Escadrons de la mort en Iraq : Un instrument de l’occupation

Le 14 novembre 2006 des milices et des pelotons de la mort habillés en commandos de police, ont enlevés jusqu’à 150 personnes, du personnel et des visiteurs, lors d’une descente en plein jour — l’un des raids quotidiens dans l’ensemble de l’Irak — dans l’annexe du Ministère des Hautes Études au centre de Bagdad. Bien que quelques otages ont été libérés, le destin des autres est inconnu. Il est avancé qu’un grand nombre d’otages ont été torturés et d’autres assassinés. La totalité des descentes, le kidnapping, les tortures, les meurtres continuels de civils et les massacres, font partie de la guerre d’agression illégale et raciste commise par les USA et la Grande-Bretagne contre une nation sans défense au mépris du droit international et des institutions internationales.

Laissez-moi formuler l’évidence. Les USA n’ont pas envahi l’Irak pour établir la « démocratie » ni pour « libérer les Irakiens ». Les USA ont envahi et détruit l’Iraq afin d’humilier et de diviser les musulmans — les arabes en particulier –, pour protéger l’expansion sioniste d’Israël et contrôler les richesses naturelles de l’Irak. Ainsi, l’imposition par la force de la démocratie par les USA est une supercherie. « La démocratie est comme une plante ; elle grandit du bas vers le haut, et non pas du haut vers le bas ». Le sabotage par les USA de la démocratie en Palestine et leur soutien à la destruction criminelle du Liban par  Israël sont juste deux exemples actuels de leur amour pour la démocratie. Ainsi, s’imaginer que les USA et ses alliés sont en Irak pour stabiliser la situation est erroné. La déstabilisation était l’un des objectifs de la politique étrangère US. La guerre gratuite d’agression et la présence US continuelle en Irak, avec la construction illégale de bases militaires US et du plus grand poste de la CIA du monde sur le sol irakien, sont les principaux facteurs de déstabilisation. Les objectifs des USA ont toujours été d’affaiblir l’Irak, de diviser son peuple et de le contrôler derrière un façade de faire-valoir corrompus, avec une armée et une police pauvrement entraînées et chichement armées.

Longtemps avant l’invasion, les USA et ses alliés se sont impliqués dans la formation et l’équipement de dizaines de milliers de miliciens et de collaborateurs contre l’Irak. Les plus manifestes de ces groupes de miliciens sont :

1. Le Congrès National Irakien mené par le gouvernement accusé d’Ahmed Chalabi.

2. La Concorde Nationale Irakienne, mené par Iyad Allawi, « l’homme fort » le plus apprécié des US/Britanniques en raison de son passé criminel. Les deux groupes sont constitués d’irakiens expatries (dont des ex-baasistes), entraînés et armés par les USA et la Grande-Bretagne.

3. La Brigade de Badr, l’aile armée du parti religieux da’awa/SCIRI menée par Abdul Aziz Al-Hakim, Ibrahim Al-Jaafari et Nuri Al-Maliki. Ce groupe est constitué de milliers d’Irakien expatriés et d’immigrés iraniens illégaux, expulsés d’Irak dans les années 80. Le groupe est entraîné et fortement armé par l’Iran et les USA.

4. La milice Kurde (les Peshmerga), menée par d’opportunistes seigneurs de guerre, a été formée et armée par les USA et Israël.

Chacun des quatre groupes a été impliqué dans des actes de terrorisme et a pris les armes contre l’État irakien. Avec la bénédiction et les armes US, ils ont remplacé les forces militaires et policières irakiennes après le congédiement de celles-ci.

Il y a aussi le mouvement contre l’occupation de Sadr (connu sous le nom de l’Armée du Mehdi), mené par Muqtada Al-Sadr. Il encaisse le choc des attaques des médias occidentaux, avec la diabolisation et les accusations de crimes. Les forces US et leurs collaborateurs ont ciblé le mouvement dans différentes régions d’Irak dans des attaques meurtrières. Les récentes attaques à la voiture [piégée] et au mortier sur Sadr City, qui ont pris la vie de plus de 200 civils et en ont blessé beaucoup plus ont été coordonnées — comme toujours — par des forces US. L’implication du mouvement dans les crimes contre les civils irakiens reste non prouvée. L’influence exercée par Al-Sadr sur les nombreuses unités de l’Armée du Mehdi est inconnu. Cependant, Al-Sadr a déjà dénoncé publiquement ceux qui travaillent contre les intérêts de l’ensemble des Irakiens, comme les marionnettes du gouvernement.

