Classe dirigeante mondiale : milliardaires et comment ils y sont parvenus

Alors même que le nombre de milliardaires dans le monde a augmenté de 793 en 2006 à 946 cette année, les soulèvements de masse en Chine et en Inde se sont banalisés. En Inde, qui a le nombre le plus élevé de milliardaires en Asie (36), cumulant une fortune totale de 191 milliards $, le premier ministre Singh a déclaré que la seule plus grande menace à la « sécurité de l’Inde » c’était les armées de guérilleros conduites par des maoïstes et les mouvements de masse dans les zones les plus pauvres du pays. En Chine, avec 20 milliardaires cumulant une fortune de 29,4 milliards $ nets, les nouveaux dirigeants, confrontés à près d’une centaine de milliers d’émeutes et de protestations, ont multiplié par cent le nombre de milices spéciales armées anti-émeutes, ainsi que les dépenses, consacrant 10 milliards de $ aux pauvres des zones rurales dans l’espoir de diminuer les monstrueuses inégalités de classe et afin de déjouer un soulèvement de masse.
La fortune totale de cette classe dominante mondiale a augmenté de 35 % d’une année sur l’autre, atteignant les 3,5 mille milliards de $ ; tandis que le niveau des revenus les plus bas des 55% de la population mondiale – 6 milliards d’habitants – a baissé ou stagné. Dit d’une autre façon, un cent millionième (1/1 000 000 000) de la population mondiale possède plus que 3 milliards de personnes. Plus de la moitié des milliardaires actuels appartiennent seulement à trois pays : les USA (415), l’Allemagne (55) et la Russie (53). L’augmentation de 35 % de leur fortune vient principalement de la spéculation sur les actions en bourse, l’immobilier et le commerce des matières premières, plutôt que d’investissements dans des innovations techniques, des industries créatrices d’emplois ou des services sociaux.
Dans le groupe de milliardaires le plus récents, le plus jeunes et qui se développe le plus rapidement, l’oligarchie russe se détache par ses débuts les plus rapaces. Plus des 2/3 (67 %) des actuels oligarques milliardaires russes ont commencé à amasser leur fortune alors qu’ils étaient âgés de 20 à 25 ans. Pendant l’infâme décennie des années 90, sous le règne quasi-dictatorial de Boris Eltsine et de ses conseillers économiques d’inspiration US, Anatoly Choubaïs et Egor Gaïdar, la totalité de l’économie russe a été mise en vente à un « prix politique » qui était bien en dessous de sa véritable valeur. Sans exception, les transferts de propriétés ont été réalisés en utilisant des méthodes de gangsters – assassinats, vols massifs, accaparement de ressources d’État, manipulation illégale de fonds et rachats d’entreprises. Les futurs milliardaires ont dépouillé l’État russe de la valeur de plus de mille milliard de dollars en usines, transports, pétrole, gaz, fer, charbon, et autres ressources auparavant possédées par l’État.
Contrairement à ce qu’affirment nombre de publicistes européens et US, de droite comme de gauche, très peu des anciens dirigeants communistes se retrouvent dans l’oligarchie des milliardaires russes. Deuxièmement, contrairement à « l’inefficacité communiste » décriée par les consultants en communication des politiciens occidentaux, les mines, les usines, les entreprises énergétiques développées dans l’ancien URSS étaient rentables et compétitives avant d’être reprises par les nouveaux oligarques. Cela est évident vu l’énorme fortune privée accumulée en moins d’une décennie par ces hommes d’affaires-gangsters.
Il n’y a à la source de la fortune des nouveaux milliardaires pratiquement pas de construction, d’innovation ou de développement de nouvelles entreprises efficaces. La richesse n’a pas été transférée à des hauts commissaires du parti communiste (transferts latéraux) mais des mafias armées privées s’en sont emparés, sous la direction de diplômés frais émoulus des universités, qui ont capitalisé rapidement, intimidant ou faisant assassiner des hauts fonctionnaires de l’État et bénéficiant de la politique stupide «de libre marché » de Boris Eltsine, inspiré par ses conseillers occidentaux.
