Colère des agriculteurs : la France à l’envers
La colère des agriculteurs s’étend en Europe, car justement la politique conduite par l’Union européenne est la source première de la dégradation fulgurante de l’agriculture dans nos pays.
Cela fait des décennies que la situation se détériore, sous le slogan de l’inévitabilité du progrès.
Deux agriculteurs se suicident par jour en France, étrange conception du progrès …
Les mouvements de contestation des agriculteurs s’intensifient dans de nombreux pays d’Europe. Ils dénoncent le dogme écologique porté par l’UE jusqu’au fanatisme. Bien sûr, les européistes professionnels nous parlent de la sécheresse et de l’autre dogme incontestable, celui du réchauffement climatique. Sans oublier, bien sûr, la guerre en Ukraine – si la Russie n’était pas fautive ici aussi, ce serait vraiment dommage.
Sur les 25 millions d’hectares de la surface agricole utile (SAU) de l’Hexagone, 16 millions sont loués par leurs exploitants sous le régime du fermage et 9 millions appartiennent aux agriculteurs qui les travaillent. Pour environ 500.000 agriculteurs et agricultrices, on compte désormais 4,2 millions de propriétaires. « Aujourd’hui, un agriculteur dépend de 14 propriétaires différents, contre 3 ou 4 en 1980«
La surface des exploitations augmente, pour se rapprocher du modèle anglo-saxon actuel, qui a tué l’agriculture traditionnelle, l’offrant aux grandes sociétés :
« En 2020, elles mesurent en moyenne 69 hectares. C’est 14 hectares de plus que qu’en 2010 et 27 de plus qu’en 2000. A titre de comparaison, les exploitations américaines s’étendent en moyenne sur 178 hectares, tandis que les exploitations britanniques occupent 81 hectares. »
Parallèlement, le nombre des exploitations est en baisse constante :
Dans ces schémas, l’on voit bien une accélération du processus à partir des années 90, donc de la dissolution de la souveraineté de la France dans l’Union européenne.
Le cri de colère poussé par les agriculteurs ne pourra pas véritablement renverser la tendance, car pour cela les gouvernements en place dans les pays de l’UE devraient mettre en place une politique nationale, qui irait à l’encontre des intérêts supérieurs et indiscutables de la globalisation, défendue par les instances de l’Union européenne. Ce qui est inconcevable.
Le milieu agricole est une population vieillissante, près de 60% des chefs d’exploitation ont plus de 50 ans, le nombre de salariés permanents a baissé de 12% en 10 ans, nous sommes confrontés à une surmortalité par suicide par rapport à la moyenne de la population française. Bref, la politique menée conduit à la disparition physique du milieu agricole traditionnel. Ce n’est pas en changeant le taux d’imposition ponctuellement que l’on réglera réellement le problème, c’est en changeant les élites dirigeantes, c’est au minimum en sortant de l’UE.
Karine Bechet-Golovko