Des firmes US financent des pelotons de la mort en Colombie
« Ils ne sont pas payés pour la sécurité, ils sont payés pour tuer », dit Mario Iguaran, qui est passé à Washington tôt cette semaine pour discuter de la question avec des collaborateurs du président Bush.
Le procureur en chef de Colombie est en voyage à Washington cette semaine pour rassembler des preuves contre des sociétés US présumées financer des groupes paramilitaires réactionnaires dans la nation d’Amérique du Sud assiégée. Pour discuter du problème, Mario Iguaran a rencontré Alberto Gonzales, ministre de la Justice, et Patrick Leahy, sénateur démocrate du Vermont.
« Non seulement les tueurs, mais aussi ceux qui les financent doivent être traînés en justice », a dit Mario Iguaran aux journalistes la semaine dernière devant une fosse commune dans les plaines à l’est du pays. « Vous pouvez clairement voir qu’ils ne sont pas payé pour la sécurité, mais pour le carnage, » a dit Iguaran, et il a nommé les multinationales US impliquées dans le scandale, la Chiquita Brands et la compagnie charbonnière Drummond Cie. Inc basée en Alabama.
Selon la presse locale, le géant fruitier Chiquita a accepté en mars de payer 25 millions de dollars pour régler ses comptes avec le ministère de la justice US après avoir reconnu que sa filiale colombienne, Banadex, avait secrètement versé 1,7 millions de dollars à des pelotons de la mort opérant dans les zones où elle possède des plantations bananières. En 2001, un bateau de Banadex a été utilisé pour décharger 3.000 fusille et des milliers de balles pour les paramilitaires.
À cette époque les paramilitaires consolidaient le contrôle de la région bananière d’Uraba par des massacres et des assassinats. Chiquita a vendu plus tard Banadex mais achète toujours les bananes Colombiennes.
Chiquita, basée à Cincinnati dans l’Ohio, a dit avoir été victime d’extorsion de la part des paramilitaires. Dans une déclaration elle a dit que ses versements aux milices « ont toujours été motivés par son souci de bonne foi pour la sécurité de ses employés. » Mais un certain nombre de dirigeants Colombiens ont exigé l’extradition des cadres de Chiquita basés aux USA. Et la semaine dernière, le député démocrate du Massachusetts William Delahunt a exigé une enquête sur les pratiques de Chiquita et de Drummond là-bas.
Dans les années 80, des milices de droite ont surgi en Colombie en tant que groupes armés de la « garde blanche » soutenue par les propriétaires fonciers pour combattre les groupes de rebelles gauchiste, qui étaient populaires chez les paysans et les travailleurs. Ces bandits ont été fréquemment impliqués dans des massacres de fermiers, car ils se sont développés en mafias qui s’enrichissaient par le trafic de cocaïne, l’extorsion et le kidnapping.
Tout en combattant l’insurrection de gauche, Alvaro Uribe, le président conservateur du pays, a négocié avec les pelotons de la mort réactionnaires des transactions controversées de cessez-le-feu, qui ont fréquemment mené à l’impunité de leurs chefs. À travers le Comité des Droits de l’Homme, l’Organisation des États Américains (OAS) a à maintes reprises contesté la politique d’Uribe, qui jouit d’un taux d’approbation extraordinaire auprès des Colombiens.
Un scandale a éclaté le mois dernier alors que quelques législateurs du parti d’Uribe ont été pris à financer des groupes paramilitaires. Ça a aussi mené à la démission du ministre des affaires étrangères du pays, Maria Consuelo Araujo, après que son frère, un sénateur, ait été emprisonné sur l’accusation de financement de bandits paramilitaires de droite illégaux.
Article original en anglais, Pravda.
Version française: Alter Info
Traduction: Pétrus Lombard