Conjonctions astrales : La datation des scènes célestes
Du monde antique hellénistique à la Chine, les astronomes pensaient que le cosmos est ravagé par l’eau et le feu, chaque fois que les cinq planètes visibles à l’œil nu, la Lune et le Soleil « présentent » une conjonction linéaire.
Pour essentiellement deux raisons, les astronomes modernes se dérobent à cette notion de « Grande Année. » La première objection, selon laquelle les conjonctions planétaires ne peuvent produire d’effet notable sur la Terre, est démentie quand le rôle du vent solaire et de la queue de la magnétosphère des planètes est pris en compte, comme nous en avions discuté précédemment dans la première partie. Quid de la deuxième objection : un désaccord de chronologie entre la dation traditionnelle de ces conjonctions et les conclusions modernes du calcul en arrière ?
Pour les anciens chroniqueurs œuvrant dans le cadre théorique d’une « Grande Année, » le tout dernier moment décisif de leur cycle représentait la « base de l’ère » de l’âge historique actuel. Bien que la plupart des calculs antiques de la fondation de l’ère actuelle soient maintenant perdus dans le temps, au moins un a survécu.
Dans la chronologie traditionnelle de l’Hindouisme, l’âge actuel est le Kali Yuga. Son commencement a été daté par le célèbre astronome indien Âryabhata (476-550 avant notre ère), au 17/18 février 3102 avant notre ère, au moment où les sept planètes traditionnelles étaient en conjonction en 0° du Bélier. Curieusement, cette date correspond en gros à deux bases de calendriers comparables d’Amérique Latine.
Sir Eric Thompson (1898-1975), le spécialiste britannique en études Maya, a déduit que le « Compte Long » de l’astronomie Maya commençait le 11/12 août 3114 or 3113 avant notre ère. En 1644, l’historien espagnol Fernando de Montesinos, a exposé un récit de la tradition péruvienne impliquant neuf époques, régies par des souverains appelés « Pachacuti, » qui devait avoir sa date de commencement en 3061 avant notre ère. Bien que ces bases calendaires ne soient pas manifestement associées à des alignements planétaires, elles étaient presque certainement liées aux mouvements astronomiques et se rapprochent suffisamment du calcul de Âryabhata pour suggérer quelque sorte de vérité sous-jacente.
Maintes et maintes fois, les commentateurs modernes ont fait remarquer que la date de la dernière « grande conjonction » de Âryabhata ne correspond pas à la réalité astronomique, car une « concentration de conjonctions ne s’est pas produite » à cette époque-là. Armés de la preuve du calcul en arrière, réalisé grâce aux logiciels d’aujourd’hui, Bartel van der Waerden, Rupert Gleadow, Anthony Aveni, David Pankenier, Bruce Masse et les associés David Kelley et Eugene Milone, ont tous rejeté la date traditionnelle au motif qu’ils suspectent que « la conjonction de 3102 avant notre ère n’a pas été observée, mais calculée » — comme si le fait d’un « calcul » était une explication suffisante en faveur de la perception d’une erreur –, et proposent diverses autres dates pour l’avènement de concentrations de conjonctions possibles.
Malgré les bonnes intentions de ces archéoastronomes, aucune de leurs solutions n’est tout à fait satisfaisante. D’une part, il n’est point précisé si les essais de calcul en arrière se sont focalisés exclusivement sur des conjonctions linéaires évidentes, comme cela semble être le cas, ou si les alignements véritables, incluant la Terre elle-même, ont aussi été pris en compte. D’autre part, les solutions proposées n’impliquent généralement pas l’ensemble des sept planètes traditionnelles, ou bien ne les présentent que groupées approximativement, plutôt que strictement en ligne droite, comme le stipulaient les antiques théoriciens de la « Grande Année. »
Pour un esprit véritablement ouvert et curieux, la réfutation, pour raisons chronologiques de la date de la dernière « Grande nouvelle année » de Âryabhata, a très peu de poids pour la simple raison que les orbites planétaires au 3ème millénaire avant notre ère et plus tôt ne sont pas connues avec certitude. Le calcul en arrière, malgré tout leur génie mathématique, ne fournit pas l’atome d’une preuve sans la maîtrise de l’ensemble des données d’observation.
Les premiers enregistrements de mesures d’orbite de planètes existants encore datent de la Mésopotamie hellénistique, tandis que les répertoires d’éphémérides, des positions et des phases du Soleil et de la Lune, remontent à quelques siècles. Pour le 2ème millénaire avant notre ère, les indications concernant les orbites planétaires se résument à une poignée de descriptions d’éclipses éventuelles, dont l’interprétation se heurte à des difficultés de nature philologique et astronomique. Avant cela, toute indication d’observation astronomique détaillée s’est totalement évaporée.
Sans maîtrise des données, l’extrapolation mathématique des orbites dans un lointain passé est un exercice inutile, non seulement parce qu’il repose sur la logique erronée selon laquelle le présent est la clé du passé, mais aussi parce que la loi gravitationnelle de Newton appliquée au système solaire prévoit le chaos dans un délai de quelques millions d’années au plus. En fait, le jeu limité des informations transmises par les chercheurs antiques comporte quelques indications très crédibles, disant que les orbites planétaires changent pendant la durée de l’histoire humaine. Par exemple, l’intellectuel romain Varron (mort en 27 avant notre ère), a été consigné affirmant que Vénus « a changé de couleur, forme, cours, ce qui n’est jamais arrivé avant ni depuis. » Inutile de dire que même le moindre ajustement orbital de Venus réduirait à néant tout calcul en arrière en rapport avec cette période.
Pour admettre que des changements orbitaux, aussi subtils qu’ils soient, se sont produits dans le passé récent, on n’a pas forcément besoin d’avaliser les dates traditionnelles de l’époque de « création » ou de Nouvelle Année cosmique. Pour cela, il faudrait savoir comment Âryabhata est arrivé à sa date. L’essentiel est l’obstacle présenté par l’attitude intransigeante qui prévaut sur le rôle des forces électromagnétiques dans la dynamique orbitale régissant le système solaire.
La théorie électromagnétique de la grande conjonction permet non seulement de faire la lumière sur le lien traditionnel avec le monde dévoré par le feu, mais prédit aussi en réalité de subtils changements dans les orbites des planètes. Dans sa proposition d’un modèle de Dynamique Newtonienne Ajustée Électriquement (EMOND), le théoricien spécialiste du domaine électrique Wallace Thornhill [lien en français], a récemment révélé que, lors d’un échange de charge électrique entre deux planètes, leur ajustement orbital et leur stabilisation sont des conséquences inévitables : « Si la masse d’une planète intérieure est réduite par la charge échangée avec la planète extérieure voisine, ce qui modifie la déviation du dipôle subatomique, le rayon de l’orbite de la planète intérieure doit diminuer proportionnellement pour conserver l’énergie. De même, la planète extérieure doit gagner en masse et son orbite s’élargir pour conserver l’énergie. »
La perspective électromagnétique du mécanisme du système solaire prévoit des ajustements orbitaux au moment des alignements planétaires, quand les queues de plasma interagissent les unes avec les autres. Si cela pouvait être admis, le recours au calcul en arrière pour vérifier la date traditionnelle du tout dernier tournant de la Grande Année deviendrait nul et une plus grande confiance serait accordée aux dates traditionnelles, à condition que ces dernières n’aient pas elles-mêmes une origine plus ancienne équivalente au calcul en arrière.
Original : thunderbolts.info/tpod/2009/arch09/090508dots2.htm
Traduction : Pétrus Lombard