Le magazine Forbes publie une liste annuelle des individus et familles les plus riches du monde. Ce qui est le plus amusant concernant les notes biographiques d’accompagnement du célèbre magazine Forbes, c’est la référence constante pour les oligarques russes à leur source de richesse comme s’étant « faite tout seul » comme si voler les biens de l’État crées et défendus pendant plus de 70 ans par la sueur et le sang du peuple russe était le résultat des talents d’entrepreneurs de voyous de 20 ans. Des 8 oligarques milliardaires russes en tête de liste, tous ont commencé en s’opposant par les armes à leurs rivaux, en ouvrant des « banques sur le papier », en s’emparant de la production d’aluminium, de pétrole, de gaz, de nickel et de fer et de l’exportation de la bauxite, du fer et d’autres minerais. Chaque secteur de l’ancienne économie communiste a été pillé par les nouveaux milliardaires : la construction, les télécommunications, les industries chimiques, l’immobilier, l’agriculture, la vodka, la terre, les médias, les industries automobiles, les compagnies aériennes etc.
À de rares exceptions près, suite aux privatisations d’Eltsine, tous les oligarques sont arrivés au top ou presque, en assassinant littéralement ou en intimidant tous ceux qui s’ opposaient à eux au sein de l’ancien appareil soviétique ainsi que les concurrents appartenant à des gangs de prédateurs rivaux.
Les mesures clés des politiques qui ont facilité le pillage initial et les prises de contrôle par les futurs milliardaires, ont été les privatisations massives et immédiates de presque toutes les entreprises publiques par l’équipe Gaïdar/Choubaïs. Ce « traitement de choc » a été encouragé par une équipe de conseillers économiques d’Harvard et spécialement par le président US Clinton dans le but de rendre irréversible la transformation capitaliste. La privatisation massive a abouti aux guerres de gangs capitalistes et à la désarticulation de l’économie russe. Conséquence, un déclin de 80 % du niveau de vie, une dévaluation du rouble, et la vente au rabais de ressources inestimables de pétrole, de gaz, et d’autres ressources stratégiques, à la classe montante des prédateurs milliardaires et aux multinationales du pétrole et du gaz US et européennes. Plus de cent milliards de $ par an ont été blanchis par la mafia d’ oligarques dans les principales banques de New York, Londres, de la Suisse, d’Israël, et d’ailleurs, des fonds qui ont ensuite été recyclés dans l’achat de biens immobiliers d’u coût élevé aux USA, en Grande Bretagne, en Espagne, en France, de même que sous forme d’investissements dans des équipes de football britanniques, des banques israéliennes et dans des entreprises conjointes dans les minerais.
Les gagnants de la guerres des gangs pendant le règne d’Eltsine ont continué en étendant leurs opérations à toute une variété de nouveaux secteurs économiques, en investissant dans l’expansion d’activités existantes (spécialement l’immobilier et les industries extractives et de consommation), et à l’étranger. Sous le président Poutine, les oligarques gangsters ont consolidé ou étendu leur fortune et sont passés du statut de multimillionnaires à celui de milliardaires puis de multimilliardaires et ainsi de suite. De jeunes voyous arrogants et de petits escrocs locaux, ils sont devenus des partenaires « respectables » des multinationales américaines et européennes, selon leurs agents de relations publiques occidentaux. Les nouveaux oligarques russes étaient « arrivés» sur la scène financière mondiale, selon la presse financière.
Cependant, comme l’a fait remarquer récemment le président Poutine, les nouveaux milliardaires ont échoué en matière d’investissement, d’innovation et de création d’entreprises compétitives, malgré des conditions optimales. En dehors de l’exportation de matières premières brutes, bénéficiant de prix élevés sur le marché international, peu d’entreprises appartenant à des oligarques gagnent des devises étrangères, car peu d’entre elles sont en mesure de participer à la compétition sur les marchés internationaux. La raison c’est que les oligarques ont « diversifié » dans la spéculation boursière (Suleiman Kerimov $14.4 milliards), la prostitution (Mikhail Prokhorov $13.5 milliards), le secteur bancaire (Fridman $12.6 milliards) et le rachat de mines et d’usines de retraitement de minerais.
