Des bombes nucléaires sous nos pieds

L’OTAN annonce que son exercice nucléaire annuel Steadfast Noon, d’une durée de deux semaines, a débuté le 14 octobre 2024. Plus de 60 aéronefs de 13 pays ont effectué des vols d’entraînement au-dessus de l’Europe occidentale. Des avions de combat capables de transporter des ogives nucléaires américaines y participent, notamment les premiers avions de combat F-35A de l’OTAN déclarés prêts pour le nucléaire. Des bombardiers lourds, des chasseurs d’escorte, des avions de ravitaillement en vol et des avions de guerre électronique y participent, avec un personnel de 2 000 militaires répartis sur huit bases aériennes.

 

L’exercice de guerre nucléaire, clairement dirigé contre la Russie, est également suivi par l’Italie qui, avec l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, adhère au « partage nucléaire » de l’OTAN. Le niveau de « partage » est expliqué par l’OTAN elle-même dans un texte officiel :

1) « La planification nucléaire de l’OTAN est effectuée par le Groupe de haut niveau, présidé par les États-Unis ».

2) « Les États-Unis conservent le contrôle et la garde absolus de leurs armes nucléaires déployées en Europe, tandis que les Alliés leur apportent un soutien militaire. »

En résumé, ce sont les États-Unis qui fournissent aux Alliés européens les armes nucléaires dont ils conservent le contrôle absolu, tandis que les Alliés européens fournissent des avions prêts à l’emploi et du personnel militaire sous le commandement absolu des États-Unis.

Le « partage » nucléaire s’étend au-delà des pays qui en font officiellement partie, comme en témoigne la participation de la Pologne, de la Roumanie et de la Finlande à l’exercice de guerre nucléaire. Étant donné que des avions de l’OTAN dotés d’une double capacité conventionnelle et nucléaire sont également déployés dans les États baltes, cela signifie que les États-Unis ont établi un front avancé en Europe à partir duquel une attaque nucléaire contre la Russie peut être lancée.

Par ailleurs, les États-Unis ont « modernisé » leurs bases nucléaires en Europe pour les équiper de chasseurs F-35A et de nouvelles bombes nucléaires B61-12. En Italie, la base de Ghedi [photo ci-dessous] , où est stationnée la 6e escadre de l’armée de l’air italienne, et la base d’Aviano, où est stationnée la 31e escadre de chasseurs américains, ont été « modernisées ».

Les autres bases nucléaires « modernisées » sont celles de Kleine Brogel en Belgique, Volkel aux Pays-Bas, Büchel en Allemagne, auxquelles s’ajoute la base de Lakenheasth en Grande-Bretagne, secrètement « modernisée ».

Les États-Unis « modernisent » leur arsenal nucléaire pour un coût prévu de 1 700 milliards de dollars, entraînant une course aux armements qui devient plus dangereuse que celle de la guerre froide. Il suffit de dire que les armes nucléaires américaines déployées en Europe, à proximité de la Russie, peuvent frapper Saint-Pétersbourg ou Moscou en quelques minutes.

Manlio Dinucci

 

Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo de vendredi 18 octobre 2024 sur la chaîne TV italienne Byoblu :

https://www.byoblu.com/2024/10/18/le-bombe-nucleari-sotto-i-nostri-piedi-grandangolo-pangea-la-rassegna-stampa-internazionale-di-byoblu/

Traduction : Mondialisation.ca 

VIDÉO  (en italien) :

 

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Manlio Dinucci est géographe et journaliste, ex-directeur exécutif pour l’Italie de l’International Physicians for the prevention of Nuclear War, association qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1985. Porte-parole du Comitato no Guerra no Nato (Italie) et chercheur associé du Centre de recherche sur la Mondialisation (Canada). Prix international de journalisme 2019 pour Analyse géostratégique du Club de Periodistas de México. Son dernier livre traduit en français : « Guerre nucléaire. Le jour d’avant« ,Éditions Delga, 2021.

 

 



Articles Par : Manlio Dinucci

A propos :

Manlio Dinucci est géographe et journaliste, ex-directeur exécutif pour l'Italie de l'International Physicians for the prevention of Nuclear War, association qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1985. Porte-parole du Comitato no Guerra no Nato (Italie) et chercheur associé de Global Research (Canada). Prix international de journalisme 2019 pour Analyse géostratégique du Club de Periodistas de México.

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