Conventions de Genève. Colombie, Irak-Afghanistan, Israël

Colombie

Le conflit qui ne dit pas son nom

Depuis plus de cinquante ans, la Colombie est en proie à un conflit armé opposant différents acteurs : l’État, la guérilla des FARC et les paramilitaires des AUC (Autodéfenses unies de Colombie). L’extension géographique du conflit et sa continuité dans le temps ont provoqué des déplacements massifs de population (plus de 4 millions de déplacés). Des milliers de personnes vivent confinées sans moyen de se déplacer librement ni d’accéder aux ressources dans les terres contrôlées par l’armée ou les autres parties au conflit. Ces dernières décennies ont également montré que la concentration des richesses favorise le système de répression mise en place par le président Uribe avec sa politique de sécurité démocratique. Les travailleurs se retrouvent en situation de plus en plus précaire et lorsqu’ils protestent, ils se heurtent à une réponse policière. Aujourd’hui en Colombie, les syndicalistes sont systématiquement accusés de faire partie de la lutte armée. Entre 1986 et 2008, plus de 2 500 d’entre eux ont été assassinés. D’autres ont reçu des menaces de mort, ont été arrêtés. Plus de 30 000 ont disparu. Selon la Commission colombienne des juristes, de juillet 2002 à juin 2007, plus de 12 500 personnes ont été assassinées ou ont été victimes de disparitions forcées. Les exécutions extrajudiciaires (aussi appelés « faux positifs »), commises par les forces de sécurité, ont sérieusement augmenté. Des investigations montrent clairement la responsabilité des groupes paramilitaires toujours actifs. Le processus de démobilisation des « paras » a été surestimé, sur le terrain la population est toujours soumise au contrôle violent des organisations d’extrême droite. La conclusion d’accords humanitaires dans le cas de conflits armés est une recommandation du droit humanitaire international que la Colombie s’est engagée à respecter. D’où la stratégie du gouvernement colombien de refuser d’employer ce terme et de le remplacer par une « guerre contre le terrorisme », façon de se décharger de ses responsabilités.

Bernard Duraud

Irak-Afghanistan

De l’occupation à l’indifférence

Les guerres d’occupation en Afghanistan et en Irak sont loin d’être finies. Elles se poursuivent, dans l’indifférence générale, avec leurs cortèges de morts et leurs lots de destruction et de désolation. Jour après jour, les informations en provenance de Kaboul ou de Bagdad font état de bombardements de villes et de villages, d’attentats suicide, et d’affrontements sanglants. En six ans de guerre en Irak, il n’y a ni bilan des victimes civiles, ces anonymes disparus au nom des stratégies sur le terrain. Si le bilan opérationnel officiel de l’armée américaine en Irak, qui amorce son retrait et se redéploie en Afghanistan, est précis (4 330 morts), le nombre des civils irakiens tués dans cette guerre est compris dans une fourchette allant de 92 641 à 101 129, selon le recensement effectué par le site iraqbodycount.org (181 000 à 655 000 pour Michael Moore, le réalisateur américain). Pour le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNCHR), la guerre en Irak à elle seule est responsable de 4,5 millions de réfugiés et de populations déplacées à l’intérieur des frontières. En Afghanistan même approximation, mais la mission d’assistance des Nations unies (UNAMA) estime que l’intensification des combats a provoqué la mort de 1 013 civils au cours des six premiers mois de 2009 (plus de 2 000 en 2008), près des deux tiers à la suite d’attaques des talibans, un tiers après des bombardements des forces de l’OTAN. Torture et obligation de rendre des comptes dans la « guerre contre le terrorisme » : de nombreuses preuves montrent désormais que les personnes détenues par des agents de la CIA en Irak, en Afghanistan, à Guantanamo, dans des lieux de non-droit tenus secrets (comme Abou Ghraib) ont été soumises à des tortures et à des mauvais traitements. La mission de l’ONU en Irak s’est fait aussi l’écho de plaintes sur la détention, sans ordre de justice, de suspects par les services de sécurité irakiens, dominés par les chiites.

B. D.

Israël

Le droit international n’existe pas

Israël ne respectant pas le droit international fait fi des conventions de Genève, refusant, en premier lieu, le titre de combattants aux militants palestiniens arrêtés. Marwan Barghouti, alors qu’il était député, a par exemple été capturé à Ramallah, territoire palestinien. Salah Hamouri, franco-palestinien, a été condamné par un tribunal illégal, sans aucune preuve. Quant aux populations civiles, elles sont soumises à l’arbitraire de l’occupation alors que, selon les conventions de Genève, l’occupant doit les protéger, ainsi que leurs habitations.

Les colonies d’implantations juives, sur des terres palestiniennes, sont donc illégales. Tout comme l’expulsion de familles palestiniennes de Jérusalem-Est, qui vise à augmenter le nombre de juifs dans la partie orientale de la ville. En Cisjordanie toujours, la construction du mur dit de séparation (en fait un mur de l’apartheid volant aux Palestiniens les puits d’eau et les terres les plus arables) est considérée par la Cour internationale de justice (CIJ) comme illégal au regard du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Enfin, la violation des conventions de Genève par Israël est évidente au regard du blocus imposé à la population civile de la bande de Gaza. L’accès des travailleurs humanitaires est régulièrement empêché, quant à l’immunité diplomatique, les personnels français molestés par les militaires israéliens à la frontière avec Gaza ou à la sortie de Naplouse peuvent témoigner du peu de cas qu’en fait Israël. Ces violations sont rarement dénoncées par les chancelleries occidentales.

P. B.



Articles Par : Global Research

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