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Des preuves indiquent qu’Ariel Sharon a ordonné l’assasinat de Yasser Arafat
Par Stephen Lendman
Mondialisation.ca, 06 juillet 2007
6 juillet 2007
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Lors de ses dernières années, Yasser Arafat était devenu un homme assiégé. En décembre 2001, les forces armées israéliennes ont encerclé son quartier général à Ramallah, détruit la plupart des bâtiments, et l’ont maintenu quasi totalement prisonnier à l’intérieur jusqu’à ce qu’il tombe sérieusement malade, suffisamment pour être transporté par avion à Paris pour traitement en octobre 2004, trop tard pour qu’il soit sauvé. Pendant ce temps, Arafat craignait ouvertement pour sa vie déclarant qu’il croyait que le premier ministre israélien Ariel Sharon avait l’intention de le tuer. Cet article montre que ses craintes étaient justifiées, et bien qu’il n’y ait pas eu d’indice ayant émergé à ce jour la preuve présentée ci-dessous se rapproche du fait que Yasser Arafat n’est pas mort de causes naturelles et a été très probablement victime d’un empoisonnement.

Le plus surprenant c’est ce qu’a été révélé par un confident de longue date de Sharon, Uri Dan récemment décédé qui a publié un livre en France intitulé « Ariel Sharon : Un Portrait Intime », dans lequel il a accusé l’ancien premier ministre d’avoir assassiner le Président de l’Autorité Palestinienne Yasser Arafat en l’empoisonnant. Dan affirme que Sharon avait obtenu l’accord de George Bush par téléphone début 2004 pour procéder avec son plan après qu’il eut dit au président US qu’il n’était plus tenu par son engagement de ne « pas » liquider le dirigeant palestinien qui alors vivait assiégé et pratiquement incarcéré dans ce qui restait de son quartier général à Ramallah, dont la plus grande partie avait déjà était détruit par les israéliens dans un acte illégal de représailles contre lui.

A ce moment là, l’Administration Bush, déçue par Yasser Arafat a clairement indiqué qu’elle voulait que le dirigeant palestinien soit retiré du pouvoir et remplacé, n’allant pas néanmoins jusqu’à approuvé ouvertement son assassinat. Mais quiconque connaît les prouesses de George Bush comme gouverneur du Texas n’a aucun doute que c’était là sa méthode de choix. A l’époque, il a autorisé plus d’exécutions de prisonniers détenus dans les couloirs de la mort qu’aucun autre gouverneur dans l’histoire des US et était dénommé par certains l’exécuteur texan. Et si c’est vrai ce qu’Ariel Sharon s’est vanté en disant « nous avons le président US sous notre contrôle », ce qui est fort possible, il existe une raison encore plus forte de croire qu’il a obtenu l’approbation directe du président US de tuer Yasser Arafat et puis a donné l’ordre que cela soit fait.

Arafat est mort à Paris le 11 novembre 2004, à l’âge de 75 ans. Il avait été transporté là le 29 octobre de cette année et hospitalisé pour être traité d’une maladie non diagnostiquée qui a commencé à se développer en avril et est devenu suffisamment sérieuse pour lui pour nécessiter des soins spéciaux. Il était probablement trop tard quand il est arrivé à Paris car il est tombé dans le coma le 3 novembre et est resté dans cet état jusqu’à son décès 8 jours plus tard à la suite de complications comme cela a été expliqué à l’époque, de façon très détaillée dans un rapport de 558 pages sur sa maladie finale, préparé par ses médecins français.

Ils ont décrit une pathologie complexe qu’ils ont appelé « coagulation disséminée intra vasculaire » (DIC) causée par une malignité et une infection. Ils ont dit que ses vaisseaux sanguins étaient bloqués par de petits caillots de sang réduisant les plaquettes et des facteurs de coagulation nécessaire pour contrôler les saignements pouvant résulter en une hémorragie et la mort. Ils ont dit en plus que DIC est une condition secondaire voulant dire par là qu’ils pensaient que la cause sous jacente de la maladie d’Arafat et de sa mort était autre chose sur laquelle, quel qu’en soit la raison, ils n’avaient pas d’opinion.

