Gagner beaucoup d’argent sur le dos de l’Irak


Un soldat américain fait l’inspection du remplissage excessif d’un camion citerne à la rafinerie Baji (Eros Hoagland/Redux)

Le Koweït a ses diwaniyyas [réseaux inter-familiaux et lieux de réunion], le Yémen a ses établissements pour mâcher du qat. Mais lorsqu’on cherche des lieux où de langoureux échanges de rumeurs et des bavardages sont parfois traversés par des éclairs de perspicacité politique, rien ne remplace les masgouf irakiens, où l’on fume à la chaîne et on mange.

Dans l’un de ces établissements irakiens à Sharjah, un cousin bas de gamme de Dubaï dans les Emirats Arabes Unis, l’hôte dressait un gros poisson au milieu d’une tablée de six personnes en s’exclamant et en rigolant: «L’économie de l’Irak est comme ce poisson – la portion que vous aurez dépendra de la vitesse à laquelle vous mangerez». C’est là une description assez juste de l’Irak aujourd’hui : le patrimoine du pays est littéralement en train d’être désagrégé et dévoré.

Malgré la crise financière mondiale et la baisse du prix du pétrole, le gouvernement irakien et ses supporters américains ont élaboré quelques bonnes nouvelles et peuvent faire valoir quelques améliorations, et ce malgré les bombardements qui tourmentent Bagdad et Mossoul et le fait que le crime est très répandu dans les rues.

Les troupes se sont en effet retirées du centre des cités et des villes pour se terrer dans des campements protégés par des blocs de béton, et l’affirmation du Premier Ministre d’Irak, Nouri al-Maliki, selon laquelle il exerce un contrôle centralisé sur ses rivaux islamistes chiites à Bagdad semble se confirmer. En février 2009, le fonctionnaire le plus haut gradé de Washington à Bagdad a déclaré: «Nous sommes peut-être à un tournant. Nous avons déjà entendu ce discours, mais les conditions se mettent en place, les entreprises occidentales  pourraient se montrer très intéressées. La politique est en train de se normaliser. Cela signifie que la porte est ouverte pour une plus grande activité dans les affaires et un…engagement.» [1]  En avril 2009, le gouvernement Maliki a tenu à Londres une conférence internationale à forte visibilité pour encourager les investissements étrangers. Malheureusement ces «pousses vertes» prometteuses de renaissance économique, juste entrevues, sont trompeuses. Quelque chose est bien en train de pousser dans l’économie politique d’Irak, mais ses racines sont anciennes et solides, et la plante est très loin d’être saine.

La violence toujours présente après l’invasion états-unienne de 2003 – qu’il s’agisse de résistance à l’occupation ou des luttes sectaires – a désagrégé l’Irak sur le plan économique, en créant des monopoles entre les mains de milices locales, des fiefs criminels dans le secteur public et des paradis fiscaux régionaux. Dire que la corruption, les pots-de-vin et l’intimidation sont généralisés est un euphémisme: ces pratiques font partie intégrante du business. Comme cela a été le cas lors d’autres conflits civils complexes à l’ère de la mondialisation, les années de pagaille en Irak se sont déroulées dans le contexte d’un marché régional dérégulé.

Comme dans le cas des diamants sanglants en Afrique ou les chaînes d’approvisionnement contrôlées par la Mafia révélées par Roberto Saviano dans le film Gomorra (2008), le marché mondialisé a augmenté la violence et la criminalité en Irak. L’année de domination directe par les Etats-Unis entre mai 2003 et juin 2004 a ouvert le marché irakien à la prédation extérieure, alors que la montée des Islamistes chiites, en concurrence avec d’autres forces au sud du pays, est remontée vers le nord et a impliqué une réorganisation des relations politiques et économiques entre Bagdad et les pays voisins. Les Etats du Golfe, en particulier les Emirats arabes unis (EAU, composé de sept Etats) et l’Iran, sont devenus des acteurs importants dans l’économie irakienne. Les personnes et les biens affluent en Irak de manière dérégulée, alors que les capitaux et les ressources quittent le pays.

D’une certaine manière, l’économie politique de l’Irak semble être en train de se couler dans le moule familier de la tutelle et de l’escroquerie de l’Etat qui étaient la norme durant les décennies de direction du parti Baath [dont Saddam Hussein fur le dernier dirigeant au pouvoir]. Une grande partie des chaînes d’importation d’approvisionnement et des réseaux de distribution continue à dépendre des ministères et des entreprises d’Etat créées dans les années 1970. Mais ce vieil édifice est maintenant fréquenté par de nouveaux fournisseurs qui servent un autre type de clientèle. Au lieu de construire la démocratie et impulser le développement socioéconomique comme l’imaginaient l’ex proconsul états-unien L. P Bremer et ses sous-fifres néolibéraux, l’ouverture des frontières et la liberté de commerce ont été exploitées par ces nouvelles autorités pour consolider leur règne de plus en plus autoritaire et pour détourner les profits vers leurs propres coffres.

