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Droits des femmes au Canada : Le retour des conservateurs serait désastreux
Par Collectifs d'auteurs
Mondialisation.ca, 05 octobre 2015
ledevoir.com
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Photo : Artiste: Angela Sterrit Source :  Journée de commémoration pour les femmes autochtones disparues et assassinées

Texte collectif – Les cinq principales signataires de ce texte sont : Martine B. Côté (Québec), Isabelle Boisclair (professeure, Sherbrooke), Véronique Côté (comédienne et auteure, Québec), Marie-Andrée Denis-Boileau (avocate, Gatineau) et Janine Sutto (comédienne, Montréal).

II est vrai que le débat sur le niqab divise les féministes. Certaines revendiquent le droit pour chaque femme de choisir ce qu’elle porte, fût-ce un niqab, tandis que d’autres croient qu’on devrait limiter le droit de le porter. Mais elles s’entendent toutes sur un point : le retour d’un gouvernement conservateur serait désastreux pour les femmes. Ainsi, nous souhaitons rappeler que ce lapin électoral sorti du chapeau de Harper n’est destiné qu’à détourner l’attention de neuf années d’actions conservatrices qui ont nui aux femmes d’ici et d’ailleurs.

Voici la triste énumération de ces actions :

La réduction de 37 % du budget de Condition féminine Canada et la fermeture de 12 des 16 bureaux régionaux de l’organisme ; l’abolition du programme de contestation judiciaire qui permettait aux femmes de se tourner vers les tribunaux pour obtenir l’équité salariale (désormais, un syndicat reconnu « coupable » d’aider une femme dans une plainte pour équité salariale pourrait écoper d’une amende de 50 000 $).

L’élimination du programme national de garderies et des ententes connexes avec les provinces qui étaient prévues. Les conservateurs l’ont remplacé par une allocation imposable de 100 $ par mois par enfant d’âge préscolaire.

La destruction des données du registre des armes d’épaule, un document que les corps policiers jugeaient utile dans la lutte contre la violence conjugale et la prévention d’éventuelles tueries comme celle de Polytechnique ; l’instauration du fractionnement du revenu, qui nuit à l’indépendance financière des femmes. Cette mesure fiscale pourrait inciter la personne qui, dans un couple, gagne le salaire le moins élevé à quitter le marché du travail. Dans une majorité de couples, cette personne est une femme.

Le report de l’âge d’admissibilité aux prestations de Sécurité de la vieillesse de 65 à 67 ans, qui pénalisera particulièrement les femmes. Une majorité d’entre elles ayant gagné moins que les hommes au cours de leur vie, leur coussin de retraite est moins important. Reporter de deux ans l’accès à ces sources de revenus aura de graves conséquences pour beaucoup de femmes.

Le retrait, du jour au lendemain, du financement que recevaient 12 organismes venant en aide aux femmes. Ces groupes avaient en commun de s’opposer à la politique adoptée par le gouvernement conservateur en matière de soutien à la santé maternelle à l’international, qui refuse de financer tout programme humanitaire s’accompagnant de soutien à l’avortement, même en cas de viol.

L’abolition du Programme de contribution pour la santé des femmes, la fermeture de l’Agence canadienne de contrôle de la procréation assistée et la suppression du Conseil du bien-être social ; l’absence de représentativité des femmes au sein des instances et nominations conservatrices (les femmes ne représentent que 17 % du caucus conservateur, et seules 30 % des personnes nommées au Sénat sont des femmes) ; l’élimination du financement au groupe Soeurs par l’Esprit, qui travaillait à recenser les femmes autochtones disparues.

Mais surtout, surtout, le refus de mettre sur pied une Commission d’enquête nationale sur la disparition ou le meurtre de 1200 femmes autochtones. Tout cela sans compter, comme nous l’apprenait Le Devoir du 24 septembre 2015, qu’au moins un quart des candidats conservateurs sont contre l’avortement. Sans évacuer le malaise qu’éprouvent plusieurs femmes devant le port du niqab, nous nous unissons derrière l’idée que les conservateurs sont les véritables adversaires des droits de toutes les femmes.
Ont également signé ce texte:
Danielle Proulx (comédienne, Montréal), Anne-Marie Olivier (comédienne et auteure, Québec), Léa Clermont-Dion (candidate à la maîtrise, Montréal), Martine Delvaux (auteure et professeure, Montréal), Nadjet Bouda (candidate à la maîtrise, Montréal), Johanne Heppel (traductrice, Montréal), Suzanne Bouclin (professeure de droit, Ottawa), Armande Babin (mère à la maison, Québec), Armande Saint-Jean (professeure retraitée, Sherbrooke), Françoise Pelletier (chroniqueuse, Saint-Hyacinthe), Catherine-Amélie Côté (comédienne, Montréal), Aurélie Lanctôt (étudiante en droit, Montréal), Ève Landry (comédienne, Montréal), Marie-Thérèse Fortin (comédienne, Montréal), Carole Fréchette (auteure, Montréal), Lorraine Pintal (comédienne et metteure en scène, Montréal), Helen Faradji (critique de cinéma, Montréal), Ginette Noiseux (directrice de théâtre, Montréal), Sarah Berthiaume (auteure et scénariste, Montréal), Sandrine Ricci (doctorante et chargée de cours, Montréal), Katherine Marcil (étudiante, Québec), Émilie Tremblay (travailleuse de la culture, Québec), Jenny Corriveau (conseillère publicitaire, Amos), Marie-Josée Forget (comédienne, Montréal), Liliane Roy (journaliste à la retraite, Québec), Jessica Gaouette (avocate, Gatineau), Rachel Touzel (ingénieure, Montréal), Aurélie Monet Kasisi (architecte, Montréal), Maud Pontel (coordonnatrice, Montréal), Valérie Arsenault (artiste, Sherbrooke), Gaëlle Baïlon-Poujol (enseignante, Rimouski), Maude Bonneville (enseignante, Montréal), Mylène Jaccoud, (professeure, Montréal), Marie-Ève Sylvestre (professeure, Ottawa), Martha Jackman (professeure, Ottawa), Annick Vallières (doctorante, Saint-Jean-sur-Richelieu), Élise Allard (comptable, Montréal), Gabrielle Ladouceur-Despins (Montréal), Ghislaine Jalbert (retraitée de la fonction publique, Montréal), Catherine Lavarenne (étudiante au doctorat, Montréal), Élisabeth Germain (militante féministe, Québec), Christiane Bessette (rédactrice, Nantes), Marilyn Perreault (comédienne, Montréal), Julie Boivin (candidate à la maîtrise, Montréal), Julie Charron (enseignante, Montréal), Camille Ng (entrepreneure web, Montréal), Myriam Côté (comédienne, Montréal), Justine Éthier (conseillère à l’exportation, Saint-Sauveur), Aurélie Baïlon-Poujol (infirmière, Ottawa), Lori Saint-Martin (auteure et professeure, Montréal), Pascale Navarro (auteure et journaliste, Montréal), Julie LeBreton (comédienne, Montréal), Brigitte Poupart (comédienne et metteur en scène, Montréal, Sonia Ghaya (Montréal), Isabelle Doutreloux (Verdun)

Ce texte collectif a été publié initialement dans le journal montréalais Le Devoir.

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