Ce que vous ignorez peut-être sur la guerre économique

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Bien des gens pensent que le monde est embarqué dans une spirale infernale vers l’Armageddon. En même temps, des milliards de gens souffrent d’écrasante pauvreté, de sanctions et d’austérité imposées par le gratin, pendant que profitant de la situation pour faire leur beurre, le nombre de milliardaires suit une progression géométrique. Il est temps pour nous d’étudier de plus près où nous en sommes en 2018, afin de savoir à quoi nous raccrocher. Des steppes de Russie aux antiques terres minoennes, règne désormais la terreur économique.

Il y a plusieurs mois, quand je suis allé d’Allemagne en Grèce, l’opinion dominante était que la paresse des Grecs était en partie cause des difficultés de la Deutsche Bank. Dans l’ancienne ville allemande de Trèves, mes voisins pensent honnêtement que si la Grèce a besoin d’un plan de sauvetage, c’est parce que les Grecs rechignent à travailler dur. Ironie amère de cette croyance, l’Allemand moyen pense ployer sous la charge de travail du Grec moyen. Ce dont j’ai été témoin en Allemagne fait penser à un monde vivotant d’emplois à temps partiel. Mais ici en Grèce, le citoyen moyen travaille sept jours par semaine, et a en général plusieurs emploi. Cette fausse perception microéconomique a été implantée par les médias contrôlés par l’État et les entreprises allemands. Et il y a une très bonne raison à cela, que je vais maintenant expliquer.

Nouvelle arme économique secrète, tramer des krachs

Le Fonds monétaire international, les banquiers allemands et étasuniens, et le gratin mondialiste qui contrôlent les systèmes financiers du fameux « Ouest », sont en mission depuis 2008. L’« effondrement » des marchés à l’époque où Barack Obama a pris ses fonctions, n’était pas un aléa économique. Wall Street et les marchés mondiaux ont été chamboulés à dessein. Dans son livre Secret Weapon, le PDG de Freeman Global Holdings et auteur à succès du New York Times, Kevin Freeman, décrit un enchaînement de preuves convaincantes montrant que le krach de septembre 2008 est dû à un acte de sabotage délibéré et bien préparé. Bien que l’auteur accuse des gouvernements concurrents comme la Chine et l’Iran, de ce qu’il qualifie de « terrorisme économique », ses preuves et ses théories sont correctes dans la mesure où l’« effondrement » était intentionnel. Mais le fait que Freeman soit fondateur et président de l’Institut NSIC, et attaché supérieur au Centre for Security Policy, suggère un double jeu de la communauté financière, qui veut cacher les vrais auteurs. Mais pour mon article, le plus important est de suivre la trace du chaos dans notre monde financier.

Freeman n’est pas seul à suggérer que la crise économique ait été un complot. Comme l’explique dans cet article le banquier d’investissement et ancien rédacteur en chef de Forbes, Robert Lenzner, le désastre financier de 2008 coûte près de 20 000 milliards de dollars aux Étasuniens. Dans l’article, pointant par inadvertance Goldman Sachs et Citigroup, le gourou financier écrit que le trésorier Greenspan leur a permis de « maîtriser l’art de satisfaire leur propre appétit de profits », maîtrise qui a entraîné à son tour les effondrements qui ont forcé les Étasuniens à renflouer les banques. À son grand crédit, Lenzner poursuit en décrivant les dangers d’effondrement total cachés qui nous menacent toujours. Mais qu’en est-il de la Grèce, du reste de l’Europe de l’Est, des Allemands et du reste du monde endetté ? Qui pouvons-nous rendre responsable d’avoir détruit l’avenir d’un milliard de gens ? Quand j’aurai terminé, vous réaliserez que les Nazis n’ont jamais perdu la Seconde Guerre mondiale. Voyez la suite.

