Essais nucléaires et thyroïde en Polynésie
Oscar Temaru fait état d’une étude qui justifie ses 30 ans de combat antinucléaire contre les essais français.
L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a mené une étude (à paraître) sur l’impact des essais nucléaires atmospériques français intervenus fin des années soixante, début des années soixante-dix.
Florent de Vathaire, directeur de l’unité 605 de l’Inserm, a eu la courtoisie d’informer M. Marcel Jurien de la Gravière, délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et les installations intéressant la Défense (DSND) « afin d’éviter de (le) mettre en porte-à-faux par rapport aux récents résultats de l’étude épidémiologique sur les facteurs de risque du cancer de la thyroïde en Polynésie Française que nous allons bientôt publier. »
Il s’agit d’une étude « cas-témoins » portant sur 239 cas de cancer thyroïdien et 363 témoins indemnes d’âges strictement comparables. Les chercheurs ont utilisé les données des rapports remis par la France à l’UNSCEAR (Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets des Radiations Atomiques) et les données météorologiques disponibles dans les 21 jours suivant chaque essai.
La reconstitution dosimétrique ainsi effectuée a, selon les termes du directeur de l’Inserm, « mis en évidence une relation statistiquement significative entre la dose totale de radiation reçue à la thyroïde du fait des essais nucléaires atmosphériques réalisés par la France en Polynésie française et le risque ultérieur de cancer de la thyroïde diagnostiqué entre 1985 et 2002. »
Cette relation est qualifiée de « nette » et elle persiste une fois pris en compte les divers facteurs susceptibles d’influer (morphologie, régime alimentaire, antécédents familiaux, nombre d’enfants, etc.). Florent de Vathaire évoque même « une cohérence et une stabilité des résultats exceptionnelles ».
Il termine son courrier sans équivoque : « Nous considérons donc maintenant comme acquis le fait que les essais nucléaires atmosphériques réalisés par la France ont contribué à augmenter l’incidence du cancer de la thyroïde en Polynésie Française. »
Les citations sont extraites de la lettre du directeur de l’Inserm à la DSND, dont copie avait été faite à Oscar Temaru, président de la Polynésie Française, et qui est reproduite sur le site Tahiti Presse.