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Fr. Hollande, fossoyeur de la France, s’en prend à l’UE
Par Daniel Vanhove
Mondialisation.ca, 09 mars 2017

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Dans une indifférence quasi générale dévoyée par « l’affaire Fillon », se tenait lundi 06 mars dans les ors de Versailles – tout à l’image des conditions de vie des populations européennes – un étrange mini-sommet rassemblant quatre des principaux pays de l’UE : l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie. Avec pour objectif officiel de tenter sortir l’UE de l’impasse et de la morosité qui la traverse depuis des années, particulièrement après les résultats désastreux de la politique d’austérité, suivie du coup de semonce du Brexit et suite à la crise des réfugiés que cette même UE s’est révélée incapable de gérer ; ainsi qu’en prévision d’élections majeures dans divers pays où les poussées d’une extrême-droite anti-européenne et plus forte que jamais se précise de jour en jour.

A première vue, qu’en retenir sinon cette langue de bois habituelle dont se satisfont ces chefs de gouvernements qui n’ont décidément rien compris au ras-le-bol des peuples face à une UE de technocrates qu’ils leur imposent ? Les pistes de relance se réduisent – il fallait s’en douter vu les participants qui se trouvent tous les quatre sur des sièges éjectables – à bien peu de choses, résumées ci-après à travers leurs formules éculées :

Fr. Hollande, (pénétrant) :

– il faut de nouvelles formes de coopérations, pour de nouveaux projets, ce que l’on appelle des coopérations différenciées ;

– quelques pays pourraient aller plus vite et plus loin dans des domaines comme la défense, la zone euro, l’harmonisation fiscale et sociale, la culture, la jeunesse ;

A. Merkel (sagace) :

– il faut avoir le courage que certains pays avancent plus rapidement que d’autres sans se fermer à ceux qui ont pris du retard ;

– mais, il faut pouvoir aller de l’avant ;

P. Gentiloni (perçant) :

– il faut une UE plus intégrée… mais, avec différents niveaux d’intégration ;

M. Rajoy (profond) :

– l’Espagne est disposée à aller plus loin dans l’intégration avec tous ceux qui voudront la poursuivre…

Pour tout observateur, on ne peut qu’être confondu par tant de perspicacité de la part de dirigeants de nations aussi puissantes sur la scène internationale… sans parler de ce que ce genre de sommet coûte aux contribuables.

Sauf qu’à y regarder de près, une chose devrait inquiéter les citoyens de l’UE. En effet, si l’on veut bien se rappeler l’un des éléments à l’origine de la création du « Marché commun », c’est l’immense champ de ruines de l’Europe après la guerre 39-45 et ses 60 millions de morts (après celle de 14-18 qui en avait déjà fait près de 20 millions). Au regard des conflits actuels, ces chiffres sont terrifiants, sans parler du nombre de blessés, mutilés et handicapés à vie. C’est donc dans une perspective de paix du vieux continent traversé par des guerres depuis des siècles, que le projet a pris forme, en signant pour commencer le Traité fondateur de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), le 18 avril 1951, entre six pays (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg)… portés à vingt-sept à ce jour.

Or qu’a-t-on entendu lors de ce mini-sommet du lundi 06 septembre 2017 par la bouche de Fr. Hollande qui s’est montré insistant sur le sujet ? La volonté de redynamiser l’UE par une Europe de la Défense (contre qui ?!) : « La situation géopolitique créée par l’élection de Donald Trump qui a multiplié les déclarations de défiance à l’égard de l’UE comme de l’Otan, et les ambitions de la Russie qui entend « s’affirmer comme une puissance », l’exige » a-t-il déclaré.

Ainsi, l’essence même de ce qui a poussé les dirigeants de l’époque à la création d’une union pour la mettre à l’abri de nouveaux conflits dévastateurs comme son territoire en avait connu à deux reprises en quelques dizaines d’années, se solde 65 ans plus tard, au retour d’un projet militaire commun, au nom d’un dynamisme qui manquerait à l’élan européen.

Le « capitaine de pédalo » qui restera sans doute comme l’un des pires présidents français des dernières décennies, signe-là une approche géopolitique des plus accablantes, souhaitant un retour de l’esprit belliciste européen en invitant certains de ses dirigeants – qui têtes baissées suivent déjà les injonctions de l’administration américaine – à dépenser plus d’argent au profit de l’armement plutôt qu’au profit de la paix, du bien-être social et de l’écologie, aussi urgentes l’une que l’autre ! Non content d’avoir mené la France à perdre toute crédibilité sur la scène internationale, Normal 1er persiste à tenter d’entraîner l’UE dans un aventurisme dont il n’aura plus à assumer les conséquences bientôt. Pour un responsable politique de ce niveau, il faut constater combien l’individu semble vraiment dépassé par la charge de sa fonction.

J’en retiens deux choses :

  1. s’il est un secteur dans le monde qui semble ne pas connaître de crise, c’est celui de l’armement dont le lobby doit se réjouir de ces perspectives européennes décidément fascinantes pour leurs prochaines années et les profits qui s’annoncent ;
  2. face à de telles options, il faut que les citoyens qui s’apprêtent à voter bientôt tant au Pays-Bas, qu’en France, puis en Allemagne en automne prochain prennent vraiment le temps de lire les programmes des candidats pour savoir s’ils avalisent ces perspectives des plus alarmantes pour l’avenir, ou s’ils préfèrent choisir ceux qui prônent la paix et la redistribution des richesses de manière plus équitable qu’elle ne l’est aujourd’hui, afin de pacifier les rapports entre les citoyens et les Etats voisins.

 

Daniel Vanhove

08.03.17

Daniel Vanhove est observateur civil et auteur

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