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De Rostock à Rome
Par Guido Ambrosino
Mondialisation.ca, 09 juin 2007
Il manifesto 9 juin 2007
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/de-rostock-rome/5929

Peut-être que les rencontres des huit « grands » servent à quelque chose. A montrer combien ils sont petits, face aux ennuis de la planète. Ennuis provoqués par eux : les guerres, la pollution de l’atmosphère qui rend le climat fou, la pauvreté du reste du monde mis à sac.

Ils sont petits, les « grands », même face aux lilliputiens qui les assiègent. Ils se font protéger par une armée de 16.000 policiers et une escadre navale. Et tout ce grand dispositif s’effrite, percé en mer et sur terre par des jeunes qui s’esquivent dans les bois ou par les pneumatiques de Greenpeace. Ce sont eux,  les « grands », qui doivent  se déplacer. Dire que sur le climat ils ont fait «  un grand pas en avant », comme le prétend Angela Merkel, est une fanfaronnade.  Comme ce ne sont pas des géants, ils font des pas de fourmis. Mais ils les font,  poussés par la dimension des problèmes dans lesquels ils se sont fourrés.

Le plus grand des « grands », Bush, est le plus malmené, mis au coin, regardé de travers par les autres membres du club. Il y a un passage, dans le communiqué sur le climat de Heiligendamm, qui montre sa solitude : « Nous prendrons sérieusement en considération les décisions de l’Union Européenne, du Canada et du Japon, qui comportent au moins une division de moitié des émissions globales d’ici 2050 ». Ce nous, si on enlève les européens, le Canada et le Japon, ce sont les seuls Etats-Unis, petits écoliers en retard sur le programme qui se promettent de réviser la leçon. Bush, dans les cordes sur le climat, a cependant encore quelque petit enfant de choeur pour lui tenir la traîne, sur la guerre. Notre Prodi lui offre Vicenza pour se faire une base et lui inféode une troupe de complément pour occuper l’Afghanistan.  Donc, après le premier savon de Heiligendamm, les  lilliputiens  doivent recommencer à Rome, pour leur donner un cours de rattrapage en matière de guerre et de paix. Ils en ont besoin tous les deux, Prodi autant que Bush. Ils vont faire semblant de ne pas entendre, mais les oreilles, ils les ont.

A ceux qui sont découragés, qui doutent de l’efficience de ces manifestations de protestation, nous suggérons de ne pas sous évaluer les effets des contestations du G8. Ce n’est pas rien d’avoir obligé les « grands » à se cacher dans des coins à part, et à changer  continuellement de programme pour se débarrasser d’une très mauvaise réputation. Maintenant ils parlent de climat. Ils gesticulent pour promettre des aumônes à l’Afrique. Ils invitent dans le grand salon quelque parent pauvre, même si c’est comme invité de série B. Ils sont longs à comprendre, mais quelque doute les ronge.

A ceux qui tremblent, qui ont peur d’affaiblir le gouvernement Prodi, nous objectons que retirer nos soldats d’Afghanistan, et empêcher le massacre à Vicenza, renforcerait sa base de consensus.

A Rome, ils vont blinder la ville ? Si on ne tombe pas dans le piège des affrontements frontaux, avec un peu d’astuce on peut contourner les barrières.

Ils vont déployer des troupes extraordinaires ? On peut leur envoyer une armée de clowns, comme à Rostock et dans ses environs. Et les enterrer avec un éclat de rire.

Editorial de samedi 9 juin 2007 de il manifesto

 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Guido Ambrosino est correspondant de il manifesto à Berlin

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