Ce jugement semble pour le moins complètement étrange et sortant de l’ordinaire spécialement pour un homme de l’importance d’Arafat. Il a pu être la victime d’un poison agissant et se développant lentement, difficile à détecter, qui lui a été administré d’une certaine façon dans son quartier général de Cisjordanie pour lequel aucun traitement n’était possible tout du moins une fois qu’il était arrivé à Paris. Mais rien n’a été fait pour le prouver de façon conclusive comme son médecin personnel pendant plus de 25 ans, le DC Ashraf Al Kurdi l’a confirmé, expliquant que son successeur à la présidence de l’AP Mahmoud Abbas, a refusé d’autoriser une autopsie. Il a dit : « ils ne voulaient pas la faire. Quand vous leur parliez d’une autopsie ils crisaient. Il (Abbas) disait que cela perturberait les relations avec la France. »

DC Kurdi dans une interview plus tardive, a dit que c’était « stupide », que cela ne contrarierait pas les français et qu’en Jordanie des autopsies dans le cas de cas criminels suspectés sont obligatoires pour déterminer la cause du décès. Etant donné la forte probabilité qu’Arafat ait été empoisonné, les médecins français presque certainement auraient été disposés à en faire une, s’ils n’avaient pas été empêchés, mais si cela avait été fait, cela aurait pu perturber les relations avec Israël et l’US, et peut être Mahmoud Abbas a-t-il reçu des ordres de marche pour participer à une opération de camouflage.

C’est fort possible du fait de la bonne volonté passée de cet homme qui accompagne depuis la politique israélienne et a maintenant une relation confortable de partenaire avec le premier ministre Ehud Olmert s’opposant au gouvernement démocratiquement élu du Hamas, les israéliens ayant fait des efforts déterminants pour le détruire. C’est clair qu’une autopsie pour déterminer la cause de la mort d’Arafat était nécessaire et si on en avait fait une, cela n’aurait pas été contraire à la loi islamique qui autorise les autopsies tant qu’elles sont fait avec le plus grand respect pour la dépouille du défunt et le plus rapidement possible suivant la mort, car les musulmans veulent enterrer le mort le plus rapidement possible pour éviter d’avoir à embaumer le corps ou perturber le corps plus que nécessaire.

Arafat est mort le 11 novembre 2004, et a été enterré le 12 novembre à côté de son quartier général détruit, lors d’une cérémonie avec des tirs de coups de fusils en l’air accompagné d’une foule endeuillée débordante ce qui a provoqué un enterrement précipité qui n’était pas mené en accord avec les rites religieux musulmans. Cela a perturbé le chef de l’autorité religieuse palestinienne le Sheikh Tiassir Tamimir à tel point qu’il a fait procéder à une exhumation du cercueil pour être de nouveau enterré le 13 novembre, cette fois la mise en terre ayant eu lieu correctement.

En avril 2005, le DC Al Kurdi a été interviewé par Middle East org ; répondant à des questions concernant ce qui a été nommé « l’assassinat silencieux » de Yasser Arafat. Le DC Kurdi a affirmé que « si quelqu’un de confession musulmane meurt de causes inconnues, c’est obligatoire de faire un autopsie – obligatoire. Ils connaissent les règles. Ici en Jordanie, des corps ont été exhumés dans des cas criminels. Je soupçonne qu’Arafat soit mort d’un « poison tueur » …. La mort était due à cela. »

Il y a eu des rumeurs à l’époque que la cause de sa mort était le SIDA, mais DC Kurdi a dit qu’il avait pratiqué de nombreux tests du SIDA sur Arafat, le dernier six mois avant sa mort, et aucun n’était positif. Il a aussi confirmé que le dirigeant palestinien n’avait pas de problèmes de santé de longue date, hormis une tumeur bénigne qui se manifestait par un tremblement de ses lèvres et de ses mains. Il n’avait pas la maladie de Parkinson. Le DC Kurdi a aussi déclaré que son état mental et sa condition physique suite à l’accident d’avion en Libye en 1992 qui a failli lui être fatal, n’ont pas provoqué de complications et n’avaient aucun lien avec la maladie à l’origine de sa mort.