Pas pour les timorés

Le matin du 30 mai 2009, l’ex-ministre du Commerce Abd al Falah Sudani, membre du parti de Maliki, le al-Dawa, a pris un avion de Bagdad à Dubaï. A peine quelques semaines plus tôt, Sudani avait donné sa démission du Ministère suite à des allégations de fraude massive dans l’achat de nourriture importée, surtout en provenance d’Iran. Au début il n’a pas été impliqué légalement – ou disons plutôt que 50 de ses subordonnés l’étaient – mais les raisons de chercher refuge à Dubaï paraissaient évidents. L’avion n’était en l’air que depuis 30 minutes lorsqu’il a changé de cap et s’est dirigé vers Bagdad, où les gardes de sécurité ont arrêté Sudani. Or, c’est là un gros changement par rapport à l’époque où les partisans du Baath en disgrâce et les exilés s’enfuyaient non pas vers le sud mais plutôt vers l’ouest, vers Amman.

Durant les décennies qui ont précédé l’invasion états-unienne, c’est la Jordanie qui constituait la passerelle vers Irak. Cette histoire est bien connue. [2] Les profonds liens sociaux, politiques et économiques  entre les régimes Baasiste et Hachémite [Jordanie] avaient réussi à les maintenir tous les deux à flot durant les ravages de la guerre, les sanctions et l’isolement international dans les années 1980 et 1990. La Jordanie reste un point d’entrée important vers l’Irak, même si les exportations n’atteignent plus les niveaux antérieurs à l’invasion, soit 800 millions de dinars jordaniens par année.

Mais les dirigeants choisis par les Américains parmi les anciens exilés islamistes chiites, puis élus en 2005, n’ont aucun lien d’amitié avec le gouvernement Jordanien ou avec les exilés irakiens vivant en Jordanie. Par conséquent le commerce avec la Jordanie s’est heurté à une série d’obstacles. La chute de l’Irak baathiste a mis un terme à l’accord commercial entre Ammann et Bagdad. Celui-ci permettait que le pétrole soit transporté en Jordanie à des prix réduits en échange d’exportations et re-exportations depuis la Jordanie. Privés de cette garantie, les exportateurs jordaniens dépendent de paiements en liquide par des importateurs irakiens et des entreprises d’Etat.

A défaut de bénéficier du cadre légal et sécuritaire d’un commerce d’Etat à Etat, les Jordaniens doivent s’appuyer sur des partenaires irakiens ayant des connexions à Bagdad pour conclure des affaires. Comme l’expliquait un exportateur jordanien: «Aucun homme d’affaires jordanien ne prendra le risque de visiter Bagdad, alors nous sommes obligés d’engager sur place des représentants, souvent peu dignes de confiance». Peut-être l’expression la plus manifeste du changement dans le contexte politique est le refus généralisé des ministères irakiens de permettre aux compagnies jordaniennes de faire des appels d’offres, alors que les entreprises syriennes et iraniennes ne semblent pas devoir subir de telles contraintes.

Les routes commerciales depuis la Jordanie sont également devenues de plus en plus chères et dangereuses depuis 2003. Avant l’invasion, l’entreprise publique conjointe Jordan-Irak Land Transportation Company, transportait les biens. Des conducteurs jordaniens et irakiens traversaient librement les frontières et pouvaient effectuer des livraisons n’importe où. Cette entité a cessé d’exister après l’invasion, et ses camions ont été volés.

Ni les Américains, idéologiquement opposés au secteur étatique, ni les partis chiites et kurdes irakiens n’ont manifesté la volonté de faire renaître cette compagnie. Même si les villes sont plus sûres maintenant qu’à l’apogée de la guerre civile, il n’en va pas de même pour les routes irakiennes, qui restent infestées de bandits, dont beaucoup se sont organisés de manière à contrôler des bouts  d’asphalte comme s’ils étaient un Etat. Transporter des liasses d’argent liquide et des cargaisons de valeur à travers la province de al-Anbar [la plus grande et la plus à l’ouest des provinces irakiennes] n’est fait pour les timorés. Par conséquent, depuis 2004, les camions jordaniens déchargent leur marchandise à la frontière, où des camionneurs privés irakiens la rechargent pour le voyage à Bagdad. Aujourd’hui il existe une poignée d’entreprises de transport privées avec des bureaux en Jordanie et en Syrie qui ont fini par dominer le transport entre Bagdad et l’ouest – et leur part de marché n’est pas due qu’à leur perspicacité en affaires. Le responsable d’une compagnie de transport privé se vantait: «Si notre compagnie affiche les meilleures performances de livraison, c’est parce qu’avec nos contacts, personne n’osera s’en prendre à nos camions

