Coronavirus CODIV-19 en Corée du Sud: L’enjeu d’une secte religieuse, de la corruption et de la politique malsaine

Image : Lee Man-hee, gourou de la secte Shincheonji en 2019 © Capture YouTube

Une femme de 35 ans venant de la Chine est entrée en Corée du Sud le 20 janvier 2020. Et elle s’est trouvée infectée par le coronavirus. Le virus s’est répandu rapidement, mais, heureusement, grâce aux mesures efficaces du gouvernement progressiste de Moon Jae-in, la propagation du virus s »est arrêtée et, en même temps, le nombre des personnes guéries de l’infection a augmenté d’une façon visible. 

Si bien que l’OMS ainsi que les médias internationaux n’ont pas épargné des éloges à l’endroit du gouvernement de Moon-Jae-in.

« Le président sud-coréen Moon Jae-in s’exprime lors d’une réunion de son cabinet à Séoul, le mardi 3 mars 2020. Moon a déclaré la « guerre » au nouveau coronavirus mardi, alors que le nombre d’infections s’élevait à 5 000, la plupart dans une région du sud-est qui abrite une base militaire américaine. »

Capture d’écran. Source The Blue House.

Cependant le 7 février, après que la 31e personne soit déclarée infectée, le nombre d’infectés au coronavirus a augmenté d’une manière exponentielle pour atteindre 8 320 en date du 17 mars. Cette personne, , Shincheonji, s’est révélée membre d’une secte religieuse.

Qu’est-ce qui s’est passé exactement? Pourquoi, une telle explosion du nombre d’infectés?

D’après nous, ce phénomène de malheur s’explique avant tout en termes d’une combinaison de trois facteurs déterminants: la collusion entre le culte et le parti politique conservateur, la corruption et la politique malsaine.

La suite de l’article est organisé en trois sections. D’abord, nous voulons examiner l’identité et des activités caractéristiques du culte, Shincheonji, ensuite, nous analyserons les rapports entre la secte et le parti conservateur. Enfin dans la troisième section, nous discuterons de la politique malsaine qui tente d’exploiter la crise de virus à des fins électorales face à l’élection générale prévue pour le 15 avril 2020.

Le culte : la secte de Shincheonji

Le nom du culte impliqué est l’Église Shincheonji de Jésus, le Temple du Tabernacle du Témoignage.

Shincheonji signifie: Shin (Nouveau)-Cheon (Ciel)-Ji (la terre). Il s’agit donc de « l’Église du nouveau ciel et de la nouvelle terre ».

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Shincheonji fut établi en 1984 par le leader du culte, Lee Man-hee en tant qu’église chrétienne, qui est désigné comme une « secte » par les églises chrétiennes traditionnelles en Corée.

Il est à noter que la Corée s’est montré un endroit privilégié pour des sectes religieuses. Il est estimé qu’il y a plus d’un million de fidèles de diverses sectes. Sans doute, ceci est dû à plusieurs raisons. Mais l’incapacité des églises « traditionnelles » de satisfaire aux besoins moraux et spirituels des gens peut être une des principales raisons

Il y a grosso modo trois doctrines qui sont largement adoptées par les sectes. La première est l’ interprétations hérétiques de l’eschatologie chrétienne, c’est-à-dire la doctrine de la fin du monde. Deuxièmement, les sectes exploitent de manière erronée la doctrine chrétienne de salut. Finalement, la combinaison des deux constitue la troisième doctrine.

Des sectes annoncent souvent une date spécifique de la fin du monde. Par exemple, la secte qui s’appelle Dami-Kyo (Église du Futur qui s’approche) a prédit comme la date de la fin du monde le 24 octobre de 1992. Auparavent il a eu d’autres cas annonçant la fin du monde par des sectes : fin novembre 1969 et septembre 1987.

Quant à Shincheonji, il a prédit 1991 comme l’année de la fin du monde, qui ne s’est pas produit. La secte a ensuite choisi l’an 2000, qui s’est révélé encore faux. Le gourou de la secte a cette fois-ci déclaré que la fin du monde arrivera lorsque le nombre de fidèles de Shincheonji aura atteint 144 000.

