Frappe contre l’Iran : nouvelles mises en garde

Comme nous l’ont confirmé différents experts à Washington, les plans de frappe militaire préventive contre l’Iran ont été récemment mis à jour et pourraient être déclenchés relativement vite. Il semble qu’on n’exclue pas la possibilité d’utiliser des armes nucléaires à tête pénétrante (bunker busters) pour détruire des sites d’armement iraniens souterrains et capables de résister à une attaque conventionnelle. Citons quelques avertissements publics récents :

  • Le 26 septembre, lors d’un forum spécial sur la guerre en Irak organisé par la députée démocrate Lynn Woolsey, l’ancien chef de la National Security Agency, le général William Odom (cr), a soulevé le danger que l’administration Bush parte en guerre contre l’Iran. Rappelant qu’il appartient au Congrès d’intervenir pour l’empêcher, il affirma que si la guerre en Irak risque de s’avérer la plus grave erreur stratégique de toute l’histoire américaine, une guerre en Iran serait un désastre bien pire. De l’avis du général Odom, le gouvernement américain devrait discuter directement avec Téhéran et, puisque le régime iranien « déteste al- Qaida », les deux pays devraient collaborer dans la lutte contre le terrorisme. En réponse à un député qui demandait ce que l’on pouvait faire contre les plans de l’administration Bush, Odom a répondu sans hésiter : « Eh bien, la Constitution confère au Congrès le droit de destitution. »
  • Le 23 septembre, l’ancien sénateur démocrate Gary Hart a rédigé un article dans le Huffington Post sur « la surprise d’octobre ». En fait, le lancement d’une guerre préemptive contre l’Iran ne devrait pas surprendre, sachant que « nous avons un gouvernement qui entend transformer notre caractère national en quelque chose qu’il n’a jamais été ». Il a résumé les étapes : « Des avions-citernes de l’Armée de l’Air seront déployés pour ravitailler des bombardiers B-2, des bateaux de la Navy munis de missiles de croisière seront positionnés en des points stratégiques dans le nord de l’océan Indien et peut-être dans le golfe Persique, des drones recueilleront des données sur les cibles et des équipes de commandos peaufineront ces données. Les deux dernières étapes sont déjà en cours d’application. » La liste des cibles officielles est d’environ « deux douzaines », mais ce n’est qu’un début, car « les auteurs de la guerre en Iran ont en tête un changement de régime ». L’une des raisons de cette précipitation, selon Hart, c’est que « les Etats-Unis pourraient adopter eux-mêmes un changement de régime parlementaire en novembre ».
  • L’édition du 11 septembre de Aviation Week publiait un long article intitulé « Les Etats-Unis et Israël réfléchissent à la manière de freiner le développement d’armes nucléaires par l’Iran : casser la bombe », de David A. Fulghum et Douglas Barrie. Ils affirment que l’Iran, avec l’aide de la Corée du Nord, a enterré ses installations nucléaires critiques sous des couches alternées de terre et de ciment, à une profondeur pouvant atteindre 70 mètres, donc hors de portée des armes conventionnelles. Deux Israéliens ayant gardé l’anonymat – un expert en missiles et un général d’aviation à la retraite – confirment que les armes conventionnelles ne peuvent pénétrer si profond. Quant à savoir si le programme nucléaire iranien vise uniquement des fins civiles, Lee Willett, du British Royal United Services Institute (RUSI), répond qu’il « semble orienté vers le militaire. Autrement, pourquoi en enterrer une si grande partie ? »

    Supposant que les dirigeants iraniens ont bien l’intention de fabriquer de telles armes, l’article développe le raisonnement en faveur d’une frappe nucléaire américaine/israélienne à brève échéance. Le général israélien des forces aériennes affirme : « Une fois qu’ils sont munis [d’une arme nucléaire], on n’a plus l’option de retarder [le programme]. Ce qu’on peut faire maintenant ne sera plus possible d’ici quelques années. » Il n’est pas nécessaire de frapper tous les sites nucléaires, selon lui, il suffirait de sélectionner quelques points d’étranglement, peut-être 4 des 40 installations, ou un minimum de 15 des quelque 70 sites nucléaires iraniens.

  • Dans un article paru sur LewRockwell.com le 25 septembre, le lieutenant colonel Karen Kwiatkowski (cr), anciennement au bureau du secrétaire à la Défense, affirme qu’une attaque contre l’Iran « est non seulement prévue, mais déjà dans les tuyaux. (…) Les faucons mouillés sont encore à l’oeuvre. Tragiquement, ils pourraient réussir leur quête, et cette fois-ci ce serait l’Opération Iran. » Mme Kwiatkowski rappelle une conversation avec un officier de marine au Pentagone, en janvier 2003. Il décrivait sa mission depuis le printemps 2002 ( !) : « La logistique dans le Golfe. Des cargaisons d’approvisionnement par bateaux sur le théâtre de guerre pour soutenir l’invasion de l’Irak. » Elle ajoute ensuite : « Tel est, bien entendu, l’un des avantages principaux des guerres de boutique, des guerres de choix, des guerres dirigées par le puissant contre le faible. Ces engagements doivent attendre, non pas le matériel – qui a déjà été expédié sur place par ordre exécutif – mais que le public démocratique non impliqué, mal informé et non raisonné se rallie à la cause. »
  • Paul Craig Roberts, un ancien adjoint au secrétaire au Trésor du gouvernement Reagan, a fait paraître un article le 26 septembre sur Antiwar.com, intitulé « Pourquoi Bush larguera la bombe nucléaire sur l’Iran ». Il assure que « l’administration Bush attaquera l’Iran avec des armes nucléaires tactiques », parce qu’elle a perdu ses guerres en Irak et en Afghanistan et que « la coalition des volontaires » s’est désunie. « Bush est incapable de reconnaître son erreur. Il ne peut que poursuivre l’escalade. » Roberts fait valoir que, suivant la doctrine de guerre américaine actuellement dominante, les armes nucléaires tactiques provoquent relativement peu de dommages collatéraux, tout en changeant le climat psychologique et forçant l’ennemi effrayé à s’incliner.
  • Le 29 septembre, le député Dennis Kucinich a déposé une résolution à la Chambre donnant à la Maison Blanche 14 jours pour remettre au Congrès des documents politiques relatifs à l’Iran, notamment à son programme nucléaire et à sa capacité éventuelle de menacer les Etats-Unis avec des armes nucléaires, aux plans de renversement du régime à Téhéran, à « toute action clandestine conduite par les forces armées en Iran », etc. Le même jour, 20 députés, à la fois démocrates et républicains, ont envoyé une lettre au président Bush l’incitant à ouvrir le dialogue avec l’Iran « le plus tôt possible ».

Solidarités et progrès



Articles Par : Global Research

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