Dialogue imaginaire : Que penserait Boumediene s’il revenait parmi nous ?

«Les expériences humaines ont démontré que les liens spirituels (…) n´ont pas pu résister aux coups de boutoir de la pauvreté (…)  les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux. (…) Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d´hôpitaux.»

Discours de Boumediène à la Conférence des États islamiques à Lahore en 1974.

Résumé

Le quarante cinquième anniversaire du décès du président Boumediene survenu le 28 décembre 1978 nous donne l’opportunité de rappeler quelques traits de ce que fut l’homme , son ambivalence et son « héritage »  L’histoire de l’Algérie  c’est d’abord la succession de différents présidents à commencer par le président  Benbella de juillet 1962 et ceci jusqu’en 1965 date à laquelle le colonel  Boumediene prend le pouvoir. 27 décembre 1978, le président Boumediene meurt. Ce fut un époque de développement malgré les très faibles moyens; après une tentative de développement à marche forçée du président Boumediene Le colonel Chadli Bendjedid a été adoubé du fait  qu’il était «  le plus ancien dans le grade le plus élevé.

La période du président Chadli que certains appellent l’infitah caractérisé par la mise ne place du Programme Anti-Pénurie  En   janvier 1992 le président Chadli  Bendjedid démissionne  Nous eûmes  ensuite , les six mois du président Boudiaf assassiné. Ensuite ce sera la décennie  noire 1992 -2000,  avec l’intermède le Haut Conseil d’Etat et la courte mandature  du président Zeroual élue démocratiquement. 1999 vit la candidature et l’élection du président Bouteflika.  Après 4 mandats successifs il y eut  une tentative pour un cinquième mandat  alors que le président Bouteflika était malade. Le Hirak populaire et le recours à l’article 105 l’obligèrent à démissionner. Les élections  furent organisées en décembre 2019, et Abdelmadjd Tebboune sera élu président de la République.

Le but de cette contribution  est de porter témoignage de la vie  du président Boumediene qui, quoi qu’on en pense, avait donné à chaque Algérienne et chaque Algérien la fierté de cette identité. Dans plusieurs de mes écrits j’ai parlé de la nationalisation des hydrocarbures qui fut réellement un marqueur de recouvrement de souveraineté.  La deuxième vie de Boumediene est celle qu’il consacra à sa façon au développement à marche forcée du  pays.  Quarante cinq ans plus tard  on retrouve les vertus de l’industrialisation par le fer et l’acier comme ce fut avec l’épopée d’El Hadjar cette fois avec Gara Djebilet. On retrouve aussi la nécessité de ne pas vendre  des matières ^premières mais de vendre des  produits finis à forte valeur ajoutée.

L’occasion nous est donnée d’imaginer un nouveau dialogue imaginaire  à l’occasion du 45e anniversaire de sa disparition. Certes le monde a profondément changé mais les fondamentaux de la mise en place d’un  projet de société  qui résiste aux hommes sont toujours là. Je renvoie le lecteur au précédent interview post mortem de décembre 2008. (1)

Introduction

Rituellement, à la fin du mois de décembre, des hommages sont rendus au président Boumediene  un Algérien qui a marqué son époque. Beaucoup d’écrits ont été publiés sur ce personnage qui ne laisse indifférent ni ses laudateurs ni ses détracteurs qui lui reprochent d’avoir réduit les libertés à leur plus simple expression. A ma connaissance à sa mort, ses détracteurs ont découvert, avec étonnement, qu’il ne détenait aucun patrimoine immobilier, aucune fortune personnelle et que son compte courant postal était approvisionné à hauteur, seulement de 6000 dinars…  Un proverbe du terroir lui convient tout à fait  « ‘Ach ma kssab, mat ma khala ».Mais peut-on honnêtement ne parler que de cela et faire l’impasse sur les espérances qu’il avait suscitées en construisant l’Etat?

