La philosophe et écologiste indienne partage ses outils de résilience. Invitée exceptionnelle de l’association À Ciel Ouvert le 14 juillet dernier, la philosophe et écologiste indienne Vandana Shiva est intervenue dans l’Ain pour la journée “Passeurs du Vivant”.
Inspirante et optimiste, elle a “cultivé l’espérance” auprès du public sans rien perdre de sa lucidité face aux stratégies des puissants de ce monde qui menacent le vivant. Changement climatique, technologie, jeunesse, big pharma et big AG (agro-industrie) : elle partage ses pensées autour de ces sujets dans un entretien exclusif accordé à la rédaction d’Essentiel News.
Invitée exceptionnelle de l’association À Ciel Ouvert le 14 juillet dernier, la philosophe et écologiste indienne Vandana Shiva est intervenue dans l’Ain pour la journée “Passeurs du Vivant”. Inspirante et optimiste, elle a “cultivé l’espérance” auprès du public sans rien perdre de sa lucidité face aux stratégies des puissants de ce monde qui menacent le vivant.
Changement climatique, technologie, jeunesse, big pharma et big AG (agro-industrie) : elle partage ses pensées autour de ces sujets dans un entretien exclusif accordé à la rédaction d’Essentiel News.
Semences d’espérance, semences de résilience
Vandana Shiva, emblème mondial de la révolution écologique et cheffe de file du mouvement altermondialiste, a fondé sa philosophie sur la pédagogie par l’exemple:
La seule façon d’avoir de l’espérance et de la résilience, c’est à la fois de connaître son propre pouvoir, mais aussi d’être solidaire avec ceux qui vivent l’expérience et connaissent la vérité.
Autrice de plusieurs ouvrages, elle prépare la sortie d’un nouveau livre pour fin de l’année qui devrait s’appeler “La nature de la nature, le trouble métabolique du changement climatique”.
À travers cet écrit, elle espère apporter un éclairage sur les confusions qui règnent aujourd’hui au sujet du fonctionnement de la nature, notamment sur les nombreuses analyses anti-scientifiques qui dominent les réflexions à propos du changement climatique.
Elle rappelle dans son intervention que la nature est un organisme vivant complexe et l’importance de s’adresser à l’ensemble du système vivant, car il ne peut pas exister un unique baromètre – par exemple la température – pour prendre la mesure du problème.
Je pense que le débat sur le climat est très déséquilibré. Il y a tellement de paramètres pour tout système vivant et maintenant nous ne pensons plus qu’à la température. Mais c’est aussi déséquilibré car très peu de gens sont engagés dans la discussion, bien que cela affecte tout le monde, en particulier ceux qui n’y ont pas contribué. Selon moi, c’est une question très importante de justice environnementale.
Éco-féminisme & solution climatique
Forte de son expérience en Inde où elle constate une forte accentuation des catastrophes naturelles, Vandana Shiva, célèbre pour son engagement éco-féministe, prévoit d’expérimenter une solution audacieuse qui serait implémentée avec l’aide des femmes:
L’année prochaine, je vais travailler avec les femmes pour qu’elles deviennent elles-mêmes des observatrices du climat. Pour qu’elles puissent mesurer comment, au lieu d’une pluie de 2 pouces, elles subissent une pluie de 20 pouces. Elles auront des pluviomètres et elles seront également préparées avec des stratégies de résilience.
Les ressources des “technologies de la nature”
Toujours aussi lucide face aux méfaits des grandes industries, Vandana Shiva n’a pas manqué lors de cette journée de rencontre avec le public francophone de dénoncer les manipulations sur le climat, la géo-ingénierie, les dérives de la technologie moderne, la corruption des organismes pharmaceutiques, agricoles, politiques… sans jamais perdre pour autant son optimisme contagieux:
La beauté de ceci est que les mêmes systèmes causent les problèmes de climat et de biodiversité, causent la faim et la maladie, causent le problème du chômage, le problème du désespoir.
En intensifiant la biodiversité, nous pouvons nourrir deux fois la population mondiale, résoudre le problème climatique, s’attaquer au problème de la faim.
Les systèmes qui travaillent avec la Terre, en harmonie avec la Terre, reconstruisent la biodiversité (…). Dans une période de survie et de crise écologique, nous avons besoin de technologies qui guérissent la terre, et régénèrent la terre. Nous n’avons pas besoin de nouveaux outils de surveillance et d’appropriation.
Avec confiance dans les ressources offertes par la planète, elle invite le public à réapprendre à voir les technologies de la nature:
Je dis toujours que la photosynthèse est la technologie la plus avancée au monde, parce qu’elle absorbe du dioxyde de carbone avec le soleil, le transforme en molécule de vie, en hydrate de carbone et en oxygène que nous respirons. C’est cela la technologie.
Et l’espérance vient de l’action
Pour conclure cette journée de rencontre, Vandana Shiva revient à la source de l’espérance et encourage chacun à passer à l’action tout simplement:
L’espérance n’est pas un produit. L’espérance est cultivée par votre action, vous cultivez l’espérance. C’est un processus actif.
C’est le travail que nous devons faire: Éjecter cette cupidité toxique qui détruit la Terre, nos corps, nos communautés, et la démocratie.
