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Facebook-Irak: ce que veut le peuple irakien
Par Ihab G. Taha
Mondialisation.ca, 07 mars 2011
Le blog de Gilles Munier 7 mars 2011
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/facebook-irak-ce-que-veut-le-peuple-irakien/23566

Ihab G. Taha (résumé)

Premièrement: Nous voulons libérer notre patrie

   Nous avons été envahis par une grande puissance (les Etats-Unis), sans l’aval de la communauté internationale et, bien que les dirigeants de ce pays aient reconnu avoir menti, l’occupation perdure. En huit ans, nous avons perdu ce que nos ancêtres ont bâti. Dans notre patrie, nous sommes devenus des sans patrie.

   Beaucoup d’Irakiens de notre génération sont morts pour libérer le pays, des centaines de milliers ont été ou sont détenus. Nous continuerons à protester jusqu’à ce que nos frères soient libérés et que nous retrouvions notre patrie.

Deuxièmement: Nous voulons renverser le système

   Le système qui nous gouverne nous a été imposé par des puissances étrangères. Il est basé sur le sectarisme et le racisme. Nous n’en voulons pas. Les partis apparus depuis 2003 ne nous représentent pas. Indifférents à nos souffrances, ils ne sont préoccupés que par l’enrichissement de leurs membres.

   Nous voulons un système juste qui assure l’égalité et la justice à tous les enfants de notre patrie, sans discrimination religieuse, raciale et/ou sectaire.

Troisièmement: Nous exigeons des services publics

   Nous vivons dans un pays riche, mais, nous sommes pauvres! Les habitants du Pays des deux fleuves n’ont pas d’eau potable! Les habitants de la terre de naphte manquent de gaz et de kérosène, et les prix de ces produits augmentent sans cesse !

   Des centaines de milliers de patients, victimes de la guerre, ne sont pas soignés, faute d’hôpitaux dignes de ce nom  pour les accueillir. Bon nombre de médecins ont été assassinés; beaucoup ont été déplacés. L’électricité est presque inexistante, malgré le budget de 17 milliards de dollars annoncé pour moderniser les centrales électriques. Dans le centre de Bagdad, les bâtiments sont des ruines. Dans les provinces, la situation encore plus déplorable. Les conditions de vie des citoyens y sont pires que dans les pays d’Afrique les plus pauvres.

Quatrièmement: Nous exigeons des emplois

   Ceux qui ont dirigé ce pays l’ont fait au détriment de la jeunesse. Pourtant les moyens de développer l’Irak existent. Nous avons les diplômes universitaires et les compétences nécessaires, mais pas de possibilité d’emploi. Nous vivons dans une situation de chômage amère. Des jeunes brûlent leurs diplômes par désespoir et frustration.

   Les postes les plus élevés sont monopolisés par la direction des partis politiques et par ceux qui leur sont proches, même lorsqu’ils n’ont pas les diplômes requis ou les qualifications demandées.

   Tout citoyen a le droit d’avoir un toit, de vivre avec sa famille ailleurs qu’à ciel ouvert ou jusque dans des cimetières. Tout citoyen a le droit de vivre en sécurité, de ne pas être à la merci de gangs du crime organisé, sans être obligé de tendre la main pour manger ou se vêtir. Nos enfants ont le droit à un autre avenir que la rue ou l’enrôlement dans des bandes.

Tout citoyen a le droit à un système de santé. Les mères ne doivent pas mourir en accouchant, faute de soins médicaux, ni les enfants … (…) …

   Grâce à Dieu, notre pays flotte sur une mer de pétrole. Ceux qui sont incapables de nous fournir un emploi doivent quitter le leur.

Cinquièmement: Nous voulons mettre fin à la corruption et juger les corrompus

   La corruption a atteint une limite incroyable. Depuis l’occupation de l’Irak, sous les gouvernements successifs, environ 400 milliards de dollars ont disparu, un montant suffisant pour reconstruire deux fois le pays et en faire modèle de développement. Où est passé tout cet argent ? Il est allé dans les poches des corrompus. Qui sont-ils ? Ce sont les agents gouvernementaux, les ministres, les dirigeants des partis, les membres de gangs et des milices sur les activités desquelles le Premier ministre refuse d’enquêter.

   Dans les autres pays, la corruption est pratiquée en secret. En Irak, elle est publique! Le dernier cas de corruption a été la disparition de 45 milliards de dollars du fonds de développement. A la question : « Ou est passé l’argent ? », les fonctionnaires répondent simplement : « Nous n’en savons rien ». Les dossiers de corruption doivent être rendus publics. Nous protesterons jusqu’à ce que les coupables soient emprisonnés.

Aujourd’hui, nous disons:
– que nous en avons marre de la poudre jetée aux yeux du peuple,

– que les promesses en l’air ne satisfont pas ceux qui ont faim,

– que nous ne resterons plus jamais silencieux.

– combien de temps les Irakiens seront-ils divisés entre ceux qui consomment  de la viande, et ceux qui n’ont que des feuilles pour se nourrir ?

– combien de temps encore certains percevront-ils des traitements multiples, un seul salaire couvrant les besoins de toute une tribu, alors que d’autres n’ont pas un centime des richesses de leur patrie ?

– combien de temps un groupe se chauffera-t-il à la chaleur de l’incendie provoquée par le processus de combustion des fonds publics, alors que d’autres meurent de froid la nuit, l’hiver ?

– combien de temps certains boiront-ils de l’eau glacée dans la chaleur de l’été, alors que d’autres n’ont pour étancher leur soif que de l’eau d’égout ?

Nous avons foi en Dieu…

Jamais plus nous ne serons silencieux.

* Texte original résumé par Gilles Munier : The Iraqi Revolution (Our Demands) http://www.facebook.com/topic.php?uid=179025415465838&topic=812

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