Jeu gagnant-gagnant ou perdant-perdant en Ukraine

Pendant la Seconde Guerre mondiale, quand l’opération Barbarossa d’Hitler menaça la Russie, l’Ukraine fut transformée en « Terre brûlée ». Lors de l’invasion de l’Union Soviétique par l’armée allemande, les armées commandées par Joseph Staline ayant détruit les récoltes et les biens sur leur passage, les envahisseurs ne trouvèrent rien pour soutenir leur avance. De nos jours, l’Ukraine est dévastée par une opération Barbarossa économique faisant que les Russes n’ont aucune chance de défendre les steppes. Certains se souviendront que le fils du vice-président Joe Biden s’est mis en position de récolter les revenus énergétiques de l’Ukraine. D’autres lecteurs se souviendront peut-être que les fonds d’investissement Franklin Templton, contrôlés par les banquiers Rothschild, ont racheté 20% des dettes de l’Ukraine au prix infime d’obligations à haut risque. Voyez-vous, la situation orchestrée par les États-Unis en Ukraine ne se résume pas aux événements du Maidan et à la guerre dans le Donbass, qui résultent de leur géopolitique visant à séparer l’Ukraine de la Russie. Les géants de l’agro-business, Monsanto et les autres compagnies des OGM, lorgnaient sur l’Ukraine bien avant les événements de la place Maidan, et le fait que ce pays soit une plaque tournante centrale de l’approvisionnement européen en gaz russe, ne saurait être sous-estimé. En ce qui concerne le mercantilisme étranger en Ukraine, cet article de mon blog cite un rapport d’Oakland Institut d’après lequel plus de 1,6 million d’hectares de terres ukrainiennes sont passés sous le contrôle de compagnies étrangères. Cette citation du rapport plaide en faveur de l’existence du terrorisme économique de l’Ouest :

Les institutions financières internationales se sont précipitées sur les talons du bouleversement politique en Ukraine pour déréglementer et ouvrir l’immense domaine agricole de la nation aux compagnies étrangères… Monsanto, Cargill et DuPont, et de cette manière les entreprises prennent le contrôle de tous les aspects du domaine agricole ukrainien.

Tout cela est arrivé il y a plus de deux ans. Aujourd’hui, nous voyons les effets catastrophiques de l’Euromaidan, sans parler du front et des séparatistes pro-russes du Donbass.

En 2016, quand j’ai appris pour la première fois que les forêts des Carpates ukrainiennes avaient été rasées, le désastre écologique imminent perpétré par ces suceurs de sang mondialistes, m’a fait accuser le coup. Cet article de Counterpunch raconte l’histoire d’une marque de liberté et de démocratie qu’aucun Ukrainien ne peut s’offrir. Malgré les photos aériennes et d’autres preuves montrant que les forêts ukrainiennes ont été volées au peuple, l’organisme régional des forêts et de la chasse de Lviv a rejeté tous les rapports sur les faits coutumiers de la mafia est-européenne. Le fait est que Petro Poroshenko a aidé à vendre les forêts des Carpates. Les écologistes prédisent maintenant un Armageddon écologique dans l’ouest de l’Ukraine. Ces photos de Censor.net prouvent la réalité du désastre en cours. Cet article de Russia Today, à propos de 22 patrimoines étatiques sur 34 bradés par le régime Porochenko avec une réduction de 60%, nous ramène à la situation de la Grèce où l’héritage d’un peuple est à vendre.

Ah ces Grecs paresseux ! C’est drôle, je viens d’aller au coin de la boulangerie, ici à Héraklion, pour prendre un café chez la tenancière où je le prends tous les jours. Elle était là à Noël, et je suis sûr qu’elle sera derrière son comptoir à la Saint-Sylvestre et au Jour de l’An. De l’autre côté de la rue, apercevant Alexis Tsipras à la télévision, le commerçant repousse de sa main ouverte le Premier ministre grec en criant « Malaka ! », un mot ne pouvant se traduire objectivement que par « branleur ». Dans le hall de l’hôtel, dans la pâtisserie du centre-ville et dans chacune des nombreuses boutiques d’Héraklion, les fonctionnaires grecs sont tous aussi des malakas (malades mentaux en grec ancien) ou pire. Je parie que la plupart des Allemands ne savent pas ou ne veulent pas savoir que la TVA en Grèce est maintenant de 24% et que le commerçant moyen paie 37 à 45% d’impôt sur le revenu en plus de la TVA sur les biens qu’il achète. Aussi dingue que cela puisse paraître, les Crétois sont toujours particulièrement chaleureux à l’égard des étrangers comme moi. Si seulement ils savaient ce que leur ont fait les banquiers allemands et étasuniens.