Les médias occidentaux ont concentré leur attention sur les querelles entre une poignée d’oligarques de l’ère Eltsine et le président Vladimir Poutine, et sur l’augmentation de la fortune d’un certain nombre de milliardaires sous l’ère Poutine. Cependant, la preuve biographique démontre qu’il n’y a pas de rupture entre la percée des milliardaires sous Eltsine et leur consolidation et expansion sous Poutine. Le déclin des assassinats mutuels et l’orientation vers une compétition régulée par l’État est tout autant un produit de la consolidation des grandes fortunes que celui des « nouvelles règles du jeu » imposées par le président Poutine. Au milieu du XIXème siècle, Honoré de Balzac, observant la montée de la bourgeoisie respectable en France a fait remarquer son origine douteuse : « derrière chaque grande fortune il y a un grand crime. » Les escroqueries qui ont marqué l’ascension pendant des décennies de la bourgeoisie du XIXème siècle en France font pâle figure à côté du pillage massif et des massacres qui ont crée les milliardaires russes du XXIème siècle.
Amérique Latine
Si le sang et les armes ont été les instruments de l’ascension des oligarques milliardaires russes, dans d’autres régions, le Marché, ou mieux, le Consensus de Washington orchestré par USA, FMI et Banque Mondiale a été la force motrice de l’ascension des milliardaires d’Amérique Latine. Les deux pays qui ont la plus grande concentration de fortune et le plus grand nombre de milliardaires en Amérique Latine sont le Mexique et le Brésil (77%), les deux pays qui ont privatisé les grands monopoles publics d’État les plus lucratifs, et les plus efficaces. Sur 38 milliardaires latino-américains possédant un total de 157,2 milliards, 30 sont brésiliens ou mexicains avec 120,3 milliards de $. La fortune de 38 familles et individus dépasse celle des 250 millions de Latino- américains ; 0,000001 % de la population est plus riche que les 50% les plus pauvres. Au Mexique, le revenu de 0,000001 de la population dépasse le revenu combiné de 40 millions de Mexicains. L’ascension des milliardaires latino-américains coïncide avec la chute réelle des salaires minimum, des dépenses publiques pour les services sociaux et l’application des lois sociales, alors qu’augmentait la répression étatique, qui a affaibli les organisations de travailleurs et de paysans et leur capacité de négociation collective. L’implantation de taxes régressives pesant sur les travailleurs et les paysans, et les exemptions de taxes et subventions pour les exportateurs de produits agricoles et minier ont contribué à fabriquer les milliardaires. Le résultat en a été une mobilité vers le bas pour les employés et les travailleurs, le déplacement de la main d’œuvre urbaine vers le secteur informel, la banqueroute massive des petits agriculteurs, paysans et de la main d’œuvre rurale, et la migration des campagnes vers les taudis urbains et à l’étranger.
La principale cause de pauvreté en Amérique Latine ce sont les conditions même qui favorisent le développement des milliardaires. Dans le cas du Mexique, la privatisation du secteur des télécommunications aux prix le plus bas, a résulté dans la multiplication par 4 de la richesse de Carlos Slim Helu, le troisième homme le plus riche au monde (juste après Bill Gates et Warren Buffet) avec une fortune nette de 49 milliards de $. Deux milliardaires mexicains, Alfredo Harp Helu et Roberto Hernandez Ramirez, ont bénéficié de la privatisation des banques et de leur dénationalisation qui en a découlé, vendant Banamex à Citicorp.
La privatisation, la dérégulation financière et la dénationalisation ont été les principes clés opérationnels de la politique économique US appliquée en Amérique Latine par le FMI et la Banque mondiale. Ces principes dictent les conditions fondamentales d’obtention de prêts et de renégociation de la dette en Amérique Latine.
Les milliardaires d’aujourd’hui viennent de l’argent ancien et nouveau. Certains ont commencé à faire fortune en s’assurant des contrats gouvernementaux pendant la période précédente de développement conduit par l’État (des années 1930 aux années 70), et d’autres ont hérité de fortunes. La moitié des milliardaires mexicains ont hérité de leur fortune en millions de dollars au cours de leur ascension. L’autre moitié a bénéficié de relations politiques et des gros pots-de-vin en découlant lors de l’achat d’ entreprises publiques à bas prix, revendues ensuite à des multinationales US en faisant de gros profits. La grande masse des 12 millions d’émigrants mexicains qui ont traversé la frontière pour entrer aux USA ont fui les dures conditions, qui permettent aux millionnaires mexicains traditionnels et nouveaux riches de se joindre au club mondial des milliardaires.
