Comment l’armée se prépare à la pandémie de grippe A
77 millions de comprimés de Tamiflu fabriqués par la Pharmacie centrale des armées, près d’Orléans : depuis mai, la Défense s’est discrètement mobilisée pour faire face à la pandémie de grippe H1N1, au profit des armées comme des populations civiles. « La Défense fait partie des acteurs discrets et efficaces » du plan national de lutte contre la grippe H1N1, a souligné le ministre Hervé Morin lors d’une visite de cet unique site militaire de production de l’antiviral.
Située sur le camp d’Orléans-Chanteau, la pharmacie des armées, avec son vaste bâtiment gris, ses laboratoires immaculés et ses opérateurs en scaphandres blancs, est le seul établissement public habilité à le produire.
Les comprimés de Tamiflu qui en sortent et dont le principe actif est fourni par le groupe pharmaceutique suisse Roche sont destinés, dans un premier temps au moins, au traitement, en milieu hospitalier, de cas graves assortis de complications. Ils sont aussi les seuls à se présenter sous une forme pédiatrique, avec un dosage à 30 mg de principe actif contre 70 mg pour les produits de Roche et ont fait, à ce titre, l’objet d’un brevet déposé par le Service de santé des armées.
« Ici, à Orléans, la pharmacie centrale a produit, depuis 2006, 77 millions de comprimés de Tamiflu, dont 17 millions depuis mai dernier », a précisé le ministre de la Défense. Ce stock permettrait selon lui de soigner 1,4 million de personnes atteintes de la grippe ou d’apporter un traitement préventif à 3 millions d’individus.
Vaccination programmée de 100.000 gendarmes
Mais la pharmacie des armées pourrait reprendre la production à tout moment au rythme maximal de 12 millions de comprimés par semaine pour fournir jusqu’à 300 millions de comprimés. Le ministre de la Défense a indiqué par ailleurs que « six hôpitaux d’instruction des armées -Metz, Marseille, Bordeaux, Brest, le Val de Grâce (à Paris) et Saint-Mandé- disposent de laboratoires agréés pour faire des diagnostics de la maladie ». De la même manière, a-t-il poursuivi, « tous nos hôpitaux ont été habilités à accueillir les patients les plus gravement atteints », les armées étant également « prêtes à participer aux campagnes de vaccination de la population (civile) dans les prochaines semaines ».
Dernier point : la Défense apporte son concours logistique pour le stockage des antiviraux et des masques sur un certain nombre de ses sites sur l’ensemble du territoire national. Évoquant la préparation des armées elles-mêmes, M. Morin a révélé la mise en place d’un « Centre opérationnel pandémie », animé par une quinzaine de militaires, au coeur même du commandement des opérations, boulevard Saint-Germain à Paris.
« Tous les militaires présents sur des théâtres d’opérations extérieures (de l’Afghanistan au Liban et à l’Afrique, NDLR) et dans les DOM-COM ont reçu des réserves de masques et de Tamiflu pour leur garantir 60 jours d’autonomie », a-t-il encore précisé. Il est prévu, selon lui, de vacciner 130.000 des 230.000 membres du personnel civil et militaire de la Défense ainsi que « les 100.000 gendarmes qui assurent la sécurité publique au quotidien ».
Ainsi, selon lui, le « plan de continuité d’activité » des armées doit permettre de préserver quoi qu’il arrive les missions « impératives », comme la dissuasion nucléaire, la défense de l’espace aérien ou les missions de sécurité intérieure (Vigipirate).