Depuis l’invasion, ces camions sont également devenus le principal moyen de ravitaillement pour les bases états-uniennes. Ce fait soulève beaucoup de controverses en Jordanie. Il n’apparaît pas clairement dans les statistiques commerciales, mais on pense généralement que les troupes états-uniennes consomment une large part des exportations jordaniennes en Irak, en particulier en ce qui concerne beaucoup de denrées alimentaires. [3] Par conséquent les autorités d’Amman se trouvent devant un dilemme. La réticence relative par rapport à l’invasion états-unienne recule devant la nervosité suscitée par la perspective d’un retrait états-unien, qui non seulement réduirait l’influence de la Jordanie sur son voisin oriental mais également les profits qu’y récoltent ses hommes d’affaires. Par contre, le Golfe est en position de pouvoir bénéficier dans tous les cas.

La lutte pour le Sud

Tout au long de l’histoire irakienne, le sud du pays a toujours été un passage crucial du point de vue économique: non seulement les réserves pétrolières de l’Irak s’y concentrent et Bassora est la deuxième ville du pays en importance, mais le Golfe s’ouvre sur l’Océan Indien, porte maritime ouvrant sur les richesses de l’Asie du Sud et de l’Extrême-Orient. Et le sud de l’Irak est rapidement en train de regagner ce statut. En 2008, l’Irak est devenue la troisième destination pour les réexportations de Dubaï, après l’Iran et l’Inde, alors qu’avant 2003 il ne se trouvait même pas parmi les dix premières.

Entre-temps, le Koweït a utilisé sa position politique et géographique pour devenir un autre fournisseur majeur des biens qui affluent vers les bases états-uniennes en Irak. Et les autorités d’Arabie Saoudite projettent de créer une zone de libre-échange et de stockage sur la frontière avec l’Irak. Ces nouveaux rapports commerciaux se recoupent, en grande partie, avec les intérêts d’affaires de milices irakiennes ou de monopoles du secteur public contrôlés par un parti.

Un autre acteur de poids dans le Golfe, l’Iran, déclare maintenant être le principal partenaire commercial de l’Irak. Des chiffres précis sur le commerce entre l’Iran et l’Irak sont insaisissables. Des évaluations officielles estiment que ce commerce, composé principalement d’exportations iraniennes, se monte à 3 milliards de dollars par année. Que ces estimations soient ou non correctes, personne ne conteste qu’il y a eu une augmentation substantielle de ce commerce par rapport au mince filet d’échanges d’avant l’invasion états-unienne. Et les relations commerciales continuent à se développer. En 2004 les autorités iraniennes ont établi la zone de libre-échange d’Arvand dans la province du Khuzestan, sur la frontière irakienne. En février 2009, la délégation commerciale iranienne à Bagdad a accepté d’augmenter le commerce à hauteur de 5 milliards de dollars. Une grande partie des importations depuis l’Iran consistent en des aliments conditionnés et des biens de consommation bon marché qui provenaient autrefois exclusivement de Jordanie.

A part le pétrole, le commerce lié aux pèlerinages chiites, qui ont explosé après la chute de l’ancien régime, est l’entreprise la plus lucrative dans le sud. On estime que quelque 1500 pèlerins iraniens se rendent tous les jours dans les villes saintes de Najaf et Karbala. Dans ces villes les entreprises de construction et de gestion iraniennes ont une position dominante dans le secteur de la construction des hôtels et des installations pour les touristes. Et, pour les Irakiens qui se méfient de l’influence iranienne, il y a des rumeurs persistantes concernant un nouveau passage qui serait prévu pour développer les relations transfrontalières. Il semble que la plus grande partie – sinon tout – de ce business d’exportation iranienne soit contrôlé ou géré par plusieurs compagnies ayant des liens avec les Gardiens de la Révolution, un fait qui empêche toute appréciation quantitative exacte.

Ce qui apparaît clairement aux Irakiens c’est le grand choix de biens manufacturés qui remplissent les étals des marchés et les commerces de détail dans tout le pays. Au moment où la violence sectaire était à son comble, des rapports faisaient état du fait que les milices sunnites avaient banni la vente de biens iraniens dans leurs régions. Bien entendu, la nouvelle dominance du commerce et de la finance iranienne alimente la perception, aussi bien parmi les Irakiens que parmi les Américains, d’une relation plus étroite entre l’Iran et l’Irak, le tout supervisé par un gouvernement Maliki monolithique. Néanmoins l’implication économique iranienne en Irak est l’objet d’une concurrence féroce parmi les partis chiites les plus importants du pays.

