Françafrique: Honte à l’Afrique

I- La Françafrique, une France à fric

Honte à l’Afrique. Honte à l’Afrique de nourrir ses bourreaux. Jamais la Françafrique, le plus extraordinaire pacte de corruption des élites françaises et africaines à l’échelle continental, n’a autant mérité son nom de «France à fric», une structure ad hoc pour pomper le fric par la vampirisation des Africains pour la satisfaction de la veulerie française. Aberrant et Odieux.

Honte à l’Afrique. Cinq siècles d’esclavage pour un tel résultat. Pour continuer à entretenir à grands frais l’un de ses colonisateurs les plus implacables, la France, l’un de ses tortionnaires les plus effrontés, Jean Marie Le Pen. Sans la moindre pudeur pour les victimes de la traité négrière, de l’esclavage, des zoos ethnologiques… les bougnoules, les dogues noirs de la République?

Gabon, Congo, Cote d’Ivoire, Sénégal, Guinée équatoriale. Drôle de riposte que de cracher au bassinet lorsqu’on vous crache sur la gueule. Qu’il est loin le temps béni des Mau Mau du Kenya. Vivement son retour. A vomir ces rois fainéants, dictateurs de pacotille de pays de cocagne.

La honte. Vénalité française et corruption africaine, combinaison corrosive, dégradante pour le donateur, avilissante pour le bénéficiaire: Quatre cent milliards de dollars (400 milliards) évaporés en 35 ans du continent africain vers des lieux paradisiaques, de 1970 à 2005, selon les estimations de la CNUCED (1).

Et Pourquoi ne pas déduire ces gracieusetés de la dette; la dette, cette nouvelle forme de traite négrière, qui saigne l’Afrique, autant que la précédente? Et pourquoi ne pas compenser par des infrastructures à l’effet de réduire la dépendance ?

Qu’attendent donc les Africains pour dégager leurs dirigeants fantoches, pourris parmi les plus pourris. Pas plus difficile à dégommer que Moubarak et Ben Ali.

Surtout pas à l’aide de l’Otan, la coalition de leurs anciens bourreaux, mais à la sueur de leur front, avec les larmes des patriotes et leur sang, pour sceller définitivement la reconquête de la dignité de l’Afrique.

Et la classe politique française…quelle strate parasitaire et obséquieuse. Plus parasite tu meurs. Tunisie, Maroc, Mammounia et Hammamet. Djembé et mallettes. Karachi et Clearstream. Rétro commissions et Taïwan. Alexandre Djhouri et Robert Bourgi. Ziad Takieddine et consorts (2). «République irréprochable», claironne le malaise vagal, «état exemplaire d’un siècle de l’éthique», tambourine l’anosognosie. Posture et imposture.

Allégeance aux armes? Chiche Jean François Copé en contrepartie d’un serment d’intégrité de la classe politique française. Mais qui trahira sa parole en premier? Le moralisateur bien évidemment.

La saillie de Robert Bourgi sur la lubrification des dirigeants français avec de l’huile de palme africain ne relève pas du hasard. Elle intervient à la veille d’une année cruciale pour les relations franco africaine, alors que l’Afrique francophone opère en 2012 un test grandeur nature de la viabilité de sa démocratie avec deux scrutins présidentiels, l’un au Sénégal (Mars 21012), l’autre au Mali (Avril 2012), à l’arrière plan du lancinant problème de la succession présidentielle au Cameroun, dont le mandat du titulaire Paul Biya expire officiellement fin décembre 2011. Avec en superposition aux élections présidentielles françaises (Mai 2012), la volonté prêtée à la France de privilégier la propulsion de Karim Wade à la succession de son père, à contre courant du mouvement général de contestation des dynasties républicaines, initiée par la rive arabe du continent africain (Tunisie, Egypte, Libye), qui tendrait à faire de cette campagne électorale à l’échelle du continent africain un test additif de la viabilité de la françafrique.

Exception française et Pays des Droits de l’homme. Du pipeau. Ventouses et vampires plus vrais que nature, plus conformes à la réalité. En toute impunité. Aucune pudeur. Travailler plus pour gagner qu’ils redisent. L’imposture absolue. Un ridicule qui tue, le signe indiscutable du déclin. Tant pis pour les fossoyeurs de la douce France. Que l’on ne compte pas cette fois sur l’Afrique pour relever leur pays. Du balai, Erhal (dégage). Pour renvoyer à ses fadaises l’homme du discours de Dakar, spécialiste de la répétition, pas encore entré dans l’histoire.