Quand Boumediene annonça lors d’un meeting: du 24 février 1971 «Kararna ta’emime el mahroukate» à la face du monde, par cet acte Boumediene tirait la première salve d’un Sud global qui relevait la tête ce qu’il compléta avec son fameux discours du 10 avril 1974 à la tribune des Nations Unies où il appelait à un Nouvel Ordre International plus juste. Un pays du Sud osait décider  contre l’ordre impérial, de reprendre en main son destin. Un mois  après le discours du président  tout ce que comptait l’Algérie comme potentialité universitaire dans cette promotion du Service national s’élançait à la conquête tout azimut du développement. Qui ne se souvient pas avec émotion des chantiers du Barrage vert, de la construction des 1000 villages pour reconstruire une petite partie des 10.000 villages détruits pendant la guerre de Libération, de la Transsaharienne, de la formation et de l’éducation et enfin, du développement des hydrocarbures, prenant sans complexe mais avec beaucoup de foi, de détermination et de feu sacré la suite des compagnies pétrolières qui, en partant, ont voulu asphyxier économiquement l’Algérie. Certes, beaucoup d’erreurs ont été faites mais le fait est là la nationalisation réussit et fut contagieuse pour les autres pays pétroliers de l’OPEP.

Qui est Houari Boumediene ?

De son vrai nom Mohamed Boukharouba, n sait qu’il naquit en 1932   dans un village proche de Guelma, il fut sa scolarité jusqu’au certificat d’études, il fit un séjour en Tunisie. Dans cette contribution on rapporte comment il  se fit connaitre :

« En 1955, étudiant à Al Azhar, il était inconnu au bataillon. En 1956, Ben Bella le jette dans les bras de la révolution.  La question qui se pose et qui reste une énigme : comment cet homme, un arabophone au milieu de francophones pour la plupart  avait-il émergé pour imposer sa loi ? La question fut posée au grand historien Mohamed Harbi qui répondit par une boutade : Boumediène avait le bon sens paysan. Et c’est ce bon sens qui est la principale qualité d’un chef,. Il avait aussi, et plus efficacement, la force des troupes derrière lui. (…) Depuis un certain temps, on retrouve les traces du défunt président dans les mémoires d’un certain nombre de ses proches ou compagnons. Ainsi en est-il des mémoires de Taleb Ibrahimi qui présente Boumediène, comme un être humain, avec ses faiblesses et ses forces.   Kissinger, le grand diplomate américain, évoque Boumediène dans ses mémoires. Il parle d’un homme fier et orgueilleux avec lequel il était possible de dialoguer (…)  » (2)

Boumediene revient parmi nous et donne son sentiment sur la situation du pzys  et du monde

Dans cette contribution  comme pour la précédente interview  nous avons résisté à la tentation de faire comme les autres et rapporter à l’infini les textes, interviews  nous préférons ce dialogue imaginaire en demandant à Boumediène de revenir parmi nous, l’espace de cette interview, pour tenter d’éclairer un peu plus la  jeunesse  qui, instinctivement, parle de lui avec respect.

Monsieur  le Président, vous avez pris le pouvoir par effraction et vous avez confisqué toutes les libertés.

Je ne veux pas revenir sur ces douloureux événements, l’Histoire – avec un grand H – me jugera. Mettez-vous dans la peau du nationaliste que j’étais et jugez-en plutôt : l’Algérie était à la fois menacée de l’intérieur par la division clanique et de l’extérieur par des pays, notamment par les appétits de nos voisins qui n’ont jamais accepté que l’Algérie soit aussi grande. Pour faire court, j’avais le choix entre continuer à être « une colonie à distance de la France » sous une autre forme et être inféodée à l’Egypte, soit repartir à zéro et reconstruire. J’ai opté pour le développement à marche forcée, j’avais pour cela une équipe de jeunes  qui y croyait autant que moi.

Justement, on dit que vous avez mené le pays à la ruine avec les « trois révolutions ».

Qui dit cela ? Les jeunes, on ne leur a pas donné tous les éléments pour juger !  Laissez-moi vous rappeler et rappeler aux jeunes ce qu’était le pays, ce qu’était l’Algérie en 1965. Après la période euphorique de l’Indépendance, où le pouvoir se croyait tout permis  le pays était plus exsangue que jamais. Que faire ? Pas d’argent ! Pas de cadres ! Pas de système éducatif ! Un pays profondément meurtri et déstructuré ! Un environnement international sans pitié. Il est vrai que l’aura de la révolution faisait que l’Algérie avait suscité un respect et une admiration réels.  J’assume avoir adopté le triptyque des trois révolutions que j’ai mis en oeuvre sans tarder durant les trois plans (le triennal et les deux quadriennaux). J’ai d’abord récupéré  l’or stocké à l’étranger,  je crois savoir que le stock  de 175 tonnes n’a pas évolué depuis . J’ai ensuite mis en œuvre trois plans de développement. On gagnerait à mettre en œuvre une planification.

