Entre la Pacha Mama et les mines à ciel ouvert

« La consultation préalable du peuple figure dans la Constitution, mais la loi stipule qu’elle n’a pas de caractère inaliénable, en d’autres termes, d’après l’autorité de l’État, elle n’est pas obligatoire. Alors, à quoi sert-elle ? Voici une autre des grandes contradictions de ce processus », déplore Pablo Mamani.

Pour la sociologue Silvia Rivera, auteur du livre Oprimidos pero no vencidos [Opprimés mais pas vaincus], « il existe tout un très beau discours sur la Pachamama et pourtant des centrales hydroélectriques immenses se construisent, des barrages qui inonderont des terres indigènes … une multitude d’infrastructures démontrant qu’il s’agit bien d’un projet néo-développementiste et en ce sens, il implique le mépris de l’indigène », affirme Rivera.

L’un des sujets où le plus grand écart existe entre les discours et les politiques concerne l’exploitation et l’industrie minière. Au grand Sommet de Cochabamba sur le Changement Climatique et l’Environnement en avril 2010, la CONAMAQ avait proposé une table de discussion sur la pollution minière. « Le Gouvernement a catégoriquement refusé d’inclure ce sujet en déclarant qu’il ne s’agissait pas d’un sujet universel mais local. Mais alors : où les mines ne contaminent-elles pas ? », dit Silvia Rivera.

Pourtant on contamine à San Cristobal, dans le département de Potosi. Le 16 avril 2010, environ 900 habitants de trois provinces de ce département ont assailli puis brûlé les bureaux de la plus grande mine de Bolivie, gérée par la japonaise Sumitono. Les membres des communautés [les comunarios] exigeaient, entre autres revendications, que la mine paye pour l’utilisation quotidienne de 50.000 mètres cubes d’eau. Une quantité qui menace sérieusement les cultures et l’approvisionnement d’eau dans une zone désertique.

D’après les calculs du spécialiste Jorge Molina, le remplacement des eaux fossiles, piégées il y a dix mille ans, prendrait six décennies dès l’arrêt du pompage. À ces effets, il faut ajouter la pollution des eaux avec l’aluminium, l’arsénique, le cadmium, cobalt, cuivre, fer, manganèse, nickel antimoine et le zinc.

Face à la mobilisation, le Gouvernement a réagit appelant les paysans à se replier et à accepter le dialogue car « des intérêt locaux et régionaux étaient en jeu », d’après les propos du vice-président Alvaro Garcia Linera. L’exportation de minerais, commencée en 2007, génère des bénéfices annuels d’un milliard de dollars pour Sumitono. L’État bolivien reçoit à peine 3,5 % du total.

Traduit de l’espagnol pour Truks en Vrak par Marina Almeida, révisés par Michèle Landais



Articles Par : Martín Cúneo

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