Ammar al-Hakim, fils de feu Abd al-Aziz al-Hakim et dirigeant du Conseil Suprême islamique en Irak (ISCI), est devenu une figure particulièrement importante dans le commerce entre l’Irak et l’Iran. L’ISCI avait été fondé à la demande de la République Islamique d’Iran en 1982, et a lutté aux côtés de l’Iran pendant la terrible guerre de cette décennie. Les accusations dénonçant l’ISCI comme étant un allié (une cinquième colonne) perse étaient donc crédibles.

Mais le parti a ses propres projets en ce qui concerne la manière de faire des profits. En 2005 il a été rapporté que le jeune Hakim avait pris le contrôle de la Shahid al Mihrab Corporation, une entité qui, d’après deux ex-ministres du commerce irakiens actuellement exilés à Sharjah, était contrôlé par les services de renseignements sous le règne baasiste. Cette compagnie, jusque-là peu connue, gérait le peu de commerce qui se faisait avec l’Iran au sud du pays et surveillait les quelques pèlerins qui avaient la permission d’entrer dans le pays. Après 2003, comme pour beaucoup d’autres anciennes institutions du parti baath, Shahid al-Mihrab Corporation, a été reprise par les nouveaux pouvoirs pour poursuivre d’autres objectifs. Le contrôle sur cette compagnie a facilité la suprématie de l’ISCI dans le domaine des permis de construction et de transport en rapport avec le «business» du pèlerinage ainsi que dans les importations iraniennes des biens du commerce de détail dans les villes du Sud de Kut, Amara et Bassora. On ne sait pas encore quelles seront les conséquences des élections provinciales de janvier 2009, dans lesquelles l’ISCI n’a pas eu de bons résultats, sur la domination du parti sur ces actifs. En attendant, al-Dawa, le principal rival de l’ISCI, profite du contrôle des ministères fédéraux et de leurs négoces avec l’Iran.

Comme les ministères et les entreprises d’Etat sous leurs auspices restent les acheteurs et les distributeurs pour la plupart des biens dont l’Irak a besoin, et au vu de la corruption très répandue, ceux qui occupent les postes de pouvoir dans le secteur public ont la possibilité de s’enrichir rapidement. Autrefois les entreprises d’Etat importaient des matériaux bruts en vue de produire des biens de consommation (elles importaient par exemple du tissu pour confectionner des chemises). Mais deux décennies de manque d’entretien pendant les guerres et les sanctions, suivies de la destruction délibérée d’entreprises physiques à partir de 2003, ont laissé la plupart des usines dépourvues de machines-outils. Actuellement l’Irak se contente donc d’acheter des produits finis. (Voilà une autre raison pour laquelle les syndicats irakiens ont été terrassés: les travailleurs d’usines qui ne produisent plus rien n’ont pas un rapport de force pour négocier).

La réhabilitation de ces usines serait évidemment payante sur le plan du développement, en créant des emplois et en mettant à jour les qualifications des travailleurs irakiens, mais elle n’est pas tellement dans l’intérêt des fonctionnaires ministériels. En effet, des investissements dans les usines pourraient avantager des régions géographiques contrôlées par des partis rivaux. Les officiels préfèrent donc  distribuer des millions tous les mois pour des accords d’importation.

Les contrats apportent de l’argent liquide; des hommes d’affaires qui traitent avec les ministères et les entreprises d’Etat rapportent que des dessous-de-table sont requis à tous les niveaux. Pour ceux qui ont les bons contacts dans une milice ou un parti, la corruption peut être régulée et simplifiée même si elle reste coûteuse. Pour d’autres, des demandes de pot-de-vin peuvent venir de partout. Un commerçant irakien basé en Turquie expliquait: «Si je n’ai pas les bons contacts, je reçois des demandes de dessous-de-table de tout le monde, depuis le garde posté à la porte d’entrée jusqu’aux officiers de contrôle de  qualité à l’intérieur.» Même si on obtient un contrat, des hommes d’affaires rivaux soutenus par d’autres groupes peuvent gâter le marché. En plus, beaucoup de fonctionnaires ministériels et PDG d’entreprises d’Etat ont peu d’expérience dans le service civil et le népotisme est largement répandu. Une semaine avant l’arrestation de l’ex-ministre du commerce Sudani, son frère Sabah Muhammad Sudani a été arrêté pour suspicion de corruption en lien avec le ministère. Mais Sudani et son ministère ne sont de loin pas une exception dans ce domaine.

Un participant commentait, en décrivant le climat du business en Irak: «Il s’agit de prendre son argent le plus vite possible avant de se tirer.» Il est vrai que la corruption était déjà répandue avant l’invasion états-unienne (ce fait est d’ailleurs communément utilisé par les officiels états-uniens pour se défendre), et les sommes engagées sont comparables, mais le chaos politique accru a multiplié aussi bien le nombre de joueurs que les risques.

