Gaz de schiste : les militants se disent bouleversés par leur mission d’observation aux États-Unis

«C’est pire que ce qu’on s’attendait à voir. La plupart d’entre nous sont revenus, bouleversés par ce qu’ils ont vu et entendu, par la gravité de la situation, surtout dans les régions rurales de la Pennsylvanie où les parallèles sont assez faciles à faire avec la vallée du Saint-Laurent.»

C’est ainsi que Serge Fortier, du Comité interrégional du gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent, résumait hier en entrevue la tournée de trois jours que 55 personnes, simples citoyens et élus, ont effectuée en Pennsylvanie pour voir de leurs propres yeux les impacts de cette forme d’exploitation gazière. Cet État est probablement le plus intensément exploité par l’industrie des gaz de schiste chez nos voisins du sud.

«On a rencontré là-bas plusieurs victimes de cette exploitation qui divise les familles et le tissu social, surtout celui des milieux ruraux. Certains profitent financièrement de cette exploitation, mais la plupart en pâtissent. Les résidences perdent de leur valeur. Des puits domestiques d’eau potable sont contaminés. Les routes rurales sont engorgées autour des grands équipements des exploitants.»

Dans un cas, raconte-t-il, une jeune dame «a vu la valeur de sa propriété passer de 169 000 $ à 9000 $ parce que l’eau souterraine autour de sa maison est contaminée. Elle doit payer 2400 $ par an pour être approvisionnée en eau. Dans un autre cas, les émanations de méthane d’un puits situé juste à côté d’une maison sont telles qu’on dit que le puits peut exploser à tout moment. Et les compagnies refusent de payer la moindre compensation: démontrez d’abord que c’est notre responsabilité, disent-elles. Comme ici. Or elles savent que les citoyens n’ont pas la capacité de les poursuivre».

«Nous avons vu, poursuit-il, une usine de traitement des eaux de forage, qui ne faisait que séparer les sédiments de l’eau. Elle attire plus de 1200 camions par jour dans un milieu rural qui a totalement perdu sa quiétude, sans parler de l’état des routes et de leur sécurité. Nous avons visité une usine de compression de gaz de Talisman, à leur requête. C’était sans doute leur plus belle. Ce qui nous a surpris, c’était le calme des opérations alors que tout le monde autour nous disait que c’était normalement beaucoup plus bruyant.»

Scientifiques et élus de Pennsylvanie auraient raconté aux visiteurs de ne pas accepter qu’on creuse 20 000 puits dans leurs campagnes à moins de vouloir vivre la même chose qu’eux. L’ex-maire de Dish, au Texas, Calvin Tillman, leur a dit, selon Serge Fortier: «Lorsqu’on sait, on ne peut plus ignorer. Maintenant qu’on sait, nous, on va parler encore plus fort parce qu’on a vu de nos yeux et entendu.»

Le porte-parole estime que l’équipe responsable de l’évaluation environnementale stratégique sur les gaz de schiste au Québec devrait faire ce voyage en prise directe sur les impacts de cette exploitation, tout comme, dit-il, cela devrait être un détour obligé pour les élus de la vallée du Saint-Laurent.



Articles Par : Louis-Gilles Francoeur

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