Que pensez vous de l’éducation  et la formation supérieure ?

Je me dois de faire quelques rappels. Nous sommes en septembre 1962 pas d’enseignants nous avons du faire avec l’aide des pays étrangers notamment arabes  Il est vrai que Le système éducatif: a souffert d’une  une massification inévitable  26 nations «formataient» l’imaginaire de nos enfants avec tous les dégâts collatéraux que nous subissons. La massification de l’enseignement était une étape incontournable.  Il est vrai qu’à l’indépendance, l’Algérie avait besoin de retrouver son identité il fallait « accompagner » le fleuve et, graduellement, le canaliser cette soif de savoir  26 nations « formataient » l’imaginaire de nos enfants  La massification de l’éducation  était une étape incontournable.  J’avais cependant  consacré 30% du budget de l’Etat à l’Education nationale et effectué une scolarisation intensive.

Justement, monsieur le Président, quelles sont les  réalisations les plus importantes ?

Parlons-en ! Il faut savoir que de 1965 à 1978, l’Algérie a eu en tout et pour tout près de 22 milliards de dollars de rente pétrolière et nous étions dépendants du pétrole pour une très faible part. Le tissu pétrochimique actuel date de cette époque ! Nous sommes bien contents d’avoir une capacité de raffinage de 22 millions de tonnes, la première d’Afrique ! Nous sommes bien contents d’avoir encore quelques complexes pétrochimiques miraculeusement épargnés malgré la furie du mimétisme de la mondialisation ! J’avais initié un plan qui devait nous permettre de dépasser l’Espagne en termes de développement dans les années 80 !

La révolution industrielle, a permis la création de dizaines d’entreprises nationales, de dizaines de milliers d’emplois. On me dit qu’elles ont disparu ! Sans faire dans la nostalgie !  Disparue la Sonitex avec le plus grand complexe d’Afrique. Disparue la Sonacome qui fabriquait les tracteurs les moissonneuses batteuses.  Déclin d’El Hadjar ! Dans quel monde vivons-nous où nous sacrifions nos défenses immunitaires. Nous ne savons plus rien faire par nous-mêmes. J’avais mis en place aussi  et j’assume la révolution agraire, je voulais redonner la terre à ceux qui la travaillent, avec la mise en place de mille villages agricoles. On me dit que tout a été arrêté après les deux cents premiers villages.

Qu’avons-nous fait après 1978 du point de vue de la création de richesses ? Non seulement les projets en cours ont été abandonnés mais, de plus, la rente commençait à financer des dépenses de prestige et de nourriture de gaspillage sans lendemain ! Ne valait-il pas mieux continuer le développement à marche forcée plutôt que de « manger » la rente d’abord avec le PAP (programme anti-pénurie) où on donnait l’illusion que l’Algérie était définitivement « développé » ensuite avec  les dépenses et une gabegie avec une corruption structurelle.

L’usage de la manne pétrolière après 1978 :  Gaspillage et manque de vision

J’observe aussi avec amertume  qu’après  mon départ des politiques différentes ont été mises en œuvre caractérisées par une absence de création de richesse. Ma devise, faut il le rappeler, était qu’ « il   faut semer du pétrole pour récolter de l’industrie » . Nous avons investi jusquà 30% de notre PIB de l’époque .Souvenez vous : la manne pétrolière a permit d’engranger 22 milliards de dollars de 1965 à 1978, puis  environ 200 milliards de dollars pendant les vingt ans suivant. Et plus de 1000 milliards de dollars pendant les 4 mandatures de 1999-2019.

Pour avoir donné  un coup d’arrêt au développement en détricotant tout le tissu industriel mis en place à marche forcée entre 1965- 1978, où les actions étaient planifiées l’Algérie a raté son entrée dans le XXIe siècle . Certes du point de vue  social, beaucoup de réalisations objectives  sont à mettre à l’actif des  gouvernants. C’est ainsi que le système éducatif a permit la scolarisation de près de 10 millions d’élèves et 1.3 millions d’étudiants avec 300.000 dans la formation professionnelle. De même  des centaines de millions de logements furent construits. Mais tout cela ne crée pas de richesse ! d’autant que l’Algérien a vu son niveau de vie  sociale augmenter  avec une augmentation de la consommation d’énergie avec des prix dérisoires Tout ceci avec une démographie galopante qui sera dans un futur proche, je le crains, l’une des contraintes majeures.