Le nombre de ses fidèles ayant déjà atteint 144 000, la secte s’est trouvée dans une situation embarrassante. Eh bien, quand le nombre prévu de 144 000 approchait, Lee Man-hee savait que sa prophétie était un mensonge. Cette fois, il a dit que la fin du monde n’arriverait que lorsque Dieu en choisirait 144 000.

Notons que des sectes coréennes attirent une foule immense qui n’hésite pas à donner aux sectes leur argent, immeubles et même leurs femmes et leurs filles. Ceci permet aux leaders Dee sectes de devenir des millionnaires et de multiplier leurs crimes, comme la violation flagrante des droits de la personne, dont la violence de caractère sexuel.

Shincheonji se distingue de la manière suivante.

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D’abord son leader, le gourou Lee Man-hee, est considéré comme un messie qui est venu sauver le monde ; il est considéré comme immortel.

En deuxième lieu, pour faire partie des 144 000 personnes qui seront choisies par Dieu, il faut obéir à l’enseignement de Lee Man-hee (cette croyance est basée sur le Livre de la Révélation -Apocalypse de Jean-  dans le Nouveau Testament). 

Étant donné que le nombre choisi est très limité, la concurrence est intense. D’où l’importance de suivre les instructions de Lee Man-hee.

Le chiffre 144 000 vient en effet du Livre de la Révélation :

« Et j’appris combien furent alors marqués du sceau cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des enfants d’Israël … » (L’Apocalypse 7: 4-8).

Ces présumés personnes sauvées sont composés de 12 000 appartenant à chacune des douze tribus.

De même, le nom du culte vient également du Livre des Révélations.

« Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle » (L’Apocalypse 21:1).

En troisième lieu, pour qu’on soit choisi parmi les 144 000, il faut absolument obéir au leader de la secte, Lee Man-hee.

En dépit de caractère hérétique de ses doctrines, Shincheonji est devenu l’une des principales sectes à l’échelle mondiale. Voici la répartition géographique de ses membres en 2019 : la Chine (18 440), les États-Unis (4 264), la Mongolie (2 773), l’Afrique du Sud (1 403), l’Ouganda (1 031), les Philippines (704), l’Australie (579), l’Allemagne (547), le Japon (358), autres pays non-coréens (1 750). Ceci donne un total de 31 852 membres dans divers pays dans le monde à l’extérieur de la Corée du Sud.

En 2019, il y avait en Corée du Sud 239 353 membres de Shincheonji. Le nombre total de ses membres à l’échelle mondiale était ainsi au moins de 271 205 en 2019.

Le revenu annuel du culte est, dit-on, un milliard de dollars américains. Personne ne connaît le chiffre exact, mais une chose est sûre, c’est qu’il est très riche.

C’est ainsi que nous avons une immense secte religieuse et très bien financée. Par conséquent, s’il le veut, Shincheonji est en mesure de compromettre la politique d’anti-virus du gouvernement progressiste de Moon Jae-in.

Malheureusement, il y a des signes démontrant des interventions de la secte ayant pour but de nuire à la bataille du gouvernement de Moon contre la crise du coronavirus Covid-19.

Collusion Shincheonji-Parti conservateur

Il est donc clair que Shincheonji est une secte hérétique. Cependant, il est étonnant qu’elle ait plus que survécu malgré les attaques et les critiques soutenues des églises et des médias traditionnels.

On peut songer à plusieurs facteurs qui l’expliquent, tels que l’efficacité de lavage de cerveau, la méthode productive de recrutement, la discipline serrée des fidèles et surtout l’obéissance aveugles de ses membres au leader.

Cependant, le facteur le plus significatif serait la collusion étroite entre le culte et les politiciens conservateurs. Pour qu’une collusion soit établie, il y a généralement une nécessité d’une certaine forme de récompense mutuelle de cette relation.

Pour les politiciens conservateurs, Shincheonji offre à la fois des fonds politiques et des ressources humaines bien disciplinées qui pourraient être mobilisées pour des fins politiques.

Maintenant, en ce qui concerne Shincheonji, les politiciens conservateurs peuvent être les meilleurs moyens de la protection contre la condamnation du culte pour ses nombreux crimes, dont la méthode criminelle de recrutement des jeunes, le détournement des fonds publics, les vols de propriétés des membres et la violation des droits de la personne.

Il va de soi qu’une collusion étroite amène forcément à une coopération soutenue entre le culte et les politiciens conservateurs.

