Donald Trump et le nouveau paradigme pour la paix

Le paradigme des « Accords d’Abraham » est devenu obsolète après le 7 Octobre

Donald Trump avait clos son premier mandat, en 2020, avec le « grandiose » « Deal du Siècle » pour faire « la paix définitive » au Moyen Orient : les Accords d’Abraham.

Il ne manquait à ce « Deal » du siècle que les principaux concernés : les Palestiniens !

Et pour cause ! Selon ces Accords, Israël a cessé d’être l’ennemi. Il a été remplacé par l’Iran, désigné le « grand ennemi » des Arabes.

Les Accords d’Abraham proposent donc aux Arabes ainsi menacés par le “méchant” Iran, une alliance avec l’état Hébreu, qui accepte de les défendre !

Un programme gigantesque de désinformation avait été déployé pendant de nombreuses années en direction des pays arabes pour préparer” ces Accords.

L’Iran a été présenté comme un pays hérétique qui attise les divisions entre Sunnites et Chiites pour déstabiliser les régimes du Golfe; un pays fournisseur d’armes au Polisario pour affaiblir le régime marocain; un pays qui se cache derrière les slogans propalestiniens mais qui est en fait leur ennemi, etc…

Cette campagne de diabolisation de l’Iran a fait mouche.

Les régimes du Golfe (sauf le Qatar et Oman), ainsi que le régime marocain ont rompu les relations diplomatiques avec l’Iran.

Et Quid des Palestiniens ?

Ils ont disparu de la géographie et de la nouvelle géopolitique néoconservatrice !

Trump avait donc réussi à convaincre certains pays arabes, dont le Maroc, à renier leurs engagements auprès de la Ligue arabe et les résolutions des sommets arabes, dont celui de Beyrouth en 2002, qui proposaient à Israël la paix contre les territoires palestiniens occupés en Juin 1967, en abrégé : la Paix contre la Terre.

La position solidaire arabe autour de cette proposition avait constitué un atout diplomatique important pour soutenir la cause palestinienne au cours des dernières décennies.

Trump a su la défaire, comme on défait une tresse d’oignons en tirant 3 ou 4 oignons, les autres se détachant tout seuls.
Sauf que quatre ans plus tard, les accords d’Abraham sont au point où Trump les a laissés, avec toujours uniquement quatre membres sur les 22 pays que compte la Ligue arabe.

Certes, les relations de certains pays arabes avec l’État Hébreu se sont développées alors même que ce dernier exécute son plan de génocide et de nettoyage ethnique des Palestiniens.

Entre-temps l’Arabie Saoudite s’est réconciliée avec l’Iran, en Mars 2023, grâce à la médiation de la Chine, ébranlant sérieusement la stratégie américaine d’opposer les Arabes à l’Iran.

Et puis le 7 Octobre 2023, « Toufane Al Aqsa » (déluge al aqsa) est venu bouleverser la région. (1)

Israël est apparu sous sa vraie nature d’entité qui ne peut exister que par le remplacement des Palestiniens. Ses intentions expansionnistes ont été clairement exprimées par Benyamin Netanyahu à plusieurs reprises.

En même temps, l’Iran est engagé pleinement dans le soutien de la résistance palestinienne. Voilà pourquoi il concentre contre lui toute la haine et l’agressivité d’Israël et de tout le camp impérialiste.

Le paradigme des « Accords d’Abraham » est devenu obsolète après le 7 Octobre.

Si Trump est pragmatique et ne cède pas à l’influence des néoconservateurs jusqu’au-boutistes (dont le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu), il devra avoir le courage de revoir sa copie.

La résistance palestinienne et pro palestinienne est sur le champ de bataille depuis 13 mois. Malgré l’énorme dissymétrie des forces en faveur des forces d’occupation israéliennes, appuyées militairement et politiquement par la coalition mondiale des pays impérialistes et de certains pays arabes, le champ de bataille à Gaza et au Liban est toujours aux mains de la résistance.

« Le jour d’après » ne peut être défini que par la résistance.

Alors que fera Trump ?

Continuera-t-il sur la lancée des néoconservateurs de l’Administration Biden jusqu’à obtenir «la victoire absolue » promise par Benyamin Netanyahu ?
Guerre à outrance qui peut dégénérer à tout moment en une guerre régionale, voire mondiale ?

L’image des États Unis dans le monde s’est considérablement dégradée. La guerre de génocide qu’ils mènent aura des conséquences incalculables chez les peuples arabes et musulmans, ainsi que parmi les Américains et les autres peuples du monde.

Les deux mois qui nous séparent de l’investiture du nouveau Président seront décisifs.

Si la transition se fait dans les règles, aucune action importante qui engage la nouvelle législature ne peut être menée sans l’accord du nouveau Président.

Trump a promis à son électorat – en particulier arabe et musulman – de mettre fin à la guerre.

On voit mal une nouvelle agression israélo-américaine être lancée contre l’Iran pendant cette période de transition de deux mois.

La guerre d’Ukraine, autre obsession d’hégémonie des néoconservateurs et la guerre à Gaza, au Liban et les actions agressives contre l’Iran ont couté des centaines de milliards, voire des trillions de dollars au budget américain.

Si le nouveau Président veut relancer l’économie et mettre fin à l’inflation, il devra arrêter cette hémorragie.

Les États Unis devront dépasser l’ère des néoconservateurs et accepter de vivre dans un monde multipolaire et non plus être l’unique superpuissance dont l’hégémonie est illimitée.

Trump, en homme d’affaires averti, devra minutieusement soupeser le coût qu’engendre le soutien inconditionnel à Israël aux bénéfices que ce régime lui rapporte.
Si Trump veut une paix durable et une économie prospère il faudra qu’il reconnaisse le Droit des Palestiniens à vivre libre dans leur pays et le droit de retour pour ceux en exil forcé.

La seule solution viable est un État unique débarrassé du suprémacisme et l’apartheid sionistes et qui garantisse l’égalité des Droits pour tous.

René Naba

 

 

RÉFÉRENCES

  1. Ce qui aurait pu rester une opération limitée de la résistance qui a pris par surprise deux bases militaires chargées de surveiller et d’appliquer le blocus de Gaza, et dont l’objectif initial était de se saisir d’otages à échanger avec les 20.000 prisonniers otages d’Israël , a tourné le lendemain en « récit d’un holocauste », digne d’un scénario d’horreurs hollywoodien mis en scène par Netanyahu et ses services de propagande pour faire appel à la « Shoah » et justifier le génocide et la mise a exécution du plan des colons fascistes pour vider Gaza de ses habitants et l’annexer.
  2. Cela rappelle la méthode utilisée par les milices sionistes en 1948 : massacrer tous les habitants d’un village, à l’exemple de Deir Yassine, et le faire savoir dans toute la région pour forcer les autres villageois à quitter.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ces liens

Sur les objectifs d’Israël

Sur la responsabilité de Joe Biden dans la réélection de Donald Trump

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Anis Balafrej: Ingénieur, diplômé de l’École Centrale Paris, membre éminent du militantisme marocain pro palestinien, Anis Balafrej est le fils de Mohamad Balafrej, chef du parti Al Istiqlal, (L’indépendance), animateur du combat contre le protectorat français sur le Maroc.



Articles Par : Anis Balafrej

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