On vous reconnait monsieur le Président une diplomatie lumineuse sous votre gouverne

Il est vrai que l’Algérie Mecque des Révolutionnaires militait pour un nouvel Ordre Si on devait retenir deux dates symboliques de l’aura de l’Algérie,  on retiendra  la conférence des chefs d’Etat de l’Opep en septembre 1973 , la conférence des Non alignés et la convocation à l’initiative des non alignés représentés par l’Algérie de l’appel à un Nouvel Ordre International. Akram Belkaid du Monde diplomatique  a eut raison à propos de la conférence des Non Alignés :

«  (…) Un large sourire éclaire le visage habituellement austère du colonel Houari Boumédiène, le numéro un algérien ne cache pas sa satisfaction alors qu’il préside la session de clôture du IVe sommet des non-alignés. Du 5 au 9 septembre 1973, à Alger, soixante-quinze États ont participé à part entière à la conférence, sans compter une trentaine d’organisations internationales et de libération — notamment celle de la Palestine, présidée par Yasser Arafat . Le  colonel traite désormais d’égal à égal avec ses pairs, du Cubain Fidel Castro au Yougoslave Josip Broz, dit Tito. Mais, si Boumédiène triomphe, c’est surtout parce que d’une part le sommet est une réussite sur le plan de la production idéologique, et que d’autre part la partie algérienne a pu imposer ses vues sur la nécessité de donner la priorité aux questions de développement. » (3)

Donner une visibilité  à l’OPEP  ne fut pas facile, le seul chef d’Etat arabe  avec lequel je m’entendais était le roi Faycal  il fallait mobiliser les chefs d’Etat des pays de l’OPEP, le premier sommet aura lieu à  Alger  Paul Balta en parle :

« Le 2 mars 1975  M. Abdelaziz Bouteflika a ouvert, le dimanche 2 mars,   la conférence des ministres des affaires étrangères, de l’énergie et des finances Le ministre algérien a opposé « la volonté de concertation et de dialogue du tiers-monde et singulièrement celle de l’OPEP  » à l’esprit de confrontation et d’intimidation qui anime les États-Unis et aux « grandes manœuvres stratégiques  » des États industrialisés. Parmi ces manœuvres la conférence mondiale sur l’énergie proposée par le président Giscard d’Estaing: « Derrière les mesures tactiques visant à amenuiser nos conquêtes fondamentales par l’érosion du prix réel du brut se profile une action d’envergure plus dangereuse, dans le but de dissocier le pétrole des autres matières premières et d’isoler les pays exportateurs de pétrole des autres pays en voie de développement, pour d’abord endiguer et le moment venu faire ployer l’OPEP puis rétablir le contrôle à leur seul profit sur les mécanismes de l’économie mondiale ». (4)

Il ne faut pas croire que la nationalisation du 24 février 1971 fut une sinécure, ce fut une bataille de haute lutte à la fois sur l’aspect préparation mais aussi sur la connaissance à l’avance des réactions de l’adversaire. A ce titre les services de sécurité ont fait un travail remarquable ; La nationalisation se passa globalement sans problème, ce qui ne fut pas le cas huit ans de la nationalisation des hydrocarbures en Iran La CIA intervint et « destitua » le docteur Mossadegh. Lors du discours à Lahore  j’avais  mis en garde, en vain, le «Nord» contre ce déséquilibre qui, s’il n’était pas résorbé, devait amener des cohortes de gens du Sud vers le Nord. Nous y sommes avec malheureusement   la vision des relations internationales est d’une brûlante actualité. l’Occident est plus arrogant que jamais.

Le Nouvel Ordre Economique  International  plus juste auquel j’avais appelé à la tribune de l’ONU d’avril 1974  est toujours d’actualité. J’avais mis en garde, en vain, le « Nord » contre ce déséquilibre qui, s’il n’était pas résorbé, devait amener des cohortes de gens du Sud vers le Nord. Ma vision des relations internationales est plus que jamais  d’une brûlante actualité. Je me suis battu en vain pour un nouvel ordre économique international. Je constate que l’Occident est plus arrogant que jamais, un monde plus juste est encore une utopie.

