Des chihuahuas, pas des dobermans !

Je n’ai jamais été très porté sur la schadenfreude : mieux vaut avoir l’esprit occupé par des sujets plus importants.

Mais je ne peux que céder à la tentation alors que Volodymyr Zelensky, le bouffon prétentieux qui a pompeusement paradé tel un héros sur la scène internationale ces six dernières années, est publiquement recadré par le président Donald Trump qui met fin à la guerre par procuration que Zelensky a vendue avec tant de cynisme aux libéraux voyous du monde occidental tout en présidant le régime monstrueusement corrompu et infesté de nazis à Kiev.

Rions, rions, pendant que Zelensky part en fumée.

Ce petit escroc porte la responsabilité directe – avec ses maîtres, bien sûr – de la mort de plusieurs dizaines de milliers de soldats ukrainiens et russes, et de la ruine du pays et de la population dont il prétend être le défenseur.

La stratégie de Donald Trump envers la Russie et sa détermination à mettre fin à la guerre en Ukraine, qu’il partage avec le président Vladimir Poutine, relèguent Zelensky aux oubliettes, avec ses opérations de propagande obsolètes.

Et voilà que les élites néolibérales européennes, qui ont mené la guerre en Ukraine parce que le régime Biden leur a dit de le faire, barbotent désormais dans les mêmes eaux troubles.

Depuis l’appel téléphonique de Trump à Poutine le 12 février et la Conférence sur la sécurité de Munich, organisée dans la capitale bavaroise du 14 au 16 février, les dirigeants du continent et leur répugnante mascotte se retrouvent avec un très gros problème sur les bras.

La chute de Zelensky est significative, mais inévitable. L’europanique, comme je l’appelle, est la grande nouveauté de la semaine.

Cela s’annonce plus amusant qu’une rediffusion d’un vieux film de Terry Southern avec les arrogants hypocrites aux abois.

Zelensky n’est que la création fantoche que d’autres ont façonnée en l’arrachant à une sitcom pour le relooker et en faire le successeur de Petro Porochenko, un magnat du chocolat (n’y a-t-il donc pas un seul politicien sérieux en Ukraine ?) qui s’est installé au palais présidentiel après le coup d’État fomenté par les États-Unis il y a onze ans ce mois-ci.

Lui, Zelensky, a été financé par l’un des innombrables superescrocs d’Ukraine et coaché par des spécialistes américains de l’image au cours des viles manigances de sa campagne présidentielle en 2019.

Comme on s’en souvient peut-être, la propagande a dérapé à un degré tel, après le début de l’intervention militaire russe il y a trois ans, que les idéologues du régime Biden, relayés par les médias corporatistes en guise de perroquet, ont fait croire aux masses que Zelensky était “le Churchill du XXIe siècle”.

Je me souviens avoir pensé : “Dites-moi que je rêve !”

Dans son désormais célèbre rejet de Zelensky la semaine dernière, Trump l’a qualifié de “comédien sans grand succès”. Le charme des réalités, sans doute.

Comme Max Blumenthal l’a judicieusement observé dans The Grayzone l’autre jour, Trump s’est trompé en accusant le président ukrainien d’avoir déclenché la guerre en Ukraine, lors de son attaque contre Zelensky. En réalité, il l’a provoquée.

J’aime bien la nuance. Le comédien raté a en quelque sorte servi, et très efficacement, d’agent provocateur, permettant à ceux qui ont l’argent et les armes d’en envoyer en quantités extravagantes vers le gouffre sans fond de la corruption que préside Zelensky, sans risque de révoltes intérieures.

Plaintes et récriminations

Avec la régularité propre aux séries télévisées, Zelensky a bêlé à l’envi que l’Ukraine avait besoin de plus d’armes, de plus d’argent, bref de tout, et tout de suite. Et surtout, il n’a pas hésité à accuser les dirigeants occidentaux, le président Joe Biden et les Européens, de se dérober à leurs responsabilités – sur un ton arrogant et réprobateur, il fallait l’entendre pour le croire.

Il ne s’adressait ni à Biden ni à aucun des clients transatlantiques. J’ai toujours eu le sentiment que la Maison Blanche de Biden, qui a reconnu des contacts téléphoniques quotidiens avec Zelensky, lui répétait régulièrement ce qu’il fallait dire, quand le dire et comment bien faire valoir la position assignée.

