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Corée : Bluff hollywoodien à Pyongyang
Par Valentin Vasilescu
Mondialisation.ca, 29 septembre 2014
romanian.ruvr.ru
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https://www.mondialisation.ca/coree-bluff-hollywoodien-a-pyongyang/5405130

Bien que la Corée du Nord soit 20 fois plus pauvre que le sud (en terme  de revenu par habitant), la valeur des gisements de la Corée du Nord est 3 fois supérieure au coût total estimé de la réunification. Dès le premier jour de l’unification, la technologie moderne sud-coréenne trouverait de nouveaux débouchés, grâce en particulier à une main d‘œuvre abondante, bon marchée  et bien formée, lui permettant de hisser son économie au niveau de celle du  et de concurrencer les Etats-Unis au niveau mondial. En fusionnant leurs matériels militaires l’armée des deux Corée deviendrait  la 5ème  armée du monde, avec un potentiel technologique qui transformerait la Corée unifiée en un acteur majeur dans le Sud-Est asiatique.

Afin de réduire les coûts de la réunification, le gouvernement sud-coréen avait créé, en 1998, le département pour l’unification de la péninsule coréenne, qui devint un ministère en 2008. Sa mission était de mettre en œuvre une politique à long terme du type de celle de  («un pays, deux systèmes ») en vue de la réunification progressive de la nation coréenne c’est-à-dire : élaborer des mesures pour normaliser les relations politiques, standardiser l’éducation, la culture, le développement économique, le commerce et la coopération entre les deux Corées.

Cette réunification, souhaitée par l’ensemble des deux peuples coréens, qui se veut l’inverse du conflit ‘non militaire’ qui perdure depuis 6 décennies, dépend de ceux qui régissent la séparation des deux pays, c’est à dire un comité spécial composé de représentants de la Chine, de la Russie, du Japon et des Etats-Unis. La Russie voit la réunification comme une occasion de regagner une importance stratégique régionale  et des avantages économiques. Les sociétés russes Transneft et Rosneft ont lancé la réalisation d’un oléoduc de 4.857 km, reliant Taïchet (région d’Irkoutsk) en Sibérie orientale, à Kozmino (Port russe sur la mer du Japon, situé à 100 km de Vladivostok) sur l’océan Pacifique, nécessaire à la puissance économique de la Corée réunifiée.

Le terminal pétrolier du port de  Kozmino, avec une capacité de 5,45 millions de tonnes par jour, fonctionne actuellement à moitié de sa capacité, et peut être alimenté par les pétroliers russes provenant du port de Varandei en Sibérie orientale afin d’alimenter en  le Japon et la Corée. Bien que la réunification coréenne, comme le fut la réunification de l’Allemagne dans les années 90, soit inévitable, elle se heurte à la préoccupation américaine de voir disparaître son influence sur le continent et au refus de la dynastie nord-coréenne des Kim de perdre ses  privilèges.

La situation conflictuelle convient donc parfaitement aussi bien aux Etats-Unis qu’au leader de Pyongyang. Les médias coréens affirment que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a eu vent de certaines rumeurs, assez vagues, selon lesquelles  la Maison Blanche serait prête à lever l’embargo sur le pays, dans une situation où pourtant elle devrait se montrer plus ferme. Comme ces rumeurs précédaient l’exécution d’une des plus grandes manœuvres aéronavales annuelle réalisée par des Etats-Unis et la , Kim Jong-un a appelé à son annulation, menaçant, en cas de refus, de procéder à des attaques par des missiles nucléaires. L’arsenal balistique nord-coréen se compose de plus de 180 installations mobiles de missiles FROG-7, OTR-21 Tochka, d’une portée de 70-120 km; 600 installations de Hwasong-5 et 6, d’une portée de 300-500 km; 200 Rodong-1 et -ER 1, avec une portée de 700-1300 km, et 6 installations de Taepodong-2 et 6 ayant une portée de 6700 km.

Des experts militaires américains sont devenus soudainement très pessimistes, considérant que les missiles antibalistiques SM-2 Block 3 installés sur les 3 destroyers AEGIS de classe Sejong en Corée du Sud ne peuvent défendre que 1/5 du territoire sud-coréen. Et que la défense anti-aérienne sud-coréenne avec des missiles de longue portée, disposant de 6 batteries x 4 installations de  PAC-2 GEM/T, est également dépassée. Comme les missiles qui ont appartenu à l’armée allemande, et qui avaient  été fabriqués en 1986, puis retirés en 2001 pour être vendus en Corée du Sud. L’argument principal étant que plus de 40 missiles /PAC-2 ont été lancés en Janvier-Février1991 en Israël et en Arabie Saoudite contre les Scud irakiens de Saddam Hussein, et qu’ils n’avaient enregistrés qu’un taux de réussite de 25-33%.

En mode démo, les États-Unis ont déjà installé sur l’île de Guam un nouveau système mobile de défense antimissile THAAD  (Terminal High-Altitude Area Défense). Le Qatar et les Émirats arabes unis se sont félicités, en 2012, de leur décision d’avoir acheté chez , un bouclier antibalistique THAAD, d’une valeur de 7,6 milliards de dollars. Les Etats-Unis suggèrent aux sud-coréens de faire de même. Le système THAAD est conçu pour intercepter des missiles balistiques à une altitude de 90 km. La vitesse des missiles est de 2,8 km / s (Mach 7), avec une portée de 200 km.

Précisément ces jours-ci, le quotidien Chosun Ilbo, a publié une enquête révélant que le système de guidage des missiles balistiques sud-coréens Hyunmoo-2B (portée 500 km), est basé sur une technologie volée aux russes, disons plutôt, livrée par des voies contrôlées par eux. L’objectif de la publication de cet article est de suggérer que le système de navigation inertielle des missiles balistiques intercontinentaux UR-100, désormais en possession de la Corée du Sud, avait eu des modifications apportées volontairement par les Russes, dans le but de créer des erreurs considérables.

Les Américains ont déjà préparé une solution alternative pour les Sud-Coréens, offrant à la place plusieurs centaines de nouveaux systèmes de missiles à guidage par satellite, de type M142 HIMARS (High Mobility Artillery Rocket Système), contre 1-2 milliards d’Euros. Pendant 1-2 semaines on assista à l’agitation de Kim Jong-un, amplifiée intentionnellement par les médias occidentaux et qui finit par s’éteindre d’elle-même. Qui a gagné et qui a perdu ? Les gagnants sont le complexe militaro-industriel US qui recevra des commandes supplémentaires de la part de la Corée du Sud, les Etats-Unis qui complèteront leur contingent militaire dans la Péninsule coréenne et Kim Jong-un qui va renforcer ses positions face à la Corée du Nord pour lutter contre l’impérialisme américain. Les perdants sont le processus d’unification de la Corée, qui sera à nouveau retardé, ainsi que le fonds spécial pour l’unification, dont une partie sera dirigé vers les achats militaires.

 

Article original en roumain : http://romanian.ruvr.ru/by_author/91994850/

Traduction Avic, Réseau International

 

M. Valentin Vasilescu, pilote d’aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé ès sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest 1992, à propos de la capacité militaire de trois grands acteurs internationaux: la Chine, la Russie et les États-Unis.

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