Que pensez vous de la mandature actuelle  et des actions réalisées ?

En un mot des actions importantes ont été engagées  malgré un environnement difficile ! J’ai observé   un changement de méthode dès le départ le ton est donné. Un peuple  qui ne croyait plus en ses dirigeants du fait d’une corruption qui a gangréné le corps sociale ; un baril  qui plongeait autour de 20 dollars   et en prime  le Covid qui a gelé une grande partie des activités. Beaucoup d’actions à saluer ont été faites pour moraliser la vie publique Nous avons pris beaucoup de retard ! Le chantier était titanesque parce que beaucoup de mauvaises habitudes de consommation   ont perduré avec la mentalité du bayleck .

De plus le monde connaîtra à l’horizon 2035-2050  un profond bouleversement de la carte énergétique et du pouvoir  à l’échelle  mondiale. L’Algérie n’échappe pas à ces nouvelles mutations, les changements économiques survenus depuis quelques années dans le monde avec la révolution du numérique, la géopolitique mondiale  sont autant de paramètres à prendre  en compte. L’orientation  salutaire du gouvernement algérien concerne aussi  la maîtrise énergétique est une prise de conscience  de la nécessité de changer de fusil d’épaule  en s’inscrivant  dans la dynamique  des changements d’ordre systémique mais dans le même temps pour le pays rattraper son retard dans la Révolution industrielle.

Pour terminer, monsieur le Président, que conseillez- vous à ceux qui prétendent à la magistrature suprême?

Parmi les multiples défis auquel sera confronté  le président,  trois chantiers me paraissent importants

1°Le système éducatif  devrait la pupille de l’action future

Reste le maillon   faible  celui de la formation des hommes. . Certes des actions positives sur l’aspect quantitatif  ont été réalisées  Mais dans le nouveau monde qui se dessine ce n’est pas l’aspect quantitatif qui prévaut mais l’aspect qualitatif   Rien de pérenne ne tiendra si nous n’avons pas une éducation de qualité Des  lycées d’excellence en mathématiques  pouvant mener les candidats au Bac Mathé des 2% actuels  à la barre des 25% qui est la moyenne mondiale devraient être mises en œuvre .

Si on veut arriver à  l’autonomie dans les secteurs fondamentaux de la sécurité alimentaire, énergétique et même scientifique les  pôles d’excellence sont  le plus sûr moyen de former une élite du savoir seule défense immunitaire notamment par le développement de l’informatique, de la robotique en un mot de la maitrise des data pour prétendre à  la mise  en place d l’intelligence artificielle qui préfigure les futures défis c’est la seule voie à suivre    Certes aussi  deux Grandes Ecoles ont été placées au pole de Sidi Abdallah qui devait abriter six autres Ecoles d’excellence informatique  Biotechnologie, Robotique  Sciences Economique Ecole de médecine 2.0…

L’effort devrait être poursuivi quelque soit les autres privations . Ainsi la formation de l’élite permettra de répondre  aux défis de la civilisation basée sur l’informatique et  l’Intelligence artificielle. Notre cap une fois accepté il nous faudra  de la détermination de la résilience des nuits blanches et par-dessus tout la volonté de convaincre pour entrainer le plus grand nombre  d’Algériennes et d’Algériens autour d’une utopie mobilisatrice avec une jeunesse éduquée fière de ses racines mais qui va à la conquête de la modernité avec  une mentalité de vainqueur.

2.Une vision de l’avenir énergétique adossée à un modèle adaptable

Au vue des défis multiples du pays notamment la pérennité de ce qui reste comme énergies fossiles aux générations futures au vue du défi de la neutralité carbone en 2050   je recommande fortement    de revoir le modèle de consommation énergétique afin de s’adapter aux nouvelles mutations et d’asseoir dans les faits les énergies renouvelables représentant en 2023, moins de 2% de la consommation intérieure. D’où l’importance  de  l’accélération de la transition énergétique devant nous orienter vers plus de sobriété énergétique combinant  hydrocarbures traditionnels, énergies  renouvelables dont le  solaire et l’hydrogène vert .