Sous le régime des sanctions des années 1990, les compères du Parti Baath sont devenus des millionnaires alors que l’Etat protégeait leurs opérations de contrebande de la concurrence. Les observateurs disent qu’actuellement il y a d’avantage de millionnaires, liés aux partis religieux chiites et leurs milices, qui sont plus impitoyables que les membres du Baath lorsqu’il s’agit de défendre leur territoire. Selon un commerçant irakien: «Sous Saddam on pouvait être volé par le secteur publique ou obligé de payer des pots-de-vin. Maintenant vous pouvez perdre votre argent et votre vie et celle de votre frère

Peu d’hommes d’affaires sérieux dans le pays travaillent sans soutien ou protection organisés. Les liens familiaux peuvent aider, mais le fait de fonctionner loin de sa base de départ requiert une police d’assurance supplémentaire. Par exemple les rackets de protection faisaient partie de la vie quotidienne des milices du Mehdi de Moqtada al-Sadr à Bagdad entre 2004 et 2007. A mesure que le contrôle de l’armée du Mehdi s’est ébréché, les commerçants sunnites se sont mis à louer des représentants chiites, et les commerçants chiites à engager des hommes de paille sunnites. Cette coopération fait penser à certains que la division sectaire est en train de diminuer, mais elle peut également mettre en évidence à quel point ces divisions sont profondes et à quel point elles se sont institutionnalisées.

Pots-de-vin à trois étages

Au cours des dernières décennies, Dubaï et les autres Emirats Arabes Unis EAU) abritaient une communauté d’expatriés irakiens qui était minuscule comparée aux communautés de Amman ou de Damas. Mais cela a changé:  à la suite de l’Iran, Dubaï et les Emirats sont devenus les partenaires commerciaux d’Irak dans le Golfe. Les facilités du transit dans la dynamique Dubaï ont donné lieu non seulement une importante augmentation du commerce direct avec l’Irak mais également une hausse significative mais officieuse du commerce de re-exportation par l’Iran. Le premier business à être exploité après la chute de l’ancien régime était celui des voitures d’occasion. Ensuite cela a été le tour du pétrole de contrebande.

Sous le régime du baath, la propriété d’automobiles était restreinte et tous les achats passaient par la compagnie d’autos de l’Etat. A la fin 2003 les trafiquants de voitures entreprenants des Emirats ont commencé à transporter par bateau les modèles les plus anciens et de moindre qualité aux ports de Bassora et de Umm Qasr. Pour répondre à une demande en pleine expansion, des acheteurs privés du côté irakien se débrouillaient pour réceptionner les bateaux et transporter les voitures vers le Nord. Le piètre état des installations portuaires de Bassora et de Umm Qasr limitait la taille des navires qui pouvaient accoster sans danger. Alors, pour s’adapter à la demande, les importateurs irakiens ont ouvert tout au long de la voie fluviale de Shatt-el-Arab une série de lieux d’abordage plus petits et à la limite de la légalité pour charger et décharger les cargaisons.

D’après les entrepreneurs de l’export à Dubaï, ces ports rafistolés n’étaient faits souvent que d’une jetée en bois sur lesquels les voitures pouvaient être conduites une à une jusqu’à la côte. Les acheteurs n’étaient pas des concessionnaires habituels de voitures usagées. Certains étaient des chefs de milice ayant les contacts et les armes nécessaires pour faire conduire des camions chargés de voitures à la capitale; d’autres étaient en collusion avec de petits gangs criminels à la recherche de profits rapides. Pendant ce temps, les rues des villes irakiennes étaient obstruées par cet afflux de véhicules.

A Dubaï des voitures âgées de 10 ou de 20 ans pouvaient être envoyées au Nord à partir de 135 dollars la pièce, et étaient ensuite vendues à Bassora pour plusieurs milliers de dollars. Les résidants de Dubaï ont commencé à remettre des voitures usagées de n’importe quelle qualité à des commissionnaires pour la revente en Irak. Des rumeurs ont commencé à circuler à Dubaï selon lesquelles des épaves de voitures piégées portaient des numéros d’identification des Emirats, mais cela n’a pas empêché le commerce de continuer.

Lorsque Maliki a rétabli son pouvoir dans le sud du pays en 2007, on a annoncé que la corruption dans les ports allait cesser. Une année plus tard, Bagdad a banni l’importation de vieilles voitures, mais cette interdiction n’a été appliquée que mollement. En 2009, les ports irakiens restent des zones en marge de la loi. Les importateurs qui disposent des bons contacts politiques et de l’argent pour les pots-de-vin continuent à pouvoir passer leurs biens en évitant les patrouilles maritimes, obtenir que leurs marchandises soient déchargées dans un port et transportées au marché.

