Dernière chance : dissoudre l’Autorité nationale palestinienne

La fin de l’Autorité nationale palestinienne a été invoquée à plusieurs reprises ces derniers jours par des personnalités politiques et intellectuelles, parmi lesquels le professeur Ali Jirbawi, de l’université de Bir Zeit, comme seule voie pour faire sortir Fatah et Hamas de la guerre fratricide qui a explosé, pour un pouvoir virtuel fait de quelques ministères et drapeaux flottants  sur des édifices publics. Pourquoi laisser continuer une administration  qui n’a pas de souveraineté et qui sous des apparences d’autogouvernement masque surtout, inconsciemment, l’occupation israélienne ? C’est cette question que s’est posée à plusieurs reprises  Jirbawi et, avec lui, beaucoup d’autres Palestiniens qui voudraient refiler la patate chaude à l’occupant et ne plus lui offrir d’alibis en maintenant en vie un organisme paralysé et agonisant.

D’autres questions surgissent concernant les raisons qui ont amené Hamas et Fatah à s’entretuer dans la « prison » de Gaza. La liste est longue mais il n’est que de revenir au 26 janvier 2006 pour trouver des explications suffisantes. Le jour suivant les élections législatives gagnées par le Hamas de façon écrasante, Abu Mazen et les autres leaders  du Fatah n’ont pas, comme l’espérait la base de ses militants, analysé sérieusement la défaite infligée, et n’ont pas lancé le processus de profonde rénovation pour ramener au pouvoir démocratiquement  un parti qui avait été emporté par les scandales et par l’échec du processus de paix avec Israël. Pas de congrès, pas de débat interne, mais seulement une cooptation des activistes  rebelles mais sensibles au charme du pouvoir.  Le Fatah  n’a pensé qu’à fournir une contribution à l’isolement  et au boycott du Hamas et de son gouvernement. Il a œuvré à la création  des conditions  pour la chute de l’administration islamique à peine née.

Il est cependant plus correct de dire que, pas tout le Fatah, mais  une de ses factions bien précise s’est rangée du côté du projet Usa-Ue-Israël, décidée à rendre la vie impossible à la partie de l’Autorité palestinienne contrôlée par le Hamas. Il est sans aucun doute redondant de faire référence à Mohammed Dahlan, mais l’on ne peut pourtant pas ne pas mentionner le nom de l’ex chef de la sécurité préventive et ancien ministre, sur la liste de ces dirigeants palestiniens persuadés que le Fatah devait par tous les moyens empêcher le Hamas de rester au pouvoir. Position qui a engendré des protestations dans le parti, chez ces leaders, dont Ahmed Helles, persuadés que les problèmes cruciaux  pour les Palestiniens sont, aujourd’hui comme il y a quarante ans, l’occupation et le siège de Gaza, qui n’a pas cessé après le retrait israélien  il y a deux ans.  Le courant dirigé par Dahlan, bien financé et soutenu par l’étranger, ne s’est pas arrêté même après la formation du gouvernement d’unité nationale, tandis qu’Abou Mazen contribuait au début de la guerre civile en nommant Dahlan comme adjoint au Conseil de sécurité nationale et en confirmant Rashid Abu Shabak à la tête de la sécurité préventive.  Pour le Hamas, deux coups de poing à l’estomac.

Le mouvement islamique cependant a ses responsabilités. Ses miliciens sont en train de s’entacher de crimes très graves à Gaza, contre d’autres Palestiniens, contre des agents qui ne sont entrés dans les services de sécurité que pour s’assurer un salaire (à peine plus de 300 dollars). Le Hamas, surtout, n’a pas compris comment fonctionne la globalisation. Après la victoire aux élections, ses leaders ont cru ingénument que la « solidarité  islamique » allait remplacer l’aide occidentale aux Palestiniens. Ils ont dû, au contraire,  se rendre compte que les grands entrepreneurs  musulmans et les banques, y compris  celles qui sont rigidement musulmanes, ne sont solidaires qu’avec les capitalistes occidentaux et qu’ils ne transféreraient pas un dollar aux Palestiniens sans que ne le veuillent aussi les Etats-Unis.

Edition de jeudi 14 juin 2007 de il manifesto.

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio



Articles Par : Michele Giorgio

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