Cependant, avant de discuter de la modalité de coopération, il est important de tracer l’origine historique d’une telle coopération entre le culte et les politiciens conservateurs.

Le monde se rappellera sans doute comment le Général Park Chung-hee a pris le pouvoir moyennant un coup d’État militaire et de quelle façon il a établi un gouvernement qui n’avait pas de légitimité. N’ayant pas de légitimité, il n’avait qu’une faible base d’appuis, alors qu’il avait besoin de gens fidèles à son régime et à lui-même. Bien, il les a trouvés chez les fidèles de sectes.

ChoeTae-min était un leader de secte religieuse étant en mesure d’aider le Général Park avec son établissement de culte qui pouvait fournir des ressources humaines dociles et obéissantes. En effet, son culte, « Young-séchurch » (Église de la vie éternelle), fut fondé en 1973, et il est considéré comme un des cultes les plus hérétiques de l’histoire moderne sud-coréenne.

Il s’agissait d’une secte qui se basait sur une combinaison insolite du christianisme, du bouddhisme et du « Tchun-do-kyo ». Ce dernier était une version coréenne de diverses croyances traditionnelles de la Corée, dont le chamanisme. Son leader Choe s’est ensuite déclaré « Mireug », soit le messie.

Young-sé et Shincheonji entretenaient des rapports intimes, et des relations collusoires politiques continuaient à travers Choe Soon-sil, la fille de Choe Tae-min, et Park Geun-hyé, la fille du Général Park Chung-hee.

Afin de mieux comprendre, il y a lieu de tracer les rapports entre la famille de Choe Tae-min et celle du Général Park Chung-hee.

En 1974, l’épouse d Général Park fut assassinée par erreur par un espion nord-coréen qui était venu du Japon. Ayant perdu sa mère, Park Geun-hyé dépendait socialement et psychologiquement de Choe Tae-min et de son culte Young-sé.

En 1974, Choe Tae-min était âgé de 62 ans, alors que Park Geun-hyé était âgée d’à peine 22 ans. L’influence de Choe Tae-min sur Park Geun-hyé était telle qu’on disait que Choe contrôlait totalement l’esprit et le corps de Park Geun-hyé.

Choe Tae-min est décédé en 1994. Ceci veut dire que Park Geun-hyé a été exposée pendant plus de vingt ans aux pensées de ce culte. Après la mort de Choe Tae-min, Park Geun-hyé s’est rapprochée de plus en plus par ChoeSoon-sil, la fille de Choe Tae-min. En conséquence, l’influence des pensées hérétiques sur elle se serait probablement intensifiée. Le gouvernement de Park Geun-hyé (2013-2017) était en effet pris souvent comme régime « chamaniste ».

Maintenant, revenons au sujet de la COVID-19. La problématique qui nous préoccupe est le fait qu’à peu près 70 % des infectés sont les membres de Shincheonji. Par conséquent, il est clair que la victoire de la lutte du gouvernement de Moon Jae-in contre la crise dépend avant tout de la coopération volontaire de Shincheonji. Malheureusement, tout indique que ce dernier ne semble pas pleinement coopératif.

Ici, deux questions s’imposent: comment et pourquoi refuse-t-il la coopération ? Nous aborderons d’abord ‘pourquoi’ et reviendrons par la suite au ‘comment’.

Nous prétendons que Shincheonji ne veut pas coopérer avec le gouvernement progressiste de Moon Jae-in, parce qu’il veut aider le parti conservateur pour que ce dernier l’emporte lors de l’élection générale prévue pour le 15 avril 2020, en aggravant davantage la crise du coronavirus.

Il ose ne pas coopérer dans cet état d’urgence nationale et internationale, même en risquant des actions punitives en justice.

Pourtant, une telle décision de Shincheonji n’aurait pas été prise à moins qu’il ne soit intimement associé au parti conservateur. En effet, il y a plusieurs signes qui témoignent d’une telle association. 

En premier lieu, le nom du culte et celui du parti conservateur étaient  identiques.

Le nom (en caractère chinois) de Shin (新: nouveau ou nouvelle)-cheon (天: ciel)-ji (地:terre)

Le nom du parti conservateur (alphabet coréen) en 2002 était Sae-Nouri-Dang: Sai (새: nouveau)-Nouri (누리:ciel-terre)-Dang (당: parti).