Le Brésil a le plus grand nombre de milliardaires (20) parmi tous les pays d’Amérique Latine, avec une fortune nette de 46,2 milliards de $ ce qui est plus que ce que possèdent les 80 millions de pauvres brésiliens des zones rurales et urbaines. Approximativement 40 % des milliardaires brésiliens ont commencé avec des grandes fortunes et les ont simplement augmentées par le biais d’acquisitions et de regroupements. Les soi-disant milliardaires self-made (qui se « se sont faits tout seuls») ont bénéficié de la privatisation du secteur financier lucratif (la famille Safra avec 8,9 milliards de $) et des complexes industriels du fer et de l’acier.
Comment devenir un milliardaire
Alors que les connaissances, les compétences techniques et entrepreneuriales et en marketing ont joué un rôle négligeable dans la fabrication des milliardaires russes et latino-américaines, c’est l’interface entre le politique et l’économique qui a été beaucoup plus important à chaque étape de l’accumulation de richesse.
Dans la plupart des cas, il y a eu trois étapes :
1. Pendant la période précédente du modèle de développement « étatiste », les actuels milliardaires ont fait, avec succès, du « lobbying » pour obtenir des contrats gouvernementaux, des exemptions d’impôts, et ont offert des pots-de-vin pour obtenir des contrats gouvernementaux, des exemptions d’impôts, des subventions et la protection contre les concurrents étrangers. Les subventions d’État ont servi de tête de pont à l’envol vers le statut de milliardaires dans la phase néolibérale qui a suivi.
2. La période néolibérale a fourni la plus grande opportunité pour s’emparer des biens lucratifs publics bien en dessous de leur valeur marchande et de leur rentabilité. Les privatisations, bien que décrites comme « transactions de marché » ont été en réalité des ventes politiques de quatre points de vue : le prix de vente, le choix des acheteurs, les rétrocommissions aux vendeurs, et la promotion d’un agenda idéologique. L’accumulation de la richesse a résulté de la vente de banques, de minerais, de ressources énergétiques, de télécommunications, de centrales électriques, de transports, et de la prise en charge par l’État de dettes privées. Ceci a été le point d’envol dans le passage du statut de millionnaire à celui de milliardaire. En Amérique Latine, cela a passé par la corruption, et en Russie par les assassinats et la guerre des gangs.
3. Pendant l’actuelle phase 3, les milliardaires ont consolidé et étendu leurs empires par le biais de fusions et d’acquisitions, de nouvelles privatisations et d’une expansion à l’étranger. Le monopole privé des téléphones mobiles, des télécoms et d’autres services publics, plus les prix élevés des matières premières ont ajouté des milliards aux concentrations initiales. Certains millionnaires sont devenus milliardaires en vendant leurs entreprises lucratives récemment acquises suite à leur privatisation au capital étranger.
À la fois en Amérique Latine et en Russie, les milliardaires se sont emparés des actifs lucratifs de l’État sous l’égide de régimes néolibéraux orthodoxes (régimes de Salinas –Zedillo au Mexique, Collor-Cardoso au Brésil, Eltsine en Russie) et se sont consolidés et étendus sous le règne des prétendus régimes « réformistes » (Poutine en Russie, Lula au Brésil et Fox au Mexique). Dans le reste de l’Amérique Latine (le Chili, la Colombie, et l’Argentine), la fabrique des milliardaires a été le résultat de coups d’État militaires et de changements de régimes sanglants, qui ont détruit les mouvements socio-politiques et ont entamé le processus de privatisation. Ce processus a alors été promu de manière encore plus énergique par les régimes de droite et de « centre-gauche» qui ont pris la relève par la voie électorale.
Ce qui est démontré de manière répétée en Russie et en Amérique Latine, c’est que le facteur clé qui conduit au bond prodigieux en richesse des millionnaires devenus milliardaires, ce sont les vastes privatisations et les dénationalisations subséquentes d’entreprises publiques lucratives.
Si nous additionnons les 157 milliards de $ aux mains d’une fraction infinitésimale de l’élite, les 999 milliards de $ engrangés par les banques étrangères en paiements de dettes, et les 1000 milliards de $ perçus en profits, royalties, loyers et argent blanchi durant les 15 dernières années, nous avons le cadre adéquat pour comprendre pourquoi plus des 2/3 de la population de l’Amérique Latine continue d’avoir un niveau de vie inadéquat et des conditions économiques stagnantes.
