Déclic ou déclin ?

Analyses:

« Déclic ou déclin » voilà le choix qui s’offre à nous, insiste Arthur Keller, dans une vidéo saisissante intitulée « L’ancien monde doit mourir », une vidéo qui compile en quelques minutes quelques-unes des déclarations les plus alarmistes de ces dernières années. « Nous avons déclaré la guerre au vivant et si nous la gagnons, nous mourrons » explique-t-il dans cet extrait. Il faut donc de toute urgence « se réveiller » et entrer en résistance.

En résistance contre qui ? Pablo Sévigné nous donne sa réponse dans la même vidéo : « Nous sommes en guerre et l’ennemi est partout. Il est aussi bien au G7, dans les multinationales, dans l’administration et aussi dans les foyers et il est en nous, il est en nous. » Il cite ensuite quelques mouvements qui incarnent, selon lui, cette résistance, la Marche pour le climat, les Gilets jaunes, Extinction rebellion et appelle à leur convergence. En somme, il compte sur la société civile pour enrayer la machine et changer le cours du monde.

L’oligarchie progressiste/mondialiste manie aussi la rhétorique de la guerre et de l’ennemi invisible et omniprésent, mais il devient de plus en plus clair que son véritable ennemi, c’est nous, la société civile sur laquelle compte justement Sévigné, la population récalcitrante qui, toute en étant consciente qu’il faut changer de cap, n’est pas pour autant adepte du Nouvel ordre mondial du capitalisme monopolistique tout-puissant que l’oligarchie tente de nous imposer avec des moyens autrement plus efficaces que ceux cités par Pablo Sévigné.

50 ans de « guerre » et d’échecs ?

Il y a certes eu beaucoup d’écrivains, de philosophes et d’économistes depuis le début de la révolution industrielle, pour alerter sur les dangers d’une croissance infinie dans un monde fini ainsi que de la concentration de la richesse et du pouvoir dans de moins en moins de mains, mais la conscience de l’impasse dans laquelle nos sociétés se sont engouffrées n’a atteint le grand public que lorsque l’oligarchie a commencé à s’inquiéter pour son avenir, ses privilèges et ses profits, tant l’opinion publique est formatée par les élites, à savoir dans les années 1970, comme je le montre dans un article précédent « Le diable contempla son œuvre et vit que cela était bon ».

50 ans plus tard, l’ennemi désigné par Pablo Sévigné n’a pas été vaincu, il semble même avoir prospéré : la course au profit continue, la surexploitation perdure, l’extinction des espèces s’accélère, la pollution ne diminue chez nous que parce que nous avons délocalisé nos usines. Seuls signes de changement visible : l’implantation d’éoliennes, qui semble avoir pour première vertu d’enrichir la filière et de booster la corruption à tous les
niveaux, et le déclin de l’Occident avec notamment la destruction des structures sociales, économiques et culturelles des riches pays gréco-latins de l’UE (Grèce, France, Italie, Espagne). Il semblerait même que ce soit la seule tâche à laquelle se soient consacrés nos gouvernants stipendiés : détruire notre modèle social coûte que coûte, tout en augmentant le contrôle, la surveillance et la répression de la population mécontente. Cela est devenu très net au moment de la loi Travail d’Hollande-Valls, passée à coup de 49-3. Et cela n’a fait que se confirmer avec la Macronie.

Il n’est jamais facile d’arrêter ou de détourner un train lancé à grande vitesse, mais cela devient carrément impossible quand on ne s’accorde ni sur la manière de le faire, ni sur la direction qu’on veut prendre.

Le problème c’est que, si les peuples occidentaux de culture anglo-saxonne ont accepté, voire adhéré à la mondialisation sur le modèle du capitalisme étasunien triomphant, il en a été différemment des pays de tradition latine, et notamment la France, qui n’étaient pas d’accord pour perdre leur style de vie et leurs acquis sociaux, arrachés au patronat par de longs et douloureux combats au cours des 19ième et 20ième siècles. Et ce désaccord n’a fait que croître et embellir jusqu’à devenir une véritable guerre, qui a atteint son apogée lorsque les Etats-Unis, où la corruption et la misère ont pris des proportions inouïes, ont trahi leur propre camp, le camp mondialiste/progressiste, en élisant Trump, qui est devenu le héros du camp populiste.

Source de l’image : pixabay.com

Le camp mondialiste/progressiste a complètement paniqué en voyant son hégémonie de 50 ans remise en question et Trump est devenu l’homme à abattre. Il a été dûment chassé dans la dernière parodie* surréaliste d’élection étasunienne à laquelle nous avons assisté, partagés entre l’incrédulité et le fou-rire nerveux, mais il n’en reste pas moins que le pays est coupé en deux et proche de la guerre civile.