Comme le trafic des importations devenait plus rentable, les officiels des gouvernements irakiens intérimaires, transitoires et élus ont tous gravité autour Dubaï. Munis de poignées de coupures puisées dans les caisses du gouvernement, ils ont pu obtenir des permis de résidence sûrs dans les Emirats sans qu’on leur pose trop de questions. Des membres de leurs familles et des hommes de paille de chefs de partis et de ministres en fonction ont écoulé leurs dollars dans le secteur de l’immobilier de Dubaï, en plein essor, ou monté des compagnies commerciales ou investi dans des sociétés de transport naval, ou tous les trois à la fois. Lorsqu’il est question de rechercher les 17 milliards de dollars environ qui ont fui la capitale irakienne depuis 2003, on porte généralement le regard vers Amman, Beyrouth et Damas, mais maintenant ce sont Dubaï, Abou-Dhabi et Sharjah qui sont les paradis fiscaux préférés. (Comme les Emirats ne communiquent pas la nationalité des investissements étrangers, il n’y a aucun moyen de savoir combien de capitaux irakiens y sont investis.) Dubaï, connu à échelle internationale pour le blanchiment et contrebande d’argent, est un bon endroit pour mettre en sécurité des gains mal acquis. On y réserve un bon accueil à l’argent liquide, même lors de transactions importantes. Hormis quelques banques privées, l’Irak n’a pas un système bancaire en état de fonctionner. Les fuites de capitaux signifient donc qu’il s’agit de traverser physiquement les frontières avec des monceaux d’argent en cash. Les hommes d’affaires irakiens actifs dans les Emirats depuis 2003 parlent de «paquets de Fort Knox» [camp militaire qui abrite les ressources d’or des Etats-Unis depuis 1937], des palettes de billets de 100 dollars emballés sous film plastique arrivant sur des vols charter. C’est peut-être une pure coïncidence si l’Autorité Provisoire de la Coalition de Paul Bremer [de mai 2003 à juin 2004] et les équipes de militaires préposés à la reconstruction au niveau des provinces ont justement déballé un nombre considérable de ces paquets durant la période qui a suivi l’invasion.

La corruption ministérielle, le business de l’importation, les compagnies offshore et les fuites de capitaux constituent ensemble ce que l’on pourrait appeler les «le système irakien de pots-de-vin à trois étages». Premier étage: le représentant de la compagnie commerciale d’un ministre à Dubaï «gagne» un contrat pour fournir des pièces détachées pour les véhicules de ce ministère. Deuxième étage: alors qu’il siège à Bagdad, le ministre reçoit un pot-de-vin sur l’affaire. Troisième étage: ce pot-de-vin prend le chemin de Dubaï, où cet argent, avec la redevance de l’importateur en provenance du ministère, est investi dans une affaire immobilière ou une compagnie. Ce système obscur mais bien organisé garantit que tout le monde reçoit sa part, sauf bien sûr le public irakien. Pourtant, cette corruption en trois étages pâlit en comparaison d’un racket incroyablement lucratif qui a porté le préjudice de loin le plus grave à l’économie irakienne : celui de la contrebande de pétrole.

Au grand jour

Lorsqu’il est question du vol massif de pétrole irakien depuis 2003, les officiels états-uniens montrent habituellement du doigt les insurgés et les gangs criminels, préférant ignorer les liens entre les trafiquants et les partis politiques. Des paradis fiscaux régionaux comme les Emirats constituent un maillon crucial dans la contrebande. Beaucoup de biens ont été réexportés en Irak, mais dans le même temps une quantité beaucoup plus importante est revenue dans les Emirats sous forme de pétrole brut du marché noir. Avant l’invasion états-unienne, l’Irak pompait 2.6 millions de barils par jour; en 2003, ce volume a chuté à pic, et n’a réussi à atteindre 2.4 millions de barils qu’en 2008, juste à temps pour que les prix du pétrole à niveau mondial baissent précipitamment. On estime que sur ce nombre, 200’000 à 500’000 barils passent quotidiennement en contrebande.

Certains experts américains mettent en doute ces estimations, notamment au vu de la logistique qui serait nécessaire pour transporter chaque jour une quantité aussi gargantuesque. Ils suggèrent qu’une grande quantité de ce pétrole brut est simplement repompé dans le sol au lieu d’être raffiné. [4] Comme c’est souvent le cas en Irak depuis l’invasion, il n’y a aucune manière de déterminer exactement combien a été volé, mais si l’on tient compte de l’argent gagné dans les Emirats, On peut en déduire qu’il s’agit d’une quantité considérable.