En deuxième lieu, Park Geun-hyé et Lee Man-hee, le leader du culte, se sont rencontrés souvent au cours des années 2000, lorsque Park était la cheffe du parti conservateur. Il se peut qu’elle ait insisté à choisir ce nom du parti.

En troisième lieu, le Conseil Chrétien de la Corée, l’organisme national représentant la plupart des églises protestantes en Corée, a admis le rapport soutenu entre le parti conservateur et Shincheonji.

En quatrième lieu, en 2003, Cha Han-sun, ancien supérieur de Shincheonji et aurait recruté 10 000 nouveaux membres du parti. Il fut nommé en 2010 au poste de vice-porte-parole de Ahn Sang-soo du parti conservateur

En cinquième lieu, un des directeurs de Shincheonji était nommé membre des comités importants du parti conservateur.

En sixième lieu, deux députés du parti conservateur, Kim Jin-tae et Kwak Sung-do sont connus comme des amis intimes de Shincheonji

En septième lieu, des membres de Shincheonji sont souvent nommés comme personnel du bureau du chef du parti conservateur. Par exemple, ceci est arrivé en 2006 lorsque Lee Jung-hyun était le chef du parti conservateur.

En huitième lieu, dans les années 2000, député du parti conservateur, Kwak Sung-do s’est impliqué dans un scandale d’emprunt bancaire de 1,8 milliard dollars américains pour Shincheonji.

En neuvième lieu, en 2019, lors d’une assemblée colossale de Shincheonji au nom de « Heavenly Culture, World Peace and Restoration of Light » (HWPL), l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale (membre du parti conservateur) a donné le principal discours, et neuf députés du parti conservateurs ont envoyé des messages de félicitation.

En dixième lieu, jusqu’à présent, le parti conservateur n’a pas critiqué la non-coopération de Shincheonji pour la lutte contre le virus.

Politique malsaine

L’histoire politique de la Corée a été marquée par une méfiance profonde et une tension constante entre les conservateurs et les non-conservateurs.

Les conservateurs ont régné sur le sud de la péninsule coréenne pendant 50 ans entre 1948 et 1998 par Rhee Syngman et trois généraux de quatre étoiles, à savoir Park Chung-hee, Chun Doo-hwan et Rho Tae-woo suivi de Kim Young-sam qui était le premier président civil.

De plus, les conservateurs ont été au pouvoir pendant neuf ans entre 2008 et 2017 par Lee Myong-bak et Park Geun-hyé.

Ceci veut dire que les conservateurs ont régné pendant 59 ans sur la Corée du Sud.

Par contre, les forces progressistes ont gouverné pendant dix ans par Kim Dae-jung et Rho Moo-jun entre 1998 et 2008. Depuis 2017, le gouvernement progressiste de Moon Jae-in est au pouvoir.

Parmi sept présidents conservateurs, tous, sauf Kim Young-sam(1993-1998), ont terminé leur mandat présidentiel d’une façon tragique. 

Rhee Syngman fut expulsé suite aux massifs mouvements étudiants; Park Chung-hee fut assassiné par le directeur du KCIA (Service de renseignements de la Corée du Sud); Chun Dooo-hwan et Rho Tae-woo furent emprisonnés; Lee Myong-bak fut condamné pour 17 ans de la vie en prison; Park Geun-hyé est en prison pour 27 ans.

Cette histoire nous oblige à nous interroger pourquoi. La raison est claire. Les cinq présidents et la présidente ont été tous jugés coupables de corruption, d’abus de pouvoir et de la violation des droits de la personne. 

C’est incroyable! De quelle façon peut-on expliquer le fait historique que tous les six chefs d’État sont des criminels? Ceci nous fait à imaginer dans quelle mesure le monde des conservateurs est malsain et pourri.

Il y a un autre aspect du monde de conservateur à envisager sérieusement. Quand on se prétend d’être conservateur, on s’attend à ce qu’il y ait quelques choses à conserver. Une chose certaine est que les conservateurs coréens ne semblent pas souhaiter conserver des valeurs, comme l’égalité, la justice, la paix ou l’amour de voisins.

