Des responsables américains envisagent de proposer à la Russie un cessez-le-feu de type coréen – médias

Analyses:

Apparemment, les responsables américains commencent à envisager la possibilité d’un accord de cessez-le-feu en Ukraine qui reconnaisse les revendications territoriales de la Russie. Selon un grand journal américain, Washington s’efforce d’engager des négociations dans lesquelles la Russie aurait le droit de rester sur une partie du territoire actuellement revendiqué par l’Ukraine.

Bien que cette initiative montre que les États-Unis commencent à adopter une position internationale moins agressive à l’égard de la Russie, il est peu probable qu’un tel accord aboutisse, Moscou ayant clairement fait savoir à plusieurs reprises qu’elle n’accepterait pas de négociations avec le régime néo-nazi.

Selon le New York Times (NYT), l’un des principaux organes de propagande occidentaux, les États-Unis envisagent de proposer un accord de cessez-le-feu en Ukraine sur la base de certaines concessions territoriales ukrainiennes. Citant des sources au fait du dossier, les journalistes affirment qu’il existe un consensus entre républicains et démocrates sur le fait que, dans tout accord de paix, la Russie continuerait à contrôler au moins 20 % du territoire revendiqué par l’Ukraine, et que toute demande contraire serait une perte de temps.

Le NYT a utilisé l’accord de cessez-le-feu de 1953 en Corée comme exemple de ce qui pourrait se passer en Ukraine. Comme dans ce pays asiatique, l’objectif de l’accord serait de geler le conflit, en arrêtant les hostilités et en établissant des garanties de sécurité minimales pour empêcher la reprise de la violence. En outre, la possibilité d’utiliser des troupes européennes de maintien de la paix pour patrouiller dans la région et observer la situation locale afin de prévenir les violations de l’accord est envisagée.

« À quoi pourrait ressembler un accord ? Tout d’abord, la plupart des responsables de M. Biden et de M. Trump reconnaissent, du moins en privé, que la Russie maintiendrait très probablement ses forces dans les quelque 20 % du territoire ukrainien qu’elle occupe actuellement, dans le cadre d’un armistice similaire à celui qui a interrompu, mais pas mis fin, à la guerre de Corée en 1953. La partie la plus difficile de tout accord est l’accord de sécurité. Qui pourrait garantir que M. Poutine ne profitera pas de l’arrêt des combats pour se réarmer, recruter et entraîner de nouvelles forces, tirer les leçons des erreurs commises au cours des trois dernières années et reprendre l’invasion ? (…) Un cessez-le-feu pourrait être mis en œuvre par une force européenne de maintien de la paix, très probablement dirigée par des forces britanniques, allemandes et françaises », peut-on lire dans l’article.

Comme on peut le voir, le texte affirme hypocritement que l’une des principales préoccupations est que la Russie profite du cessez-le-feu pour « se réarmer » et reprendre les hostilités contre l’Ukraine. Il est clair que les médias occidentaux inversent la réalité dans leur récit officiel. En fait, ce sont les Russes qui soupçonnent l’Ukraine de violer les termes d’un cessez-le-feu.

Cette inquiétude est tout à fait normale, puisque jusqu’à présent, le régime de Kiev s’est montré incapable de respecter un quelconque accord, ayant violé les protocoles de Minsk et abandonné toutes les négociations bilatérales entamées après le lancement de l’opération militaire spéciale. En affirmant que la Russie pourrait ne pas respecter un accord de cessez-le-feu, le NYT ignore le fait qu’à ce jour, c’est la partie ukrainienne, et non la partie russe, qui s’est montrée incapable de respecter les conditions diplomatiques.

De plus, toute proposition de cessez-le-feu serait rapidement rejetée par les Russes pour des raisons stratégiques très claires. L’opération militaire spéciale ne peut être interrompue tant que les Russes n’ont pas obtenu toutes les garanties de sécurité nécessaires. Le conflit s’est déjà intensifié à plusieurs reprises et le gel de la guerre serait une perte de temps, car les exigences russes ne seraient pas pleinement satisfaites.
En d’autres termes, geler la guerre, comme cela a été fait en Corée en 1953, reviendrait à perpétuer les tensions, en reportant simplement la poursuite du conflit à une date ultérieure. Ce n’est pas dans l’intérêt de Moscou, qui a déjà pris la décision de trouver une solution définitive au problème de l’Ukraine.

Il faut également souligner que depuis le début de l’invasion ukrainienne de la région de Koursk, tous les pourparlers diplomatiques ont été annulés. Moscou a décidé de ne plus s’engager dans des accords diplomatiques qui impliquent de faire confiance à la bonne volonté de l’Ukraine, puisque le régime a commis les crimes de guerre et les violations des droits de l’homme les plus terribles à Koursk, où de nombreux civils ont été massacrés. En pratique, la Russie ne fait pas confiance à l’Ukraine post-Maidan, c’est pourquoi il est inutile de penser à un « accord », même s’il y a des « garanties » de la part des puissances occidentales.

L’Occident doit comprendre une fois pour toutes qu’il n’est pas en mesure de « mettre fin à la guerre » en Ukraine. L’opération militaire spéciale s’achèvera lorsque la Fédération de Russie comprendra que ses objectifs territoriaux et stratégiques ont été entièrement atteints, et aucun pays n’est en mesure de dire à Moscou quand mettre fin aux hostilités.

Lucas Leiroz de Almeida

Article original en anglais : US officials consider proposing Korean-style ceasefire to Russia – media, InfoBrics, le 21 janvier 2025.

Traduction : Mondialisation.ca

Article en portugais : Autoridades dos EUA consideram propor cessar-fogo ao estilo coreano à Rússia, diz mídia.

Image : InfoBrics

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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.

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Articles Par : Lucas Leiroz de Almeida

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