Sous le régime baasiste, du pétrole sortait en contrebande par le Sud, mais c’est l’invasion états-unienne qui a permis aux trafics criminels de se généraliser. La contrebande se fait maintenant au grand jour, et a évolué pour devenir une sorte de système autorégulé. Des interviews d’Irakiens qui captent le pétrole et des capitaines de boutres [dhows – voiliers en bois traditionnels] qui transportent la contrebande esquissent déjà une image des premiers pas modestes dans cette direction à la fin 2003 et début 2004.

Après que les autorités portuaires furent dissoutes en 2003, les groupes locaux liés au ISCI [Conseil Supérieur Islamique] et à la faction al-Fadhila, un petit groupe islamiste chiite dans la mouvance sadriste [Moqtada Sadr], ont pris le contrôle des deux principaux terminaux offshore de chargement pétrolier à Bassora et à Khawr al-Amaya. Comme pour le trafic de voitures, cependant, c’étaient les ports quasi-légaux le long du Chatt al-Arab qui étaient les plus importants. Le plus tristement célèbre de ces ports pétroliers se trouve sur l’île de al-Dakir. [5]

C’est ici qu’en 2003 les hommes d’affaires et les représentants des milices ont mis sur pied des ateliers pour la réparation les boutres et autres petites embarcations, en plus de quais rudimentaires et d’unités de stockage pour le pétrole. Al-Dakir pouvait fournir un service rapide et des prix compétitifs et les questions embarrassantes étaient réduites au minimum. Du brut irakien était siphonné par des pipelines depuis la côte et transporté dans l’île. Les mêmes hommes d’affaires envoyaient des agents aux Emirats ou en Iran pour chercher des acheteurs. Les premières livraisons étaient transportées sur des péniches converties, qui naviguaient laborieusement de Dubaï et Sharjah à al-Dakir. On faisait rouler les barils dans ces embarcations qui devenaient des risques d’incendie flottants. Certaines de ces péniches débarquaient leur contenu à Dubaï, à Port Rashid ou d’autres ports plus petits comme Hamriyya. Les dirigeants de Dubaï ont toujours souligné le fait que la ville-Etat ne dispose pas de réserves de pétrole, mais elle abrite par contre plusieurs compagnies de service et de stockage du pétrole. Du brut irakien volé a été vendu à ces compagnies (utilisant des documents falsifiés ou pas de documents du tout), qui l’ont simplement «disparu» dans le système de stockage régional. Un baril vendu à al-Dakir pour 8-10 dollars pouvait tripler de prix en arrivant à Dubaï. A mesure que des officiels des gouvernements successifs post-Saddam se déplaçaient dans les Emirats, le trafic s’est développé de manière exponentielle.

Il paraît que pour gagner vraiment beaucoup d’argent avec de la contrebande de pétrole irakien des capitaux et des moyens de transport sont plus importants que de la marchandise à bas prix. Quiconque peut produire à la fois les liquidités, les contacts portuaires et le transport naval garanti emporte le marché.

En 2005, les gros gagnants étaient les Irakiens avec des amis haut placés dans les partis et dans les milices qui percevaient une part dans les ports et des autochtones (aussi bien des Emirats que des expatriés irakiens) disposant de liquidités. Le trafic s’est développé et a passé  des péniches à des navires plus grands qui pouvaient naviguer directement jusqu’aux installations off-shore. Le fait d’avoir des accointances avec le préposé à la pompe ou ses supérieurs permettaient aux capitaines des navires de prélever des pipelines off-shore des milliers de barils à la fois. Jusqu’en 2008 il n’y avait pas de compteurs en état de fonctionner à Bassora et à Khwar al-Amaya. (Les raisons invoquées pour expliquer cet état de fait dépendaient de l’interlocuteur: soit que les compteurs étaient déjà défectueux avant l’invasion états-unienne, soit ils ont été détruits après coup).

Mais la contrebande  s’est poursuivie même après que des compteurs aient prétendument été installés.  En 2007, il y avait à Dubaï et Sharjah un marché frénétique pour du brut irakien volé. A mesure que les coûts de fonctionnement augmentaient, les montants d’argent liquide requis  augmentaient également, attirant dans le trafic de plus gros poissons, soit de riches individus, soit des consortiums, qui rassemblaient l’argent. A Hamriyya et Port Rashid, des manutentionnaires déchargeaient continuellement des barils de pétrole de toutes sortes d’embarcations pour les charger sur des camions, et ce trafic se poursuivait jour et nuit. Un responsable portuaire expliquait: «Il y avait simplement trop d’embarcations, d’heures d’arrivée et d’emplacements pour qu’il soit possible de contrôler ou réguler ces transactions.» Chaque maillon de la chaîne avait son rôle à jouer. Les gestionnaires au terminal de la pompe, les ouvriers, les transporteurs et ceux qui misaient l’argent, tous effectuaient leurs tâches au grand jour. La marine états-unienne dont les bateaux de croisière patrouillaient ces eaux et qui embauchaient ceux qui gardaient les pipelines offshore, était probablement en grande partie au courant de ce trafic illicite.