Ce que les conservateurs veulent conserver n’est que les privilèges, l’argent, le pouvoir et bien sûr le désir de perpétuer leur pouvoir moyennant les tactiques de peur, l’oppression de la voix d’opposition et surtout l’utilisation du système pénal et judiciaire pourri afin de protéger leurs intérêts cumulés.

Les citoyens ordinaires ont dû souffrir, pendant soixante ans, de la culture de corruption solidement installée par les conservateurs. Cependant, ils n’ont jamais arrêté de se battre avec courage et patience.

Pendant huit mois allant de 2016 à 2017, plus de 17 000 000 personnes de toute couche sociale sont descendues dans la rue et criaient fort : « Fin à la corruption! À bas la présidente criminelle, Park Geun-hyé! Vive la Justice! » Enfin, Park Geun-hyé fut destituée.

Park Geun-hyé était sans doute la présidente la plus incompétente dans l’histoire politique coréenne et la plus facilement manipulée par des gens malhonnêtes pour leurs gains personnels, entre autres par Choe Soon-sil, la fille de Choe Tae-min, soit le leader du culte le plus hérétique en Corée.

En 2017, Moon Jae-in a pris le pouvoir et il a déclaré sans délai une guerre totale contre la culture de corruption.

La déclaration de Moon Jae-in contre la culture de corruption signifiait une menace de survie des conservateurs. En effet, le parti conservateur, le Liberty Korea Party (LKP) a décidé de mobiliser tous les moyens disponibles afin de faire face à cette menace. Le but ultime consiste à empêcher les politiques de Moon de nettoyer la corruption, de revitaliser l’économie moyennant le développement des entreprises de petite taille et de taille moyenne et une distribution de revenus plus égalitaire et d’établir une vraie démocratie pour tout le monde et non pour un groupe privilégié.

Par malheur, le parti politique, le Parti démocratique de Moon Jae-in n’a pas gagné la majorité à l’Assemblée nationale de telle sorte qu’il se voit obligé à demander la coopération du parti conservateur afin de faire adopter des lois et des mesures dont a besoin son gouvernement.

Voyant cette faiblesse du parti progressiste, le parti conservateur a tout fait pour saboter l’adoption de ces lois et ces mesures. Ce qui est pire est que les députés conservateurs font appel à la violence physique à l’Assemblée nationale afin de saboter le fonctionnement normal de ce cette dernière. Au fait, une douzaine de députés conservateurs attendent leur procès à la cour pour leurs actes de violence.

L’élection générale aura lieu le 15avril de cette année. Les sondages indiquent une défaite cuisante du parti conservateur, le LPK.

Dans le passé, face à une situation semblable, le parti conservateur a souvent utilisé la tension avec la Corée du Nord afin de gagner davantage de votes. Cette stratégie a souvent apporté le résultat attendu. Toutefois, grâce à la diplomatie créatrice et au leadership de Moon Jae-in, cette tension Nord-Sud est amoindrie.

Ceci veut dire que le parti conservateur se voit obligé à trouver d’autres moyens pour gagner l’élection. Mais il n’a pas de grand choix. En réalité, il n’a que trois moyens suivants.

En premier lieu, le LKP a réussi à unifier toutes les forces d’anti-Moon pour créer un parti :« Mi-rai-tong-hap-dang », qui signifie « Unified Future Party » (UFP). On n’est pas sûr de l’effet synergique de ce dernier.

En deuxième lieu, Park Geun-hyé a envoyé une lettre via son avocat en demandant aux conservateurs de s’unir afin de gagner l’élection. Mais, d’après des experts, la lettre s’adresse à Shincheonji pour aider le parti conservateur.

En troisième lieu, quant aux conservateurs, la meilleure stratégie peut être la propagation maximale de COVID-19 et attribuer ceci à l’échec de la politique d’anti-virus du gouvernement de Moon dans le but de maximiser la chance du parti conservateur de l’emporter lors de l’élection générale du 15 avril.

Afin de mettre en œuvre cette stratégie, la collaboration de Shincheonji pourrait être fructueuse. N’oublions pas le fait que plus de 70 % des personnes infectées sont des membres de Shincheonji.

En effet, il y a des signes de cette collaboration. 

Premièrement, Shincheonji refuse de donner la liste complète de ses membres requise pour tracer la propagation réelle et potentielle du virus.

