France – Trois religions ont eu la faveur médiatique en ce dimanche de Pâques 2025

La France se targue d’être un pays laïc, rationnel et progressiste, mais, comme je l’ai souvent constaté, derrière les prétentions idéalistes se cache souvent une réalité tout à fait différente, voire opposée. Ainsi l’étendard de la religion catholique est l’Amour, celui d’Israël, la démocratie, celui de l’UE, la paix, celui de l’Ukraine, la liberté, celui des médias officiels, la vérité…
En ce dimanche de Pâques 2025 qui réunit pour une fois tous les chrétiens, y compris les Orthodoxes, trois religions se sont disputé le terrain sur les médias officiels français : le climatisme, le catholicisme et l’ukrainisme.
J’emploi ici le mot religion, non pas au sens originel de « relier » l’homme à des réalités supérieures pour l’aider à grandir spirituellement, mais au sens, hélas plus courant, de le priver de tout esprit critique et de toute information fiable pour le faire adhérer à des croyances irrationnelles voire trompeuses.
Les trois religions qui ont occupé les médias officiels aujourd’hui sont loin d’être les seules religions prêchées en France. De fait, la religion a gagné tous les domaines de la vie et de la pensée, jusqu’à l’économie et la science qui devraient normalement y échapper. La pensée dominante, la pensée unique, a tout transformé en dogmes, en directives comme dit l’UE, auxquels les Français sont priés de croire aveuglément sous peine de se voir bannis du corps social.
En sortant du film « Lettres siciliennes», un film très bien joué, avec un scénario original et des dialogues savoureux, pleins de finesse et de surprises, bref un film intelligent, ironique et captivant, j’ai demandé à une dame ce qu’elle en avait pensé. « C’était très bien », me dit-elle. « Et pourtant il n’a que trois étoiles dans les revues critiques, lui ai-je répondu, peut-être qu’il ne coche pas les bonnes cases ! » Et tout en pouffant sous cape, car il vaut mieux faire attention à ce qu’on dit de nos jours, nous avons énuméré toutes les cases qu’il aurait dû cocher pour avoir quatre étoiles : l’immigrationnisme, le gayisme, le transhumanisme, l’écologisme, le laïcisme, le climatisme, l’ukrainisme, le féminisme, le covidisme, l’antiracisme, l’antisémitisme, l’anti-extrême-droitisme, l’antidieudonnisme, l’euthanasisme, le technicisme, et j’en passe, car on aurait plus vite fait de lister les domaines où on peut encore penser, dire et/ou faire ce qu’on veut…
La religion climatique
Elle a occupé une bonne part du terrain médiatique en ce dimanche de Pâques parce qu’il y a des inondations en Dordogne, dues, comme on le sait, principalement à la bétonisation des sols, mais attribuées, bien entendu, au « changement climatique ». Je ne vais pas m’étendre sur les dogmes complètement ridicules – mais lucratifs – de cette religion post-moderne, parce que les quelques chercheurs encore sains d’esprit et assez courageux pour dénoncer l’arnaque le font beaucoup mieux que moi, à commencer par le physicien Daniel Husson dans son dernier livre « Climat, de la confusion à la manipulation ». On peut l’écouter sur Tocsin.
La menace climatique fait partie de l’arsenal des gouvernements occidentaux pour terroriser leurs populations et enrichir les milliardaires.
Source : Convention citoyenne pour le climat : une démarche purement idéologique
La religion ukrainiste
LCI est le temple de la religion ukrainienne et toute une série de grands prêtres et surtout de grandes prêtresses viennent s’y relayer pour exorciser Poutine. Leur haine de la Russie et leur fanatisme n’ont pas de limites. Au moment où j’écris, c’est Aline le Bail-Kremer, qui les yeux exorbités et la voix frémissante, débite ses mensonges et inepties habituelles sous l’œil attendri des autres prêcheurs.
Capture d’écran. Source : L’indépendance de l’Église orthodoxe ukrainienne était inévitable» – Vatican News
Aujourd’hui on voue Poutine aux Gémonies sur toutes les chaînes parce qu’il a eu la perversité de décréter une trêve de 30 heures pendant les fêtes de Pâques, uniquement pour pouvoir violer sa propre trêve des centaines de fois, selon Saint Zelinsky, preuve supplémentaire, s’il en fallait, qu’il est l’incarnation de Satan. En tout cas, c’est ce que nous explique, sur France info, Ronald Hatto, un Québécois qui enseigne à Sciences-po. Le Canada s’est apparemment donné mission de venir soutenir l’Europe dans son combat contre Trump et contre Poutine. L’Ukrainienne de service, Masa Kondakova, est plus honnête car elle reconnaît qu’il n’y a pas eu d’alertes à Kiev depuis l’annonce de Poutine, malgré tous les efforts de la présentatrice pour lui faire dire le contraire…
La menace russe fait partie de l’arsenal des gouvernements occidentaux pour terroriser leurs populations et enrichir les milliardaires.