Mais tout comme les honnêtes commerçants, les voleurs et les escrocs peuvent subir les coups du sort. Il pouvait arriver que des facilitateurs en poste à Bassora reçoivent l’argent des contrebandiers mais ne versent pas les pots-de-vin requis, laissant les embarcations attendre trop longtemps pour qu’elles puissent prendre la cargaison ou en leur refusant le pétrole sur un coup de tête. En 2007, certaines de ces péniches encombrantes ont sombré et leur cargaison de pétrole est venue se répandre sur les plages du Golfe. Les officiels des Emirats ne pouvaient pas faire semblant d’ignorer cette visqueuse menace au tourisme, et ont fini par interdire le déchargement de pétrole aux ports commerciaux. Cette mesure de police tardive n’a pas vraiment mis un terme aux opérations de contrebande, qui étaient déjà bien rôdées. Des trafiquants ont mis sur pied une installation offshore – sorte de marché pétrolier flottant – juste en dehors des eaux territoriales de Sharjah. Cette installation servait non seulement au trafic du brut mais aussi à la vente de carburant et de diesel de contrebande à des prix réduits pour les boutres. Les boutres qui quittaient les Emirats se mettaient à quai à cet emplacement et faisaient le plein avant de continuer vers d’autres destinations. D’après  un capitaine de boutre, il arrivait parfois qu’ils croisent des navires de la marine états-unienne: «On passait et on se saluait de la main».  

Depuis la crise financière globale et la forte baisse des prix du pétrole, la contrebande de pétrole a ralenti, mais elle s’est également davantage centralisée. L’extension par Maliki du writ d’Etat sur Bassora a mis les partisans de al-Dawa en position de remplacer leurs rivaux aux terminaux offshore. Pour ce qui est des Emirats, il semble que la pratique d’embaucher plus son propre transporteur pour se rendre au nord du pays ait été abandonnée; maintenant une seule autorité navale (là aussi réputée liée à des personnalités du parti al-Da’wa) effectue les voyages et charge le pétrole.

En 2007, lorsque la guerre civile faisait rage, un fonctionnaire des douanes a déclaré à la presse: «Ceux qui font de la contrebande de pétrole appartiennent aux centres de pouvoir, c’est le cas maintenant et c’était le cas autrefois, durant l’ancien régime, et ils sont capables de truffer de balles de quiconque s’oppose à eux.» [6] Deux ans plus tard, alors que l’administration Obama s’emploie à réaliser le retrait par étapes promis durant la campagne présidentielle, les officiels états-uniens soutiennent que la politique irakienne est en voie de normalisation.

Mais en réalité si moins de tirs sont échangés c’est uniquement parce que certaines factions irakiennes – celles qui détiennent les ministères dans la Zone Verte – n’ont plus besoin d’utiliser une violence démesurée pour faire respecter leurs décisions. Ils sont en voie d’étendre le pouvoir judiciaire de l’Etat aux frontières de l’économie de guerre du pays.

Mais l’Etat lui-même est bâti sur une assise de corruption cimentée au cours des années de guerre civile. Bagdad attend un afflux d’investissements légaux de la part des conglomérats multinationaux du pétrole qui sont avides de mettre le grappin sur les vastes champs pétrolifères inexploités. Mais les usines à l’arrêt et une classe professionnelle (des «hommes d’affaires») non résidente suggèrent que les perspectives d’investissements productifs de ces fonds sont minces. Même si certains secteurs de la population irakienne sont mènent la belle vie au milieu de la contrebande endémique et d’autres activités économiques illégales, 28% des jeunes hommes sont sans travail. Le peuple irakien n’a pas bénéficié de l’aubaine. 

Article original en anglais : Making Big Money on Iraq, publié dans Middle East Report, N° 252.

Version française : À l’Encontre.

Notes

1. Reuters, 15 février, 2009.

2. Voir Pete W. Moore et Christopher Parker, “The War Economy of Iraq,” Middle East Report 243 (Eté 2007).

3. Ibrahim Saif et David DeBartolo, The Iraq War’s Impact on Growth and Inflation in Jordan (Amman: Jordan Institute for Strategic Studies, 2007), p. 8.

4. Voir Luke Mitchell, “The Black Box: Inside Iraq’s Oil Machine,” Harper’s (Décembre 2007).

5. Jasim Dakhil, “Squandered Wealth: Oil Smuggling in Basra,” al-Sharq al-Awsat, 22 septembre, 2007.

6. Ibid.

(26 septembre 2009)



Articles Par : Pete W. Moore

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