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«Colère» À Bagdad, Amman et À Tunis
Par ATS et AFP
Mondialisation.ca, 25 février 2011
20min.ch 25 février 2011
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Les manifestations ont gagné l’Irak, jusqu’ici épargné, vendredi 25 février. (photo: Reuters)

Tunis, une marée humaine a réclamé le départ du gouvernement transitoire, alors que les Egyptiens formulaient la même exigence. En Irak et en Jordanie, des milliers de personnes ont exprimé leur «colère».Diaporama Manifestations au YémenManifestations à bahreïnLes émeutes au Maghreb Saisie de biens et d’avoirs de responsables sous Ben Ali

Les autorités tunisiennes de transition ont annoncé vendredi la saisine des biens mobiliers et immobiliers ainsi que des avoirs de 110 responsables proches du président déchu Zine el Abidine Ben Ali, selon l’agence officielle TAP.

«Le conseil des ministres a décidé d’adopter un projet de loi prévoyant la saisie des avoirs et des biens mobiliers et immobiliers d’anciens responsables, de leurs proches et partenaires», a indiqué le communiqué.

Les autorités ont établi une première liste de 110 personnes, ajoute le communiqué qui ne dévoile pas leurs identités.

Les autorités tunisiennes ont déjà obtenu, notamment de l’Union européenne, le gel des avoirs de 46 proches du clan Ben Ali et de son épouse, Leïla Trabelsi, accusés d’avoir mis leur pays en coupe réglée.

La justice tunisienne a émis le 26 janvier un mandat d’arrêt international contre Ben Ali et son influente épouse. Les autorités ont ensuite demandé à l’Arabie saoudite leur extradition.
L’ex-président, âgé de 74 ans, s’est réfugié avec sa famille en Arabie saoudite le 14 janvier sous la pression de la rue.

Plus de 100’000 Tunisiens, selon la police, ont réclamé le départ du gouvernement de Mohammed Ghannouchi, devant la Kasbah de Tunis, épicentre de la contestation. Selon des membres du Croissant-Rouge et des manifestants, il «s’agit de la plus grande manifestation depuis la chute de Ben Ali» le 14 janvier.

Des manifestants scandaient «Ghannouchi dégage», «Honte à ce gouvernement». En début de soirée, le gouvernement transitoire a annoncé que des élections se tiendront au plus tard mi-juillet de cette année.

«Élections au plus tard mi-juillet»

Le gouvernement transitoire en Tunisie a annoncé vendredi la tenue d’«élections au plus tard mi-juillet», selon un communiqué du conseil des ministres publié par l’agence officielle TAP, qui ne précise pas s’il s’agit d’un scrutin présidentiel ou législatif.

Le «gouvernement a examiné les échéances politiques et décidé que les consultations avec les différents groupes politiques »ne doivent pas dépasser la mi-mars« et que des élections seront organisées »au plus tard mi-juillet 2011″, selon les termes du communiqué.

En Egypte, des milliers de personnes se sont rassemblés place Tahrir au Caire pour célébrer la «révolution» mais aussi réclamer un gouvernement de technocrates, quinze jours après le départ sous la pression populaire du président Hosni Moubarak. Plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans une ambiance de fête sur cette place devenue le symbole de la révolte.

«Le gouvernement de Chafic est inféodé au régime corrompu», proclamait une pancarte, tandis que des manifestants exigeaient le départ du premier ministre Ahmad Chafic et de son gouvernement et leur remplacement par des technocrates.

Violences en Irak

De Kirkouk, dans le nord des l’Irak, à Bassorah, dans le Sud, des milliers d’Irakiens sont descendus dans les rues, à l’occasion d’une «journée de la colère», pour dénoncer la corruption et l’état déplorable des services de base dans le pays.

Il y a eu cinq morts dans la ville septentrionale de Mossoul, à 350 km de Bagdad, deux à Hawija, dans la riche province pétrolière de Kirkouk, un à Samarra, dans le centre du pays et un à Calar, une localité kurde dans la province de Diyala.

Quelque 5000 manifestants étaient rassemblés place Tahrir à Bagdad. Certains ont jeté des pierres, des chaussures et bouteilles en plastique vides sur les forces anti-émeutes bloquant le pont. La majorité des organisateurs ont insisté sur leurs seules revendications de «réformes». «Il ne s’agit pas de faire tomber le gouvernement», ont-ils souligné.

Les Jordaniens pour des réformes

Des milliers de personnes ont manifesté vendredi à Amman pour «des réformes constitutionnelles», soit le plus grand rassemblement dans la capitale depuis le déclenchement du mouvement de contestation en Jordanie en janvier.

«Toute la Jordanie veut des réformes constitutionnelles urgentes, un gouvernement parlementaire et un vrai parlement représentatif du peuple», a déclaré cheikh Hamzeh Mansour, chef du Front de l’action islamique (FAI) principal parti d’opposition et émanation des Frères musulmans. «Nous voulons des réformes, une vraie monarchie parlementaire», a indiqué de son côté un syndicaliste, Maissara Malass.

Le Yémen a aussi connu des marches massives voulues comme «le début de la fin» du régime du président Ali Abdallah Saleh. Deux défilés séparés ont dégénéré à Aden, au sud, faisant un mort et une vingtaine de blessés. Les organisateurs ont affirmé avoir réuni 100’000 manifestants dans la capitale Sanaa et plusieurs centaines de milliers à Taez, également au sud du pays.

La chute de Saleh, «la seule solution»

L’imam Abdallah Saatar a affirmé dans son sermon à Sanaa que «la chute du régime était la seule sortie à la situation actuelle». «Pars, pars», ont scandé pour leur part les manifestants à l’intention du président Saleh.

Dans la petite île de Bahrein, des cortèges de manifestants ont envahi les rues de la capitale Manama, à l’appel de religieux chiites, et exigé de nouveau des réformes politiques dans le petit royaume, au douzième jour d’une contestation qui ne faiblit pas.

Cette forte mobilisation est intervenue alors que les Etats-Unis ont renouvelé leur soutien à la monarchie et au dialogue national proposé à l’opposition. Aucune estimation officielle de la mobilisation de vendredi, jour de prières, n’était disponible mais les voies conduisant à la place de la Perle, épicentre de la contestation, ont été bloquées par des dizaines de milliers de protestataires.

(ats/afp)

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