La responsabilité des US dans l’accroissement des fortunes de milliardaires latino-américains et de la pauvreté de masse est multiple et comprend une large gamme d’institutions politiques, d’élites du monde des affaires et de magnats de l’université et des médias. Avant tout, les USA ont appuyé les dictateurs militaires et les politiciens néo libéraux, qui ont mis sur pied les modèles économiques favorisant les milliardaires. C’est l’ex-président Clinton, la CIA et ses conseillers économiques, alliés aux oligarques russes, qui ont fourni les renseignements politiques et le soutien matériel pour porter Eltsine au pouvoir et soutenir sa destruction du parlement russe (la Douma) en 1993, et les élections truquées de 1996. Et c’est Washington qui a autorisé des milliards de $ à être blanchis dans les banques US dans les années 90, comme l’a révélé la sous-commission sur les banques du Congrès US (1998).
C’est Nixon, Kissinger et plus tard Carter et Brzezinski, Reagan et Bush, Clinton et Albright qui ont soutenu les privatisations poussées par les dictateurs militaires latino-américains, et les réactionnaires civils pendant les années 70, 80 et 90. Les instructions aux représentants US au sein du FMI et de la BM étaient écrits en grosses lettres : Privatiser, Déréguler, et Dénationaliser (PDD) avant toute négociation de prêts.
Ce sont des universitaires idéologues US travaillant étroitement avec les soi-disant agences multilatérales, comme consultants économiques contractuels , qui ont conçu, dispensé la formation et poussé en avant l’agenda PDD parmi leurs anciens étudiants de l’Ivy League* devenus businessmen et ministres des finances et chefs de banques centrales en Amérique latine et en Russie.
Ce sont les multinationales US et européennes et les banques qui ont acheté ou crée des entreprises communes avec les milliardaires latino-américains émergeants et qui ont récolté les mille milliards de $ de remboursements des dettes accumulées par les régimes militaires et civils corrompus. Les milliardaires sont tout autant des produits ou produits dérivés des politiques antinationalistes, anticommunistes des USA qu’ils sont les produits de leurs propres vols grandioses des entreprises publiques.
Conclusion
Étant donné les disparités énormes de classe et de revenus en Russie, en Amérique Latine, en Chine (20 milliardaires chinois ont acquis une richesse nette de 29,4 milliards en moins de 10 ans) il est plus juste de décrire ces pays comme « milliardaires déferlants » que comme des « marchés émergents » parce que ce n’est pas le «marché libre » mais le pouvoir politique des milliardaires qui dicte sa loi au politique.
Des pays de « milliardaires déferlants» produisent une pauvreté croissante, submergeant les conditions de vie. La fabrique de milliardaires cela veut dire la déconstruction de la société civile, l’affaiblissement de la solidarité sociale, des législations sociales de protection, des retraites, des emplois, des programmes de santé publique et d’éducation. Alors que le politique est central, les étiquettes politiques du passé ne veulent plus rien dire. L’ex-président brésilien et ex-marxiste Cardoso, et l’ex-dirigeant syndicaliste et actuel président brésilien Lula Da Silva ont privatisé des entreprises publiques et fait la promotion d’une politique qui a généré des milliardaires. L’ex-communiste Poutine cultive certains oligarques milliardaires et offres des stimulants à d’autres pour se profiler et investir.
La période de la plus grande régression des conditions de vie en Amérique Latine et en Russie coïncide avec le démantèlement des économies nationalistes populistes et communistes. Entre 1980-2004, l’Amérique Latine – plus précisément le Brésil, l’Argentine, et le Mexique -, ont stagné à un taux de croissance de 0% à 1 %. La Russie entre 1990-1996 a vu son PNB chuter de 50% et les conditions de vie chuter de 80% pour tous à l’exception des prédateurs et de leur entourage de gangsters.
La croissance récente (2003-2007) là où elle a lieu, a plus à voir avec l’augmentation extraordinaire des prix internationaux (ressources énergétiques, métaux et exportations agricoles) qu’avec un quelconque développement positif des économies dominées par les milliardaires. L’augmentation des milliardaires n’est pas un signe de « prospérité générale » résultant du «marché libre » comme l’ affirment les rédacteurs du magazine Forbes. En fait, c’est le produit d’une prise illégale de contrôle de ressources publiques crées par le travail et le combat de millions de travailleurs, en Russie, en Chine sous le communisme, et en Amérique Latine sous les gouvernements populistes nationalistes et sociaux-démocrates. Beaucoup de milliardaires ont hérité de leur fortune et utilisé leurs relations politiques pour accroître et étendre leurs empires. Cela a peu de chose à voir avec leurs capacités entrepreneuriales.
