Est ce illégal d’envoyer de l’argent au Hezbollah ?

Est ce illégal d’envoyer de l’argent au Hezbollah ?
Bien évidement que non ! Répond le « Groupe de 3+1 ».

Le secrétaire adjoint au Trésor des Etats-Unis a dénoncé neuf personnes et deux entités comme financiers du Hezbollah. L’Argentine, le Brésil et le Paraguay ont assuré qu’il n’y avait pas de nouvelles preuves.

Les Etats-Unis ont remis à flot hier une polémique permanente qu’ils développent autour de la ‘Triple Frontière’. Le secrétaire adjoint au Trésor des Etats-Unis, Patrick O’Brien, a annoncé dans une vidéoconférence que son pays a réussi à identifier neuf personnes et deux organismes qu’il accuse de fournir de l’appui financier et logistique à l’organisation libanaise Hezbollah. Même, O’Brien a avancé un chiffre peu crédible : « des milliards de dollars ».

L’Argentine, le Brésil et le Paraguay ont immédiatement répliqué aux propos du fonctionnaire étasunien. « L’information présentée par les Etats-Unis n’apporte pas de nouveaux éléments qui pourraient permettre d’affirmer l’existence d’activités terroristes dans la région, y compris le financement du terrorisme », a indiquait un communiqué commun aux trois pays.

Curieusement, le texte porte aussi la signature d’une déléguée des Etats-Unis, puisqu’ il est issu d’une rencontre qui s’est tenue à Buenos Aires de ce qu’on appelle le « Groupe 3+1 ».

« Le Groupe 3+1 » intègre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay, plus les Etats-Unis, et se concrétise par des réunions périodiques pour contrôler la situation à la ‘Triple Frontière’. En marge de cette rencontre et depuis Washington, O’Brien a soutenu que Muhammad Abbaye, Hamzi Barakat, Muhammad Barakat, Muhammad Chamas, Sale Fayad, Sobhi Fayad, Ali Kazan, Farouk Omairi et les entreprises « Casa Hamze » – de vente d’articles électroniques – et Galerie Page – un Centre Commercial – servent à la collecte de fonds pour le Hezbollah en Ciudad del Este au Paraguay.

« Nous pouvons assurer que ce sont des milliards de dollars qui ont été déplacés par ce réseau. Nous demandons que l’Argentine, le Brésil et le Paraguay portent une attention soigneuse à cette information et dans la mesure de leurs compétences qu’ils fassent tout ce qui est à leur portée pour attaquer la menace du financement du terrorisme avec toutes les mesures légales qu’ils peuvent adopter. »

En vérité, la famille Barakat n’a jamais dissimulé son adhésion au Hezbollah, qui est -ils soutiennent avec raison – un parti légal au Liban, et qui a une représentation parlementaire et qui a même eu des ministres au gouvernement libanais. Par conséquent, ils ont toujours soutenu que rassembler des fonds pour le Hezbollah n’est pas une activité illégale.

L’un des Barakat, Assad, propriétaire de la Galerie Page, est en fuite, mais pour des charges qui ont à voir avec des supposées manœuvres contre une banque au Paraguay. Quelques voix disent qu’il est à Iquique au Chili, d’autres mentionnent qu’il s’en est allé au Liban, mais ce qui est sûr c’est que Barakat s’est toujours présenté publiquement comme un représentant de Hezbollah.

Le débat qui subsiste est net : est-ce illégal ou non d’envoyer de l’argent au Hezbollah, si le Hezbollah est une organisation terroriste ou non. L’Argentine, le Brésil et le Paraguay font une évaluation indirecte du sujet.

« Les données apportées par les Etats-Unis n’offrent pas de nouveaux éléments qui pourraient affirmer l’existence d’activités terroristes dans la région, y compris le financement du terrorisme. En accord avec l’information disponible, des activités opérationnelles de terrorisme dans le secteur de la ‘Triple Frontière’ n’ont pas été détectées. Et dans le cas où soit détecté toute activité qui pourrait contribuer directement ou indirectement à la commission d’actes terroristes, y compris le financement du terrorisme, nous échangerons rapidement l’information pour empêcher des éventuels actes illicites. »

Ce que sont en train de dire l’Argentine, le Brésil et le Paraguay est qu’il n’y a pas de preuves qu’il y ait de l’argent de la ‘Triple Frontière’ qui soit utilisé dans la planification d’attentats et qu’il n’y a non plus aucune action terroriste développée dans le secteur.

A la réunion ont pris part :
-  Marcos Vinicius Pinta Gama, du Brésil ;
-  Virginie Palmer, des Etats-Unis ;
-  Victor Hugo Peña(Pégna) Bareiro, du Paraguay,
-   Luis Cappagli, d’Argentine.

La controverse a été consignée dans un document final qu’ont signé les quatre délégués. Y figure explicitement que l’Argentine, le Brésil et le Paraguay rejettent le diagnostic des Etats-Unis et soutiennent qu’il n’y a pas des preuves d’une quelconque activité et financement terroriste dans la zone.

Par Página 12 . Buenos Aires, le 7 Décembre 2006.

Leer en español

Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.



Articles Par : Raúl Kollmann

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]