B- La dalle d’Argenteuil, le test de crédibilité de Nicolas Sarkozy.

Quelle inversion des valeurs que de voir l’homme de la stigmatisation africaine bombait le torse, ivre de sa victoire en Libye. Une victoire à la Pyrrhus d’ailleurs qui propulse la Charia comme la principale source de législation en Libye de par la volonté de Moustapha Abdel Jalil, le protégé du philosophe médiatique Bernard Henry Lévy.

Il se raconte que dans la griserie de sa victoire le nouveau Scipion l’africain se serait vanté de nouveaux exploits devant le commandant Massoud de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine: «Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran». Affligeant après de cinq ans d’exercice du pouvoir, cette forme puérile et immature de comportement. Du très mauvais goût de recevoir le génocidaire Paul Kagamé du Rwanda, un 11 septembre, jour commémoratif du 10 me anniversaire des attentats anti américains de New York, deux semaines après l’expulsion du dictateur libyen, infiniment moins sanguinaire que le rwandais. Nouvelle politique africaine qu’ils disent.

Ce stratège d’opérette lançait à grand fracas, Il y a quatre ans, l’Union Pour la Méditerranée, une merveille de diplomatie au résultat piteux. Ses deux piliers sud, Moubarak et Ben Ali, gisent au fond de la Méditerranée, et la Turquie, qu’il toisait de haut, au firmament de la popularité, expulsant l’ambassadeur du pays fétiche de Sarkozy, Israël, contraint, à son tour, de rapatrier son ambassadeur du Caire sous la pression populaire. Inimaginable il y a peu de temps encore.

Faisons le pari de savoir qui sera encore en place, dans un an, l’Iran ou Sarkozy. Cela fait cinq ans que «Bomber Sarko» menace l’Iran avec sa formule passée à la postérité: « la bombe ou le bombardement ». Bravant ses foudres, l’Iran est parvenu, entretemps, au statut de puissance du seuil nucléaire, la centrale de Bouchher raccordée au réseau électrique iranien.

Avec l’Algérie, captif de sa démagogie et de son refus de la repentance, il n’a rien à offrir à ce pays pour le 50 me anniversaire de son indépendance, sinon le chaos. IL brasse de l’air et fait des moulinets, pour donner l’illusion du mouvement. A force d’esbroufe, le matamore de Libye pourrait créer les conditions d’aménagement d’un nouveau bourbier de type irakien aux portes de l’Europe.

Le matamore de Libye est une métaphore. Complètement à l’Ouest: un président à contretemps, à contresens de l’histoire, le pire sinistre industriel de la France depuis l’avènement de la Vème République.

Ce stratège en chambre confond le principe du désir et le principe de réalité. Que pouvez-vous espérer d’un président d’un pays qui n’a pas le courage de franchir le périphérique de sa capitale ?
La dalle d’Argenteuil, c’est le véritable test de la crédibilité de «Bomber Sarko».

Référence:

1- Se référant aux estimations de la CNUCED, Me Fabrice Marchisio, avocat spécialisé dans le recouvrement d’actifs frauduleux, précise que 400 milliards de dollars ont fui l’Afrique entre 1970 et 2005 vers d’autres continents et se fondant sur ls estimations de la banque Mondiale, il indique que le montant des détournements des dictateurs arabes déchus lors du «printemps arabe», Hosni Moubarak (Egypte), Zine el Abidine Ben Ali (Tunisie) et Mouammar Kadhafi (Libye) serait d’une ampleur oscillant entre 100 milliards et 200 milliards, une variation qui intègre dans ses estimations des actifs dissimulés. Me Fabrice Marchisio est membre du cabinet Asset Tracing and Recovering / Cabinet Cotti, Vivant, Marchisio and Lazurel. Interview au journal Le Figaro 12 septembre 2011.

2- «Erhal, La France face aux rebelles arabes» René Naba- Editions Golias-Septembre 2011.


René Naba : Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment des ouvrages suivants : —« Liban: chroniques d’un pays en sursis » (Éditions du Cygne); « Aux origines de la tragédie arabe »- Editions Bachari 2006.;  « Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français »- Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre » (Harmattan 2000); « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998); « De notre envoyé spécial, un correspondant sur le théâtre du monde », Editions l’Harmattan Mai 2009.



Articles Par : René Naba

A propos :

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l’AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l’information, membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme et de l’Association d’amitié euro-arabe. Auteur de “L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres” (Golias), “Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français” (Harmattan), “Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, premiers ministres (Harmattan), “Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David” (Bachari), “Média et Démocratie, la captation de l’imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l’Association d’amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l’Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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