De la démocratie en Amérique?
Il y eut des élections attendues avec impatience, au Chili, en France, en Colombie, en Italie, et prochainement au Québec. Réfléchissons donc à ce que signifie la politique. On semble ne plus faire de différence entre la république et la démocratie, pourtant, à l’époque de Platon, il en subsistait une.
Bien qu’elle ne portait pas encore ce nom, la démocratie fut initiée par l’Athénien Clisthène, vers l’an 508 avant notre ère. Les dèmes (de dêmos = peuple) équivalaient à des subdivisions au niveau des bourgades, dans lesquelles on élisait un meneur qui n’était lié à aucun parti. Les magistrats étaient choisis au sort, de même que 500 membres d’un Conseil ayant, pour un an, la charge de l’exécutif. Comme il ne s’agissait pas d’une nomination par un chef ni d’un droit héréditaire, mais d’une possibilité d’obtenir une fonction, l’on s’approchait d’un système politique plus juste. Clisthène accorda la citoyenneté à des milliers d’individus auparavant considérés illégitimes, métèques, étrangers, ainsi qu’à des esclaves. Tous ces gens pouvaient se réunir, quatre fois par mois, pour discuter de la gouvernance et voter. Tout au contraire, la république idéale, promue par Platon, consistait à centraliser le pouvoir. À le réserver à une élite, dont les membres provenaient de familles nobles et riches. Un peu comme en France, suite à la révolution de 1789 : les Jacobins penchaient pour le suffrage universel, alors que les Girondins limitaient le pouvoir à la haute bourgeoisie, après l’avoir dérobé à la monarchie. ¹
Dans le « démocratique » Canada, fondé en 1867 par l’annexion du Bas Canada, l’ancienne Nouvelle-France devenue le Québec, avec le Haut Canada colonisé par les Anglais, rappelons que l’auteur de cet arrangement, John Alexander McDonald, s’avérait l’exemple parfait d’un sexiste, xénophobe, raciste, anti-autochtones, anti-métis. Dans ce démocratique Canada, les seuls citoyens ayant le droit de vote demeuraient les hommes possédant un immeuble ou des terres. Les Juifs, les catholiques et les immigrants n’avaient pas le droit de vote, les hommes pas davantage que les femmes. Ceux qui croient à la vocation pacifiste du Canada et à sa défense de la démocratie, devraient se demander pourquoi ses dirigeants acceptent de vendre des chars d’assaut à l’Arabie Saoudite, d’augmenter les dépenses militaires, d’envoyer des troupes en pays indépendants dès que Uncle Sam ou Uncle Tom l’exigent. Au lieu d’encourager les pourparlers ou jouer les intermédiaires, lors de conflits, les Canadians obéissent aux ordres que les États-Unis leur imposent.
Recréons la démocratie
Actuellement, nous votons pour des candidats, mais pas pour leurs fonctions ministérielles. Ils sont nommés à des postes par les membres du parti gagnant et, trop souvent, ne connaissent rien à leur ministère. Si on me répond que des fonctionnaires sont déjà en place et les orientent, alors nous avons encore moins besoin de pantins qui s’occupent du Ministère de la Santé en étant économistes, par exemple, ou en charge de la protection de l’environnement et favorables à l’extraction pétrolière. Pire : le Canada eut un ministre des Finances qui déclarait ses revenus dans un paradis fiscal!
Quelques suggestions pour une réforme électorale
Comme nous votons par circonscription, pour un représentant, nous pourrions éliminer la partisanerie et abolir les partis politiques. Au lieu d’être soumis à un parti, chaque candidat exposerait ce qu’il a l’intention de réaliser dans sa circonscription. Les gens sauraient alors qui choisir en fonction de propositions concrètes. Le Parlement serait donc composés d’individus non assujettis à une idéologie restreinte. Le vote interne pour tel projet de loi ne serait pas influencé par l’adhésion à un groupe. En ce qui concerne les ministères, les quelques personnes qui en brigueraient un, annonceraient chacune lequel elles convoitent et quelles compétences justifieraient l’obtention de ce mandat.