C’est que l’enjeu est de taille. Il s’agit de la nature et du contrôle de la future société, celle qui est en train de renaître des cendres de celle qui, née de la révolution industrielle, a désormais atteint ses limites.

Les maîtres du monde abattent leur jeu

Klaus Schwab dévoile le projet de l’oligarchie

Le plan de l’oligarchie n’est plus un mystère depuis juin dernier. Klaus Schwab, le fondateur du Forum économique et mondial, un des plus importants think tanks oligarchiques créé justement pour construire la société du futur vient de nous le révéler dans un livre intitulé « The great reset », évidemment rédigé en Anglais, la langue des mondialistes. Eric Verhaeghe nous en livre la teneur dans son dernier ouvrage : « Great Reset : mythes et réalités ».

D’après lui, il est écrit en toutes lettres dans le livre de Schwab qu’il faut instrumentaliser le Covid-19 pour accélérer le passage à la 4ième révolution industrielle, la révolution technologique, car l’Occident a accumulé trop de retard dans le développement numérique. Il faut donc faire durer le plus longtemps l’état d’urgence sanitaire (et le parlement français vient docilement de le prolonger jusqu’en juin) pour modifier les comportements anciens et créer un homme nouveau. On pensera avec émotion à Pol Pot, Mao Tsé Tung, Hitler et quelques autres mémorables apprentis sorciers.

Selon Eric Verhaeghe, le Great Reset [La Grande réinitialisation ou la Grande remise à zéro] est un totalitarisme tranquille qui vise à modifier l’ordre international selon deux grands axes : le multilatéralisme et le libre-marché. Le modèle serait Singapour, un paradis fiscal militarisé (la cité-État était la 7e puissance militaire en Asie en 2015), intensément numérisé et hautement intrusif comme en témoigne cet article du Temps « A Singapour, le traçage par app dégénère en surveillance de masse ». Etonnant par ailleurs d’avoir pour modèle de développement mondial, un des plus petits états du monde. Mais une utopie façon Pol Pot n’est pas à une contradiction près !

Le livre de Schwab constitue, toujours selon Eric Verhaeghe, un éloge de ce qu’il appelle le Capitalisme de connivence : un état tout-puissant et des patrons qui s’enrichissent sans contrôle pendant que le petit peuple est tenu tranquille par un Revenu universel et une surveillance étroite au motif sanitaire, écologique ou autre. Emmanuel Todd ne dit pas autre chose quand il parle de l’aristocratie stato-financière. Les dirigeants politiques, la haute administration et les milliardaires privés se sont étroitement interconnectés, au fil de ces 50 dernières années, pour faire advenir une société où l’homme ne sera plus qu’un tube digestif docile, malléable et corvéable à merci. Le rêve de Big Brother…

Les Seigneurs de la communication sortent du bois

Jusqu’ici, tous les médias des milliardaires, dont les médias sociaux, exerçaient, à la demande des gouvernements, une censure impitoyable sur tout ce qui s’éloignait du discours officiel, mais une censure discrète. Les personnalités dissidentes étaient ostracisées des plateaux TV, les sites, les blogs, les commentaires de dissidents étaient supprimés, les moteurs de recherche jetaient dans les oubliettes les contenus critiques, mais peu de gens en avaient conscience tant qu’ils n’étaient pas personnellement touchés.

Malheureusement pour éliminer Trump et ce qu’il représente, il ne suffisait apparemment pas de truquer les élections, il fallait aussi lui couper le sifflet et supprimer tous les moyens de communication de ses supporters. Google, Amazon, Tweeter, Facebook s’y sont employés.

La clique mondialiste/progressiste occidentale a applaudi comme un seul homme cette opération de censure inédite du président des Etats-Unis et de 74 millions d’Etasuniens. Andres Manuel Lopez Obrador, dit AMLO, le président du Mexique a sauvé l’honneur de ce qu’il reste de la gauche en exprimant son indignation. « J’ai l’impression qu’il a une très haute opinion de lui-même ; je l’ai trouvé très arrogant » a-t-il déclaré à propos du « propriétaire de Facebook ». Et il a ajouté que c’était un « mauvais signe » que des compagnies privées puissent « censurer » l’opinion.

La nouvelle génération d’élites fait le nettoyage dans ses rangs

La nouvelle société a besoin d’élites présentables. Du coup, la nouvelle génération d’élites « est en train d’éliminer la génération d’avant pour survivre elle-même », explique le criminologue Xavier Raufer. A travers l’affaire Duhamel « le Réseau dans sa version soixante-huitarde est touché à mort ». Il y a « tout un pan de la gauche caviar qui pendant 30 ans a monopolisé tous les pouvoir, politique, médiatique, littéraire. Ils avaient le pouvoir de faire et de dire. Ils définissaient ce que tout le reste de la société était prié de penser. Ces gens-là étaient au-dessus du lot commun, ils se sont cru tout permis et ont commis des crimes », conclut-il.

