CANADA : L’armée ouvrira de nouvelles bases à l’étranger

Les Forces canadiennes s'installeraient dans sept pays, dont le Koweït

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Photo : Pedro Ruiz – Le Devoir

Juillet 2007, des soldats du Royal 22e Régiment, basé à Valcartier, défilent dans les rues de Montréal quelques jours avant de s’envoler pour l’Afghanistan.

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Les Forces canadiennes préparent la mise en place de sept bases militaires de
ravitaillement à travers le monde qui permettront au Canada d’intervenir rapidement dans toutes les régions.

Les Forces canadiennes préparent la mise en place de sept bases militaires de ravitaillement à travers le monde qui permettront au Canada d’intervenir rapidement dans toutes les régions de la planète, a appris Le Devoir. L’armée prépare notamment son retour dans un pays du golfe Persique, le Koweït, afin de ravitailler plus facilement la nouvelle mission d’entraînement en Afghanistan, qui commence en août.

Une nouvelle structure logistique qui n’est pas étrangère à la revitalisation des Forces canadiennes entamée par le gouvernement Harper, qui souhaite utiliser davantage l’armée comme outil de politique étrangère. Une force moderne, flexible, qui peut intervenir partout, tant militairement que pour des catastrophes naturelles.

Les Forces canadiennes ont donné le nom de Réseau de soutien opérationnel (Operational Support Hubs Network) à ce projet sans précédent, déjà bien avancé. L’objectif consiste à signer des ententes avec plusieurs pays afin que les militaires canadiens puissent utiliser leur sol en cas de besoin dans la région. Dans certains endroits, de petites bases seront installées, avec quelques soldats, alors qu’ailleurs, il n’y aura pas de militaires avant qu’un besoin se fasse sentir.

Le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Défense ont déjà conclu des ententes avec l’Allemagne et la Jamaïque. Ottawa négocie activement avec le Koweït, au Moyen-Orient, un point de ravitaillement stratégique pour la suite des opérations en Afghanistan. Les Forces canadiennes ont quatre autres pays dans leur mire: le Sénégal, le Kenya (ou la Tanzanie), Singapour et la Corée du Sud (voir la carte).

Ces endroits dans des pays stratégiques serviront de tremplin pour faciliter le transport des troupes et du matériel entre le Canada et les futures missions de l’armée. Ces pays abritent également des ports qui permettent d’acheminer des conteneurs.

Au sein du Commandement du soutien opérationnel du Canada (COMSOCAN), la division des Forces canadiennes qui s’occupe de la logistique des missions, on confirme l’opération en cours. «On est en train de regarder plusieurs possibilités à travers le monde. L’objectif est de rendre les Forces canadiennes plus efficaces à l’étranger», affirme le lieutenant John Nethercott, officier d’affaires publiques. L’armée «n’a pas de boule de cristal» pour prévoir où elle devra intervenir, alors plusieurs points d’ancrage régionaux sont nécessaires, affirme M. Nethercott. Le porte-parole refuse toutefois de dévoiler les détails des pourparlers avec certains pays. «Je ne peux vraiment pas en dire plus.»

Une entente a déjà été conclue avec l’Allemagne, qui sera le point d’ancrage des opérations en Europe. Le Canada utilise depuis avril 2009 une portion de la base américaine de Spangdahlem, à environ deux heures de voiture à l’ouest de Francfort.

Depuis que les Émirats arabes unis ont mis le Canada à la porte de Dubaï l’automne dernier, où il utilisait depuis 2006 une base pour ravitailler la mission en Afghanistan, les Forces canadiennes ont transféré leurs activités à Spangdahlem. Le contingent canadien est alors passé d’une dizaine de soldats à près de 80. Chaque semaine, une moyenne de huit avions de transport C-17, sept avions de passagers CC-150 Polaris et deux appareils cargo Antonov passent par Spangdahlem, en route ou au retour de l’Afghanistan. C’est aussi de cette base que transite une partie du matériel qui se dirige vers l’Italie, d’où la mission en Libye est supervisée.

Rencontré sur place à Spangdahlem par Le Devoir il y a deux semaines, le lieutenant-colonel Damien Boyle, qui dirige les opérations canadiennes, a soutenu que le projet de bases de ravitaillement à travers le monde est important pour l’avenir des Forces canadiennes. «Plusieurs endroits ne souhaitent pas qu’un pays étranger s’installe chez eux, avec tout l’attirail militaire. Quand un conflit éclate, on ne peut pas simplement pointer un pays sur la carte et dire qu’on va s’installer là pour ravitailler nos troupes. Il faut négocier et ça peut être compliqué. Il faut donc prévoir», a-t-il dit, précisant que le Canada «ne cherche pas une présence impériale», mais simplement «un moyen de réagir rapidement» aux événements mondiaux, y compris les catastrophes naturelles.

Dans plusieurs cas, notamment en Afrique ou en Jamaïque, l’objectif n’est pas de mettre en place une base militaire avec des soldats en permanence, mais simplement d’avoir une entente en poche et un endroit en attente, au cas où un événement dans la région nécessiterait l’intervention des Forces canadiennes.

La priorité: le Koweït

Le gouvernement canadien refuse d’expliquer où en sont les pourparlers avec le Koweït, une priorité des militaires. Les Forces canadiennes souhaitent s’installer sur une base américaine dans ce pays du Golfe pour ravitailler la mission d’entraînement en Afghanistan (à Kaboul, à Herat et à Mazar-e-Sharif) qui commence cet été.

Un vol entre Dubaï et l’Afghanistan prenait environ trois heures. Le trajet actuel entre Spangdahlem (Allemagne) et l’Afghanistan prend entre sept et huit heures. «On ne va pas se mentir, la fermeture du camp Mirage, à Dubaï, ce n’est pas agréable. Ça nous prend deux ou trois fois plus de temps pour se rendre en Afghanistan. On cherche à se rapprocher de nouveau», affirme le lieutenant-colonel Jason Stark, qui dirige l’aspect logistique du trafic aérien canadien à Spangdahlem. Il y a la durée des trajets, mais aussi le coût de l’essence qui pèse dans la balance, ajoute-t-il.

Selon nos informations, les discussions avec le Koweït sont bien avancées et les chances de s’entendre sont jugées «très bonnes» à Ottawa. On précise que l’entente de coopération militaire conclue lors de la première guerre du Golfe, au début des années 90, est encore valide, ce qui facilite les pourparlers. «On construit sur une base solide», affirme une source.

Si la négociation avec le Koweït échoue, le Canada réfléchit à la possibilité de se rabattre sur Chypre pour ravitailler l’Afghanistan. Les Forces canadiennes utilisent déjà cette île pour la décompression de leurs soldats. Les militaires de retour du front y passe cinq jours à la fin de leur mission afin de parler avec des médecins et des psychologues, question de mieux dépister les troubles de santé mentale, notamment le syndrome de stress post-traumatique.

Les conteneurs de matériel et les véhicules militaires qui seront ramenés d’Afghanistan par bateau à la fin de la mission de combat, en juillet, vont aussi passer par Chypre avant d’arriver à Montréal.  



Articles Par : Alec Castonguay

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