Non, les plaidoyers et les récriminations de Zelensky, parfois si grossiers que les collaborateurs de Biden lui ont conseillé de se calmer, étaient destinés au public américain et européen – une opération de gestion de l’image pour que les drapeaux bleu et jaune continuent de flotter sur les balcons et les porches de millions de foyers.

Zelensky est un bonimenteur professionnel et s’est donné pour mission de faire le show. Son autre objectif était d’exploiter pleinement le fanatisme néonazi ukrainien, dans la sphère politique comme dans l’armée, tout en le maquillant pour le faire passer pour une démocratie respectable, digne des milliards de dollars que les contribuables lui ont prodigués.

Et c’est ainsi qu’est née ma schadenfreude précoce.

Zelensky à Munich n’était guère plus qu’un importun. Ce fut d’ailleurs assez merveilleux à contempler : on voyait sur la vidéo le visage d’un homme hésitant, conscient que son étoile était en train de faiblir, ses traits tirés rappelant que l’opération grotesque que ce simple figurant a contribué à soutenir était en train de s’effondrer avec lui.

Changement de cap de l’Europe

Pivotons, voulez-vous ? Ce mot galvaudé auquel la presse grand public n’a pas pu résister depuis le fameux “pivot vers l’Asie” d’Hillary Clinton, aussi célèbre que vain. Après Munich, Zelensky, cette fois vraiment désespéré, a pivoté en un clin d’œil vers les Européens.

Le comédien raté avait à peine quitté cette charmante ville de Biergärten et de parcs qu’il appelait déjà à la constitution d’“une armée européenne”, comme pour insinuer que lui et son régime sont, bien entendu, aussi européens que les Français ou les Portugais.

Et à présent, nous assistons au show des puissances européennes, oubliant que le diadème de Zelensky vient de voler en éclats, s’alliant une fois de plus à ce dernier et à son régime, alors que les deux seules puissances capables de négocier la fin de la guerre sont sur le point de le faire sans leur accord (alors que les pourparlers entre les États-Unis et la Russie sont censés avoir lieu).

J’ai adoré l’évaluation d’un fonctionnaire anonyme de l’administration Trump sur la nouvelle situation de Zelensky quelques jours après la conférence de Munich.

“Une vraie tartine de merde” a déclaré cette source, selon Moon of Alabama (qui a cité un bref rapport d’Axios). “Mais l’Ukraine va devoir l’avaler parce qu’il [Trump] a clairement indiqué que ce n’est plus notre problème”.

Et maintenant, c’est décidé : les puissances européennes la dégusteront avec lui.

Nous assistons désormais au défilé quotidien de dirigeants européens se vantant de leur détermination à faire cavalier seul avec le régime de Kiev. L’Europe doit

“intensifier ses efforts”, a déclaré Keir Starmer au lendemain du sommet de Munich. “Il est temps que nous assumions la responsabilité de notre sécurité, de notre continent”.

C’est ce qu’a déclaré The Times de Londres. The Telegraph a ensuite rapporté que le Premier ministre britannique prévoit de “tenir tête à Trump” en lui infligeant un “triple coup” – la vulgarité traverse actuellement l’Atlantique – qui comprendra un soutien militaire et de nouvelles sanctions contre les intérêts russes.

Je suis toujours partant pour entendre les inepties d’Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères allemande, toujours aussi stupide et complètement à côté de la plaque. Et la semaine dernière, elle ne m’a pas déçu.

Comme RT International l’a rapporté sous l’intitulé “L’Allemagne lance un avertissement aux États-Unis”, il a cité Baerbock lâchant cette perle lors d’un rassemblement électoral à Potsdam juste avant les élections nationales allemandes de dimanche :

“Nous allons mettre la pression sur les Américains [pour qu’ils sachent] qu’ils ont beaucoup à perdre s’ils ne se rangent pas du côté des démocraties libérales européennes”.

Je ne peux pas dire mieux que Tom Harrington, professeur émérite au Trinity College de Hartford et blogueur dynamique à l’esprit vif et caustique qui nous fait tant apprécier les Irlandais. Sous le titre “Les dangers du métier d’acteur”, il nous dit ceci :

“Si vous êtes un chihuahua et que vous jouez pendant des années le doberman à la télévision, cela peut vous faire oublier que vous n’êtes en réalité qu’un chihuahua. Cela peut mener à de nombreuses illusions quand le réalisateur met fin à la production”.

J’ai adoré taper ces lignes à l’instant, et j’aurais aimé qu’elles soient de moi. Ces gens racontent vraiment n’importe quoi.

