Exécutions à huis clos à Guantanamo ?

L’armée américaine a affirmé avoir adopté de nouvelles procédures militaires rendant possibles des exécutions sur la base de Guantanamo. Cette révélation qui a fait l’effet d’une bombe, a poussé l’armée à démentir l’information.

L’armée américaine a fait savoir, mardi dernier, que de nouvelles procédures militaires concernant la peine de mort rendront possibles des exécutions sur la base de Guantanamo, à Cuba, si des prisonniers y étaient condamnés.

Ces procédures, détaillées dans un document de l’armée de terre et signées par son chef d’état-major, le général Peter J. Schoomaker, sont datées du 17 janvier.

Applicables dès le 17 février, les procédures sont qualifiées de «révision majeure» et concernent les «condamnations à mort imposées par les Cours martiales ou les tribunaux militaires».

Par cette réforme, la peine de mort pourra être appliquée ailleurs qu’à Fort Leavenworth (Kansas, centre), seul site jusque-là autorisé. Elle «permet que d’autres sites soient utilisés pour des exécutions», selon l’armée.

Les procédures pourraient, ainsi, être applicables par les tribunaux d’exception mis en place sur la base américaine de Guantanamo en cas de condamnation à mort de prisonniers. Et «les ennemis combattants pourraient être concernés par cette réglementation», a précisé le porte-parole de l’armée, Sheldon Smith. À ce stade, aucun des dix prisonniers de Guantanamo poursuivis devant des tribunaux militaires d’exception n’est passible de la peine de mort, a ajouté le porte-parole. Aucune date d’exécution n’a par ailleurs été fixée pour les sept hommes se trouvant dans le couloir de la mort à Fort Leavenworth. Mais, l’annonce de cette décision a eu un véritable effet de pavé dans la mare à tel point que l’armée américaine s’est vite rétractée et a démenti l’information. Elle a qualifié les propos de Sheldon Smith de «faux» et de «spéculation».

Info ou intox ? Rien n’est sûr. Pourtant, ce démenti intervient après la publication d’un document signé par le chef d’état-major de l’armée de terre, qui prévoit une révision majeure de la procédure des tribunaux militaires.

Depuis 2002, ce centre de détention comme le flou juridique sur le statut de ses prisonniers sont devenus, aux yeux des organisations de défense des droits de l’Homme, le symbole même des dérives de l’Administration de George W. Bush dans ce qu’il appelle «sa guerre mondiale contre le terrorisme» .

Récemment, un juge de la Cour fédérale a ordonné au gouvernement américain de révéler l’identité des centaines de prisonniers détenus à Guantanamo. Le juge rejette les arguments du Pentagone, selon qui l’identification des prisonniers mettrait leur famille en danger. Cette décision du juge Jed Rakoff fait suite à une procédure judiciaire lancée par l’agence de presse Associated Press, qui remettait en question le statut d’«ennemi combattant» attribué aux prisonniers. L’agence cherchait à obtenir les transcriptions non censurées des quelque 550 auditions militaires qui ont été menées à Guantanamo. Ces transcriptions avaient été publiées l’an dernier par le département de la Défense, qui avait toutefois rayé les noms et les nationalités des détenus. Quelque 500 prisonniers se trouvent actuellement à la base militaire de Guantanamo. Beaucoup y sont depuis plusieurs années.



Articles Par : Rachid Abbar

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