Commémoration d’Hiroshima et Nagasaki. Blâmer la Russie pour les crimes de guerre des États-Unis

Cet article a été publié initialement le 10 août 2022.

*

La déclaration suivante du président Harry Truman a été formulée fin juillet 1945, il y a 77 ans.

Les gens au Japon, en Amérique et dans le monde entier devraient la lire :

« Cette arme doit être utilisée contre le Japon entre maintenant et le 10 août. J’ai dit au secrétaire de la guerre, M. Stimson, de l’utiliser de manière à ce que les objectifs militaires, les soldats et les marins soient la cible et non les femmes et les enfants.

Même si les Japs sont des sauvages, impitoyables, sans pitié et fanatiques, nous, en tant que leader du monde pour le bien-être commun, ne pouvons pas lâcher cette terrible bombe sur l’ancienne ou la nouvelle capitale. Lui et moi sommes d’accord. La cible sera purement militaire et nous publierons un communiqué d’avertissement demandant aux Japs de se rendre et de sauver des vies. (Harry Truman, 25 juillet 1945, c’est nous qui soulignons)

 

Notez la rhétorique « nous sommes le leader du monde pour le bien commun ». Le « les Japs sont des sauvages, impitoyables, sans pitié et fanatiques »

Cela n’a pas changé. C’est la continuité dans la politique étrangère américaine.

Les crimes contre l’humanité, soigneusement planifiés par le département de la guerre américain, sont présentés comme « le bien commun ».

Harry S Truman :

« Le monde notera que la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, une base militaire »,

diffusé à la radio – 1945

9 Août1945, diffusion à la radio Washington D.C., USA

77 ans plus tard, les médias parlent d’Hiroshima et de Nagasaki (6 et 9 août 1945).

Les médias mainstream ne cessent d’être mensongères. hier et aujourd’hui.

Le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki continue d’être présenté comme une opération humanitaire des États-Unis, comme un moyen de mettre fin à la Seconde Guerre mondiale et de sauver des vies.

Et aujourd’hui, en chœur, en ce qui concerne les armes nucléaires, les médias blâment la Russie.

Les « erreurs » des États-Unis ne sont tout simplement pas mentionnées.

Le secrétaire général des Nations unies et le premier ministre japonais « suivent la même voie » :

L’humanité joue avec un « pistolet chargé » alors que les crises susceptibles de provoquer une catastrophe nucléaire prolifèrent dans le monde entier, a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans la ville japonaise d’Hiroshima, à l’occasion du 77e anniversaire de la première attaque à la bombe atomique.

(…)

Lors d’une commémoration annuelle, samedi, du largage de la première bombe nucléaire, Antonio Guterres a mis en garde le monde contre les risques que représentent les crises en Ukraine, au Moyen-Orient et dans la péninsule coréenne, tout en décrivant les terribles atrocités vécues dans la ville japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées dans cette ville en un instant. Des femmes, des enfants et des hommes ont été incinérés dans un feu infernal », a déclaré le chef des Nations unies.

« Nous devons nous demander : qu’avons-nous appris du champignon atomique qui s’est formé au-dessus de cette ville ? », dit Guterres.

Aucune mention du programme d’armement nucléaire de Joe Biden, d’une valeur de 1 300 milliards de dollars.

Aucune mention de la doctrine de guerre nucléaire préventive de Washington (2001 Nuclear Posture Review), qui décrit les armes nucléaires tactiques (d’une capacité explosive de 6 fois une bombe d’Hiroshima) décrites comme « inoffensives pour les civils ».

La Russie est à blâmer

« Les craintes d’un troisième bombardement atomique se sont accrues au milieu des menaces d’attaque nucléaire proférées par la Russie depuis le début de sa guerre contre l’Ukraine en février.

L’ambassadeur russe n’a pas été invité à la cérémonie mais s’est rendu à Hiroshima jeudi pour déposer des fleurs sur le site commémoratif.

Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine en février, le président Vladimir Poutine a proféré des menaces à peine voilées, laissant entendre qu’il était prêt à déployer des armes nucléaires tactiques.

Visiblement, le maire d’Hiroshima a également été coopté par Washington. Pas d’histoire, pas de souvenirs, pas de crimes de guerre américains. Les accusations sont dirigées avec désinvolture  contre la Russie :

Le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, dans sa déclaration de paix de samedi, a accusé Poutine « d’utiliser son propre peuple comme instrument de guerre et de tuer des civils innocents dans un autre pays ».

La guerre de la Russie contre l’Ukraine contribue à renforcer l’appui à la doctrine nucléaire, a déclaré Matsui, qui a exhorté le monde à ne pas répéter les erreurs qui ont détruit sa ville il y a 77 ans.

Trois jours après le bombardement d’Hiroshima, Washington a largué une deuxième bombe atomique sur la ville portuaire japonaise de Nagasaki, tuant environ 74 000 personnes et mettant fin à la Seconde Guerre mondiale.

(…)

Les États-Unis restent le seul pays à avoir utilisé des armes nucléaires dans un conflit.