Durant l’invasion de l’Irak, les quatre groupes de miliciens entraînés ont accompagné les troupes d’invasion pour fournir un soutien et pour terroriser la population civile. La Brigade de Badr, armée de tanks et de transporteurs de troupes, ont envahi l’Irak depuis l’Iran pour faciliter l’invasion des forces US/Britanniques. La milice kurde a attaqué les forces irakiennes postées dans les provinces du nord. Les quatre groupes sans exception ont participé à la mise à sac et au pillage des richesses de l’État irakien, dont son héritage culturel, sous [les « yeux »] des écrans radars des troupes d’invasion. Aujourd’hui, les meneurs de milices forment environ deux tiers des marionnettes du gouvernement irakien imposées par les USA, et ils exercent une importante influence sur les forces de l’armée et de la sécurité irakiennes nouvellement créées par les USA, dont le Ministère de l’Intérieur.

Depuis l’invasion, chaque groupe de milicien s’est transformé en plusieurs escadrons de la mort et en gangs criminels comme : la Wolf Brigade, la Karar Brigade, la Falcon Brigade, la Amarah Brigade, la Muthana Brigade, les Défenders of Kadhimiyah, et les commandos spéciaux de police. Ils sont armés et financés par les USA et leurs alliés, et entièrement intégrés à l’occupation. Chaque groupe est prudemment utilisé par les forces d’occupation pour terroriser la population civile irakienne dans une campagne conçue pour miner le soutien de la population civile à la résistance irakienne contre l’occupant. Des sources militaires US ont ouvertement admis que les populations qui apportent un fort soutien à la résistance, « ne payent pas le prix pour le soutien qu’elles donnent au [résistants]… nous devons changer cette équation », (Newsweek, le 14 janvier 2004). En d’autres termes, les civils irakiens sont délibérément visés pour leur rejet de l’occupation.

Dans son « Let a Thousand Militias Bloom », (laissez fleurir un millier de milices), Arun Gupta écrit que, « Le gouvernement US se rend non seulement compte de ces milices illégales, mais il les arme, les entraîne et les finance pour s’en servir dans ses opérations contre-insurrectionnelles ». Selon Greg Jaffe du Wall Street Journal (WSJ), des « commandos spéciaux de police » — utilisés dans l’ensemble de l’Irak, ont conduit des assassinats criminels connus sous le nom de « Salvador option » dans la pleine connaissance des forces US. « Pilonner pour briser, bien qu’ils soient la plus coriace force que nous ayons », Colonel Dean Franklin, un officier supérieur du commandement du Général David Petraeus, a dit Greg Jaffe (WSJ, le 16 février 2005). Les forces d’occupation ont aussi réussi à retourner un groupe de milice contre un autre en utilisant la population civile comme du fourrage (sic). « Et tout est arrivé sous les yeux des commandants US, qui semblent peu disposés ou incapables à intervenir », a révélé Deborah Davies sur Channel 4, lors d’une [émission] spéciale  d’enquête, « Les pelotons de la mort en Irak ».

Pour détruire l’Irak en tant que nation indépendante, les USA ont lancé la campagne criminelle de « débaassification » qui sous-entendais la liquidation de tout associé du parti Baas, ainsi que de tout nationaliste ayant des vues contre l’occupation. La «débaassification » est tout simplement une campagne d’incitation à la violence meurtrière pour détruire la société irakienne. Le Mossad israélien, les forces spéciales US, les milices pro-occupants et les pelotons de la mort, se sont embarqués ensemble dans une campagne d’assassinats délibérés et de nettoyage ethnique. Des milliers de scientifiques, dont plus de 350 spécialisés en sciences nucléaires ont été assassinés. Des milliers de professeurs, de politiciens éminents, et de docteurs en médecine ont été assassinés avec sang froid. Le Ministère des Hautes Études a signalé qu’au moins 210 professeurs ont été assassinés et quelques 3.700 se sont enfuis d’Irak vers les pays voisins. Selon l’ONU plus de 3.000 irakiens se sont sauvés chaque jour en Syrie et en Jordanie pour éviter d’être tués. Plus de 1,7 million d’irakiens se sont enfuis du pays.

Le but est de créer un climat de terreur pour inciter à la guerre civile entre irakiens afin de justifier l’occupation continuelle de l’Irak et la fausse « guerre contre le terrorisme ». Le nombre de plus en plus important chaque jour de massacres de civils, d’enlèvements et de tortures des irakiens, par les forces US et leurs collaborateurs, sont délibérément ignorés par les médias, infligeant à l’Irak la plus grande atrocité de violence cachée aux gens sans défense de l’histoire des États-Unis. Il est aussi possible que la violence soit créée pour fournir un « filet de sûreté » au retrait des troupes étrangères et pour critiquer la lutte héroïque de la résistance contre l’occupant et pour refuser aux irakiens leur victoire contre la machine de guerre la plus violente et la plus puissante de l’histoire.

