Élections régionales en Colombie : 7 candidats tués, 46 autres menacés

Depuis le début de la campagne pour les élections régionales, 7 candidats ont perdu la vie et au moins 46 autres ont été menacés. Les perspectives sont inquiétantes. Dans la lutte pour le pouvoir local, certains candidats luttent pour la poursuite de leurs aspirations politiques et rester en vie.

Faire de la politique dans de nombreuses régions de la Colombie est une activité dangereuse. Les élections de 2019 contrastent avec celles de 2015, les plus pacifiques de l’histoire récente. Selon le Bureau du Médiateur, dans 402 municipalités, la présence d’acteurs armés illégaux présente un certain niveau de risque, mais le gouvernement d’extrême droite d’Iván Duque n’agit pas contre l’insécurité publique et le massacre en masse des dirigeants politiques, syndicaux, paysans et autochtones.

Lors des prochaines élections, le 27 octobre, les Colombiens éliront les gouverneurs des départements, les maires locaux, les députés aux assemblées départementales, les conseillers municipaux, les élus locaux et les membres des conseils administratifs locaux. Les analystes suggèrent que le retour de la démocratie locale et les appels d’offres aux groupes criminels pour les territoires sont à l’origine des meurtres et des menaces des candidats et des militants sociaux.

Les chiffres officiels indiquent qu’entre le 27 octobre 2018 et le 27 août 2019, des actes de violence ont été enregistrés contre 364 dirigeants politiques, sociaux et communautaires, dont 91 ont été assassinés depuis le début du calendrier électoral.

Ces élections sont les premières où les FARC, ancienne guérilla transformée en parti après les accords de paix de décembre 2016, sont considérés dans les territoires comme un nouvel acteur politique. Depuis la signature de l’accord, 160 ex-combattants ont été assassinés et maintenant que les élections approchent, les menaces contre les dirigeants du parti se multiplient.

Les organisations de défense des droits de l’homme, les partis politiques eux-mêmes et les commissions internationales ont demandé au gouvernement de multiplier et de renforcer les mesures de protection. La situation est si dramatique que certaines municipalités ont même envisagé d’annuler les élections.

Depuis la clôture de l’enregistrement des candidats le 27 juillet, 53 candidats ont été officiellement enregistrés comme victimes de violences politiques : 39 ont été menacés, deux ont été enlevés, cinq ont été victimes d’attaques et sept autres ont été tués.

Les membres du Centre démocratique, le parti de l’ancien président Álvaro Uribe, ont déclaré qu’il y avait 68 militants en danger, dont des candidats, des membres du Congrès et des membres de la direction. Les zones les plus préoccupantes restent celles qui ont subi le conflit interne, telles que Cauca, Norte de Santander et Nariño.

Pendant ce temps, après les journées de mobilisation et de protestation, la dernière le 12 septembre, les menaces contre les enseignants se sont également poursuivies. Depuis le début de l’année, plus de dix personnes ont déjà été assassinées et 720 menaces ont été enregistrées, a dénoncé Nelson Alarcón, président de la Fédération colombienne des travailleurs de l’éducation.

Alarcón a déclaré que la « Caravane pour la vie et la paix » prévue pour le Cauca et d’autres départements du pays a dû être reportée indéfiniment après les menaces que le syndicat des enseignants a reçues des « Aigles Noirs », les escadrons paramilitaires de la mort.

Causes

Le Centre de ressources pour l’analyse des conflits (CERAC) a rappelé que l’Accord de paix a intensifié la concurrence politique dans les régions du pays où la démocratie était pratiquement éteinte, tandis que dans certaines de ces régions, les conflits entre organisations criminelles ont également augmenté.

La combinaison de ces deux phénomènes explique, selon le CERAC, l’augmentation de la violence politique qui menace la vie de ceux qui exercent une sorte de pouvoir organisationnel – communautaire ou politique – dans ces régions.

Cette année, 36 personnes ont été blessées lors d’attaques de violence politique, soit une augmentation de 50% par rapport à 2015 (24 blessés) et un doublement du chiffre enregistré en 2011 (18 blessés). La violence politique est très ciblée : en 2019, les actions étaient concentrées dans 15 % des municipalités du pays (151 sur 1 022 municipalités), en 2015, elles en ont touché 13 % (129 sur 1 022) et en 2011, 11 % (109 sur 1 022).

Pour le CERAC, il existe un lien entre la violence politique et les conflits des groupes armés, puisque sept zones les plus touchées par cette forme de violence font état de conflits parmi ceux qui cherchent à contrôler l’exploitation des rentes criminelles : la région de Catatumbo, la région du Bajo Cauca en Antioquia, le département de Arauca, Chocó, principalement dans les municipalités bordant Urabá à Antioquia, le sud du Valle del Río Cauca, le nord des Andes au Cauca et la région Pacifique de Nariñense.

Camilo Rengifo Marín

 

 

Article original en espagnol : Elecciones regionales en Colombia: asesinan a siete candidatos y amenazan a otros 46, Estrategia.la, le 20 septembre 2019.

Traduction par Réseau International



Articles Par : Camilo Rengifo Marín

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