La religion catholique
Elle est à l’honneur en ce dimanche de Pâques, parce qu’elle semble en passe de ressusciter comme Jésus lui-même. En effet, 17 000 adolescents et d’adultes ont été baptisés ce matin, ce qui représente une hausse de 45% sur l’année dernière.
Capture d’écran. Source : https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/
Ce sursaut du grand cadavre de l’Eglise catholique serait dû à plusieurs facteurs. Les adolescents, déçus de la société de consommation qui ne leur donne même plus les moyens de consommer, cherchent un sens à leur vie. Les jeunes musulmans qui arborent sans complexes leur foi en Dieu leur rappellent leurs racines chrétiennes ou suscitent en eux un reflexe identitaire du même type. Et des influenceurs catholiques jouent, sur les réseaux sociaux, le rôle des missionnaires d’antan.
Mais, prévient Bernadette Sauvaget sur France Info TV, il n’y a aucune raison d’afficher un quelconque triomphalisme, car, d’après les études, il y a une entrée dans l’Eglise pour 16 départs.
La mystique contre la religion
On ne le sait pas, mais Léon Tolstoï était un mystique – un mystique est quelqu’un qui vit en Dieu, c’est-à-dire dans et de l’esprit d’amour (l’agapé grec). Comme Jésus, Tolstoï a dénoncé l’hypocrisie et l’inhumanité des élites religieuses de son temps, à savoir les prélats de l’église orthodoxe, et la manière dont ils abusaient les croyants pour assurer leur pouvoir et leurs profits. Il a fini par être excommunié en février 1901.
Dans sa réponse du 4 avril 1901 au synode de Moscou, il cite Coleridge : « Celui qui commence par aimer le christianisme plus que la vérité, continuera en aimant sa propre secte plus que le christianisme et finira par s’aimer lui-même plus que tout ». Puis il explique, qu’après avoir passé des années à étudier et pratiquer les préceptes de l’Eglise, il est arrivé à la conclusion que « la doctrine de l’église est, dans sa théorie, un mensonge perfide et pernicieux et, dans sa pratique, une collection de superstitions les plus grossières et d’actes de sorcellerie qui occultent totalement tout le sens de la doctrine chrétienne ».
Tolstoï rejette le dogme de la Trinité (« incompréhensible ») la fable de la chute du premier homme (aucun sens à notre époque), et l’histoire (« blasphématoire ») d’un Dieu né d’une vierge pour racheter le genre humain.
Mais ajoute Tolstoï : « Un Dieu esprit, un Dieu amour, un Dieu unique, principe de toutes choses, non seulement je ne le rejette pas, mais je ne reconnais rien comme existant en dehors de Dieu, et je ne vois tout le sens de la vie que dans l’accomplissement de la volonté de Dieu, exprimée dans l’enseignement chrétien ».
Tolstoï, qui enseignait l’Evangile aux enfants de ses moujiks, a rédigé «L’Evangile raconté aux enfants» pour exposer l’enseignement du Christ, qu’il appelle « la loi de l’amour », débarrassé des prodiges (Jésus est Dieu) et des miracles.
Tous les mystiques de tous les temps ont la même expérience de Dieu, depuis les Brahmanes, il y a 1500 ans avant J.C., comme le montre cette définition de Dieu que j’ai lue dans un livre de prières sanskrites : « Dieu est la force qui tient tout ensemble », jusqu’aux Chrétiens, comme Eckhart : « Dans le royaume des Cieux, tout est dans tout, tout est un, et tout est en nous » ou St Jean de la Croix (tous deux ont eu affaire à l’Inquisition), en passant par les Amérindiens : « Le Grand Esprit est en toutes choses. Il est dans l’air que nous respirons. Le Grand Esprit est notre Père, mais la Terre est notre Mère. Elle nous nourrit… Ce que nous mettons en terre elle nous le rend » (Big Thunder Wabanaki, Algonquin) ou les Soufis : « J’ai cherché Dieu et je n’ai trouvé que moi-même ; je me suis cherché moi-même, et je n’ai trouvé que Dieu »(Hafiz).
