Coloniser Noël : la réalité sur l’occupation israélienne et Bethléhem

 

 

 

 

Le Département chargé des négociations à l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) a publié son dernier bulletin d’informations sous le titre Coloniser Noël : la réalité sur l’occupation israélienne et Bethléhem.

Constructions dans la colonie Gilo, novembre 2010.
AFP/Hazem Bader – La Croix

Bethléhem est un exemple vivant des conséquences graves et révoltantes de la politique israélienne de colonisation en Palestine. La confiscation illégale des terres, l’expulsion des familles palestiniennes et la construction qui se poursuit de colonies israéliennes ne sont que quelques-unes des histoires innombrables que l’on peut entendre de la bouche des habitants de la Palestine en général, et de ceux de Bethléhem en particulier. En effet, Israël cherche à transformer la composition démographique et géographique du territoire palestinien occupé, et particulièrement de Jérusalem-Est occupée, en s’emparant du maximum possible de terres et de ressources naturelles, avec le minimum possible de Palestiniens, et ce, au profit de l’entreprise illicite de colonisation.

Les colonies israéliennes et Bethléhem

Depuis l’occupation israélienne de 1967, Israël a eu recours à plusieurs politiques pour annexer d’importants secteurs du district de Bethléhem, ce qui fait que la plus grande partie des terres dans le nord de Bethléhem ont été volées par les colonies israéliennes.

Depuis 1967, certains des plus importants projets illégaux de colonisation, qui se sont spectaculairement multipliés après les Accords d’Oslo en 1993, ont été réalisés dans et autour de Jérusalem-Est occupée, et particulièrement entre Jérusalem-Est occupée et Bethléhem.

Il y a actuellement 22 colonies israéliennes à s’être montées sur les terres de Bethléhem, notamment Gilo, Giv’at Hamatos et Har Homa, au nord ; Teqoa et Nokdim (où vit l’(ex-)ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Liberman), à l’est ; Efrata et Navi Daniel (où vit le ministre de la Diplomatie publique israélien, Yuli Edelstein), au sud ; et encore Har Gilo et Betar Illit, à l’ouest ; transformant de fait Bethléhem en prison à ciel ouvert.

Dans le secteur nord de Bethléhem (incluant Beit Jala et Bait Sahour), Israël a confisqué, en toute illégalité, environ 22 000 dunums de terre (22 km²), soit environ la superficie de l’État de Nauru (Micronésie).

Sur les 22 000 dunums confisqués, Israël en a annexés illégalement 18 000 à ce qu’il prétend être la municipalité de Jérusalem, qu’Israël agrandit, toujours illégalement, depuis 1967. Cette terre confisquée a été utilisée pour agrandir les colonies illégales de Gilo, Giv’at Hamatos et Har Homa.

Le mur illégal a de fait annexé 4000 dunums (40 ha) de terres appartenant à la ville même de Bethléhem.

L’accent sur l’entrée nord : les colonies Gilo, Giv’at Hamatos et Har Homa

Le réseau entre Har Gilo, le mur de Cremisan, Gilo, Giv’at Hamatos et Har Homa aura pour effet d’isoler Bethléhem de Jérusalem. Ce réseau pourra s’étendre jusque dans l’est de Bethléhem, bloquant toute possibilité de développement de la ville vers la vallée du Jourdain et la mer Morte, le tout au sein de l’État de Palestine.

Certains des projets israéliens annoncés pour les colonies Gilo, Giv’at Hamatos et Har Homa sont pour des hôtels qui finalement tireront profit de leur proximité avec Bethléhem, de même qu’ils bénéficieront d’une vue idéale sur la ville. Alors que ces hôtels vont être situés sur la terre de Bethléhem, ils seront utilisés au profit de la colonisation et des colons israéliens illégaux, au lieu de bénéficier aux légitimes propriétaires de cette terre. Cette évolution va considérablement affecter les hôtels palestiniens de Bethléhem et Jérusalem-Est.

La plupart des propriétaires fonciers sont des chrétiens palestiniens de Bethléhem, Beit Jala et Beit Sahour, ainsi que différentes Églises.

Le « régime d’autorisations » et les agressions israéliennes contre la liberté de culte des Palestiniens

La politique israélienne d’occupation pour la séparation et l’isolement des communautés palestiniennes a divisé les communautés historiques de manière très virulente. En particulier, le Mur et l’imposition d’un régime raciste d’autorisations ont accru encore plus la déconnexion entre Bethléhem et Jérusalem.

Ce régime d’autorisations requiert des Palestiniens qui n’habitent pas Jérusalem d’obtenir une autorisation de sécurité pour pouvoir passer d’un côté à l’autre. Ceci est vrai pour les autorités, les femmes, les personnes âgées et les jeunes, chrétiens et musulmans.

Exiger que les Palestiniens de Bethléhem fassent une demande d’autorisation pour entrer dans Jérusalem-Est occupée est une mesure juridique supplémentaire prise par Israël pour consolider son annexion unilatérale et illégitime de Jérusalem-Est occupée.

