine nuit au domicile de Pierre Jovanovic, [photo à droite] qui va sortir un livre que ne plaît pas au pouvoir, pour l’emmener de force dans un hôpital psychiatrique parce qu’il était soi-disant suicidaire ! Une méthode qu’on reprochait jadis à l’URSS…

L’avocat et écrivain Juan Branco, qui a défendu de nombreux opposants et notamment des Gilets jaunes malgré les mesures de rétorsion du système, et qui dénonce la corruption généralisée est lui aussi dans la ligne de mire du pouvoir. Il vient de lui arriver une drôle d’aventure (il aurait été empoisonné). Il parle de tout ça dans cet interview de Thinkerview :

Je vis dans un pays dominé par des escrocs, estime Juan Branco, où la vérité n’a plus aucune valeur et où l’honneur n’existe pas. Un pays où des gens s’arrachent des dents à la pince parce qu’ils n’arrivent pas à avoir de RV chez le dentiste et où on meurt aux urgence, pendant que des patrons de Mutuelles roulent en Porche Cayenne, comme cela a été révélé par le Canard enchaîné, qui sont des voitures de fonction, un pays où des millions de personnes intègres travaillent pour produire des ressources qui sont captées par des castes qui maintiennent leur emprise sur les institutions pour se protéger. Il y a la corruption et ensuite la lâcheté, la compromission qui aboutissent au fait qu’il est devenu impossible dans ce pays d’obtenir une décision de justice sincère, honnête, dans un délai raisonnable. Les Français moyens n’ont plus recours à la justice. En même temps, il n’y a jamais eu autant de gens en prison, car les violences contre les personnes ont fortement augmenté.

L’Etat écrase les particuliers et les entreprises sous les régulations et les taxes, mais aucun effort n’est fait pour endiguer les fraudes massives dans la formation (CPF), le Crédit impôt recherche, les Mutuelles, les Crédits environnements, etc., etc. C’est un carnage qui commence à s’étendre à la classe moyenne qui, par ex, ne peut plus se loger à Paris. Un signe qui en dit long : les suicides des jeunes femmes augmentent.

Pour tenter de stopper la corruption galopante qui entraîne la rapide dégradation du pays, à la fois politique, économique, morale et spirituelle, Juan Branco a décidé de se porter candidat à la présidence de la République, à mon avis parce que c’est le seul moyen pour lui d’avoir une tribune pour dénoncer les déviances et essayer de redresser la situation. Sera-t-il éliminé avant, comme Georgescu en Roumanie ou comme Trump a failli l’être aux Etats-Unis ? seul l’avenir nous le dira…

https://www.youtube.com/live/OJORL8TtRoc

Cachez ce fascisme que je ne saurais voir !

L’historienne Annie Lacroix-Riz a donné, le 18 juin 2024, une conférence intitulée « Quand la classe capitaliste pousse à la fascisation et la destruction de la France ».

On ne peut pas évoquer le retour du fascisme aujourd’hui sans revenir aux racines socio-économiques du fascisme français. Le fascisme c’est la guerre contre le salaire, c’est la guerre contre le revenu non monopolistique, dans une période de crise où les revenus monopolistes se réduisent drastiquement. C’est une solution politique qui s’est imposée dans l’Europe, d’entre les deux guerres mondiales, partout où le mouvement ouvrier était vaincu, en Italie en 1920/22 et en Allemagne en 1918/19.

En France, depuis les années 1950, on nous explique, Science Po en tête, qu’il n’y a pas de fascisme français. Des séries documentaires télévisées s’emploient à réhabiliter le régime de Vichy en affirmant que la droite et l’extrême droite étaient plutôt résistantes et que les collabos étaient de gauche.

Entre les deux guerres l’Europe était endettée par la première guerre mondiale. L’inflation était galopante. Il fallait convaincre la population de se serrer la ceinture. Quand, comme sous Vichy, le salaire réel baisse de 50% et le poids moyen de la classe ouvrière baisse de 10 à 12 kg, il devient nécessaire, fascisme aidant, de boucler les organisations ouvrières.

A la même époque, en France, les 12 plus gros banquiers, la crème du capital financier, qui tiennent la Banque de France qui dicte la politique française depuis sa création en 1800 par Bonaparte, constituent un groupe fasciste qui prend le nom de Synarchie et qui a comme objectif de liquider la République et d’écraser les revenus paysans et ouvriers, sous le prétexte familier d’assainir les finances.

Le fascisme français, en 1933/34, est l’instrument politique du capital financier qui contrôle tout excepté le parti communiste français. Depuis 1924, les ligues fascistes fleurissent et se regroupent en 1936 pour former la Cagoule, comme le montre Robert Soucy dans « La première vague du fascisme » en France (1924 –1933) et « La deuxième vague du fascisme » (1933-1939). La troisième vague sera la bonne, c’est celle de Pétain-Laval avec la défaite.

Le parti fasciste, les Croix de feu, n’est jamais parvenu à devenir un parti de masse, mais tous les partis politiques, à part le PC, étaient financés et contrôlés par le Capital financier, tout comme bien sûr les institutions, les médias et les intellectuels. Notre pays est toujours aujourd’hui sous la coupe du Capital financier.

C’est sous le Front populaire que se joue l’échec ou la réussite du fascisme français. Le patronat a eu très peur pendant quinze jours lorsque le Front populaire a gagné les élections en juin 1936 et qu’un large mouvement de grève s’est déclenché. Il a réagi en important de la main-d’œuvre étrangère tout en montant les autochtones contre les travailleurs étrangers.

