Expulsion des diplomates: la Russie répond

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Hier, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, a annoncé les réponses du pays face aux expulsions en chaîne de diplomates russes dans les pays de la « coalition Skripal ». Au-delà de l’expulsion symétrique de diplomates, quelques mises au point. Une réponse qui manifestement ne plait pas. Pour des raisons évidentes.

Une réponse symétrique, qui dérange 

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, a annoncé que à l’instar des Etats-Unis, la Russie expulse 60 diplomates et ferme le consulat de Saint-Pétersbourg. Le ministre a par ailleurs indiqué que des mesures identiques seront prises à l’égard de tous les pays qui ont expulsé des diplomates russes.

En prenant en priorité des mesures contre les Etats-Unis, la Russie a indiqué qui, à son avis, se trouvait à la tête de cette vandetta.

La réponse, en elle-même, ne présente aucune surprise. Ce qui est plus surprenant, est la réaction des Etats-Unis qui ne reconnaissent pas la « parité » dans la démarche russe. Ils sortent totalement la réponse russe de son contexte pour la considérer comme une agression:

Le département d’Etat américain a répondu que Moscou n’avait aucune raison d’expulser des diplomates et que la Russie ne devait pas se poser en victime. « Il n’y a aucune justification à la réaction russe », a dit Heather Nauert, sa porte-parole, lors d’un point de presse. « Nous nous réservons le droit d’y répondre », a-t-elle poursuivi, soulignant que les « options étaient en train d’être examinées ».

Les mesures prises par le Kremlin « marquent une nouvelle étape dans la détérioration des relations » bilatérales, a pour sa part assené la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders.

L’ambassadeur américain à Moscou n’a par ailleurs pas exclu que les Etats-Unis gèlent les actifs russes – ce qui provoquerait une crise sans précédent. Lavrov ayant répliqué que la Russie répondrait évidemment.

Autrement dit, l’Occident a le droit d’expulser des diplomates, car ce sont des espions russes, et il est important de défendre le Bien contre le Mal. Or la Russie est le Mal, c’est d’ailleurs ce qui ressort de cette étrange diatribe de ce qui est quand même le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne:

La Russie est le pays du « Novitchok », alors que la Grande-Bretagne est celui des « sabres lumineux ». Pour la défense du pays, il est à espérer que l’armée britannique dispose d’autres d’armes – valables également dans le monde réel…

En tout cas, voici le niveau de la diplomatie britannique aujourd’hui.

Désespérant et inquiétant.

De drôles d’accointances

Afin de remettre à leur place les auteurs du discours anti-russe, de la comparaison du Mondial de foot avec les JO hitlérien, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a diffusé des documents montrant la très grande proximité entre des Lords anglais et le régime hitlérien, où ils étaient des invités de marque de ces JO de 1936:

«Nous avons réussi à retrouver une brochure intitulée « Les invités d’honneur des XIèmes Jeux olympiques ». Je l’ai dans les mains. […] Alors, qui représentait le Royaume-Uni aux JO de 1936?», s’est-elle interrogée avant d’énumérer huit noms. (…) » «Cela ne signifie qu’une seule chose: les personnes citées participaient aux manifestations officielles liées aux Jeux olympiques. Elles étaient sur le stade, elles étaient présentes lors de la cérémonie d’ouverture. Elles avaient entretenu à Berlin des contacts actifs avec les officiels allemands»

L’Occident enferré dans une farce de mauvais goût 

La Russie prévient qu’elle ne va pas s’arrêter là, elle veut toute la vérité sur l’affaire Skripal:

« Pour rétablir la vérité », la Russie a demandé la convocation d’ »une session extraordinaire du Conseil exécutif de l’OIAC (l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) », a indiqué Sergueï Lavrov, appelant les Occidentaux à avoir « une conversation honnête » avec la Russie. Un refus « serait une confirmation de plus que tout ce qui se passe n’est qu’une grossière provocation », a-t-il affirmé.

C’est alors qu’un miracle se produit. Rappelons que les Britanniques ont dès le départ annoncé que le produit chimique utilisé contre les Skripal était particulièrement puissant, à tel point qu’il tue immédiatement sauf à injecter l’antidote dans les minutes qui suivent. Dans ce cas, la personne est condamnée à un état végétatif. Bref, une horreur. Et la BBC nous apprend hier, reprise par toute la presse, que la fille de Skripal sort du coma (déjà, étrangement elle n’est pas morte sur le coup), qu’elle se remet vite et pourra bientôt parler…

Difficile de ne pas se demander ce qui lui est réellement arrivé? Rappelons que le consulat russe n’a pu avoir accès ni à l’hôpital, ni à la patiente, ni aux médecins, alors qu’elle est citoyenne russe, qu’une demande officielle a été envoyée conformément au droit international et qu’elle a été ignorée.

Etrange quand même, non?

Karine Bechet-Golovko

 



Articles Par : Karine Bechet-Golovko

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