Samedi, c’était la première fois que Guterres assistait en personne au mémorial d’Hiroshima en tant que chef de l’ONU. (C’est Al Jazeera qui souligne)

(…)

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a déclaré au mémorial.

« Je dois élever la voix pour appeler les peuples du monde entier à ne jamais répéter la tragédie de l’utilisation des armes nucléaires » (Al Jazeera *soulignement ajouté).

Alors que le rapport ci-dessus blâme implicitement la Russie avec diverses insinuations, il oublie de mentionner qu’à peine deux semaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 15 septembre 1945, le département de la guerre américain a publié un plan TOP SECRET consistant en une attaque nucléaire coordonnée dirigée contre 66 grandes villes de l’Union soviétique.

Le « plan d’une troisième guerre mondiale » pour mener une attaque nucléaire contre l’Union soviétique (15 septembre 1945)

Le ministère de la Guerre avait estimé qu’un total de 204 bombes atomiques serait nécessaire pour « rayer l’Union soviétique de la carte ».

Lisez le mémorandum pour le général Lauris Norstad (ci-dessous) « sur le nombre de bombes atomiques qui devraient être disponibles pour assurer notre sécurité nationale« . C’était avant la guerre froide, à une époque où les États-Unis et l’Union soviétique étaient alliés.

Le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki était-il une répétition générale d’une attaque beaucoup plus importante contre l’Union soviétique ?

Les documents déclassifiés parlent d’eux-mêmes.

La référence à Hiroshima et Nagasaki dans les documents ci-dessous concerne les « zones de destruction totale » comme moyen d’évaluer les bombes atomiques requises dans le plan de bombardement de 66 villes de l’Union soviétique.

« Il n’est pas essentiel d’obtenir la destruction totale d’une ville pour en détruire l’efficacité. Hiroshima n’existe plus en tant que ville, même si la superficie de la destruction totale est considérablement inférieure à la superficie totale ». (Mémorandum daté du 26 septembre 1945)

Des documents clés ont été publiés en septembre 1945. Ce plan du Projet Manhattan contre l’Union soviétique a été formulé à un stade antérieur, au plus fort de la Seconde Guerre mondiale.

 

Michel Chossudovsky

Article original en anglais :

Commemorating Hiroshima and Nagasaki. Blaming Russia for U.S. War Crimes

Traduction : Mondialisation.ca

Voir également :

«Rayer l’Union soviétique de la carte» en larguant 204 bombes atomiques sur ses villes importantes. Les USA planifiaient une attaque nucléaire contre l’URSS pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Les USA et l’Union soviétique étaient alors des alliés.

Par Prof Michel Chossudovsky, 27 février 2022

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À propos de l’auteur

Michel Chossudovsky est un auteur primé, professeur d’économie (émérite) à l’Université d’Ottawa, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation (CRM), Montréal, rédacteur en chef de Global Research.

Il a entrepris des recherches sur le terrain en Amérique latine, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et dans le Pacifique et a beaucoup écrit sur les économies des pays en développement en mettant l’accent sur la pauvreté et les inégalités sociales. Il a également entrepris des recherches en économie de la santé (Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPA), FNUAP, ACDI, OMS, gouvernement du Venezuela, John Hopkins International Journal of Health Services (1979, 1983)

Il est l’auteur de douze livres dont The Globalization of Poverty et The New World Order (2003) – La mondialisation de la pauvreté,  America’s « War on Terrorism » (2005) – Guerre et Mondialisation, The Globalization of War, America’s Long War against Humanity (2015).

Il collabore à l’Encyclopédie Britannica. Ses écrits ont été publiés dans plus de vingt langues. En 2014, il a reçu la médaille d’or du mérite de la République de Serbie pour ses écrits sur la guerre d’agression de l’OTAN contre la Yougoslavie. On peut le joindre à [email protected]

Voir en anglais : Michel Chossudovsky, Notice biographique

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A propos :

Michel Chossudovsky is an award-winning author, Professor of Economics (emeritus) at the University of Ottawa, Founder and Director of the Centre for Research on Globalization (CRG), Montreal, Editor of Global Research.  He has taught as visiting professor in Western Europe, Southeast Asia, the Pacific and Latin America. He has served as economic adviser to governments of developing countries and has acted as a consultant for several international organizations. He is the author of eleven books including The Globalization of Poverty and The New World Order (2003), America’s “War on Terrorism” (2005), The Global Economic Crisis, The Great Depression of the Twenty-first Century (2009) (Editor), Towards a World War III Scenario: The Dangers of Nuclear War (2011), The Globalization of War, America's Long War against Humanity (2015). He is a contributor to the Encyclopaedia Britannica.  His writings have been published in more than twenty languages. In 2014, he was awarded the Gold Medal for Merit of the Republic of Serbia for his writings on NATO's war of aggression against Yugoslavia. He can be reached at [email protected] Michel Chossudovsky est un auteur primé, professeur d’économie (émérite) à l’Université d’Ottawa, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) de Montréal, rédacteur en chef de Global Research.

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