Il serait opportun pour les candidats d’habiter la circonscription depuis au moins deux ans. Et de ne pas exercer de fonctions parlementaires après 65 ans… On pourrait accorder le droit de vote dès l’âge de seize ans, à la condition de réussir un test relatif à l’histoire nationale et la politique actuelle. Il est absurde que des gens ne connaissant presque rien à la politique aient le droit de vote et choisissent en fonction de pulsions naïves, comme l’apparence d’un candidat ou l’avoir vu prendre un bébé dans ses bras. Je n’exagère même pas. Malheureusement, des votes sont encore stimulés par des critères de ce genre.
Déjà, l’État pourrait financer les élections et non les partis. Chacun recevrait une part plus adéquate et une diffusion plus ample de son programme. Les débats devraient se concentrer sur les projets et modifications de lois envisagées, et non sur des frivolités, des insultes et reproches mutuels, portant fréquemment sur des questions personnelles, sans lien avec la politique.
De même, la scission entre la politique et la religion n’est pas réalisée. Il est aussi urgent de promulguer des lois empêchant les ministres de siéger à des Comité d’administration, d’être actionnaires d’entreprises privées ou en collusion avec ces entités.
Avec ou sans compétences?
Depuis quelques années, chaque emploi exige des références, des expériences préalables et des cours, même pour devenir concierge. Mais lorsqu’il s’agit du poste le plus en vue qui soit, puisqu’il octroie le droit de déclencher des guerres et un pouvoir sur tout un peuple, voire même la domination d’une partie du monde, le métier de président ne requiert pas d’études précises! N’importe qui, ayant de bons contacts et beaucoup d’argent qui le suit, peut prétendre à ce poste. La plupart sont avocats, médecins, journalistes. Ils peuvent n’avoir que peu de notions de géographie, méconnaître la culture populaire tout autant que l’histoire mondiale, et être élus.
Le retour des extrêmes
Quels choix avons-nous? Entre l’extrême droite qui veut immiscer la religion dans la politique, interdire l’avortement même en cas de viol, réduire au minimum l’immigration et, à l’autre bout, ceux et celles qui traitent tous les hommes blancs de colonialistes « binaires » et désirent nous imposer leur nouvelle censure inclusive. C’est une question de temps avant que les uns obligent les femmes à rester au foyer et que les autres nous reprochent d’avoir un genre, femme ou homme, bien défini. Et encore une fois, je n’exagère pas!
Avis aux contribuables des pays membres de l’OTAN
Rappelez à vos dirigeants de cesser de vous culpabiliser, à propos de votre consommation de carburants fossiles. En France, on parle de limiter les heures en classe, pour économiser le chauffage! Mais on gaspille des milliards d’euros pour alimenter des chars d’assaut et des avions de guerre, beaucoup plus polluants que n’importe quel véhicule, électrique ou pas.
Quelle est plus précisément la situation au Québec, mais semblable pour toutes les nations?
Certains parlent d’autonomie et nous plaignent d’être lésés par les fédéralistes canadians, mais remettent une élection référendaire toujours à la prochaine fois… Plusieurs promeuvent les services publics, les énergies renouvelables, l’étiquetage des produits génétiquement modifiés, mais se soumettent aux ordres des entreprises pharmaceutiques qui nous injectent leur chimie. Qui a défendu les droits du personnel en santé, mieux placé que quiconque pour évaluer la gravité et le nombre réel de décès par grippe? Qui s’est renseigné sur la validité des vaccins? Nous ne pouvons pas prôner l’indépendance du Québec, pour accepter la soumission aux entreprises privées, aux multinationales, au contrôle de la population par des passeports empêchant certaines personnes de voyager, d’entrer dans des lieux publics, voire même d’acheter, car on projette de mettre fin à l’argent de papier et métal.