Deuxièmement, la ville de Taegu est celle où la concentration de membres de Shinchenji est la plus grande. En effet, plus de dix mille membres fréquentent ‘l’église’de Shinchenji situé à Taegu. Or, la ville a demandé à la police d’effecteur une fouille afin de trouver la liste. 

Pourtant, la fouille n’a pas été mise en place, parce que le bureau du procureur ne l’a pas autorisée. Ce n’est pas étonnant, étant donné que le bureau est une extension du parti conservateur.

Troisièmement, il paraît que Shincheonji a laissé ses membres de se promener partout dans le pays provoquant la propagation accélérée de virus, alors que de nombreux établissements religieux ont annulé des rassemblements.

Quatrièmement, lors de la conférence de presse, le leader du culte, Lee Man-hee n’a pas demandé à ses membres de se présenter aux bureaux de teste d’infection.

Cinquièmement, il paraît d’ailleurs que le leader de Shincheonji a dit que le COVID-19 est la volonté de Dieu et qu’il ne faut donc pas en avoir peur.

Il est difficile d’estimer pour le moment l’ampleur d’impact électoral des comportements de Shincheonji. Si le parti conservateur obtient le statut majoritaire à l’Assemblée nationale, personne ne sait ce qui arrivera à la société coréenne.

Si le parti conservateur empote une victoire à l’élection et reprend le pouvoir d’ici deux ans lors de l’élection présidentielle, la Corée redeviendra une société où l’argent devient le maître dominant tout, où la corruption réclame ses droits, où la dignité humaine est méprisée, où l’égalité et la justice sociale sont écrasées et où l’économie se stagne.

En outre, un autre souci nous préoccupe. Il s’agit de l’impact nocif que pourra générer Shincheonji. L’étendue problématique de ce dernier ne se restreindrait plus au territoire de la Corée, mais pourrait pénétrer tous les continents du monde. Il importe de se rappeler qu’il y a au moins 32 000 fidèles de Shincheonji hors de la Corée, dont plus de 4 300 aux États-Unis.

Il est à espérer que le monde entier s’unisse et empêche Shincheonji de jouer le jeu politique moyennant la crise de virus.

Pour conclure, on aimerait ajouter un mot sur le cœur chaleureux des Coréens ordinaires. les victimes les plus vulnérables de la crise du virus sont des petits commerçants et des personnes à faible revenu.

Il existe de nombreux projets de collecte de fonds volontaires pour les familles qui en sont victimes. De nombreux propriétaires d’appartements, d’immeubles de bureaux et de restaurants réduisent ou exonèrent le loyer des petites entreprises marginales et des locataires à faible revenu.

Pour nous, c’est la richesse et la force des Coréens. Nous nous souvenons que les Coréens ordinaires ont donné, lors de la crise financière mondiale de 2007-2008, leurs alliances personnelles et autres objets en or pour aider à rembourser la dette du FMI.

Aussi longtemps que le peuple coréen aura du courage et un cœur chaleureux, la Corée pourra surmonter la crise actuelle, comme ils l’ont fait dans le passé en face des crises, en dépit de la présence de nombreuses de pommes pourries dans la société.

Joseph H. Chung

Cheolki Yoon

 

Article original en anglais :

Coronavirus COVID-19 in South Korea: Cult Sect, Corruption and Politics, publié le 12 mars 2020.

 

Notes des auteurs: les données et les renseignements utilisés dans cet article viennent de sources secondaires en langue coréenne, notamment des médias conventionnels et alternatifs, y compris Kook-min-il-bo

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Professeur Joseph H. Chung est professeur des sciences économiques et co-directeur de l’Observatoire de l’Asie de l’Est (OAE) du Centre d’Études sur l’Intégration et la Mondialisation (CEIM), Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est chercheur associé du Center for Research on Globalisation (CRG).

Dr. Cheolki Yoon est chercheur associé de l’OAE-CEIM, UQAM et chargé de cours à l’Université Concordia et à l’Université McGill.



Articles Par : Joseph H. Chung et Cheolki Yoon

A propos :

Professeur Joseph H. Chung est professeur des sciences économiques et co-directeur de l’Observatoire de l'Asie de l'Est (OAE) du Centre d’Études sur l'Intégration et la Mondialisation (CEIM), Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est chercheur associé du Center for Research on Globalisation (CRG).

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