Deux poids deux mesures

Derrière la peur de la violence islamiste se cache une toute autre réalité.

L’Iran revendique sont droit à l’énergie nucléaire. La Russie se frotte ouvertement les mains et les États-Unis rugissent en attendant de mettre en marche, pour une deuxième fois dans la région, leur machine de guerre. L’Europe rechigne pour la forme mais  fait patte de velours devant les États-Unis.

Après l’affaire des caricatures de Mahomet, qui a suscité d’innombrables réactions tant chez les musulmans que chez les non- musulmans, voici que les « méchants » se déchaînent à nouveau. L’Irak, au bord de la guerre civile, donne une fois de plus raison aux États-Unis. Cette guerre des religions entre shiites et sunnites a fait plus de 200 morts et des centaines de blessés, ouvrant la voie à une autre guerre des religions. L’Occident, comme à son habitude, veut jouer le donneur de leçons. Seul détenteur de la vérité et de la sagesse, il prévoit déjà que le méchant frappera à nouveau par la main de l’Iran.

Dans ce jeu de pouvoir, l’Occident se limite aux États-Unis, avec à ses basques l’Europe. Même si, à l’occasion, cette dernière rechigne, elle ne voudrait pas se mettre le grand frère à dos. Le Moyen-Orient, dominé par Israël (appuyé par les États-Unis), détient le pétrole mais réclame l’énergie nucléaire, par l’intermédiaire de l’Iran. Cette demande, légitime, fait valoir dans un premier temps que le pétrole n’est pas inépuisable et que les pays du Moyen-Orient doivent se préparer pour l’énergie nucléaire. Les États-Unis qui, s’ils refusent l’arme nucléaire à l’Iran ne trouvent rien à redire à ce qu’Israël possède un arsenal nucléaire dissuasif, menacent d’utiliser l’arme nucléaire contre l’Iran.  Menace que Washington a faite par le passé à l’Irak.

Quant à la République islamique d’Iran, elle ne renoncera pas à ses droits légitimes et insiste toujours pour avoir la maîtrise de la technologie nucléaire civile. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad,  lors de la manifestation du 11 février en l’honneur du 27e anniversaire de la révolution a répété, « L’énergie nucléaire est notre droit inaliénable ». Il refuse, à juste titre, de voir les Iraniens traités comme s’ils formaient une nation de primitifs. L’autre volonté de l’Iran est de ne pas rester les mains liées face aux États-Unis, à Israël et à ses voisins, des États nucléaires militairement parlant : la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Russie et la Corée du Nord. En fait, l’Iran réclame sa juste place sur la scène internationale.

Mahmoud Ahmadinejad, n’a pas plié devant les pressions et le chantage de la communauté internationale, dirigée par les États-Unis. Invité par le négociateur en chef iranien Ali Larijani, le vice-directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique est attendu, avec une équipe, à Téhéran le 11 juillet. Le but de son voyage est de trouver des solutions aux questions non encore réglées à propos du programme nucléaire de l’Iran alors que les autorités iraniennes refusent toujours de le suspendre et ce, malgré les menaces de sanctions.  « La politique de résistance pour défendre le droit de l’Iran (en matière nucléaire) continuera sans aucune faiblesse », a déclaré le président iranien. Pour sa part, l’ayatollah Ali Khamenei a renchérit « Le peuple iranien poursuivra ce qui est légitime pour l’Iran ».

Pendant ce temps, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le président vénézuelien Hugo Chavez s’unissent pour lutter contre l’impérialisme occidental. Au cours de son troisième voyage en Iran depuis 2005, Hugo Chavez a rencontré le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Les deux hommes se sont promis de renforcer leurs liens commerciaux bilatéraux. Le lendemain, le président vénézuelien et le président iranien inauguraient la construction d’une usine de méthanol à Assalouyeh, sur le bord du Golfe persique. L’Iran et le Venezuela détiennent à parts égales ce projet et une deuxième usine de ce type devrait être lancée au Venezuela. Dans le cadre de sa campagne anti-américaine, Hugo Chavez a visité plusieurs pays d’Amérique latine ainsi que la Russie et le Belarus. Le président vénézuelien défie ouvertement Washington et s’unit avec Mahmoud Ahmadinejad pour « opposer à l’impérialisme américain un axe de l’unité ». Hugo Chavez a chassé de son pays le mois dernier les géants pétroliers américains ConocoPhilipps et ExxonMobil.

L’union des pays d’Amérique latine, réputés antiaméricains, des États de l’ex-URSS et de l’Iran changera la donne, Il faut s’attendre à ce que le Moyen Orient et ses alliés ne plient pas devant la volonté et l’impérialisme occidentales.


Claude Herdhuin
, auteure, scénariste.



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