Ni la Grande-Bretagne, ni l’Allemagne, ni aucun autre membre des États européens n’ont l’argent, l’armée ou le consensus national nécessaires pour agir de manière conséquente au nom de l’Ukraine.

Ils sont les vassaux des États-Unis depuis trop longtemps. Pour reprendre les termes de Tom Harrington, ce sont des chihuahuas braillards.

“En route pour la vallée de la mort”

Les Européens et leurs cousins canadiens de la cause néolibérale, soit une douzaine de hauts responsables au total, se sont réunis lundi à Kiev pour joindre le geste à la parole, de manière aussi inutile qu’imprudente.

Les ministres des Affaires étrangères européens se sont réunis simultanément à Bruxelles. Ensemble, ils ont envisagé de verser immédiatement 20 milliards d’euros supplémentaires à l’Ukraine, avec la possibilité d’en verser davantage par la suite, et d’imposer une série de sanctions supplémentaires aux Russes dans les domaines de l’énergie, du commerce, des services financiers, etc.

Donc, les massacres doivent se poursuivre de manière de plus en plus insensée, et les citoyens européens doivent continuer à souffrir de concert.

Pourquoi est-ce que je n’arrête pas de penser à la “Charge de la brigade légère” deLord Tennyson, et à cette erreur de calcul catastrophique – “Dans la vallée de la mort” :

“Et dans la vallée de la Mort

‘Brigade Légère, en avant !

Devant les canons, chargez !’ dit-il.

« Brigade Légère, en avant !

Y avait-il un homme consterné ?

Alors que pourtant le soldat savait

Que quelqu’un s’était trompé.

Ils n’avaient pas à répondre,

Ils n’ont pas demandé pourquoi,

Ils vont obéir… et mourir”.

Ce nouveau déchaînement de folie chez les Européens n’a rien de réjouissant. Dans les circonstances actuelles – un règlement probable se profile à l’horizon – une telle attitude témoigne d’une négligence criminelle à l’égard des vies humaines et du bien-être de 450 millions de citoyens européens.

Je n’y vois qu’une seule explication. C’est l’aboutissement pervers de l’autoritarisme libéral que je dénonce sans relâche. L’ordre néolibéral l’emporte coûte que coûte, quel que soit le prix à payer, au mépris de la raison.

Keir Starmer est parti à Washington cette semaine pour sa première rencontre avec le président Trump. Nul ne sait ce qui se passera lors de leur rencontre dans le bureau ovale, mais ces deux hommes ne pourraient pas être plus opposés dans leur politique, leur tempérament et leurs intentions.

Emmanuel Macron, qui a achevé sa visite à la Maison Blanche lundi, s’est montré, comme on pouvait s’y attendre, totalement inefficace. Il semblait, du moins, comprendre — un modeste mérite — qu’il n’est rien de plus qu’un chihuahua.

Si l’on se fie aux échecs du président français, je ne vois pas grand-chose à attendre de ces modestes pourparlers. Peut-être que si Trump fait taire le Britannique réputé pour son peu de cran, nous aurons une nouvelle occasion de nous laisser aller à un peu de schadenfreude.

J’attends depuis des décennies – cela remonte au milieu de la guerre froide – que les Européens pensent et agissent par eux-mêmes, qu’ils s’affirment tels une puissance indépendante, à l’instar de ce que de Gaulle et quelques autres ont prôné, qu’ils fassent office de trait d’union entre le monde atlantique dont ils font partie, et le grand Orient qui est leur voisin.

Comme l’ordre mondial qu’ils auraient pu instaurer serait merveilleusement moral, me disais-je. Václav Havel partageait cette vision, ou, plus respectueusement, je partageais la sienne.

Aujourd’hui, les circonstances obligent enfin les Européens à suivre leur voie. Et ils foncent dans la mauvaise direction, s’accrochant désespérément aux vieux schémas sur lesquels des générations d’Américains campent depuis des lustres, alors que les nouveaux dirigeants américains, malgré moult réticences, semblent vouloir en finir avec cet héritage.

Patrick Lawrence

Article original en anglais : Chihuahuas, Not Doberman, The Une Review, le 27 février 2025.

Traduction : Spirit of Free Speech

Image en vedette : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Conférence de Munich sur la sécurité le 14 février. (Avec l’aimable autorisation de MSC/© Karl-Josef Hildenbrand)



Articles Par : Patrick Lawrence

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