Cocktails en banlieue
27 octobre 2005, Clichy-sous-Bois, Ile-de-France : deux adolescents, dont un sans-papier, meurent en voulant échapper à la police. Des émeutes éclatent le soir même et se propagent tout au long de la semaine dans les banlieues de plusieurs villes, accompagnées de provocations policières. Les mass media se ruent sur le sujet, avides de spectacle et de misérabilisme, dans la triste tradition du traitement journalistique des cités. Une organisation musulmane appelle au calme par le biais d’une fatwa, des politicien-ne-s de tous bords réclament l’intervention de l’armée, d’autres déposent une proposition de loi anti-émeutes. Lundi 7 novembre, le premier ministre, dans sa gestion coloniale des banlieues, prononce l’état d’urgence en s’appuyant sur une loi qui date de la guerre d’Algérie. Des centaines d’arrestations mènent à des condamnations que le gouvernement veut rapides et fermes.
Dans la banlieue grenobloise, le nombre d’incendies s’est accru dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7, visant des voitures, un centre social, un commissariat. Mardi, 17 personnes étaient en garde-à-vue, et les comparutions immédiates démarraient.
Les émeutes des quartiers populaires ont une longue histoire… Lire par exemple les récits et analyses de celles de Vaulx-en-Velin (Lyon, 1990) ou, dans un contexte plus différent, de Watts (Los Angeles, 1965). Certain-e-s sociologues et associations s’évertuent depuis des années à pointer du doigt la vision sécuritaire et limitée que les autorités donnent du « problème des quartiers sensibles », occultant par exemple les violences policières et sociales que subissent quotidiennement leurs habitant-e-s.