Canada – N’importe qui, sauf Harper? « Quossa a » donné?
Ô combien de fois a-t-on a entendu l’an dernier, « N’importe qui, sauf Harper ». L’heure est au bilan. Mais on dirait que certains préfèrent continuer à faire les mamours avec celui à Ottawa qui a profité le plus du slogan « N’importe qui, sauf… » que de regarder froidement le bilan de M. Photo-Op.
Un travailleur de l’automobile et militant du puissant syndicat l’UNIFOR vient de sonner l’alarme dans Counterpunch.org. Réagissant au tapis rouge déroulé pour Justin Trudeau au congrès de l’UNIFOR en août dernier et aux accolades que lui ont accordées le président Jerry Dias et le président du Congrès du travail du Canada, Hassan Yussuff, James Napier a cité une blague préférée de feu Tommy Douglas sur la terre des souris et le choix qu’ils avaient entre un gouvernement dirigé par un chat noir et celui d’un chat blanc. Une souris a demandé : pourquoi élire un chat quand on pourrait élire un gouvernement dirigé par des souris comme nous? Selon la légende, Tommy Douglas a terminé en disant qu’on a accusé cette souris de bolchévisme pour ensuite l’envoyer en prison. Selon Napier, les « souris » qui dirigent ces deux syndicats aiment être dirigés par un chat. J’ajouterais qu’ils ne sont pas les seuls.
Napier cite plusieurs cas où le monde du travail se fait ignorer royalement par Trudeau. Les postiers, par exemple, se battent courageusement contre une société d’État fédérale pour maintenir un régime de pensions à prestation déterminée pour les futures générations. Pourtant, il s’agit aussi d’un enjeu clé pour les membres de l’UNIFOR.
En ce qui concerne le Partenariat Transpacifique (PTP) et l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Europe, Napier souligne que le gouvernement Trudeau reprend à peu près la même position que celle de Harper. Or ces deux ententes représentent pour les travailleurs et travailleuses une menace économique importante ainsi qu’un transfert du pouvoir de décision vers les conseils d’administration d’entreprises multinationales.
En politique étrangère, faire la distinction entre la politique de Trudeau et celle de Harper nécessite une loupe. En Syrie, Trudeau, comme Harper, continue à appuyer la politique des États-Unis visant un changement de régime – encore illégal – par l’entremise de « rebelles modérés » mieux connus sous le vocable de « terroristes ». Il appuie Israël sans réserve, comme Harper : son parti a voté en faveur d’une motion conservatrice condamnant le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) alors que ce mouvement est un moyen pacifique de s’opposer à l’occupation illégale de la Palestine.
James Napier aurait pu aller bien plus loin. Sur Énergie-Est, c’est le cafouillage total au gouvernement Trudeau. Éric Pineault, auteur de Le piège Énergie-Est, Sortir de l’impasse des sables bitumineux (Écosociété) a dit en entrevue qu’on a troqué un premier ministre des pétrolières pour un premier ministre des banquiers de Bay Street. Or les banques comme les pétrolières ont investi non seulement leur chemise mais toute leur garde-robe dans les sables bitumineux. Ils ne les abandonneront pas de sitôt. Voilà ce qui explique le cafouillage à Ottawa.
Quant au Québec, Trudeau est le digne fils de son père. S’il daigne reconnaître notre existence, c’est pour s’en moquer ou pour l’insulter. Aussi, comme Harper, son gouvernement se joint à la cause visant à affaiblir la portée de la loi 99 qui établit le droit inaliénable du Québec de disposer de lui-même, droit pourtant reconnu en droit international.
Le vote stratégique au Canada comme au Québec, celui du moindre des maux et qui a porté Trudeau au pouvoir, mène au cul-de-sac. Que vive le gouvernement des souris, par les souris, pour les souris!
Robin Philpot, éditeur