Pour s’inscrire dans la dynamique mondiale, Le moment est venue pour que Sonatrach  2024+ fasse sa mue et sa stratégie devrait s’inscrire  dans la stratégie globale du pays concernant l’avenir énergétique du pays   La problématique globale d’un modèle énergétique sous l’égide du Haut Conseil de l’Energie est une action importante à louer tant il est vrai que cette instance est une boussole pour le président . Sur la base d’une veille permanente le Haut Conseil de l’Energie permettra  d’aider le président à prendre la décision la plus optimale, car la nouvelle stratégie énergétique est inséparable d’une vision stratégique globale tenant compte des nouvelles mutations tant internes que  mondiales notamment la stratégie de la neutralité carbone d’ici 2050, la sortie graduelle des énergies fossiles décidée à la COP28 qui vient de se dérouler à Dubaï.  En  mettant en œuvre un modèle  flexible , Il est aussi plus que jamais utile que Sonatrach s’implique avec Sonelgaz dans la réussite du Plan renouvelable. L’hydrogène vert produit et qui pourrait graduellement remplacer le gaz naturel épargné comme viatique aux générations futures et  serait converti dans le cadre d’une pétrochimie verte en ammoniac vert en méthanol vert en  engrais verts et matières plastiques vertes.

3°.La dynamique de la Révolution industrielle : Acier, Phosphate ReseauTrains électrique

Si  j’ai un contentement c’est de voir qu’enfin le rêve  de 60 ans concernant  le développement de Gara Djebilet  se  réalise ceci est à mettre au crédit du président Tebboune qui a inauguré le chantier, et même le rail qui devrait permettre le transport du fer de Gara Djebilet Tindouf  Bechar sur 900 km Nous devons tout faire pour tenir les délais ! L’industrialisation lourde est une portée d’entrée royale pour le développement . Il est permis d’espérer, que l’Algérie passera  à une autre étape, celle de l’introduction des nouvelles technologies » (5)

Après 40 ans d’abandon de l’utopie  des industries  industrialisantes  le gouvernement  actuel revient se reconnecte avec la révolution industrielle avec les contraintes du XXIe siècle L’acier produit permettra de faire beaucoup de  choses qui font appel à l’acier . Je suis satisfait  aussi que non seulement la Transaharienne est une réalité qui  permet actuellement à l’Algérie son développement vers les pays voisins notamment du Sahel à la fois sur le plan économique, culturel et naturellement sécuritaire.  Je constate aussi avec plaisir que l’on programme  le développement du rail pour le Sud. Il est vrai que la stratégie actuelle d’un  Plan Marshall des Energies Renouvelables permettra de  disposer de l’électricité  solaire et éolienne.

Pensez qu’un train  électrique Alger Tamanrasset  c’est 12 heures. Imaginez tout ce qu’il est possible dans la politique de transport tout azimut du produit de la richesse agricole du  Sud  du développement des transports de voyageurs où le tourisme ne serait plus une vue de l’esprit quand les villes du Sud crées autour des gares qui sont des lieux de vie permettront de créer  cette utopie mobilisatrice  sur des décennies . Je constate avec satisfaction une reprise de confiance sur le fait  que le Sud avec le développement de l’agro-industrie est le plus sûr garant dans le cadre d’un SNAT  dynamique où le Sud sera  de plus en plus développé.

Comment percevez vous les évènements de Ghaza  et La cause palestinienne ?

Avec douleur et amertume !  J’avais  une haute idée du Monde arabe. Comme vous le savez, je n’avais de respect que pour le roi Fayçal qui avait, lui comme moi, une vision et un destin pour le monde arabe. S’agissant de la cause palestinienne, j’avais martelé à Kissinger que la cause palestinienne est sacrée et que nous sommes solidaires du peuple palestinien. « Exiger lui ai-je dit, plus que le peuple palestinien,  c’est de la démagogie, accepter moins que ce qu’il demande, c’est de la trahison ».