La colère et l’hostilité des milliardaires et de la Maison Blanche à l’égard du président Hugo Chávez du Venezuela vient précisément de qu’il est en tain d’inverser la politique qui a crée des milliardaires et une pauvreté de masse : il renationalise les ressources énergétiques, les services publics, et exproprie certaines grandes propriétés foncières. Chavez non seulement défie l’hégémonie US en Amérique Latine, mais aussi tout l’édifice du PDD qui a permis la construction des empires économiques des milliardaires d’Amérique Latine, de Russie de Chine et d’ailleurs.
James Petras est professeur émérite de sociologie à l’Université Binghamtonde New York. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont un seul a été traduit en français : La Face cachée de la mondialisation : L’Impérialisme au XXIe siècle. Il vient de publier un livre intitulé « The Power of Israel in the United States.(clarity 2006 3 ème édition). Ses écrits en anglais www.petras.lahaine.org et en espagnol www.rebellion.org .
* L’Ivy League est un groupe de huit universités privées du nord-est des USA Elles sont parmi les universités les plus anciennes des États-Unis (sept ont été fondées pendant l’ère coloniale des États-Unis) et les plus prestigieuses du pays. Le terme Ivy League a des connotations d’excellence scolaire ainsi que d’élitisme.
Le terme Ivy (« lierre » en anglais) fait référence aux lierres qui poussent sur les murs des bâtiments de ces universités, ce qui symbolise leur ancienneté.
Les membres de l’Ivy League sont :
Université Brown à Providence, Rhode Island, fondée en 1764 ;
Université Columbia à New York City, New York, fondée en 1754 ;
Université Cornell à Ithaca, New York, fondée en 1865 ;
Collège de Dartmouth à Hanover, New Hampshire, fondée en 1769 ;
Université Harvard à Cambridge, Massachusetts, fondée en 1636 ;
Université de Pennsylvanie à Philadelphie, Pennsylvanie, fondée en 1751 ;
Université Princeton à Princeton, New Jersey, fondée en 1746 ;
Université Yale à New Haven, Connecticut, fondée en 1701.
(Source : wikipédia)
Les données de base utilisées dans cet article proviennent de la « liste des milliardaires mondiaux » du Magazine Forbes publié le 8 mars 2007.
Voici les 51 premiers du hit parade de Forbes:
1
52.8
USA
2
35.0
USA
3
26.8
Allemagne
4
25.2
USA
5
23.5
USA
6
20.8
USA
7
20.7
USA
8
20.5
USA
8
20.5
USA
10
20.4
USA
11
Alsaud, Prince Alwaleed Bin Talal
20.0
Arabie sapudite
12
18.4
Allemagne
13
14.9
France
13
14.9
Canada
15
14.8
USA
16
13.4
Suède
17
11.5
Mexique
18
11.1
USA
19
10.7
Suède
20
10.5
USA
21
10.1
USA
21
10.1
USA
23
10.0
Hong Kong
24
Kwok, Walter, Thomas & Raymond
9.2
Hong Kong
25
9.1
Espagne
Rang
Nationalité
26
USA
33
16.6
USA
26
USA
34
16.6
USA
26
USA
57
16.6
USA
29
USA
87
16.4
USA
30
USA
42
15.8
USA
31
USA
51
15.0
USA
31
USA
89
15.0
USA
31
Hong Kong
NA
15.0
Hong Kong
34
France
70
14.5
France
35
Russie
41
14.4
Russie
36
Russie
50
14.3
Russie
37
USA
84
13.9
USA
38
Russie
46
13.5
Russie
38
Russie
41
13.5
Russie
40
Russie
39
13.3
Russie
40
Allemagne
63
13.3
Allemagne
42
USA
71
13.0
USA
42
USA
45
13.0
USA
44
Allemagne
72
12.8
Allemagne
45
USA
83
12.6
USA
45
USA
87
12.6
USA
45
Russie
42
12.6
Russie
48
Russie
56
12.4
Russie
49
USA
71
12.0
USA
50
USA
66
12.0
USA
51
Italie
70
11.8
Italie
Article original en anglais, 23 mars 2007.
Traduction bénévole Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org et révisé par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau des traducteurs pour la diversité linguistique.