À Chypre, l’heure du départ approche

« Free Gaza » et « Liberty » prêts à appareiller pour Gaza

Le « Free Gaza Movement » vient d’annoncer (*) le très prochain départ de ses bateaux, de Chypre vers Gaza. Ce sont, en effet, non pas un, mais deux bateaux qui vont tenter de gagner les plages de Gaza : le « FREE GAZA », et le « LIBERTY » baptisé ainsi en mémoire des 34 marins du « USS LIBERTY » tués par un bombardement de l’aviation israélienne lors de la guerre des six jours, en 1967.

Ce sont donc 60 personnes -Palestiniens et 15 autres nationalités- qui vont appareiller pour Gaza, le 5 août 2008.

Parmi eux il y aura Naim Franjieh, un survivant palestinien de la Nakba (catastrophe) : « Mes parents ont fui la Palestine en 1948, alors que j’avais trois ans -a-t-il dit- je veux être là, sur ce bateau, pour dire aux gens de Gaza que ceux d’entre nous qui sont partis ne les ont pas oubliés ».

Il y aura également Hedy Epstein, une survivante de l’Holocauste âgée de 84 ans [1], d’origine allemande, vivant aux Etats-Unis, qui a suivi ces derniers mois des cours de natation à cet effet. « Par cette action –a-t-elle expliqué- nous avons l’intention d’ouvrir le port, d’aller pêcher avec les pêcheurs, d’apporter notre aide aux cliniques, et de travailler dans les écoles. Mais nous nous proposons aussi de rappeler au monde que nous ne voulons pas rester spectateurs. 1.5 million de gens sont menacés de mort par le manque de nourriture et la maladie ».

En tentant d’entrer à Gaza, malgré le blocus de la marine israélienne, ces courageux navigateurs entendent rappeler au monde que ce n’est pas à l’occupant israélien, mais aux Palestiniens de décider qui peut entrer et sortir de Gaza ; et que le siège de Gaza n’aura pris fin que lorsque les Palestiniens se seront vus reconnaître les mêmes droits et libertés que les autres peuples du monde.

Jusqu’ici, l’Etat Major militaire israélien s’est refusé à dire ce que la marine comptait faire quand les bateaux -« Free Gaza » et « Liberty »- pénétreront dans les eaux, qu’elle contrôle illégalement, pour se rendre dans le port de Gaza.

A mesure que s’approche la date du départ, cet évènement suscite d’ores et déjà, dans la presse israélienne et sur les nouveaux médias anglophones, de nombreux commentaires qui sont restés jusqu’ici largement ignorés du public francophone.

Dans un article du 20 juillet 2008 intitulé « Gaza au bord de la catastrophe humanitaire » [2], M. Bill Dienst, le médecin qui prendra soin des navigateurs, écrit :

« Sous la forme d’une punition collective de toute la population civile de Gaza, Israël a bouclé le territoire en rationnant les importations de nourriture, d’essence et de médicaments. Ces restrictions ont provoqué une situation désespérée, dans laquelle les habitants de Gaza ne peuvent plus ni pomper de l’eau, ni faire fonctionner les équipements hospitaliers ni même le système d’évacuation des eaux usées, lesquelles se déversent maintenant dans la Méditerranée par millions de litres.

Dans mon travail, comme médecin, je me suis rendu de nombreuses fois à Gaza depuis 1985, pour collaborer avec des organisations de soins locales. Mes collègues de Gaza rapportent que les conditions actuelles sont extrêmement dangereuses pour la santé physique et mentale de la majorité de la population, en particulier des enfants. (…) La situation désespérée à Gaza n’est pas une catastrophe naturelle, comme un ouragan ou un tremblement de terre. C’est un désastre créé par l’homme, créé par le désir d’Israël de rendre les habitants de Gaza aussi misérables, et donc aussi soumis, que possible. (…) Dans notre première tentative d’accéder à Gaza par bateau, nous allons emporter avec nous des approvisionnements et fournitures qui font cruellement défaut. Si nous sommes autorisés à accoster, nous essaierons alors de retourner à Chypre, avec des habitants de Gaza qui ont besoin de soins médicaux urgents, ou qui ont besoin de sortir de Gaza pour d’autres raisons urgentes. »

Silvia Cattori est journaliste indépendante en Suisse.



Articles Par : Silvia Cattori

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