Par exemple, dans son long article (Boston Review, le 27 novembre 2006), Nir Rosen reste sur la signification inventée d’Al-Sadr et juge rarement les États-Unis responsables de la destruction illégale et criminelle de l’Irak et des délits meurtriers contre les irakiens. Il écrit ; « La guerre civile s’étendait. La violence entre sunnite et chiites (sic) a pris la vie des leurs, opérant en dehors des atteintes de l’occupation et de ses forces. La violence sectaire s’est même étendue aux prisons US en Irak, et les prisonniers se séparent eux-mêmes ». Comment la violence opère-t-elle « hors de portée de l’occupation et de ses forces », et fonctionnent des prison US en Iraq » ? Rosen ne fournit aucune explication. De même, Peter Beaumont de l’Observer de Londres (le 8 octobre 2006), a appelé l’occupation « un conflit brutal » et a remplacé l’invasion illégale par l’expression « l’arrivée étatsunienne » en Irak, protégeant à dessein les USA de toute responsabilité pour les crimes terrifiants commis contre les irakiens. Selon Rosen, et Beaumont, le « Nouvel Irak » est occupé par des « irakiens combattant des irakiens », et les plus de 200.000 troupiers US en plus des mercenaires étrangers ne se voient nulle part.

Depuis le début de l’occupation, les médias continuent à obscurcir la réalité du terrain en Irak. Ils font de la désinformation (voir Max Fuller « Les cris du loup ») pour le public en détournant l’attention publique du générateur de violence qu’est l’occupation afin d’en rendre responsables les irakiens eux-mêmes. Par conséquent, l’Irak est reconstruit selon des médias occidentaux et les grands pontes. L’utilisation de la qualification « violence sectaire » et  l’expression « sunnite contre chiites » sont inventées pour dissimuler les crimes délibérés contre les civils, afin de protéger les forces d’occupation contre toute responsabilité et pour décrire la violence engendrée par l’occupant comme des irakiens tuant des irakiens.

La politique US du « Laissons-les se tuer entre-eux » fait partie intégrante de leur politique étrangère soigneusement exécutée pour servir leurs intérêts impérialistes. Par conséquent, le commentaire du sénateur Karl Levin, « Nous ne pouvons pas sauver les Irakiens contre eux-mêmes », est conçu pour détourner toute la responsabilité US des crimes de guerre et pour, d’une manière mensongère, présenter l’occupant en sauveur des Irakiens. Nous savons que l’immense majorité des irakiens sont en désaccord et nous voulons la fin immédiate de l’occupation. Plus de 61 pour cent des irakiens approuvent les attaques de la résistance contre les forces de l’occupant. Les USA et ses alliés portent la pleine responsabilité de la destruction de l’Irak et de la mort de plus de 700.000 civils irakiens innocents.

Les Irakiens ont parcouru de nombreuses générations sans se battre. Les irakiens (hommes et femmes) ont travaillé à leurs études et ont conduit leurs affaires dans un environnement sûr. Sans se soucier de leurs affiliations religieuses et de leurs milieux ethniques, les irakiens vivaient dans un environnement paisible en dépit de l’horreur des sanctions génocides imposées par l’Occident. Pourquoi ont-ils soudainement commencé à se battre ? Pourquoi tous ces crimes et ces carnage n’ont pas eu lieu sous le gouvernement de Saddam Hussein, alors même que son gouvernement était contrôlé par des ONG occidentales et par les organisations des droits de l’homme ? Aujourd’hui, ces ONG et organisations des droits de l’homme sont restés silencieux, préférant utiliser le procès frauduleux et absurde de Saddam pour revendiquer la crédibilité des « défenseurs » des droits de l’homme. En moins de quatre ans, les pelotons US et les escadrons de la mort entraînés armés par les USA ont détruit l’Irak au delà du compréhensible.

L’arrestation immédiate des commandos aînés de police après l’incursion sur l’annexe du Ministère des Hautes Études et la libération immédiate de quelques otages a jeté la lumière sur l’ampleur de la complicité des USA dans les crimes continuels contre les irakiens. Par conséquent, plus longtemps resteront les forces US en Irak, plus ils généreront de violence. Seul le retrait complet et immédiat des forces et des mercenaires des États-Unis pourra mettre fin à la violence et à la souffrance continuelle des irakiens.

Ghali Hassan est un auteur indépendant qui vit dans l’ouest de l’Australie.

Original, 4 décembre 2006.

Traduction Pétrus Lombard.

 


Articles Par : Ghali Hassan

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