Le DC Kurdi a indiqué qu’il a vu Arafat le 16ème jour après qu’il fut tombé malade et un peu avant que les jordaniens le transportent en hélicoptère à Amman où les français ont envoyé un avion pour l’emmener à Paris. Il n’avait pas été appelé avant à cause d’instructions strictes données aux dirigeants de l’AP par la femme d’Arafat, Suha, mais quand finalement il a été appelé il s’est retrouvé avec un groupe de médecins tunisiens, égyptiens et palestiniens. A ce moment là il a remarqué ce qu’il a cru être des signes d’empoisonnement se manifestant par une plaque rougeâtre sur son visage et une coloration jaune métallique de sa peau. Le DC Kurdi a dit que la dernière fois qu’il a vu Yasser Arafat vivant à Amman avant qu’il ne soit emmené à Paris, il avait perdu la moitié de son poids corporel et de nouveau cette rougeur couvrait son visage et sa peau était jaune métallique. Alors, et plus tôt à Ramallah Arafat a dit qu’il pensait qu’il avait été empoisonné et qu’il était entrain de mourir.

Sa maladie et sa mort aurait du soulever encore plus de soupçons car 14 mois auparavant le cabinet ministériel israélien (ironiquement le 11 septembre 2003) a décidé de « démettre » (ce verbe veut aussi dire supprimer ndlt) le dirigeant palestinien utilisant délibérément un langage vague voulant dire soit l’expulser ou attenter à sa vie. De manière éhontée Ehud Olmert (alors vice premier ministre) a dit publiquement à la radio israélienne après la décision du cabinet : « la question est – Comment nous allons le faire ( c’est-à-dire le démettre) ? L’Expulsion est certainement une option, et le tuer est aussi une des options. »

Suite à ces évènements, des milliers de palestiniens se sont ralliés en soutien à leur dirigeant à l’extérieur du quartier général de l’AP à Ramallah ou Arafat était en fait retenu en captivité depuis les 18 derniers mois, beaucoup se portant volontaires pour servir de boucliers humains, dont une délégation du bloc de la Paix et son très connu dirigeant l’activiste et pacifiste Uri Avnery qui a dit : « je suis prêt à mettre ma vie en danger et servir de bouclier humain… pour déjouer… l’intention de Sharon d’assassiner Arafat… Beaucoup d’activistes israéliens de la paix le sont aussi. »

A un moment donné Arafat s’est adressé à la foule disant … » Si le régime terroriste de Sharon (avant qu’il ne soit plongé dans le coma suite à une attaque cardiaque) réalise sa menace de me déporter, ou de m’assassiner, le peuple palestinien continuera, et même renforcera le combat pour la libération nationale et l’indépendance de l’état. » Pendant un certain temps, de nombreux gouvernements ont soutenu le dirigeant palestinien dénonçant la menace claire du gouvernement israélien, la désignant comme une violation flagrante du droit international rendu encore plus apparent du fait que l’armée israélienne avait déjà détruit la majeure partie de son quartier général et l’assiégeait.

La longue histoire israélienne de mener des assassinats ciblés.

Pour ceux qui connaissent l’histoire d’Israël depuis qu’il est devenu un état en 1948 et avant, la révélation de cibler Yasser Arafat pour l’éliminer, si elle est vraie, n’est pas surprenante. Tous les gouvernements israéliens ont un long passé troublant de mener des assassinats en Israël et à l’étranger, comme cela les arrangeaient contre toutes les personnes considérées comme une menace pour l’état juif. Des ses débuts comme président de l’OLP en 1969, Arafat est passé d’ennemi à allié puis de nouveau ennemi sous différents gouvernements israéliens selon qu’il refusait ou non à son peuple leur droits en faisant allégeance ou non à l’autorité israélienne comme lui (et Mahmoud Abbas) l’ont fait lors des Accords d’Oslo, ou la Déclaration de Principe (DOP) signée lors d’une cérémonie à la Maison Blanche en septembre 1993.