Daladier, revenu au pouvoir en 1936 revient sur plusieurs réformes du Front populaire, mène la répression contre la classe populaire et scelle la fin du Front populaire.  À la tête du gouvernement, il signe les accords de Munich en septembre 1938.

En observant le déroulement des évènements depuis 1968, j’en suis arrivée à la conclusion que la période d’après-guerre, dominée par de Gaulle, n’a été qu’un affaiblissement, bref et largement illusoire, seulement dû aux circonstances, de la domination du Capital financier sur la France. Aujourd’hui nous sommes à nouveau les esclaves du Capital financier fasciste exactement comme entre les deux guerres.

https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/fascisme-francais-et-front-populaire-une-conference-dannie-lacroix-riz-video-cafemarxiste-marseille/

Cachez ce génocide que je ne saurais voir !

Caitlin Johnstone serait sans doute d’accord avec moi, puisqu’elle n’hésite pas à établir un parallèle entre notre société et l’Allemagne nazie, à propos du génocide en cours à Gaza :

« Les institutions occidentales considèrent les musulmans, les Arabes et les personnes à la peau plus foncée comme des vermines sous-humaines dont l’extermination devrait susciter une réaction émotionnelle oscillant entre l’indifférence et la joie. Notre civilisation se considère comme moralement supérieure à l’Allemagne nazie tout en continuant à commettre les mêmes atrocités sous le couvert d’une idéologie fondamentalement identique ».

Mais, tout comme les Occidentaux refusent de reconnaître leur défaite contre la Russie, ils refusent de reconnaître que leur allié préféré, Israël, se livre depuis le 8 octobre 2023 à un génocide en direct, relayé par toutes les TV du monde, sauf bien sûr, les TV occidentales.

La décision de Netanyahou d’envahir Gaza et d’en chasser les Palestiniens affamés a obligé l’UE à réagir timidement. La Commission européenne a annoncé qu’elle allait entamer un processus de révision de l’accord d’association de l’UE avec Israël, dont le chapitre II évoque le respect des droits humains. Cela pourrait aboutir à la suspension des relations commerciales favorables à Tel Aviv. Mais bien sûr, cela prendra du temps, et c’est justement de temps dont Netanyahou a besoin pour mener à bien son projet d’extermination du peuple palestinien…

Source de l’image (capture d’écran), 19 mai 2025 : ouest-france.fr

Villepin a expliqué ce qu’il faudrait faire pour arrêter le massacre :

« Il y a trois choses à faire. La première chose, c’est de suspendre immédiatement l’accord européen avec Israël. L’essentiel du commerce d’Israël se fait avec l’Europe. Suspension. Deuxièmement, embargo sur les armes de tous les pays européens. Troisièmement, déferrement de l’ensemble du gouvernement israélien et des principales autorités israéliennes devant la Cour pénale internationale. Si vous voulez arrêter, ce qui est en cours aujourd’hui, il faut marquer vis-à-vis d’Israël qu’il y aura un avant et un après. Et que l’isolement d’Israël aujourd’hui, y compris d’ailleurs en partie vis-à-vis des Américains, sera doublé d’un isolement économique et d’un isolement stratégique du pays ».

Bien sûr, personne ne l’écoutera…

Le 19 mai dernier, Rony Brauman parlait sur TV 5 du divorce entre les Etats qui soutiennent Israël et les sociétés civiles qui sont indignées par le génocide et veulent sauver les Palestiniens. Pour lui, Israël court à sa perte, mais en se suicidant, les fanatiques surarmés qui le dirigent entraînent les Palestiniens avec eux, ce qui est inacceptable.

J’ai bien peur que ce ne soit tout de même accepté…

https://www.youtube.com/watch?v=Ox1skt77WBk

Cachez l’excellence russe que je ne saurais voir !

Pour finir en beauté, une danse chorégraphiée par le grand Igor Moiseyev. Non seulement elle est parfaite à tous points de vue, mais elle respire la joie de vivre, ce dont on a besoin en ce moment…

https://www.youtube.com/watch?v=aXaQpvfWe9Y

Note :

Tout le monde aura remarqué que les titres de cet article sont inspirés d’un vers bien connu de Tartuffe ou l’Imposteur de Molière. Nos dirigeants, ou ce qui en tient lieu, sont souvent comparés à ce répugnant personnage, devenu le symbole tout à la fois de l’hypocrisie, la cupidité et la lâcheté. Et au contraire du pouvoir qu’ils détiennent, ce n’est pas usurpé…

Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.

Dominique Muselet

Montreuil, le 23 mai 2025



Articles Par : Dominique Muselet

A propos :

Dominique Muselet a passé la première partie de sa vie dans le Nord de la France. Après des études universitaires, elle a enseigné quelques années en Collège, avant de passer dans le monde de l'entreprise, à différents postes de direction. Elle a vécu dans plusieurs pays étrangers : Cameroun, Canada, Inde, Palestine/Israël, Mexique. Ces séjours prolongés dans des pays pour beaucoup soumis à l'impérialisme occidental, l'ont aidée à mieux comprendre les rapports de force géopolitiques. La tragédie que vivent les Palestiniens et leur lutte pour la liberté l'ont particulièrement touchée. Depuis qu'elle est revenue s'installer en France à Paris, elle s'efforce de partager sa large expérience économique, politique, géopolitique et spirituelle à travers ses traductions et ses articles.

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