Deal entre le Maroc et Israël, sur le dos des Sahraouis et des Palestiniens

Les activités diplomatiques entre le Maroc et Israël se sont fortement accélérées ces derniers temps, malgré le fait de que le Maroc ait rompu les relations avec Jérusalem il y a six ans. Des sources sahraouies affirment avoir des preuves montrant que le Maroc a offert le rétablissement des relations diplomatiques avec Israël en échange d’un fort lobbying israélien en faveur de la politique de Rabat sur le Sahara Occidental.

En effet, la presse israélienne a révélé cette semaine que les relations entre les deux pays sont en train de se dégeler. Avant le début de l’Intifada palestinienne il y a six ans, le Maroc était parmi les rares pays arabes à avoir des relations formelles et cordiales avec Jérusalem. De plus, le Maroc a été traditionnellement  l’un des abris les plus sûrs pour les juifs dans le monde arabe. En solidarité avec les Palestiniens, le Maroc a pourtant fermé sa représentation officielle en Israël et rompu toute relation diplomatique.

Selon le quotidien israélien Maariv, la solidarité de Rabat n’était cependant que superficielle. Depuis 2003, il y a eu des contacts réguliers au plus haut niveau entre les deux pays. En septembre 2003, le roi Mohammed VI a même reçu l’alors Ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, dans l’un de ses palais de vacances pour des conversations politiques

.

Le quotidien affirme avoir des informations indiquant que le Maroc pourrait être maintenant « en train de rétablir ses relations avec l’Israël ». Il remarque certains voyages secrets à Jérusalem par de hauts responsables marocains, se réunissant discrètement avec des fonctionnaires du Ministère des Affaires étrangères. « Les Marocains signalent qu’ils sont prêts à dégeler le blocage politique avec l’Israël », a indiqué une importante source politique d’après Maariv.

Les mêmes sources ont aussi révélé le « prix » marocain pour le rétablissement des relations. Le maquignonnage comprend la garantie par le gouvernement israélien de « promouvoir les intérêts marocains » dans la communauté internationale. Les sources israéliennes n’ont pas donné plus de détails.

Mais d’autres sources, outre-Atlantique, affirment avoir vu les premiers résultats de ce maquignonnage israélo-marocain. À Washington, « Israël et les lobbyistes juifs » ont augmenté la pression sur le gouvernement US pour qu’il accepte le prétendu plan marocain d’autonomie pour le Sahara Occidental –l’ancienne colonie espagnole occupée par le Maroc depuis 1976 malgré de nombreuses protestations des Nations Unies. Le plan d’autonomie controversé s’oppose aux demandes des Nations Unies d’un referendum d’indépendance au Sahara Occidental et propose par contre faire du territoire disputé une province marocaine autonome.

D’après des sources des milieux du lobby pro-sahraoui aux USA, leurs efforts pour soulever la question du Sahara Occidental au Congrès et au Sénat US ont de plus en plus rencontré un « soutien américain juif et israélien aux initiatives marocaines concernant le Sahara Occidental » de plus en plus actif.

Rien que le mois dernier, avant que le Conseil de Sécurité des Nations Unies discute les diverses solutions au conflit du Sahara Occidental, le président US George W. Bush a reçu une lettre soutenant fermement les points de vue marocains, signée par presque 170 membres du Congrès. Les congressistes demandaient au président Bush d’adopter la proposition marocaine afin d’assurer que le Maroc pourrait continuer ses efforts pour combattre le terrorisme dans la volatile région du Nord de l’Afrique.

Il n’y a pas longtemps, la pression exercée sur la Maison Blanche par des politiciens du Sénat et du Congrès américains était dominée par les points de vue pro-sahraouis. Les congressistes Donald Payne et Joseph Pitts ont longtemps conduit avec succès la lutte pour convaincre à la Maison Blanche de rester sceptique envers une solution imposée par le Maroc. Mais ces derniers mois, les analystes politiques dans la capitale US estiment que « Washington s’est déplacé vers la position marocaine ».

 

d’un mur…

 

à l’autre…

Les sources pro-sahraouies à Washington ont aujourd’hui confirmé à afrol News ces observations. Les rumeurs dans la capitale US disent que « les Marocains se sont engagés à reconnaître officiellement Israël en échange du succès de leur ‘plan d’autonomie’ ». Ceci, toukours selon les mêmes rumeurs, expliquerait qu’« Israël est toujours le commun dénominateur du soutien au Maroc à Washington, non pas seulement dans le Congrès mais aussi dans les groupes de réflexion (think tanks), dont la plupart sont connectés au même lobby ».

Les fonctionnaires sahraouis contactés par afrol News n’ont pas voulu commenter la question, signalant que de larges parties de la communauté juive aux USA soutenaient et sympathisaient avec la cause sahraoui.

Cependant les activistes sont très inquiets devant les tentatives du Maroc pour rompre l’isolement diplomatique qu’il a connu jusqu’ici dans le conflit du Sahara Occidental. Mais d’après Ronny Hansen, président du Comité Norvégien de Soutien au Sahara Occidental, « ce ne devrait être une surprise pour personne de voir ces pays [Maroc et Israël] coopérer étroitement ».

 « Tous les deux maintiennent des occupations illégales et brutales sur des pays voisins, avec le soutien de pays plus puissants tels que les USA et la France », a-t-il dit à afrol News. « Malgré toute l’expérience d’Israël pour ce qui est d’esquiver les lois internationales et les critiques de son occupation, le Maroc a probablement beaucoup à apprendre aux Israéliens : il est difficile d’égaler le régime marocain pour ce qui est de la tromperie, de la manipulation des faits et du double langage orwellien. C’est vraiment une alliance impie qui n’apportera que plus de malheur dans la région », a averti l’activiste.

La comparaison et les avertissements ne sont pas exagérés. Dans les années 1980, au moment où le Maroc a bâti son mur à travers le désert pour séparer ses troupes des combattants pour l’indépendance du Polisario, des ingénieurs et des experts israéliens ont joué un rôle central dans la planification et la construction, comme l’indique un nombre croissant de preuves.

Article original en anglais, Afrol News.
 

Traduit de l’anglais par Nuria Álvarez Agüí et révisé par Fausto Giudice, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d’en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.



Articles Par : Afro News

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]