Des anciens de « l’État profond » sont embauchés par les médias grand public.

L’ancien directeur de la CIA, John Brennan, est le dernier membre de la famille NBC News et MSNBC, a être embauché officiellement par le réseau en tant que collaborateur, annonce joyeusement un récent article de The Wrap, comme si c’était une chose parfaitement normale et non l’épouvantable symptôme d’une histoire à la Orwell. NBC rapporte que l’ancien chef d’une Agence centrale de renseignements connue pour être dépravée ; mensongère ; pour utiliser la torture ; la propagande ; le trafic de drogue ; les coups d’État afin de mener des actions bellicistes dans le monde « est maintenant un analyste renommé sur la sécurité nationale et le renseignement ».

Brennan, qui a joué un rôle clé dans l’édification du récit du Russia-Gate, utilisé pour obtenir le consentement du public en vue d’une nouvelle escalade de cette guerre froide si menaçante pour le monde, n’est que le dernier dans cette tendancepersistante des médias, auxquels le grand public fait confiance, d’employer des partisans de la communauté américaine du renseignement. Brennan rejoint Jeremy Bash, ancien chef d’état-major au ministère de la défense et à la CIA, dans l’équipe de la CCBN/MSNBC, où il y travaille à titre d’expert en sécurité nationale, ainsi que Ken Dilanian, journaliste du renseignement et de la sécurité nationale à la CCBN et collaborateur bien connu de la CIA.

L’ancien directeur du renseignement national, architecte lui aussi du Russia-Gateet russophobe bien connu, James Clapper, a été accueilli dans la « famille » CNNl’année dernière par Chris Cuomo « c’est illégal de lire WikiLeaks » et apparaît désormais régulièrement en tant qu’analyste expert pour le réseau. L’an dernier, CNN a également embauché un nouvel analyste pour la sécurité nationale, Michael Hayden, qui a été directeur de la CIA, directeur de la NSA, directeur adjoint principal du renseignement national et général dans l’armée de l’air.

L’ancien analyste de la CIA et maintenant rétribué par CNN, Phil Mudd, qui l’année dernière a forcé le Cuomo Show à se dédire et présenter des excuses pour une déclaration complètement sans fondement qu’il a fait à la télévision nationale quand il a affirmé que Julian Assange est « un pédophile », fait une fois de plus les gros titres pour suggérer que le FBI est en conflit avec l’administration actuelle à cause de la décision de Trump de déclassifier le mémorandum controversé.

De plus en plus de médias où les Américains puisent leurs informations sont remplis non seulement de loyalistes de l’establishment, mais aussi d’anciens vétérans de la communauté américaine du renseignement. Ces hommes ont accédé à leurs positions de pouvoir au sein de ces institutions profondément sociopathes en se basant sur leur volonté de faciliter toute forme de dépravation afin de faire avancer les plans secrets du puissant establishment américain, et maintenant ils paradent quotidiennement devant le public étasunien. Les mots de ces « experts » sont régulièrement repris et diffusés par les plus petits médias, de manière à ce que leurs affirmations faites avec autorité se répandent dans la conscience publique.

Le terme « État profond » ne se réfère pas à une théorie conspirationniste mais à un simple concept d’analyse politique soulignant l’indéniable réalité que (A) les ploutocrates, (B) les agences de renseignement, (C) les entreprises d’armement, et (D) les médias grand public détiennent un immense pouvoir en Amérique bien qu’ils ne fassent pas partie du gouvernement élu. Il n’est pas nécessaire de regarder bien loin pour voir comment ces groupes distincts se chevauchent et collaborent pour faire avancer leurs propres programmes de diverses façons. Jeff Bezos d’Amazon, par exemple, est profondément impliqué dans tous les groupes susmentionnés : (A) en tant que l’homme le plus riche de tous les temps, on peut soutenir qu’il est clairement un ploutocrate, avec une entreprise qui tente de contrôler l’infrastructure sous-jacente de l’économie ; (B) il est un collaborateur de la CIA ; (C) il fait partie d’un conseil consultatif au Pentagone ; et (D) son rachat du Washington Post en 2013 lui a donné le contrôle total d’un grand média grand public.

Bezos n’a pas acheté le Washington Post parce que son cerveau cupide avait prédit que les journaux allaient redevenir source de profits financiers ; il l’a acheté pour la même raison qu’il s’est inséré si profondément dans l’infrastructure de l’État profond – il veut s’assurer une base solide pour l’empire qu’il est en train de construire. Il a besoin d’un puissant outil de propagande pour s’assurer le soutien dont il a besoin pour étendre ses tentacules ploutocratiques. C’est précisément la même raison pour laquelle d’autres ploutocrates qui contrôlent les médias de masse bourrent leurs machines de propagande avec des initiés de la communauté du renseignement.

Une fois de plus, on observe des liens entre la classe ploutocratique qui contrôle effectivement le gouvernement élu des États-Unis, les agences de renseignement et de défense qui opèrent derrière l’épais voiles du secret, au nom de la « sécurité nationale », liens dont l’objectif est de promouvoir des programmes qui n’ont rien à voir avec les souhaits de l’électorat. La machine médiatique étant utilisée pour fabriquer le consentement du peuple à être gouverné par cette structure de pouvoir.

L’Amérique est gouvernée par une classe d’élite qui a lentement créé un système où l’argent se traduit de plus en plus directement en pouvoir politique, et qui est donc motivée pour maintenir l’injustice économique afin de dominer plus complètement les masses. Plus l’inégalité économique est grande, plus leur pouvoir est grand. Personne n’accepterait volontiers un tel système oppressif où l’inégalité des richesses ne cesse de s’accroître alors que des bombes coûteuses provenant de drones coûteux sont déversées sur des étrangers à l’autre bout de la planète, alors une robuste machine de propagande est nécessaire.

Et c’est là que le nouveau travail de John Brennan entre en jeu. Attendez-vous à ce qu’une source constante de mensonges coule de sa bouche sur NBC, et attendez-vous à ce qu’ils soutiennent tous ce puissant groupe d’exploiteurs qui cherche à appliquer de force ses programmes géopolitiques. Et attendez-vous à ce que des rebelles lucides, partout dans le monde, continuent de dévoiler ce qu’il en est.

Caitlin Johnstone

 

Article original en anglais : ‘Deep State’ Veterans find New Homes in Mainstream Media, Consortium News, le 5 février 2018.

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.



Articles Par : Caitlin Johnstone

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]