C’était un accord infernal, un acte disgracieux de rédition, donnant à Israël ce qu’il voulait et Arafat et ses cronies un « passe pour quitter Tunis » (où ils se sont réfugiés quand ils ont été obligés de quitter le Liban après l’invasion israélienne de 1982) pour retourner dans les territoires occupés palestiniens (OPT) où il a accepté de servir d’exécutant d’Israël contre son propre peuple. Comme cela a toujours été auparavant et depuis cette époque, les palestiniens n’ont rien obtenu mais seulement le droit d’avoir leur terre volée et leurs vies rendues misérables avec l’aide et la duplicité de leur propre dirigeant et ceux qui étaient complices avec lui (comme Abbas) et son gouvernement conduit par le Fatah.

Ils ont subi ce sort jusqu’à l’éclatement de l’Intifada de la Mosquée al- Aqsa (ou deuxième Intifada) le 28 septembre 2000 suite à la visité provocante d’Ariel Sharon au Noble Sanctuaire comme l’appellent les musulmans dans Jérusalem est occupée. Cela a duré sans interruption jusqu’à et après la mort d’Arafat et a conduit à l’élection démocratique du gouvernement Hamas en janvier 2006.

En ayant marre du parti corrompu du Fatah sous Arafat (maintenant sous le président palestinien et serviteur de longue date d’Israël, Mahmoud Abbas) le peuple palestinien souffrant depuis longtemps les a éliminé électoralement lors d’une élection que les israéliens et l’administration Bush pensaient avoir correctement « arrangée » pour s’assurer que leur parti préféré collaborateur resterait au pouvoir, mais ils ont appris à leurs dépends que cela ne s’était pas passé comme ils le souhaitaient. Cela ne s’est pas passé non plus comme les palestiniens l’espéraient car Israël et les US avec la complicité et le silence de l’Occident ont mené une campagne de terre brûlée contre le peuple palestinien sans défense par le biais d’invasions, d’attaques quotidiennes avec des armes sophistiquées et puissantes ( fournies par Washington au frais des contribuables US) des assassinats ciblés et d’autres tueries quotidiennes, des arrestation de masse et des incarcérations, une politique systématique de torture, destruction de propriété, et négation des droits les plus élémentaires et des services essentiels à la vie et à la survie. Et c’est sans parler de ce qu’a fait l’armée israélienne au peuple libanais pendant l’été à qui il faudra plusieurs années pour s’en remettre si Israël le permet.

Malgré tout cela, le courageux peuple palestinien continue de lutter quotidiennement pour sa liberté et le droit d’être traités comme des êtres humains et vivre en paix sur leur propre terre – contre les plus grands malheurs sans pratiquement aucun soutien de l’extérieur ou manifestation d’empathie pour leur situation désespérée de la part du monde arabe.

Si Ariel Sharon a assassiné Yasser Arafat, cela ne surprendra personne et de plus, si cela est irréfutablement prouvé, cela ne sera jamais rapporté dans les medias US de masse contrôlés même si cela fait la une dans la presse israélienne qui jouit de plus de liberté que ce que l’on a dans le « pays du libre et la maison du brave » ou la liberté de la presse n’est pas autorisée dans les medias dominants, on la trouve seulement dans des sources d’informations alternatives comme celles où les lecteurs peuvent actuellement lire cet article. Alors que nous commençons la nouvelle année avec le 110 ème Congrès sur le point de se réunir le 4 janvier, c’est l’un des nombreux problèmes sur lequel réfléchir et voir ce que de notre part nous devrions pouvoir faire.

Article original en anglais, « Evidence Indicates that Ariel Sharon Ordered the Assassination of Yasser Arafat », 3 janvier 2007.

Traduction Mireille Delamarre www.planetenonviolence.org, 5 juillet 2007.

Stephen Lendman vit à Chicago, on peut le joindre à [email protected] . Visiter aussi son blog www.sjlendman.blogspot.com

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