Quand j’étais adolescente, j’étais en grande détresse, je ne savais pas qui j’étais, ni pourquoi j’étais sur terre, ni où était le bien et le mal. Ma vie n’avait pas de sens, j’étais ballotée comme un bouchon sur la mer, sans savoir à quel saint me vouer. Comme j’avais été élevée dans la religion catholique et que j’allais aux Guides, je suis allée voir l’Aumonier pour lui parler de Dieu. Je n’ai jamais été aussi déçue de ma vie, ce prêtre, encore jeune et plein de bonne volonté ne savait pas qui était Dieu, ni comment le trouver. Il n’avait à la bouche que des paroles convenues et usées à force d’être répétées. Dans ma jeunesse, je n’ai rencontré qu’un seul prêtre en qui j’ai vu l’esprit de Dieu. Il était l’Aumonier de la paroisse où j’allais à la messe et il était malmené par les gamins du patronage. Il souffrait en silence, sans se plaindre et sans se décourager. Je l’observais avec un mélange de pitié et d’admiration. Lui était habité. Il aurait pu m’aider. Mais je n’ai pas osé l’approcher…
Je me suis fabriqué une cuirasse et j’ai joué un rôle pendant une vingtaine d’années. J’étais de plus en plus submergée par le désordre qui régnait en moi, jusqu’au jour où je me suis retrouvée au fond du trou et, là, j’ai commencé une thérapie et une recherche spirituelle. Eh bien, pour trouver Dieu, « la force qui tient tout ensemble », j’ai dû aller en Inde. En Inde, il y a des maîtres pour vous guider dans cette quête. Dieu est en nous, comme le disent les mystiques, autour de nous et dans tous ce qui existe. Mais pour en faire l’expérience, pour trouver en nous les graines d’amour et de paix qu’on nomme Dieu, il faut commencer par se trouver soi-même. Cela demande des années de travail sur soi, tant nous avons perdu le contact avec nous-mêmes et notre environnement. Sans compter que notre nature et notre éducation, dans une société résolument matérialiste, voire nihiliste, comme la nôtre, s’opposent à la « loi de l’amour », comme le notait Sainte Thérèse de l’enfant Jésus : “Ah ! Combien les enseignements de Jésus sont contraires aux sentiments de la nature ! Sans l’aide de sa grâce, il serait impossible non seulement de les mettre en pratique, mais même de les comprendre ».
Sur CNews, dans l’émission « En quête d’esprit », quelqu’un regrettait que beaucoup de nouveaux baptisés cessaient de pratiquer au bout de deux ou trois ans. Cela n’a rien d’étonnant car la pratique chrétienne n’est généralement qu’une suite de rituels formels et de paroles creuses qui ne nourrissent pas l’âme et ne font pas grandir dans l’amour. Quel est l’intérêt de faire partie d’une communauté spirituelle qui vous promet la vie éternelle mais ne peut même pas vous faire expérimenter l’amour divin en vous-même ?
Ainsi, le prêtre qui a lu le discours du Pape sur le balcon de la Basilique Saint Pierre, s’est contenté de répéter les platitudes ethnocentrées habituelles : « Le Christ a vaincu la mort, il a pris sur lui tous les péchés du monde et depuis sa mort et sa Résurrection, l’amour a vaincu le mal, l’amour est plus puissant que le mal ». Ce sont des belles paroles mille fois rabâchées qui, en plus de ne susciter qu’une exaltation factice, sont fausses, car si le mal avait triomphé dans le monde avant la venue du Christ, le monde aurait disparu. Le mal est comme Attila, là où il sévit, plus rien ne pousse. C’est ce qu’on voit actuellement en Europe de l’Ouest et en Israël, où les dirigeants ne savent plus que détruire.
Capture d’écran. Source : Malgré la fatigue, le pape s’offre un bain de foule pour Pâques
De plus, laisser penser que Jésus a ressuscité en chair et en os, comme je l’ai entendu sur CNews, c’est faire croire à quelque chose d’impossible et donc de magique, exactement ce contre quoi s’est élevé Tolstoï.
Capture d’écran : Résurrection de Jésus. Source : https://the-bible.net/jesus-resurrection/
Ce qui ne peut pas mourir, ce n’est pas la chair et le sang de Jésus, c’est l’Amour, l’amour divin qui était la source de tout ce que Jésus disait et faisait. Il appelait ça faire la volonté de son père. Chez Jésus, comme chez les grands mystiques, Gandhi, Bouddha, Mohammed, l’amour divin qui les imprègne au point de devenir une seconde nature, agit sur le monde, même après leur mort, à travers leur enseignement. Cela ne fait pas de ces hommes des dieux, pas plus que Mozart n’est dieu parce que sa musique est divine. Mais c’est certainement Dieu, la force qui tient tout ensemble, qui agit mystérieusement à travers eux.
Capture d’écran. Source : L’entraide
Je laisse le mot de la fin à Ludwig Wittgenstein : « Ce qui est mystique ce n’est pas comment est le monde, mais le fait qu’il est ».
Dominique Muselet
Montreuil, le 20 avril 2025
Image en vedette : Capture d’écran. Source : Service d ‘information du Gouvernement français