Au lieu d’annoncer des montants extraordinaires, pour les logements sociaux, la santé, les personnes âgées, la lutte à la pauvreté, on ferait mieux de nous préciser quelles sont les réalisations menées à terme, les sommes réellement allouées. Car les chiffres changent beaucoup, entre l’annonce publique et l’investissement concret. Et si infuser tant de millions en santé équivaut à payer des orateurs 400,000 dollars annuels, ou pire, acheter des doses de vaccins qui seront périmées avant d’être injectées, mieux vaut mettre l’argent ailleurs.
Une candidate à la fonction de Première ministre propose d’offrir des thérapies gratuites aux citoyens. Consulter elle-même l’aiderait-elle à se rendre compte de l’absurdité coûteuse de cette promesse? Mieux vaudrait rendre gratuits les soins dentaires, pour toutes personnes gagnant moins de 30,000 dollars à l’année. Les services de psychologues devraient plutôt être référés à des politiciens, tels qu’Emmanuel Macron, Joseph Robinette Biden, Hillary Clinton et Volodymyr Zelensky. Ainsi qu’aux chefs militaires et à quelques dizaines de milliardaires, psychopathes et/ou mégalomanes, qui minent la justice et la démocratie mondiales. Sans oublier Bernard-Henri Levy, le dandy de tous les conflits.
Quant au parti déjà au pouvoir, le Premier ministre annule un projet d’extraction de gaz au Saguenay, alors que son ministre de l’Énergie veut le reflotter. On invoquera le carburant retenu par les Russes, afin de rendre acceptable de polluer notre fleuve et tuer les ultimes bélugas qui y vivent. Si M. Legault croit que le Québec recèle des logements à moins de 600 dollars mensuels, qu’il s’engage à en trouver un à chaque personne recevant moins de 1200 dollars par mois! Qu’il s’empresse d’interdire les hausses de loyer pour les cinq prochaines années. À présent, au lieu de s’endetter pendant vingt-cinq ans, pour acquérir une maison ou un condominium, les travailleurs s’endetteront pendant trente ou quarante ans, grâce aux spéculateurs immobiliers, tel Henry Zavriyev, qui achètent, rénovent à peine, pour revendre à plusieurs centaines de milliers de dollars de plus.
Quant au nouveau parti, Climat Québec, débuter en acceptant un compromis, tel que dissimuler le mot indépendance, paraît timoré. Si le directeur des élections ne permet pas l’usage du vocable « indépendant », un tantinet d’imagination aurait pu mener à « Autonomie Québec », ou « Vers l’autodétermination ». Un nom de ce genre affirme une orientation. Des propositions clairement exposées attireraient ensuite les environnementalistes. Quant au mot « souveraineté », il mériterait de ne plus être employé, par quelconque nation aspirant à l’autonomie. Il exhale trop de relents monarchistes.
Bien qu’il en ait rédigé la préface, Gabriel Nadeau-Dubois craindrait-il de perdre son poste, s’il proposait l’idée de Roméo Bouchard, dans son petit recueil intitulé « Constituer le Québec, pistes de solution pour une véritable démocratie »? Eh oui. C’est ce livre m’a incité à écrire ceci. ²
Ce texte ne changera en rien le résultat de l’élection du trois octobre prochain, au Québec, mais il permet de réfléchir à la suite de cet acte national. Car heureusement, quoiqu’en dise Justin Trudeau, nous sommes encore une nation, et non une succursale d’un conglomérat d’entreprises privées.
Maryse Laurence Lewis
Références-notes :
1.1 https://eduscol.education.fr/odysseum/historique-les-reformes-de-clisthene
2. Roméo Bouchard, Constituer le Québec, pistes de solution pour une véritable démocratie, aux Éditions Atelier 10, collection Documents, Québec, 2014.
Cet homme est le co-fondateur et premier président de l’Union paysanne, coordonnateur de la Coalition pour un Québec des régions et de la Coalition pour la constituante.
Bien entendu, le titre de ce texte fait allusion à l’ouvrage d’Alexis Tocqueville… avec signe d’interrogation en plus!