Les États suppriment tout ce qui reste d’indépendance et de liberté en Occident

Plus rien, ni personne, ne doit échapper à l’autorité directe de l’entité Etat-Grand Capital. D’où la destruction de tout ce qui reste d’indépendants dans tous les secteurs et à tous les niveaux, la censure tous azimut, la répression, la surveillance, et l’état d’urgence permanent.

Le camp progressiste/mondialiste a-t-il gagné ?

On peut s’étonner que les puissants qui préfèrent toujours œuvrer dans l’ombre dévoilent ainsi leur jeu. Croient-ils la population tellement sidérée qu’elle en est devenue incapable de se rebeller ? Pensent-ils déjà avoir déjà gagné ou paniquent-ils et tentent-ils de présenter leur entreprise comme un fait accompli ?

Il se peut bien qu’ils pensent avoir gagné, l’arrogance et l’hubris de ces gens-là n’a pas de limites et peut très bien les aveugler. Mais en réalité ils ont déjà perdu. Les Etats-Unis sont en miettes, le « monde libre » est devenu une prison misérable dont les gardiens ont perdu la tête. Pendant que sur les plateaux de TV, les mondialistes/progressistes discutent doctement de la couleur des masques et que notre gouvernement instaure l’état d’urgence permanent, le reste du monde a déjà changé de cap. Il est déjà sorti de l’orbite occidentale. En Asie, au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique Latine, la plupart des pays ont déjà mis en place la société du futur qui leur convient. Ils vivent leur vie, sans se soucier le moins du monde des radotages vaniteux et des élucubrations donquichottesques des progressistes occidentaux. Ils doivent même être pliés de rire en nous voyant nous enfoncer dans le grotesque et le ridicule, et ce n’est pas le dernier haut-fait de Biden qui va les rassurer. Ce phare de l’humanité progressiste vient d’autoriser les athlètes transgenresnés hommes à concourir dans les compétitions féminines, privant ainsi les femmes de la moindre chance de remporter une compétition, sans que les féministes n’y trouvent rien à redire !!!

Le déclic

L’Occident est isolé, contrairement à ce que notre oligarchie prétend. Le reste du monde ne craint plus l’armée étasunienne et s’est libéré du dollar. Les institutions internationales, à commencer par l’OMS,  se sont discréditées en tombant aux mains des milliardaires. L’utopie d’un gouvernement mondial a fait long feu. Il ne reste plus que les élites progressistes occidentales déconnectées et ivres du pouvoir de vie et de mort qu’elles ont sur nous pour y croire. Le monde entier a déjà tourné la page.

Hélas en Occident une bonne partie de la population, qui n’a jamais connu autre chose, est encore enfermée dans la caverne de Platon, et croit encore à l’univers de faux-semblants, au théâtre d’ombres qui se joue sur les plateaux de TV, pendant qu’au-dehors, la vie brille de mille feux, le soleil resplendit, les gens s’aiment et s’entr’aident, les fleurs s’épanouissent, la pluie tombe, les abeilles s’activent…

Si l’excès de souffrances inutiles et absurdes finit par ouvrir les yeux et éveiller les consciences de tous ceux qui, en Occident, croient encore à la propagande institutionnelle, si assez de monde se lève pour dire NON, alors, et seulement alors, on pourra parler de déclic…

Dominique Muselet

Note

* Le sénile Biden s’en est lui-même vanté dans ce que les médias officiels qualifient pudiquement de lapsus : « Nous avons organisé l’opération de fraude électorale la plus vaste et la plus inclusive de l’histoire politique américaine »



Articles Par : Dominique Muselet

A propos :

Dominique Muselet a passé la première partie de sa vie dans le Nord de la France. Après des études universitaires, elle a enseigné quelques années en Collège, avant de passer dans le monde de l'entreprise, à différents postes de direction. Elle a vécu dans plusieurs pays étrangers : Cameroun, Canada, Inde, Palestine/Israël, Mexique. Ces séjours prolongés dans des pays pour beaucoup soumis à l'impérialisme occidental, l'ont aidée à mieux comprendre les rapports de force géopolitiques. La tragédie que vivent les Palestiniens et leur lutte pour la liberté l'ont particulièrement touchée. Depuis qu'elle est revenue s'installer en France à Paris, elle s'efforce de partager sa large expérience économique, politique, géopolitique et spirituelle à travers ses traductions et ses articles.

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