Le calvaire vécu par les Palestiniens à Ghaza depuis octobre 2023 est une tâche à la face des nations du monde musulman et aussi des roitelets du  Golfe pour qui le mouvement de résistance est un empêcheur des Accords d’Abraham qui pour  les pays arabes  est l’avenir consacrant définitivement leur reddition morale à un sionisme qui pense t-il les aidera à se développer sous son aile protectrice et celle des Etats Unis ! Cruelle erreur ! ce qu’Israël a fait relève d’une Shoah sous le regard   indifférent du monde et complaisant des pays arabes.

Une conclusion ?

« Les actions entreprises notamment le renouveau de la Révolution Industrielle avec les contraintes du XXIe siècle devraient,  ajoute,  Boumediene de mon point de vue être consolidées . Si j’ai un conseil à donner au futur président, poursuit le président, c’est de parler vrai à cette jeunesse  comme a su le faire  le regretté Boudiaf . Pour la mobiliser les dirigeants actuels   seraient bien inspirés s’ils prenaient exemple sur  des grands pays comme les Etats Unis . Souvenez vous! Après l’effondrement de la bourse en 1929 ; et le chômage qui s’en est suivi ont fait que le président  Delanoë Roosevelt  a mis en place une politique de  mobilisation des jeunes dans les grands travaux que les dirigeants actuels  pourraient   imiter par l’effort et faire du Sud une seconde Californie. »

« La Transaharienne  électrique, la création de villes nouvelles,  un réseau électrique vert  sont autant d’utopies  qui vont dans le sens de ce que j’avais démarré. Pour cela  après la Révolution de Novembre,  des pères fondateurs, après la Révolution de 1971 qui permit d’accédr à l’indépendance réelle en terme de ressources,  Il faut faire émerger de nouvelles légitimités qui seront le fruit de l’effort, de la sueur, de la compétence ».

 » Sans jamais oublier de ressasser que tout dépend de la formation des hommes, et des femmes pour prendre en main le destin du pays, Il ne faut pas oublier aussi la nécessité d’asseoir un récit national œcuménique en qui se reconnaitront les Algériennes et les Algériens Souvenez vous, poursuit Boumediene j’avais institué ajoute le président Boumediene  le Service national, qui fut un formidable  creuset du brassage de l’identité unique en son genre et qui permettait aux Algériens de se connaitre. « El Djazaïr  min ta lata :  Min Tlemcen li Tebessa :  Min Tizi Ouzou li Tamanrassset »  » L’Algérie va de Ta  a Ta  ; de Tlemcen à Tebessa; de Tizi Ouzou à  Tamanrasset » aurait dit Cheikh Nahnah Il a mille fois raison  ! C’est comme cela que l’on pourra consolider   un récit national  qui permettra aux Algériennes et Algériens, de ne pas être en apesanteur identitaire et de se lancer à la conquête des étoiles avec une mentalité de vainqueurs des innombrables défis qu’ils auront à relever. »

« L’objectif de rejoindre  les BRICS devrait être un chantier permanent  car le monde a changé, les hommes passent mais l’Algérie millénaire et ses enfants sont toujours là. Il peut arriver qu’il soit nécessaire  de prendre le parti d’être impopulaire -un temps- pour faire passer des réformes rendues nécessaires par la marche d’un monde de l’intelligence où ceux qui survivent sont de loin ceux qui ont la connaissance. C’est cela le défi de l’avenir pour cette Algérie qui « nous » tient tous tant à cœur quelque soit le lieu ou nous sommes ! »

Merci monsieur le Président, Puissiez-vous être écouté.

Professeur émérite Chems Eddine Chitour

Sénateur du Tiers Présidentiel

Image en vedette : Capture d’écran. Le président Houari Boumediene.

Notes :

1.https://www.lexpression.dz/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/si-boumediene-revenait-parmi-nous-61156

2. https://www.algerie-dz.com/forums/algerie/443968-la-seconde-mort-de-boumedi%C3%A8ne 28 décembre 2018,

3.https://www.monde-diplomatique.fr/2023/09/BELKAID/66060 

4.https://www.lemonde.fr/archives/article/1975/03/04/le-sommet-d-alger-les-ministres-de-l-opep-ont-adopte-la-declaration-solennelle-qui-sera-presentee-aux-chefs-d-etat_3100811_1819218.html

5.https://www.mondialisation.ca/lalgerie-renoue-enfin-avec-la-revolution-industrielle/5684125?doing_wp_cron=1702233664.2682120800018310546875

 



Articles Par : Chems Eddine Chitour

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