Pour redorer son image internationale, Israël se sert du nombre d’autorisations accordées aux Palestiniens chrétiens à Pâques et à Noël. Les Israéliens les présentent comme un geste de bonne volonté et un signe de coopération, alors qu’il exige en réalité des Palestiniens de faire une demande d’autorisation auprès de la puissance occupante pour pouvoir passer d’un côté à l’autre de leur propre pays, pas d’un pays à un autre pays. Et en plus de cela, tous ceux qui en font la demande ne l’obtiennent pas. Par exemple, en avril 2011, 15 000 chrétiens palestiniens ont déposé une demande d’autorisation pour venir à Jérusalem-Est occupée, mais Israël n’en a accordé que 2500 environ.

Israël les donne aussi au hasard ; souvent à un ou deux membres d’une même famille. Ce qui fait que des autorisations ne sont pas utilisées, les familles qui veulent rester groupées étant contraintes de passer les fêtes religieuses à la maison.

Les titulaires de la carte d’identité palestinienne qui font la demande d’autorisation ne sont autorisés à entrer dans Jérusalem que par 3 des 14 check-points qui encerclent la ville occupée. Ces check-points sont limités aux seuls piétons, ce qui entraîne de longues et pénibles attentes.

Dans et autour de Bethléhem, il y a 32 barrières physiques érigées par les forces d’occupation israéliennes, notamment des check-points, des barrages routiers, des monticules de terres, et des portes.

Des rapports internationaux ont répercuté cette situation. Le rapport des Chefs de mission de l’Union européenne 2012 constate que : le (gouvernement d’Israël) impose des restrictions juridiques et politiques aux libertés religieuses et à l’accès des fidèles chrétiens et musulmans (sic) à leurs lieux saints de la Vieille Ville de Jérusalem tout au long de l’année.

La majorité des chrétiens palestiniens en Palestine vivent entre Jérusalem-Est occupée et le district de Bethléhem (2007).

Derniers développements : Crémisan et Mar Elias (Giv’at Hamatos)

Pendant plus d’un an, les Palestiniens de Beit Jala ont prié spécialement pour sauver leur terre de la future annexion. Après qu’ils aient perdu près de 70 % de leur terre au profit des colonies israéliennes de Gilo et Har Ghilo, Israël planifie la construction d’un Mur qui les séparera de l’une de leurs dernières zones vertes de Bethléhem, la vallée de Crémisan.

La vallée dont Israël projette de s’emparer est la propriété de 58 familles chrétiennes palestiniennes ainsi que celle d’Églises. Elle est située entre les colonies de Gilo et Har Gilo, et la colonie envisagée de Giv’at Yael.

Plus de la moitié des oliviers de Beit Jala sont situés à Cremisan. L’huile d’olive de la ville est considérée comme l’une des meilleures de Palestine.

Une école maternelle catholique tenue par des religieuses salésiennes sera durement touchée par les projets israéliens, tandis qu’un séminaire catholique et une entreprise vinicole gérée par les Frères salésiens, qui emploie comme salariés des gens de Beit Jala, se retrouveront du côté ouest du mur.

Israël compte reprendre la construction au cours des premiers mois de 2013. Si le Mur est construit, les Palestiniens de la région de Bethléhem devront renoncer à l’une de leurs traditions les plus précieuses : durant les derniers jours de mai, la communauté catholique romaine organise une procession qui va de la statue de la Vierge Marie à Crémisan, jusqu’à l’église de l’Annonciation à Beit Jala.

Colonies Mar Elias, Giv’at Hamatos

Mar Elias est l’un des lieux chrétiens les plus saints en Palestine. C’est de là que part chaque année la procession chrétienne pour Bethléhem. Même si, historiquement, il a toujours fait partie de Bethléhem, les restrictions israéliennes ont rendu l’église inaccessible aux chrétiens palestiniens qui veulent venir y prier.

La terre qui entoure Mar Elias est la propriété principalement d’Églises et de familles chrétiennes palestiniennes de Bethléhem, même si la plus grande partie a été illégalement confisquée par les autorités israéliennes de l’occupation. La colonie de Giv’at Hamatos fait maintenant le lien entre les colonies de Gilo et Har Homa, coupant Bethléhem de Jérusalem et menaçant un lieu saint situé sur la route historique de Jérusalem à Hébron.

Des milliers de logements dans les colonies ont été annoncés entre 2011 et 2012. Un certain nombre d’entre eux sont considérés comme une mesure de rétorsion suite à la candidature de la Palestine aux Nations unies (2610 logements).

Divisés en trois projets (A avec 2610 logements, B avec 549 et C avec 813) ; la partie sud de Giv’at Hamatos part du secteur de Tantour (partie historique de Beit Jala) tandis que sa partie sud arrive à Talpiyot, à Jérusalem-Ouest.

Si cela est réalisé, cette colonie aura la même conséquence que l’expansion E1 de la colonie Ma’ale Adumin : elle isolera encore plus Jérusalem-Est occupée, transformant les communautés palestiniennes en bantoustans emmurés, en achevant le Bantoustan sud de la Cisjordanie.

Secteur de Jérusalem-Est occupée
Actualisée en 2010
Bethléem, coincée entre les colonies israéliennes par Philippe Rekacewicz, août 1999
Source : Cartographie du Monde diplomatique

14 décembre 2012 – Palestine News Network – traduction : Info-Palestine/JPP



Articles Par : PNN

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