Liquidation de la Grèce – Tsipras retourne sa veste

J’ai posté ce matin un article à propos de la grande trahison des privatisations grecques sur Argophilia Travel News, le site où je raconte mes voyages. Mes recherches m’ont incité à faire cet article pour NEO. Le fin mot de l’histoire, c’est que ce qui est précisément exigée des Grecs après le krach économique de la Grèce, auquel Goldman Sachs a prêté son assistance, est identique à la privatisation que les mondialistes réservèrent à la Russie pendant les années Eltsine. Dernière trahison de Tsipras, qui avait juré de mettre fin aux privatisations, l’accaparement par les Allemands et les Étasuniens du port de Thessalonique et des futures expéditions de GNL vers l’Europe à travers la Grèce. J’ai trouvé intéressant qu’Alexander von Mellenthin l’un des principaux instigateurs de cette liquidation et directeur de South Europe Gateway Thessalonique, porte le nom d’un éminent Allemand. Je n’en suis pas certain, mais je crois qu’il est proche parent du général d’artillerie Horst Alexander, d’Alfred Paul von Mellenthin, et de son frère, le général de division Friedrich Wilhelm von Mellenthin, qui était le chef d’état-major du XXXXVIIIe Corps de Panzer de Hitler en Union soviétique occupée, en particulier lors des batailles de Koursk et de Kiev, et pendant retraite de printemps 1944 à travers l’ouest de l’Ukraine. Le mot « ironie » ne suffira tout simplement pas si Mellenthin est le fils ou le petit-fils d’un grand général nazi. Guerre financière éclair, Armageddon financier, Quatrième Reich instiguant la destruction de la Grèce ! Voilà du sensationnel.

Peu importe que la famille d’ancien nazis déploie ou non le Quatrième Reich, le fait que la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne aient imposé le régime des privatisations grecques comme condition d’obtention de prêts indispensables au renflouement, prouve de façon flagrante que c’est le même gratin qui alimente toujours les guerres. La fausse idée du « Grec paresseux » se perpétue grâce à ceux qui ont la possibilité de ramasser les immenses avantages financiers d’une économie de plus à détruire. Ce n’est pas par hasard si l’administrateur du plan de privatisation grec, les Fonds de développement des actifs de la république hellénique, ressemble tant à la Treuhandanstalt allemande, l’agence chargée après la réunification de la privatisation des entreprises publiques de l’Allemagne de l’Est. Peu de lecteurs se rappelleront que la Treuhandanstalt a été accusée d’avoir cédé pour rien ou presque à l’Allemagne de l’Ouest les grandes entreprises valant des centaines de milliards de deutsche marks. Et, bien que plusieurs directeurs de la Treuhandanstalt aient par la suite été accusés de corruption et de détournement de fonds, cette forme de pillage s’est aggravée dans l’affaire grecque. En 2014, il y avait même un plan pour convertir une grande partie des zones côtières protégées de la Grèce en « villages touristiques hétérogènes », un projet qui pour l’essentiel aurait abouti à la privatisation de chaque centimètre de la côte grecque. Dans cet article du Huffington Post, l’ancien ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, dit que ce plan ressemble à une « abomination », à une Treuhandanstalt grecque. Varoufakis, qui a démissionné par principe de l’administration Tsipras, continue à monter une accusation contre la débauche de la dette grecque en dénonçant la véritable combine du FMI :

Le plan est politiquement délétère, car le fonds, bien que domicilié en Grèce, sera en réalité géré par la troïka. Il est aussi financièrement nuisible, car le produit ira au remboursement de ce que même le FMI admet maintenant être une dette impossible à rembourser. Et il ne marche pas économiquement, car il laisse passer une excellente chance de créer des investissements locaux pour aider à contrer l’impact de la récession…

Yanis Varoufakis a proposé aux banquiers allemands et aux Rothschild du Luxembourg et de Francfort, un plan de remboursement de l’incroyable dette grecque, que les banquiers de Goldman Sachs ont contribué à instaurer. Mais, comme il fallait s’y attendre, le FMI et le nouveau Reich ont refusé. Son plan était que la Grèce coopère par l’intermédiaire de son propre holding central, nouvellement créé pour certains actifs grecs. Le FMI et les banksters n’ont rien voulu savoir, il leur fallait le contrôle total des biens de la Grèce qui devaient être mis aux enchères et de la manière de le faire. Tsipras a trahi son pays, et le seul politicien honnête que les Grecs ont eu depuis des décennies a démissionné.

Phil Butler est enquêteur politique et analyste, politologue et expert ès Europe de l’Est, auteur du récent best-seller Putin’s Praetorians entre autres livres. Il écrit exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

Phil Butler

Original :What You May Not Know About Today’s Economic War, NEO, le 6 janvier 2018

Traduction Petrus Lombard  via Le Réseau International



Articles Par : Phil Butler

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